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Politique Publié le jeudi 22 décembre 2011 | Le Temps

Législatives 2011 / Pourquoi la Côte d’Ivoire a dit non à Ouattara

Paris, d’habitude très prompte à s’inviter bruyamment dans les crises africaines avec la casquette du gendarme donneur de leçons a préféré cette fois-ci garder le profil très bas. Laissant le soin à l’allié américain pour saluer «une élection démocratique en Côte d’Ivoire». C’est mieux ainsi, car l’Elysée qui continue de faire face à la colère des souverainistes africains dans la gestion du dossier ivoirien, n’a pas voulu se mettre en première ligne dans le soutien au pouvoir d’Abidjan. Surtout que le dimanche 11 décembre dernier, les Ivoiriens ont préféré autre chose aux bureaux de vote dans lesquels Bakayoko Youssouf les avait invités. Ça été pratiquement une première dans l’histoire du boycott des élections en Côte d’Ivoire. Déjà à 13h, le jour de scrutin, qui a laissé tout le monde indifférent, la plupart des médias français acquis à la cause du pouvoir d’Abidjan ont été frappés par le très faible taux de participation. Du coup, le débat a commencé à enfler dans les grandes chancelleries plus ou moins impliquées dans le dossier ivoirien. Surtout qu’avec le boycott annoncé par le Fpi, l’enjeu de ces élections restait le taux de participation. Ce que le monde entier attendait était de savoir ce que vaut le Fpi. Car par ce mouvement de boycott, le parti du Président Affi Nguessan jouait gros. Plus clairement, son avenir sur le terrain politique ivoirien. Une semaine après ce scrutin, le Front populaire ivoirien affiche une grande fierté. Le dimanche 11 décembre passé, tout le monde a vu que l’appel de ce parti a été appliqué à la lettre par les Ivoiriens qui ce jour, sont restés eux. Une grande humiliation pour le Rhdp composé pourtant de deux grands partis politiques, le Rdr et le Pdci. Alors que Bédié et Ouattara ont toujours chanté devant leurs parrains français et américains que Gbagbo ne pèse même pas 20 % de l’électorat ivoirien. Des propos pris comme des paroles d’évangile dans le monde hexagonal foncièrement anti-Gbagbo. Même Choi, le diplomate onusien à problèmes qui s’est au bout du compte, découvert des qualités d’opposant à Gbagbo, ne s’est pas gêné de froisser les convenances dues à sa fonction, pour annoncer dans la presse que la Côte d’Ivoire avait fait le deuil du Fpi. «Le Fpi n’a plus d’avenir politique en Côte d’Ivoire» avait-il confié au confrère Jeune Afrique qui pour l’occasion lui a offert ses bonnes feuilles pour casser du Gbagbo. Le pouvoir ne pouvait donc pas assister sans rien faire. Surtout que le Fpi fait un retour en force. Dans la presse occidentale, Ouattara avait commencé à entendre ce qu’il ne voulait pas ... Un quotidien populaire suisse n’a pas, à ce propos, manqué de parler d’une bonne gifle au pouvoir. Au niveau de la Cei totalement composée des membres du Rhdp, la menace a été prise au sérieux. Car on ne peut pas prétendre gagner une élection avec plus de 54% des voix, et se voir subitement abandonné par les mêmes électeurs dans la bataille du parlement. On comprend donc pourquoi la Commission après près d’une semaine d’hésitation, a annoncé un taux de participation de 36%. Le message est à ce niveau bien net. Le pouvoir se met dans un jeu de comparaison. Une manière de dire que Ouattara au pouvoir, a fait plus que Gbagbo qui face au Rdr, en 2001 a fait un taux de 32%. Oubliant que les contextes ne sont pas les mêmes. Mais bien plus, la Côte d’ Ivoire sort d’une grave crise électorale qui pour la première fois a mis Gbagbo, Ouattara et Bédié dans la course. Et tout le monde sait comment Ouattara s’est retrouvé au palais. Cela suffisait pour provoquer une affluence jamais vue des partisans du pouvoir dans les urnes. Ce qui n’a pas été le cas. Les ivoiriens qui regrettent aujourd’hui Gbagbo avec beaucoup d’amertume, ont préféré répondre à l’appel du Fpi. A eux s’ajoute le lot des victimes du pouvoir. Il y a ceux qui ont vu tous leurs biens détruits par une opération «ville propre» qui n’était pas en ce moment, une priorité. Car des milliers d’Ivoiriens jetés à la rue par la crise vivaient de ces petits commerces. Il y aussi le monde paysan qui vit une grande crise à cause de la mévente de leurs produits. Ce qui n’a pas été le cas avec le pouvoir Gbagbo. Le monde Zouglou, miroir de la société ivoirienne, n’a-t-il pas chanté «maintenant les paysans vont en boite» ? Une manière de dire que sous Gbagbo, le monde paysan était bien rémunéré. On n’oubliera pas en plus le problème de l’éducation avec l’université qui est fermée. Au niveau de la santé, la gratuité des soins est devenue finalement un slogan publicitaire creux. Et pas plus. Les Ivoiriens désavouent de ce fait, un pouvoir outrageusement libéral qui préfère le tapage. Alors que chaque jour que Dieu fait, les problèmes sociaux s’amoncellent dans toute la Côte d’Ivoire. Comme on le dit, on sait finalement qui est qui sur l’échiquier politique. Les Ivoiriens ont fait leur choix.
Guéhi Brence
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