L’actuel Premier ministre ivoirien, Guillaume Soro Kigbafory a un parcours atypique. De sa carrière syndicale à la Primature, en passant par la rébellion, le nouveau député de Ferkessédougou s’est tracé un destin politique qui inéluctablement le conduira vers d’autres horizons beaucoup plus élevés. Décryptage…
De sa vie syndicale
Ancien pensionnaire du petit séminaire de Katiola et du Lycée technique de Bouaké, le fils de Kofiplé va marquer de son empreinte la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(Fesci) de 1994 à décembre 1998. Durant cette période, le jeune étudiant du département d’ Anglais de la faculté des Lettres, des Arts et Sciences humaines(Flash), Soro Guillaume va se forger une âme de leader incontestable. Qui fera de lui, le secrétaire général le plus charismatique de sa génération. Ce n’est pas l’ex-ministre de la sécurité d’Aimé Henri Konan Bédié, Marcel Dibonan Koné qui dira le contraire. Lui qui, à maintes reprises a été défié par le secrétaire général de la Fesci alors baptisé Dr Coumba . On se rappelle encore de cette réponse à un journaliste à propos de ses relations avec le ministre de l’intérieur et de la sécurité d’alors. « … Nous avons appris que le ministre de la sécurité, Dibonan Konan vous cherche Monsieur le secrétaire général ». Pour toute réponse, il dira « Dites-lui que je le cherche aussi ». Sans commentaires. Pour mémoire, la vie syndicale de Soro Guillaume a été marquée par des velléités de défiance entre l’ex-pouvoir PDCI-RDA, qui l’a interpelé et jeté au violon à plusieurs reprises. Pour toutes ces raisons, il sera désigné prisonnier d’opinion par l’organisation des droits de l’homme, Amnesty International et homme de l’année en 1997.
De son séjour européen
Toutes ces déconvenues avec le pouvoir alors, loin d’ébranler Soro Guillaume, vont au contraire donner un coup d’accélérateur à ses ambitions politiques. Il s’envole pour la France, où, il s’inscrit à l’Université de Paris II pour poursuivre ses études en Anglais et à Paris III en vue d’étudier les sciences politiques. Evidemment, ce séjour dans l’hexagone sera un plus pour celui qui caresse le secret espoir d’embrasser une véritable carrière politique. Qui passe nécessairement par la mise en place d’une association à même de le propulser facilement dans l’arène politique. Naît alors le(Fief). Un mouvement à l’image du Cojep de Charles Blé Goudé, une autre figure emblématique (sic) de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(Fesci). Mais en réalité au-dessus du Cojep ( car il faut comparer ce qui est comparable). A l’instar des autres associations estudiantines et scolaires, le mouvement de Soro Guillaume est proche du Rassemblement des Républicains(RDR). Pour preuve, dès son retour en Côte d’Ivoire en 2000, à la faveur des législatives de cette même année, il se dévoile à tous, comme le colistier de la candidate à la candidature du RDR, M Henriette Dagri Diabaté dans la commune de Port-Bouet dans le Sud du District d’Abidjan. Cette sortie, apparaissait aux yeux de nombre d’observateurs comme la grande apparition sur l’échiquier politique de celui que ses proches appellent affectueusement « Tiéni Gbanani, l’enfant terrible ».
De ses grands débuts…
Après l’échec de la candidate du RDR, Henriette Dagri Diabaté pour boycott aux législatives de 2000, Soro Guillaume se fait oublier un temps soit peu, jusqu’à ce qu’éclate la crise militaro-politique du 19 septembre 2002. A la surprise générale, un matin, sur les ondes d’une Radio internationale, celui qui durant 10 ans sera le secrétaire général du mouvement militaro-politique, dénommé Forces nouvelles qui n’est autre que la fusion des mouvements rebelles de première heure, à savoir le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire(MPCI), le Mouvement Patriotique du Grand Ouest(MPIGO) et le Mouvement pour la Justice et la Paix(MJP) refait surface. Pour rappel, cette décision de fusion des différents mouvements rebelles a été prise à Kléber lors des négociations de Linas- Marcoussis qui a réuni les différents acteurs de la crise ivoirienne sous les auspices des autorités françaises.
