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Politique Publié le lundi 19 décembre 2011 | Ivoire-Presse

Législatives du 11 décembre 2011 : les leçons d’un scrutin

© Ivoire-Presse
Législatives 2011 : Me Affoussy Bamba (RDR) en campagne à Abobo
Photo: Me Affoussy Bamba (RDR) en campagne à Abobo pour les Législatives 2011
Les lampions se sont éteints sur les secondes élections démocratiques que la Côte d’Ivoire ait connues depuis des lustres. Mieux que la présidentielle de l’an passé, elles se sont déroulées dans le calme. Pas de pistolet sur la tempe pour intimider les électeurs, ni de médias d’état pour inciter à la haine religieuse et tribale, encore moins de Damana Pickas pour perturber la proclamation des résultats. Au total, 2.070.793 personnes se sont rendues dans les bureaux de vote sur 5.664.377 inscrits, pour élire 254 députés sur 255. Les résultats connus, plusieurs leçons pourraient être tirées de ce scrutin.

Tout d’abord, pour le taux de participation, 36,56%, il faut d’abord relever qu’il est plus élevé que celui de 2000 où, malgré les bourrages d’urnes, la participation atteignait à peine 30%. Il faut donc balayer allègrement du revers de la main, les inepties selon lesquelles, ce taux de participation serait la réponse de la population à l’appel au boycott lancé par le Front populaire ivoirien (FPI) de l’ancien président Laurent Gbagbo. En effet, ce parti a toujours été minoritaire, même lorsqu’il s’est fait entourer d’une cohorte de « partis pouvant tenir dans une cabine téléphonique » (pour emprunter une expression chère à Jean-Jacques Béchio), et qu’il s’est affublé du nom « la majorité présidentielle ». Pour faire du bruit. Comme un tonneau vide. La preuve est qu’il n’a pas pu remporter les élections qu’il a lui-même organisées, les législatives ayant été remportées par le PDCI, et les municipales par le RDR. Eternel minoritaire, il a même perdu les élections au niveau de la Commission électorale indépendante (CEI). Alors, l’un dans l’autre, même s’il participait à ces élections, le FPI n’aurait remporté aucun siège. C’est sans doute pour éviter la honte qu’il a préféré s’abstenir sous couvert d’un pseudo boycott. Bref.

Au niveau des groupements, il faut dire que le choix des candidats n’a pas été facile. Mais les partis politiques ont eu le nez creux d’imposer en priorité les responsables locaux, ceux qui font le terrain même s’ils n’ont pas les moyens de leur politique. Les hommes de l’ombre ont ainsi pu avoir accès au soleil. Les éternels jeunes présidents de jeunesse pourront ainsi changer de statut. Au départ, le dépôt des listes a été laborieux, d’abord parce que les partis ne voulaient pas que l’on sache qui avait été retenu, histoire de réduire au maximum les candidatures indépendantes. Les listes ont donc été déposées au dernier moment. Malheureusement, les enfantillages du FPI qui se faisait désirer, ont amené la CEI à reporter la date limite de dépôt des candidatures. Cela a permis à ceux qui n’avaient pas été retenus par leurs partis, de reconstituer rapidement leurs dossiers pour s’aligner en indépendants. Parmi eux, des leaders avérés. C’est ainsi que le RHDP vola en éclat, n’arrivant à imposer que deux listes, à Marcory et à Port-Bouët… A l’issue de la course, 35 indépendants ont quand même pu tirer leur épingle du jeu.

Le scrutin du 11 décembre a mis au grand jour la valeur réelle des hommes politiques ivoiriens. Avec la défaite éclatante de trublions tels que Zémogo Fofana, Touré Ahmed Bouah, Ahipeaud Martial, Mel Eg Théodore, Touré Al Moustapha, Claude Sahi, Dembélé Yaya, Palé Dimaté, Emmanuel Kouassi Lenoir, Méambly Evariste, Tohou Henri, Guéi Robert, Kouamé Oi Kouamé, Suiguidé Soumahoro, Tia Koné, Véi Bernard et autres Mamadou Koulibaly ou encore Blé Guirao. Cela montre qu’en réalité, ces hommes n’ont jamais rien pesé sur l’échiquier national. Piètres politiciens ou nouveaux riches imposés à la population par le pouvoir, ils ont été remis à leur place par le peuple. Le peuple qui s’est chargé de leur indiquer la porte de sortie.

Il en est de même pour les formations politiques, dont certaines n’ont fait que semer la zizanie dans le pays durant une décennie. Le Parti ivoirien des travailleurs (PIT), par exemple, qui s’est négativement illustré à plusieurs reprises en acceptant de servir de faire-valoir à des élections truquées où il savait qu’il n’avait aucune chance, s’est bien enrichi entre temps avec quelques postes ministériels et autres institutions. Que dire du Mouvement des Forces d’avenir (MFA) ? Son Mentor, Anaky Kobenan Innocent n’a jamais gagné d’élection. Idem pour Mel Théodore, l’ancien maire de la commune de Cocody, à Abidjan, qui avait créé un parti pour la cause. Enfin, il faut quand même saluer le courage de ceux qui voulaient amuser la galerie, comme les comédiens Bamba Bakary et Diallo Ticouaï Vincent où l’ancien membre de la « galaxie patriotique », Touré Al Moustapha.

Que penser de la razzia du Rassemblement des républicains (RDR) du Président Alassane Ouattara ? Rien, sinon qu’il fallait s’y attendre. Faut-il en avoir peur ? Non, parce que Ouattara n’est pas un dictateur. Quant à la question de savoir si le RDR peut se passer du PDCI, il faut mettre les points sur les « i ». En effet, les militants qui n’ont rien compris au deal entre les présidents des partis membres du RHDP se plaignaient souvent de ce que, au niveau des nominations aux hautes fonctions administratives, le Président Ouattara faisait tantôt la part belle au PDCI, tantôt au RDR. Anaky avait même piqué une crise d’urticaire devant la place de choix accordée par Ouattara à Bédié. Les militants du PDCI allaient même jusqu’à dire que sans eux, Ouattara n’aurait pas gagné face à Gbagbo. En réalité, de report de voix, il n’y en a point eu. Ou si peu ! Les militants du PDCI, ne pouvant voter pour leur candidat au second tour, ont préféré s’abstenir en majorité, désobéissant ainsi à Bédié. Si on demande à tous les grognons de présenter leurs cartes d’électeurs pour vérification, leur nombre se réduirait comme peau de chagrin… Ce n’est donc que justice que le RDR rafle la mise, éloigne le spectre du chantage et donne une majorité confortable au Président Alassane Ouattara.
Enfin, la configuration actuelle du Parlement laisse augurer de lendemains meilleurs. La quasi-totalité des nouveaux députés sont des intellectuels, et des hommes et des femmes de bonne moralité s’ils ne sont pas politiquement vierges. Avec un Président fort et des institutions fortes, la Côte d’Ivoire semble avoir véritablement tourné la page du passé pour s’orienter vers le développement.

Edgar Kouassi
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