Le nouvel an, c’est pour bientôt ! Et le constat, c’est que nombreux sont ces Ivoiriens qui font la queue chez les marabouts et autres mystiques dans l’espoir de voir exaucer leurs vœux (argent, succès, amour, etc…).
Bien rentrer dans la nouvelle année est important pour chaque citoyen de ce pays. Mais ce qui n’est pas le plus souvent connu, c’est l’entreprise, c’est-à-dire la manière dont les Ivoiriens se préparent donc pour la nouvelle année. En effet, à Abidjan tout comme dans les autres contrées, les sites où vivent des mystiques refusent du monde. Konaté, le premier à qui nous avons rendu visite à Yopougon Gesco, confirme cela : «vous constatez de vous-même la foule dehors. Je n’ai plus du temps pour moi-même. Et c’est pareil chaque fois que l’année tire à sa fin». Pour ce spécialiste des sciences occultes, décembre constitue une véritable traite pour lui et ses collègues. Et ce n’est pas le célèbre Aziz 47 qui nous dira le contraire. Mieux, il affirme que «c’est le mois de la bataille spirituelle pour l’année à venir». Selon lui, les gens viennent pour faire le bilan de l’année écoulée. Et ils en profitent pour se protéger pour la nouvelle année. Décembre est donc le «mois du bilan et de la protection». Raison pour laquelle, il reçoit chaque jour les différentes préoccupations de bon nombre d’Ivoiriens. Le dernier mois de l’année est apprécié des mystiques, eu égard aux gains enregistrés. M. B. Alex (d’ailleurs gêné par notre démarche), explique que sa présence à cet endroit est due en grande partie à la crise post électorale «Pendant les tristes évènements de décembre 2010 à avril 2011, j’ai tout perdu. Je suis donc ici pour me relancer», laisse t-il entendre. Quant à un autre, Marc, il soutient que le succès, ça se prépare. Et qu’en aucun cas il raterait 2012. Abdoul qui a moins de 18 ans, veut être le meilleur distributeur de billets de banque en cette fin d’année. «Il n’y aura pas d’hommes pour moi (Ndlr : Il n’aura pas d’adversaires (argot ivoirien)) ! Je suis prêt à tout pour laisser mes traces le 31 décembre». Prêt donc, est-il, pour avoir de l’argent au prix de sa vie. Interrogé sur l’efficacité de ces marabouts, Florent (client), s’en remet au schéma d’un plan dialectique (thèse-antithèse-synthèse). «Moi et mon frère sommes partis chez un féticheur pour le même problème. Pour moi a marché. Mais ça n’a pas été le cas pour mon frère. Je me suis dit alors que chacun a sa chance», raconte celui-là même qui dit connaître assez de potions magiques en raison de sa dizaine d’années de fréquentation de ces marabouts.
Plus de femmes que d’hommes
Elles représentent plus des deux tiers (2/3) des visiteurs des marabouts. En effet, pendant que les hommes se bousculent pour extirper de leurs vies le chômage, pour ensuite s’ouvrir les voies de la réussite, les dames, quant à elles, s’évertuent à enrayer leurs situations de célibataire. Interrogées, elles sont restées muettes. Heureusement que B.Y, un autre mystique de la commune de Koumassi, ayant enregistré un nombre record de dames dans son temple, nous éclaire : «Elles veulent de bons maris, capables de les aimer pour 2012», dit-il, en souriant.
Pendant le mois de décembre, il ne se passe de jour sans que les trottoirs et carrefours d’Abidjan ne soient encombrés de canaris, noix de cola, œufs, empêchant quelques fois la libre circulation. Hervé, un habitant de Yopougon Wassakara se prononce sur ce sujet : «Franchement, on est fatigué de tous ces sacrifices. Il faut que les autorités jettent un regard sur ce phénomène». L’ autre grande inquiétude est la recrudescence des accidents et décès enregistrés ces temps-ci qui trouveraient leurs sources, soit dans la mauvaise mise en application des prescriptions des génies sollicités, soit par les sanctions spirituelles. Kassoum, voyant, résidant à Dabou, joint au téléphone, en donne la preuve. «Quand les clients viennent nous voir, ils sont tellement pour la plupart surexcités qu’ils n’écoutent pas bien ce qu’on leur recommande de faire. Quand on te demande de faire un sacrifice, il faut le faire bien sinon les génies peuvent te sanctionner». La préoccupation de Yolande, c’est qu’ «on arrête de voler les enfants des gens pour aller leur couper la tête». Quant aux religieux, ils préfèrent s’en remettre à Dieu. Konan Marc, responsable d’une Eglise de la place se prononce. «L’assurance et la protection se trouvent avec Jésus Christ de Nazareth et nulle part ailleurs. Les 24 et 31 décembre, nous passons toute notre soirée à l’Eglise pour dire merci à l’Eternel». Ses propos sont corroborés par un autre, Mamadou, musulman, en ces termes «avec Allah, on a droit à tout sans se soucier de quoi que ce soit».
Attention aux faux marabouts !
La précipitation des hommes à vouloir coûte que coûte profiter de la bénédiction d’un marabout se trouve être une aubaine pour des personnes indélicates. Qui profitent pour s’établir un véritable réseau d’arnaque. Certains donnent de fausses potions et disparaissent ensuite avec l’argent de leurs victimes. Anne G, semble être une de ces personnes ayant fait les frais de ces délinquants. «Le 02 décembre de l’année 2009, un faux marabout m’a pris 210 000 F CFA et a disparu», confesse-t-elle avec colère. D’autres iront jusqu’à faire chanter les pauvres femmes. «Ton cas est délicat. Les génies me demandent de coucher avec toi si vraiment tu veux que ça marche», des propositions indécentes rapportées par une dame. Aussi rajoute-elle que «Dieu seul sait combien de dames ont bien pu être bernées de la sorte».