De l’offensive diplomatique…
De Lomé à Ouagadougou, en passant par Linas-Marcoussis, Pretoria, Abuja, Accra…Soro Guillaume va faire ses premiers pas politiques au plan international. Pendant ce temps, au plan local, le mouvement dont, il a désormais la charge, en sa qualité de secrétaire général est en pleine structuration aussi bien au plan militaire que politique. Soro va se forger une vraie âme de meneur d’hommes à la faveur des différentes négociations qui ont lieu dans plusieurs capitales africaines et même européennes. Toute chose qui lui permettra d’enrichir son carnet d’adresses, afin de relever les défis futurs. Ainsi, au sortir des négociations de Linas-Marcoussis qui ont décidé de la gestion collégiale du pouvoir par les différentes forces politiques en présence(le pouvoir Gbagbo, l’opposition ivoirienne et les forces nouvelles), un Premier ministre est nommé. En la personne de Seydou Elimane Diarra. Dans le premier gouvernement qui sera formé, Soro Guillaume prend le fauteuil de ministre d’Etat, de ministre de la communication. Lorsqu’arrive Charles Konan Banny pour occuper la maison blanche de l’avenue Angoulouvant, le désormais inamovible et charismatique secrétaire général des Forces nouvelles est appelé à occuper les fonctions de ministre d’Etat, chargé de la reconstruction. Point besoin de souligner que l’exercice de ces différentes fonctions n’a toujours pas été de tout repos. On se rappelle de son assassinat manqué à la Radio Télévision Ivoirienne(RTI) par « les jeunes patriotes » proches de Charles Blé Goudé, lors d’une visite de travail, au moment où, Georges Aboké assurait les fonctions de Directeur général de la structure étatique susmentionnée. Même le bombardement de son avion à Bouaké qui a causé la mort de son garde de corps ne l’a nullement ébranlé. Au contraire, tout sera mis en œuvre pour consolider les positions des forces nouvelles qui entretemps ont connu plusieurs bouleversements avec certaines dissensions au sein du mouvement.
De l’accord politique de Ouagadougou…
L’accord politique de la capitale burkinabé, Ouagadougou sera un tournant décisif dans la carrière politique de l’actuel Premier ministre ivoirien. Fort de l’enlisement de la situation socio-politique avec son corollaire de pertes en vies humaines, le Président Laurent Gbagbo en accord avec certaines organisation sous régionales, l’opposition ivoirienne et l’ex-rébellion armée, décide de discuter directement avec les Forces nouvelles qu’il considère désormais comme le principal protagoniste dans la crise qui secoue le pays depuis plusieurs années. Ainsi, s’ouvrent les négociations de Ouagadougou sous les auspices du Président burkinabé, Blaise Compaoré. En présence de ce dernier, des émissaires du chef de l’Etat d’alors, Laurent Gbagbo, de ceux de l’opposition ivoirienne, regroupés au sein du Rassemblement des houphouetistes pour la paix et la démocratie(Rhdp) ainsi que de l’Union Africaine(UA) s’ouvrent les négociations de l’accord politique d’Ouagadougou qui marqueront un tournant décisif dans l’histoire récente de la Côte d’ Ivoire. A la fin des échanges, à tout le moins houleux, Soro guillaume est nommé Premier ministre. En outre, il lui est recommandé le désarmement concomitant des différentes forces en présence. A savoir, les Forces armées de Côte d’Ivoire(Fanci) et les Forces armées des forces nouvelles(Fafn). Et surtout l’organisation d’élections justes, transparentes et ouvertes à tous. Ce processus de désarmement, s’il était mené à bien devrait permettre la pacification et la réunification du pays et garantir la tenue d’élections justes et transparentes. A cet effet, des signaux forts seront donnés à travers la journée de la paix à Bouaké, le fief de l’ex- rébellion ivoirienne. Devant le monde entier et les Ivoiriens, des armes ont été brûlés au grand soulagement de toutes les populations éprises de paix .Malgré tout, la situation restera délétère face à l’intransigeance des zélés du camp Gbagbo, conduits par une Simone Ehivet Gbagbo, très téméraire. Ce, jusqu’à l’annonce des élections pour le 10 octobre 2010. Dont le second tour du 28 novembre de la même année a consacré la victoire du candidat dur RDR Alassane Ouattara, appuyé par le RHDP. Loin d’être la clé de voûte pour une sortie de crise paisible, les résultats reconnus par la Commission électorale indépendante(CEI) , en charge du scrutin et certifiés par l’Onu, conformément aux accords de Pretoria, la contestation du verdict par le camp Gbagbo, va plonger le pays dans le chaos, dans une guerre, baptisée crise postélectorale.
