La Côte d’Ivoire a désormais son Parlement. Une Assemblée Nationale légitime. Au moins, plus de 36% des électeurs se sont déplacés pour choisir les 254 représentants du peuple. Les conditions d’organisation du scrutin, saluées par l’ensemble de la Communauté internationale, occupent la une de l’actualité. Les Ivoiriens en sont arrivés à oublier même le sujet qui a animé le débat politique à la veille de la campagne électorale en vue du scrutin du 11 décembre 2011. Il s’agit de la survie du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP).
En effet, que n’a-t-on pas lu ? Que n’a-t-on pas entendu de la bouche des prophètes de malheur? Malgré la tempête qui a soufflé pendant la période du choix des candidats et les quelques dérapages verbaux constatés ici et là, on peut le dire sans risque de se tromper : le RHDP a montré qu’il est une alliance solide. Cela, du fait essentiellement de ses leaders. Avec les fortunes diverses que leurs formations politiques ont connues lors de ces législatives, les présidents du PDCI-RDA, du RDR, de l’UDPCI et du MFA tiennent des discours toujours rassembleurs. Maintenant que le spectre de la division semble s’être éloigné, le moment est venu de jeter un regard apaisé mais lucide, sur les options qui ont dressé les partis du Rassemblement, les uns contre les autres, afin d'en tirer les leçons qui permettront, osons l'espérer, de déblayer les chemins des prochaines échéances électorales.
A cet effet, il convient de revenir sur le jeu clair-obscur, à la limite malsain, de certains responsables du PDCI-RDA, pourtant très haut placés dans la nomenclature du RHDP qui, pour des intérêts égoïstes, ont fait tanguer le navire houphouétiste. On se souvient que les présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara avaient décidé de la mise en place de listes communes sur toute l’étendue du territoire, à l’occasion du choix des candidats aux législatives. Les contours de cette option, une fois tracés, des cadres du PDCI dénonçant « des choix politiques dangereux » et « une tribalisation du débat politique», ont, une semaine durant, rué dans les brancards. Car, il leur fallait vaille que vaille être députés. Au plan individuel, leur curriculum vitae s’en ressentirait, certainement. Politiquement, ces cadres croyaient, fermement, que leur parti pouvait s’imposer dans la compétition pour-pourquoi pas ?- en imposer au Président de la République, dans la mise en œuvre de son programme, au niveau des réformes de l’Etat. Certains ne s’en cachaient pas en public ou en privé. Au plan institutionnel, la Côte d’Ivoire aurait pu vivre, c’était leur souhait, une sorte de cohabitation entre un Exécutif aux mains du RDR, du moins partiellement et un Parlement en majorité acquis au PDCI.
Mais, la réalité du terrain a été tout autre. Ils ont misé gros et ils ont perdu beaucoup. Au final, le PDCI se retrouve avec 77 sièges loin, très loin derrière le RDR qui en a obtenu 127. Il y a, sans aucun doute, une régression quand on sait que lors de la dernière législature, le PDCI avait acquis un peu plus de 96 sièges sur les 225 que comptait l’Assemblée Nationale. Pis, certaines localités supposées, jusque là, comme des bastions imprenables du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, ont été conquises par le RDR. Yamoussoukro, Prikro, Agnibilékrou, Bingerville, Bassam et bien d’autres. Très peu de personnes auraient parié, avant le 11 décembre sur un choix des populations de ces villes en faveur du RDR. On comprend aisément, les cris d’orfraie que lancent depuis des jours ces cadres, véritables mauvais perdants qui crie à la fraude.
La leçon à tirer de ce capharnaüm, auquel il nous a été donné d’assister, c’est la solidité de l’alliance du RHDP. Si ce Rassemblement était fait pour assouvir des ambitions personnelles de quelques cadres en manque de promotion, effectivement, il aurait éclaté. Mais, rien n’est perdu. Il y a eu plus de peur que de mal. Le RHDP tient et tient très bon. Parce qu’il a été conçu sur un programme précis et un objectif qui ne l’est pas moins. Le changement notable opéré à la tête du pays il y a quelques mois, cela est très peu dit, les Ivoiriens le doivent à cette expérience inédite en Afrique. On le voit un peu partout, les régimes régnants se maintiennent du fait de la division des oppositions. Notre pays a fait exception. Il est de plus en plus question de la création d’un parti houphouétiste unifié qui rassemblerait, au-delà des membres fondateurs du RHDP. C’est un projet à saluer. Mais, en même temps, il faut éviter de donner raison à ceux qui croient que l’alliance est un regroupement de dupes qui devrait durer le temps d’un feu de paille. Conquérir le pouvoir ensemble, le gérer ensemble, rendre compte ensemble et entrevoir l’avenir ensemble : tel doit être le leitmotiv des uns et des autres, leaders comme militants houphouétistes de cette alliance qui est la principale arme ayant permis la chute du dictateur Laurent Gbagbo. La plate-forme de Paris signée entre les leaders politiques est très explicite à ce sujet.