P.L
Bien rentrer dans la nouvelle année est important pour chaque citoyen de ce pays. Mais ce qui n’est pas le plus souvent connu, c’est l’entreprise, c’est-à-dire la manière dont les Ivoiriens se préparent donc pour la nouvelle année. En effet, à Abidjan tout comme dans les autres contrées, les sites où vivent des mystiques refusent du monde. Konaté, le premier à qui nous avons rendu visite à Yopougon Gesco, confirme cela : «vous constatez de vous-même la foule dehors. Je n’ai plus du temps pour moi-même. Et c’est pareil chaque fois que l’année tire à sa fin». Pour ce spécialiste des sciences occultes, décembre constitue une véritable traite pour lui et ses collègues. Et ce n’est pas le célèbre Aziz 47 qui nous dira le contraire. Mieux, il affirme que «c’est le mois de la bataille spirituelle pour l’année à venir». Selon lui, les gens viennent pour faire le bilan de l’année écoulée. Et ils en profitent pour se protéger pour la nouvelle année. Décembre est donc le «mois du bilan et de la protection». Raison pour laquelle, il reçoit chaque jour les différentes préoccupations de bon nombre d’Ivoiriens. Le dernier mois de l’année est apprécié des mystiques, eu égard aux gains enregistrés. M. B. Alex (d’ailleurs gêné par notre démarche), explique que sa présence à cet endroit est due en grande partie à la crise post électorale «Pendant les tristes évènements de décembre 2010 à avril 2011, j’ai tout perdu. Je suis donc ici pour me relancer», laisse t-il entendre. Quant à un autre, Marc, il soutient que le succès, ça se prépare. Et qu’en aucun cas il raterait 2012. Abdoul qui a moins de 18 ans, veut être le meilleur distributeur de billets de banque en cette fin d’année. «Il n’y aura pas d’hommes pour moi (Ndlr : Il n’aura pas d’adversaires (argot ivoirien)) ! Je suis prêt à tout pour laisser mes traces le 31 décembre». Prêt donc, est-il, pour avoir de l’argent au prix de sa vie. Interrogé sur l’efficacité de ces marabouts, Florent (client), s’en remet au schéma d’un plan dialectique (thèse-antithèse-synthèse). «Moi et mon frère sommes partis chez un féticheur pour le même problème. Pour moi a marché. Mais ça n’a pas été le cas pour mon frère. Je me suis dit alors que chacun a sa chance», raconte celui-là même qui dit connaître assez de potions magiques en raison de sa dizaine d’années de fréquentation de ces marabouts.
Plus de femmes que d’hommes
Elles représentent plus des deux tiers (2/3) des visiteurs des marabouts. En effet, pendant que les hommes se bousculent pour extirper de leurs vies le chômage, pour ensuite s’ouvrir les voies de la réussite, les dames, quant à elles, s’évertuent à enrayer leurs situations de célibataire. Interrogées, elles sont restées muettes. Heureusement que B.Y, un autre mystique de la commune de Koumassi, ayant enregistré un nombre record de dames dans son temple, nous éclaire : «Elles veulent de bons maris, capables de les aimer pour 2012», dit-il, en souriant.
Pendant le mois de décembre, il ne se passe de jour sans que les trottoirs et carrefours d’Abidjan ne soient encombrés de canaris, noix de cola, œufs, empêchant quelques fois la libre circulation. Hervé, un habitant de Yopougon Wassakara se prononce sur ce sujet : «Franchement, on est fatigué de tous ces sacrifices. Il faut que les autorités jettent un regard sur ce phénomène». L’ autre grande inquiétude est la recrudescence des accidents et décès enregistrés ces temps-ci qui trouveraient leurs sources, soit dans la mauvaise mise en application des prescriptions des génies sollicités, soit par les sanctions spirituelles. Kassoum, voyant, résidant à Dabou, joint au téléphone, en donne la preuve. «Quand les clients viennent nous voir, ils sont tellement pour la plupart surexcités qu’ils n’écoutent pas bien ce qu’on leur recommande de faire. Quand on te demande de faire un sacrifice, il faut le faire bien sinon les génies peuvent te sanctionner». La préoccupation de Yolande, c’est qu’ «on arrête de voler les enfants des gens pour aller leur couper la tête». Quant aux religieux, ils préfèrent s’en remettre à Dieu. Konan Marc, responsable d’une Eglise de la place se prononce. «L’assurance et la protection se trouvent avec Jésus Christ de Nazareth et nulle part ailleurs. Les 24 et 31 décembre, nous passons toute notre soirée à l’Eglise pour dire merci à l’Eternel». Ses propos sont corroborés par un autre, Mamadou, musulman, en ces termes «avec Allah, on a droit à tout sans se soucier de quoi que ce soit».
Attention aux faux marabouts !
La précipitation des hommes à vouloir coûte que coûte profiter de la bénédiction d’un marabout se trouve être une aubaine pour des personnes indélicates. Qui profitent pour s’établir un véritable réseau d’arnaque. Certains donnent de fausses potions et disparaissent ensuite avec l’argent de leurs victimes. Anne G, semble être une de ces personnes ayant fait les frais de ces délinquants. «Le 02 décembre de l’année 2009, un faux marabout m’a pris 210 000 F CFA et a disparu», confesse-t-elle avec colère. D’autres iront jusqu’à faire chanter les pauvres femmes. «Ton cas est délicat. Les génies me demandent de coucher avec toi si vraiment tu veux que ça marche», des propositions indécentes rapportées par une dame. Aussi rajoute-elle que «Dieu seul sait combien de dames ont bien pu être bernées de la sorte».
P.L