De son rôle dans la crise post-électorale…
L’actuel député de Ferké, une circonscription dans le Nord de la Côte d’Ivoire avait clairement donné sa position quant au vainqueur du scrutin présidentiel. Il avait clairement signifié (selon ses propres révélations) au Président Laurent Gbagbo, qu’il ne servait à rien de s’accrocher au pouvoir parce qu’il avait perdu les élections du second tour face à son adversaire Alassane Ouattara. Ce qui ne va pas convaincre le Président sortant qui restera campé sur sa position. A savoir, la confiscation du pouvoir, malgré les injonctions de la communauté internationale. S’engage alors un bras de fer entre les partisans du nouveau Président élu et ceux de Laurent Gbagbo. Pour leur sécurité, les leaders de l’opposition ainsi que ceux des forces nouvelles vont se réfugier à l’Hôtel du Golf, situé dans le quartier résidentiel de Cocody, non loin de la résidence présidentielle. Commence un bras de fer qui aura pour finalité la capture de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011 par les forces républicaines de Côte d’Ivoire. Ainsi, avait été baptisée la nouvelle armée ivoirienne. Il convient de rappeler qu’avant cette capture, d’intenses combats ont lieu entre les forces républicaines de Côte et celles restées loyales au Président sortant. Et ce, suite à l’utilisation d’armes lourdes par les hommes de Gbagbo contre les populations d’Abobo, une commune située au Nord du district d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. En effet, devant l’ampleur des massacres, Soro Guillaume, nommé entre temps ministre de la défense, avait lancé l’assaut final sur Abidjan, où, les forces de Gbagbo s’étaient repliées. Baptisée « opération orange », cet assaut final a permis aux Fafn d’occuper tout le territoire national, à l’exception d’Abidjan. Soro Guillaume venait de démontrer une fois de plus qu’il ne reculait devant rien. La suite, on la connaît. Après plusieurs jours d’intenses combats, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire ont eu raison de leurs ennemis. Conséquences. Laurent, son épouse et plusieurs de ses proches ont été capturés et seront détenus dans certaines villes du Nord du pays, après un bref passage à l’Hôtel du Golf , le quartier général des nouvelles autorités ivoiriennes. L’enfant terrible de Ferkessédougou venait par cet acte de démontrer une autre dimension de ses ambitions parmi lesquelles, celle de quelqu’un qui ne recule devant rien, surtout s’il en a la conviction.
De son élection à l’Assemblée nationale.
Depuis le 11 décembre 2011, Soro Guillaume est le député de la circonscription électorale de Ferkessédougou. Une autre corde à son arc, pourrait-on dire. D’ailleurs, après cette brillante élection (son taux étant le plus élévé au niveau national avec 98,99%), nombreux sont les observateurs qui avancent que Soro Guillaume, dont les qualités de challenger sont connues de tous, lorgne désormais d’autres horizons à savoir le fauteuil de président de l’Assemblée nationale. Vrai ou faux ? Difficile de répondre par l’affirmative. Toujours est-il que l’actuel Premier ministre ivoirien et tout nouveau député, dont les ambitions sont réelles et légitimes n’a pas encore dit son dernier mot. Car s’’il est vrai que le parcours de Soro Guillaume n’est pas exempt de zones d’ombres, il n’en demeure pas moins qu’il aura et continue de marquer de son empreinte sa génération. Une génération en perte de repères, par la faute de pseudo-démocrates, aux ambitions démesurées et assoiffés de pouvoir. Fort heureusement, il existe un Soro Guillaume.