Après avoir fait le plus dur en conquérant le pouvoir politique dans une unicité d’actions exemplaire, il serait suicidaire et obtus de s’exposer et laisser triompher les égoïsmes, quand il est question de se donner les instruments politiques devant servir à le gérer. Si, à chaque conjoncture électorale, le RHDP doit s’enrhumer, il est fort à craindre qu’une véritable grippe le paralyse pour de bon
PAR CHARLES SANGA
En effet, que n’a-t-on pas lu ? Que n’a-t-on pas entendu de la bouche des prophètes de malheur? Malgré la tempête qui a soufflé pendant la période du choix des candidats et les quelques dérapages verbaux constatés ici et là, on peut le dire sans risque de se tromper : le RHDP a montré qu’il est une alliance solide. Cela, du fait essentiellement de ses leaders. Avec les fortunes diverses que leurs formations politiques ont connues lors de ces législatives, les présidents du PDCI-RDA, du RDR, de l’UDPCI et du MFA tiennent des discours toujours rassembleurs. Maintenant que le spectre de la division semble s’être éloigné, le moment est venu de jeter un regard apaisé mais lucide, sur les options qui ont dressé les partis du Rassemblement, les uns contre les autres, afin d'en tirer les leçons qui permettront, osons l'espérer, de déblayer les chemins des prochaines échéances électorales.
A cet effet, il convient de revenir sur le jeu clair-obscur, à la limite malsain, de certains responsables du PDCI-RDA, pourtant très haut placés dans la nomenclature du RHDP qui, pour des intérêts égoïstes, ont fait tanguer le navire houphouétiste. On se souvient que les présidents Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara avaient décidé de la mise en place de listes communes sur toute l’étendue du territoire, à l’occasion du choix des candidats aux législatives. Les contours de cette option, une fois tracés, des cadres du PDCI dénonçant « des choix politiques dangereux » et « une tribalisation du débat politique», ont, une semaine durant, rué dans les brancards. Car, il leur fallait vaille que vaille être députés. Au plan individuel, leur curriculum vitae s’en ressentirait, certainement. Politiquement, ces cadres croyaient, fermement, que leur parti pouvait s’imposer dans la compétition pour-pourquoi pas ?- en imposer au Président de la République, dans la mise en œuvre de son programme, au niveau des réformes de l’Etat. Certains ne s’en cachaient pas en public ou en privé. Au plan institutionnel, la Côte d’Ivoire aurait pu vivre, c’était leur souhait, une sorte de cohabitation entre un Exécutif aux mains du RDR, du moins partiellement et un Parlement en majorité acquis au PDCI.
Mais, la réalité du terrain a été tout autre. Ils ont misé gros et ils ont perdu beaucoup. Au final, le PDCI se retrouve avec 77 sièges loin, très loin derrière le RDR qui en a obtenu 127. Il y a, sans aucun doute, une régression quand on sait que lors de la dernière législature, le PDCI avait acquis un peu plus de 96 sièges sur les 225 que comptait l’Assemblée Nationale. Pis, certaines localités supposées, jusque là, comme des bastions imprenables du plus vieux parti de Côte d’Ivoire, ont été conquises par le RDR. Yamoussoukro, Prikro, Agnibilékrou, Bingerville, Bassam et bien d’autres. Très peu de personnes auraient parié, avant le 11 décembre sur un choix des populations de ces villes en faveur du RDR. On comprend aisément, les cris d’orfraie que lancent depuis des jours ces cadres, véritables mauvais perdants qui crie à la fraude.
La leçon à tirer de ce capharnaüm, auquel il nous a été donné d’assister, c’est la solidité de l’alliance du RHDP. Si ce Rassemblement était fait pour assouvir des ambitions personnelles de quelques cadres en manque de promotion, effectivement, il aurait éclaté. Mais, rien n’est perdu. Il y a eu plus de peur que de mal. Le RHDP tient et tient très bon. Parce qu’il a été conçu sur un programme précis et un objectif qui ne l’est pas moins. Le changement notable opéré à la tête du pays il y a quelques mois, cela est très peu dit, les Ivoiriens le doivent à cette expérience inédite en Afrique. On le voit un peu partout, les régimes régnants se maintiennent du fait de la division des oppositions. Notre pays a fait exception. Il est de plus en plus question de la création d’un parti houphouétiste unifié qui rassemblerait, au-delà des membres fondateurs du RHDP. C’est un projet à saluer. Mais, en même temps, il faut éviter de donner raison à ceux qui croient que l’alliance est un regroupement de dupes qui devrait durer le temps d’un feu de paille. Conquérir le pouvoir ensemble, le gérer ensemble, rendre compte ensemble et entrevoir l’avenir ensemble : tel doit être le leitmotiv des uns et des autres, leaders comme militants houphouétistes de cette alliance qui est la principale arme ayant permis la chute du dictateur Laurent Gbagbo. La plate-forme de Paris signée entre les leaders politiques est très explicite à ce sujet.
Après avoir fait le plus dur en conquérant le pouvoir politique dans une unicité d’actions exemplaire, il serait suicidaire et obtus de s’exposer et laisser triompher les égoïsmes, quand il est question de se donner les instruments politiques devant servir à le gérer. Si, à chaque conjoncture électorale, le RHDP doit s’enrhumer, il est fort à craindre qu’une véritable grippe le paralyse pour de bon
PAR CHARLES SANGA