x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le samedi 24 décembre 2011 | Le Temps

Crimes des Frci, naufrage économique, crise au sein du Rhdp… : Le pouvoir sur le point de craquer

Après avoir végété pendant 8 mois, le régime en place, victime de ses propres turpitudes, n’est pas loin de se disloquer. L’impassible Ouattara en émoi, après le massacre à Vavoua de 6 personnes présumées proches du Rdr par les ex-rebelles dits forces Pro Ouattara et rebaptisées abusivement Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Une ville tenue depuis 2002 par ces mêmes ex-rebelles. L’occupant actuel du palais est sorti de ses gongs pour promettre l’enfer aux coupables. Il a donné 48 heures aux Frci pour disparaître de sa vue. Le régime Ouattara veut dévorer ses propres enfants. Cette colère mal contenue ne révèle en fait qu’un aspect de la situation de précarité que vit un pouvoir qui, après avoir végété pendant 8 mois, n’est pas loin de se disloquer. Car il n’est pas loin d’être emporté par ses propres turpitudes. Les Frci, parlons-en. Les crimes sont leur pain quotidien et leurs victimes qui tombent tous les jours se chiffrent en milliers. Depuis leur coup d’Etat avorté contre le Président Laurent Gbagbo qui a débouché sur l’occupation de la moitié nord du pays le 19 septembre 2002, ces ex-rebelles tuent impunément avec la complicité de la France. Le massacre collectif des gendarmes de Bouaké, l’extermination des danseuses traditionnelles d’ «Adjanou» à Sakassou, le charnier de Monoko Zohi, les génocides de Petit- Duékoué et de Guitrozon, l’extermination systématique de plus de 1000 innocents à Duékoué en mars 2011 confirmée par les rapports de Amnesty international et de la Division des Droits de l’Homme de l’Onu, les tueries de dizaines de paysans à Taï figurent au nombre de leurs crimes ignobles. Des crimes de guerre qui ont laissé indifférent Ouattara et «sa» communauté internationale. Tous les jours, des Frci volent, braquent, rackettent, persécutent, rançonnent les populations. Ces hommes armés pillent, saccagent, incendient les biens d’honnêtes citoyens. Ils violent, tuent sans que cela n’émeuvent Ouattara. Simplement parce que les victimes de ces exactions sont censés être des partisans de Laurent Gbagbo, des militants et cadres Fpi ou Lmp. Mais il a suffi que ces mêmes Frci tuent à Vavoua des présumés partisans du régime en place pour que les tenants du pouvoir perdent le contrôle de leurs nerfs et décident d’anéantir les Frci. Ceux-là même qui les ont aidés à s’installer au pouvoir dans le sang des Ivoiriens le lundi noir du 11 avril 2011 sous le bombes françaises, après qu’un complot international conduit par la France ait abouti au vol honteux de la victoire de Laurent Gbagbo à la présidentielle de novembre 2010, puis à son arrestation par les soldats de Sarkozy.

Le régime Ouattara face à ses propres monstres

Mais là se joue le premier drame du régime qui doit tout au soutien militaire de la France et à la rébellion. On sait que plus de 30.000 forces Pro Ouattara dites Frci sont dans la circulation à l’heure où nous parlons. Sans compter les Dozo et les rebelles purs et durs qui continuent d’occuper la moitié nord de la Côte d’Ivoire. Certes quelques uns ont été intégrés indûment à la police et la gendarmerie. Mais le gros du lot, frustré, attend la récompense que Ouattara leur a promise. 5 millions de Fcfa par tête de Frci. Incapable d’honorer cet engagement, le pouvoir les traite de «Faux Frci», d’analphabètes et d’«éléments incontrôlés» dont il faut se débarrasser. Aussi le régime les a-t-il enjoints de «déposer les armes». Se sentant trahis et humiliés par leur employeur « qui ne demandait pas de diplôme pour être rebelles quand ça chauffait », ont refusé de s’exécuter avant de mettre en garde les cols blancs de la rébellion contre toute tentative de répression à leur encontre. Face à cette équation, le régime a demandé à la force française Licorne de leur donner la chasse. Mais devant les risques d’implosion, Ouattara dû reculer. Il sait que la rébellion constitue la substance de son pouvoir. Il est conscient qu’il est assis sur des braises incandescentes car un danger menace la cohésion du groupe: la probable comparution de chefs de guerre devant la Cpi pour «crimes de guerre». Il est question de livrer Soro et ses com’zones pour protéger Ouattara. C’est pourquoi chacun se tient sur ces gardes, du moment que personne n’entend se laisser faire. Et, tandis que les chefs de guerre se préparent au clash et promettent qu’ils ne plongeront pas seuls, le Premier ministre de Ouattara fait la cour à Ocampo pour obtenir la clémence de la Cpi. Dans cette grisaille, les différentes factions rebelles se tirent dessus régulièrement depuis l’assassinat d’IB et la disgrâce de Wattao, suspecté de sympathie avec Laurent Gbagbo et des leaders patriotiques. Les observateurs sont formels : «si un maillon de la chaîne est brisé dans cette guéguerre, le pouvoir pourrait se disloquer», indiquent-ils.