Eugène Kanga de Becano.
De sa vie syndicale
Ancien pensionnaire du petit séminaire de Katiola et du Lycée technique de Bouaké, le fils de Kofiplé va marquer de son empreinte la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(Fesci) de 1994 à décembre 1998. Durant cette période, le jeune étudiant du département d’ Anglais de la faculté des Lettres, des Arts et Sciences humaines(Flash), Soro Guillaume va se forger une âme de leader incontestable. Qui fera de lui, le secrétaire général le plus charismatique de sa génération. Ce n’est pas l’ex-ministre de la sécurité d’Aimé Henri Konan Bédié, Marcel Dibonan Koné qui dira le contraire. Lui qui, à maintes reprises a été défié par le secrétaire général de la Fesci alors baptisé Dr Coumba . On se rappelle encore de cette réponse à un journaliste à propos de ses relations avec le ministre de l’intérieur et de la sécurité d’alors. « … Nous avons appris que le ministre de la sécurité, Dibonan Konan vous cherche Monsieur le secrétaire général ». Pour toute réponse, il dira « Dites-lui que je le cherche aussi ». Sans commentaires. Pour mémoire, la vie syndicale de Soro Guillaume a été marquée par des velléités de défiance entre l’ex-pouvoir PDCI-RDA, qui l’a interpelé et jeté au violon à plusieurs reprises. Pour toutes ces raisons, il sera désigné prisonnier d’opinion par l’organisation des droits de l’homme, Amnesty International et homme de l’année en 1997.
De son séjour européen
Toutes ces déconvenues avec le pouvoir alors, loin d’ébranler Soro Guillaume, vont au contraire donner un coup d’accélérateur à ses ambitions politiques. Il s’envole pour la France, où, il s’inscrit à l’Université de Paris II pour poursuivre ses études en Anglais et à Paris III en vue d’étudier les sciences politiques. Evidemment, ce séjour dans l’hexagone sera un plus pour celui qui caresse le secret espoir d’embrasser une véritable carrière politique. Qui passe nécessairement par la mise en place d’une association à même de le propulser facilement dans l’arène politique. Naît alors le(Fief). Un mouvement à l’image du Cojep de Charles Blé Goudé, une autre figure emblématique (sic) de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire(Fesci). Mais en réalité au-dessus du Cojep ( car il faut comparer ce qui est comparable). A l’instar des autres associations estudiantines et scolaires, le mouvement de Soro Guillaume est proche du Rassemblement des Républicains(RDR). Pour preuve, dès son retour en Côte d’Ivoire en 2000, à la faveur des législatives de cette même année, il se dévoile à tous, comme le colistier de la candidate à la candidature du RDR, M Henriette Dagri Diabaté dans la commune de Port-Bouet dans le Sud du District d’Abidjan. Cette sortie, apparaissait aux yeux de nombre d’observateurs comme la grande apparition sur l’échiquier politique de celui que ses proches appellent affectueusement « Tiéni Gbanani, l’enfant terrible ».
De ses grands débuts…
Après l’échec de la candidate du RDR, Henriette Dagri Diabaté pour boycott aux législatives de 2000, Soro Guillaume se fait oublier un temps soit peu, jusqu’à ce qu’éclate la crise militaro-politique du 19 septembre 2002. A la surprise générale, un matin, sur les ondes d’une Radio internationale, celui qui durant 10 ans sera le secrétaire général du mouvement militaro-politique, dénommé Forces nouvelles qui n’est autre que la fusion des mouvements rebelles de première heure, à savoir le Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire(MPCI), le Mouvement Patriotique du Grand Ouest(MPIGO) et le Mouvement pour la Justice et la Paix(MJP) refait surface. Pour rappel, cette décision de fusion des différents mouvements rebelles a été prise à Kléber lors des négociations de Linas- Marcoussis qui a réuni les différents acteurs de la crise ivoirienne sous les auspices des autorités françaises.
De l’offensive diplomatique…
De Lomé à Ouagadougou, en passant par Linas-Marcoussis, Pretoria, Abuja, Accra…Soro Guillaume va faire ses premiers pas politiques au plan international. Pendant ce temps, au plan local, le mouvement dont, il a désormais la charge, en sa qualité de secrétaire général est en pleine structuration aussi bien au plan militaire que politique. Soro va se forger une vraie âme de meneur d’hommes à la faveur des différentes négociations qui ont lieu dans plusieurs capitales africaines et même européennes. Toute chose qui lui permettra d’enrichir son carnet d’adresses, afin de relever les défis futurs. Ainsi, au sortir des négociations de Linas-Marcoussis qui ont décidé de la gestion collégiale du pouvoir par les différentes forces politiques en présence(le pouvoir Gbagbo, l’opposition ivoirienne et les forces nouvelles), un Premier ministre est nommé. En la personne de Seydou Elimane Diarra. Dans le premier gouvernement qui sera formé, Soro Guillaume prend le fauteuil de ministre d’Etat, de ministre de la communication. Lorsqu’arrive Charles Konan Banny pour occuper la maison blanche de l’avenue Angoulouvant, le désormais inamovible et charismatique secrétaire général des Forces nouvelles est appelé à occuper les fonctions de ministre d’Etat, chargé de la reconstruction. Point besoin de souligner que l’exercice de ces différentes fonctions n’a toujours pas été de tout repos. On se rappelle de son assassinat manqué à la Radio Télévision Ivoirienne(RTI) par « les jeunes patriotes » proches de Charles Blé Goudé, lors d’une visite de travail, au moment où, Georges Aboké assurait les fonctions de Directeur général de la structure étatique susmentionnée. Même le bombardement de son avion à Bouaké qui a causé la mort de son garde de corps ne l’a nullement ébranlé. Au contraire, tout sera mis en œuvre pour consolider les positions des forces nouvelles qui entretemps ont connu plusieurs bouleversements avec certaines dissensions au sein du mouvement.
De l’accord politique de Ouagadougou…
L’accord politique de la capitale burkinabé, Ouagadougou sera un tournant décisif dans la carrière politique de l’actuel Premier ministre ivoirien. Fort de l’enlisement de la situation socio-politique avec son corollaire de pertes en vies humaines, le Président Laurent Gbagbo en accord avec certaines organisation sous régionales, l’opposition ivoirienne et l’ex-rébellion armée, décide de discuter directement avec les Forces nouvelles qu’il considère désormais comme le principal protagoniste dans la crise qui secoue le pays depuis plusieurs années. Ainsi, s’ouvrent les négociations de Ouagadougou sous les auspices du Président burkinabé, Blaise Compaoré. En présence de ce dernier, des émissaires du chef de l’Etat d’alors, Laurent Gbagbo, de ceux de l’opposition ivoirienne, regroupés au sein du Rassemblement des houphouetistes pour la paix et la démocratie(Rhdp) ainsi que de l’Union Africaine(UA) s’ouvrent les négociations de l’accord politique d’Ouagadougou qui marqueront un tournant décisif dans l’histoire récente de la Côte d’ Ivoire. A la fin des échanges, à tout le moins houleux, Soro guillaume est nommé Premier ministre. En outre, il lui est recommandé le désarmement concomitant des différentes forces en présence. A savoir, les Forces armées de Côte d’Ivoire(Fanci) et les Forces armées des forces nouvelles(Fafn). Et surtout l’organisation d’élections justes, transparentes et ouvertes à tous. Ce processus de désarmement, s’il était mené à bien devrait permettre la pacification et la réunification du pays et garantir la tenue d’élections justes et transparentes. A cet effet, des signaux forts seront donnés à travers la journée de la paix à Bouaké, le fief de l’ex- rébellion ivoirienne. Devant le monde entier et les Ivoiriens, des armes ont été brûlés au grand soulagement de toutes les populations éprises de paix .Malgré tout, la situation restera délétère face à l’intransigeance des zélés du camp Gbagbo, conduits par une Simone Ehivet Gbagbo, très téméraire. Ce, jusqu’à l’annonce des élections pour le 10 octobre 2010. Dont le second tour du 28 novembre de la même année a consacré la victoire du candidat dur RDR Alassane Ouattara, appuyé par le RHDP. Loin d’être la clé de voûte pour une sortie de crise paisible, les résultats reconnus par la Commission électorale indépendante(CEI) , en charge du scrutin et certifiés par l’Onu, conformément aux accords de Pretoria, la contestation du verdict par le camp Gbagbo, va plonger le pays dans le chaos, dans une guerre, baptisée crise postélectorale.