Echec cuisant

Sale temps pour une famille désunie. Moment de tourments pour un régime qui a étalé son incapacité à redresser l’économie du pays et à trouver les «solutions» tant attendue surtout par les militants Rdr. En effet, les 8 mois de pouvoir de Ouattara se soldent par un échec économique cuisant. En juillet 2011, Ouattara a avoué son impuissance face aux défis de la relance. Il a jeté à la corbeille son prétendu programme de gouvernement et demandé à ses ministres de lui proposer un plan de relance par secteur. Hélas, les choses ne sont pas allés plus loin qu’un « séminaire gouvernemental » autour duquel on a fait du boucan pour rien. Les pluies de milliards promises par « l’ami personnel d’Obama » se sont avérées être une chimère. Et il est de plus en plus clair que ni la France, ni les Européens ne déverseront par tonnes de l’argent sur la Côte d’Ivoire. Le nouvel occupant du palais a tout simplement mystifié ses partisans. La réalité est que les problèmes sont insurmontables pour le régime. Les bailleurs de fonds et les investisseurs ont décrété que ce pays est devenu «une destination à risque» où il vaut mieux ne pas se hasarder actuellement, en raison de l’insécurité. Le pouvoir a toujours maille à partir avec l’armée régulière accusée d’être demeurée pro Gbagbo. Ouattara lui-même ne dort que d’un œil. Craignant sans raison un coup d’Etat que la gendarmerie serait en train de préparer selon son régime. Il semble avoir peur de sa propre ombre. L’Etat, en faillite, vit de broutilles et la pauvreté s’accentue. Le gouvernement est réduit à expédier sans conviction les affaires courantes. Mis à part les déclarations gratuites dans les médias étrangers à l’extérieur, les seules activités que Ouattara présente comme ses «grands chantiers» sont des projets de réhabilitation des voies publiques pour lesquelles Laurent Gbagbo a obtenu le financement de la Banque mondiale depuis 2008. Au demeurant, que peut-on attendre d’un régime qui a fait du transfèrement de Laurent Gbagbo à la Haye son programme de gouvernement ? D’ailleurs, depuis que le président Gbagbo a été transféré comme il le souhaitait tant, Ouattara semble s’ennuyer car il ne trouve plus rien à dire à ses partisans. Ironie du sort, l’économiste a tué l’économie ivoirienne.

La mort programmée du Rhdp

Mais les soucis du pouvoir ne s’arrêtent pas là. L’entente de façade au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la paix et la démocratie (Rhdp) a fait place aux mines renfrognées des alliés de Ouattara, après la mascarade électorale qui a permis au Rdr-ex-rébellion de se payer la tête du Pdci notamment pour opérer le rapt de la majorité parlementaire comme l’on s’y attendait. Et, tandis que le vieux parti crie à la fraude, Ouattara rit sous cape. Il s’est une fois de plus offert le Pdci avec une facilité qui a déconcerté Bédié lui-même. Le nouvel occupant du palais ayant rondement mené son affaire, les candidats malheureux du Pdci ont déposé en vain des réclamations devant le Conseil constitutionnel. Ce n’est pas Francis Wodié qui prendra le risque de contrarier un pouvoir qui lui a donné sa part du gâteau. Du coup, le litige entre Ouattara et Bédié au sujet du contrôle de la Primature se ravive. D’autant plus que le délai imparti à Soro pour céder la place à un Premier ministre Pdci est arrivé à expiration. Cette fois, le sphinx de Daoukro donne l’impression de ne pas se laisser faire. «La primature au Pdci maintenant», exige-t-il. Le hic est qu’il semble que le nouveau député de Ferkessédougou ne tient pas à lâcher son «trône». Si bien que placé devant une situation embarrassante, Ouattara aurait, révèlent nos sources, tenté de «distraire» le Pdci en lui proposant la présidence de l’Assemblée nationale. Mais cette offre n’intéresse nullement Bédié qui veut la absolument la primature. Car, selon l’accord passé, Soro devrait tenir son dernier conseil des ministres cette semaine avant de présenter sa démission. Le cas échéant, le Pdci nommerait son homme et constituerait son gouvernement pour inaugurer l’année 2012. Mais les choses sont loin d’être acquises pour Bédié. Et si les deux parties ne venaient pas à s’entendre, le point de rupture entre les deux alliés pourrait être franchi. Assurément, tout va mal pour le régime Ouattara dont l’avenir est de plus en plus incertain.

K. Kouassi Maurice
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