De son rôle dans la crise post-électorale…
L’actuel député de Ferké, une circonscription dans le Nord de la Côte d’Ivoire avait clairement donné sa position quant au vainqueur du scrutin présidentiel. Il avait clairement signifié (selon ses propres révélations) au Président Laurent Gbagbo, qu’il ne servait à rien de s’accrocher au pouvoir parce qu’il avait perdu les élections du second tour face à son adversaire Alassane Ouattara. Ce qui ne va pas convaincre le Président sortant qui restera campé sur sa position. A savoir, la confiscation du pouvoir, malgré les injonctions de la communauté internationale. S’engage alors un bras de fer entre les partisans du nouveau Président élu et ceux de Laurent Gbagbo. Pour leur sécurité, les leaders de l’opposition ainsi que ceux des forces nouvelles vont se réfugier à l’Hôtel du Golf, situé dans le quartier résidentiel de Cocody, non loin de la résidence présidentielle. Commence un bras de fer qui aura pour finalité la capture de Laurent Gbagbo le 11 avril 2011 par les forces républicaines de Côte d’Ivoire. Ainsi, avait été baptisée la nouvelle armée ivoirienne. Il convient de rappeler qu’avant cette capture, d’intenses combats ont lieu entre les forces républicaines de Côte et celles restées loyales au Président sortant. Et ce, suite à l’utilisation d’armes lourdes par les hommes de Gbagbo contre les populations d’Abobo, une commune située au Nord du district d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire. En effet, devant l’ampleur des massacres, Soro Guillaume, nommé entre temps ministre de la défense, avait lancé l’assaut final sur Abidjan, où, les forces de Gbagbo s’étaient repliées. Baptisée « opération orange », cet assaut final a permis aux Fafn d’occuper tout le territoire national, à l’exception d’Abidjan. Soro Guillaume venait de démontrer une fois de plus qu’il ne reculait devant rien. La suite, on la connaît. Après plusieurs jours d’intenses combats, les Forces républicaines de Côte d’Ivoire ont eu raison de leurs ennemis. Conséquences. Laurent, son épouse et plusieurs de ses proches ont été capturés et seront détenus dans certaines villes du Nord du pays, après un bref passage à l’Hôtel du Golf , le quartier général des nouvelles autorités ivoiriennes. L’enfant terrible de Ferkessédougou venait par cet acte de démontrer une autre dimension de ses ambitions parmi lesquelles, celle de quelqu’un qui ne recule devant rien, surtout s’il en a la conviction.
De son élection à l’Assemblée nationale.
Depuis le 11 décembre 2011, Soro Guillaume est le député de la circonscription électorale de Ferkessédougou. Une autre corde à son arc, pourrait-on dire. D’ailleurs, après cette brillante élection (son taux étant le plus élévé au niveau national avec 98,99%), nombreux sont les observateurs qui avancent que Soro Guillaume, dont les qualités de challenger sont connues de tous, lorgne désormais d’autres horizons à savoir le fauteuil de président de l’Assemblée nationale. Vrai ou faux ? Difficile de répondre par l’affirmative. Toujours est-il que l’actuel Premier ministre ivoirien et tout nouveau député, dont les ambitions sont réelles et légitimes n’a pas encore dit son dernier mot. Car s’’il est vrai que le parcours de Soro Guillaume n’est pas exempt de zones d’ombres, il n’en demeure pas moins qu’il aura et continue de marquer de son empreinte sa génération. Une génération en perte de repères, par la faute de pseudo-démocrates, aux ambitions démesurées et assoiffés de pouvoir. Fort heureusement, il existe un Soro Guillaume.
Eugène Kanga de Becano.