Ils ont défié Dieu jusque dans sa maison, église et temple, mais la porte s'est refermée sur eux. Deux gangs de huit braqueurs, à raison de quatre par bande armée ont été neutralisés par les hommes du commissaire principal, Niagne Eigba Honoré, directeur de la police criminelle. Ils se sont spécialisés dans le cambriolage des églises et domiciles de prêtes, de pasteurs et d'évêques. Les huit bandits seront déférés, ce matin, au parquet d'Abidjan et ils risquent chacun 20 ans de prison, selon le code pénal. Ils sont accusés de vol en réunion à main armée.
Il s'agit de Koné Hamed, 19 ans ; de Traoré Ibrahim dit IB, 22 ans (faux élément des Frci à Abobo); de Bamba Zakaria dit Amara, 27 ans (chef de gang) ; d'Assi Séka Hermann dit Fatal, 29 ans pseudo-élément des Frci à Yopougon ; de Mokey Jean Bruch alias Kabila, 18 ans(chef de gang) ; de Kouakou Djouadjou Gislain dit Tout- Petit (évadé de la Maca) 22 ans ; de Tiébo Godin's, 27 ans et de Assandé Rodolph Claver, 23 ans.
Armés de quatre pistolets automatiques, de cinq kalachnikovs et de plusieurs chargeurs remplis de munitions de kalachnikovs, la bande à Zakaria et Bruch a dépouillé leurs victimes (voir la liste, ndlr) de millions de francs et d'autres biens. Interrogé à la police criminelle, hier, c'est Assandé Rodolph Claver qui a porté la parole du gang des églises.
Les méthodes du gang
Il explique sans détour comment lui et ses acolytes organisaient les attaques et comment ils se sont procuré les armes de guerre pour opérer. « C'est Antoine(en fuite), un ami, qui nous a envoyés chez le pasteur. C'était à Yopougon-Sideci. Il nous a dit qu'il allait nous envoyer chez celui-ci pour le braquer à l'église. Antoine nous a dit qu'il avait 5 millions chez lui. Donc, il nous a demandé d'aller l'attaquer pour prendre l'argent. Ce que nous avons fait. C'est Antoine qui nous a remis les armes.
On ne sait pas où il se trouve », se persuade-t-il avant d'indiquer que c'est un certain Soumahoro Ibrahim qui a servi de lien de connexion entre eux et le nommé Antoine. Mais ce dernier, précise-t-il, se trouve actuellement en Guinée. « Cela fait quatre mois que nous travaillons avec Antoine. C'est lui qui nous a mis dans ce mouvement. En quatre mois, nous avons braqué six personnes dont un pasteur et un prêtre. Nous, on ne sait pas d'avance que nos victimes sont des pasteurs ou des prêtres. C'est Antoine qui nous envoie pour exécuter le braquage. C'est nous qui avons attaqué puis dépouillé un pasteur il y a quelques semaines à Cocody-Angré. C'est Antoine qui est notre chef car c'est lui qui planifie tout. Il nous fournit les armes à feu. C'est lui aussi qui nous indique les cibles à attaquer », soutient-il.
« Nous serons sans pitié avec les bandits »
Pour le commissaire principal Niagne Eigba Honoré, cette forme de criminalité n'est pas, loin s'en faut, nouvelle en soi. Selon l'officier commissaire, lui et ses éléments ont eu à traiter des affaires liées aux attaques armées d'églises dans un passé récent. D'après le patron de la police criminelle, ce qui est nouveau par contre dans cette affaire, c'est l'ampleur et l'étendue « quasi-nationale » de ce phénomène criminel.
«S'agit-il comme beaucoup pourraient le penser, à tort ou à raison, d'attaques ciblées à relent politico-religieux ? Quelles en sont les raisons ?
La destruction ou le vol de certains objets sacrés lors des attaques, qui sont en elles-mêmes des actes d'impiété et de sacrilège, ne sont-ils pas de nature à confirmer ou à conforter la thèse de ceux qui pensent que nous sommes en présence de cibles privilégiées que celles-ci représentent ? », s'est interrogé le professionnel de la scène de crimes en insistant sur le fait que ses équipes d'interventions vont monter en puissance pour assurer la sécurité des personnes et des biens surtout en cette période des fêtes de fin d'année. « Nous serons sans pitié avec les bandits.
Le ministre Hamed Bakayoko nous a instruits dans ce sens. Et, ces instructions seront appliquées à la lettre. Toutefois, en tant que technicien de la scène de crimes, les facteurs qui sous-tendent ce phénomène criminel sont principalement de deux ordres », tranche-t-il. D'après notre interlocuteur, il s'agit de causes indirectes. A ce niveau, le directeur général de la police criminelle relève le dépérissement des valeurs morales avec pour corollaire la disparition du sens du sacré ; les églises et édifices religieux chrétiens, en tant que cibles privilégiées, sont d'abord réputées être des lieux où l'on collecte beaucoup d'argent ; elles ont aussi la présumée réputation d'être des lieux de dépôts de fonds ; les églises sont démunies en termes de moyens de surveillance et de défense. Concernant les causes directes ou immédiates, indique-t-il, il faut noter que la circulation récurrente et accrue des armes légères et de guerre est liée aux crises sociales et politico-militaires en Côte d'Ivoire et dans la sous-région ; l'évasion massive des hors-la-loi de la quasi-totalité des prisons pendant la crise postélectorale a favorisé la reconstitution des gangs et le port d'armes à feu et de tenues militaires par des personnes non habilitées.
Ouattara Moussa
La liste des églises attaquées
Les statistiques criminelles relatives aux attaques commises contre des églises et confessions religieuses chrétiennes de septembre à décembre 2011 :
- Eglises catholiques et confessions religieuses assimilées
-Le 1er septembre : communauté Bétharam sise PK 18, route de Dabou
-Dans la nuit du 19 au 20 septembre : communauté « Mère du Divin Amour » et communauté «Saint Jean » sises à la Riviéra Palmeraie(Cocody).
-Dans la nuit du 23 au 24 septembre : Paroisse « sainte Monique »sise au Plateau Dokui.
-Le 26 septembre à 20h30 : domicile de Mgr Jean Jacques Koffi, évêque de San-Pédro.
-Dans la nuit du 3 au 4 octobre : paroisse « Notre Dame de l'incarnation» sise à la Riviéra Palmeraie, route de Bingerville.
-Dans la nuit du 9 au 10 octobre : paroisse « Notre Dame de la Tendresse » sise à la Riviéra Golf à côté de l'ambassade des Usa
-Dans la nuit du 1er au 2 novembre : paroisse « Notre Dame de l'Assomption » sise à Koumassi-Prodomo, Attaque perpétrée par quatre individus armés de pistolets automatiques ; préjudice : deux ordinateurs, deux appareils-photos numériques, un véhicule emporté appartenant au curé.
-Le dimanche 6 novembre à 10h : presbystère de la Paroisse Saint Jérôme. Préjudice : une importante somme d'argent non précisée emportée.
-La nuit du 10 novembre : paroisse « Saint Pierre » et Saint Paul d'Oglowapo(S/P d'Alépé) y compris le presbytère (résidence du clergé)-attaque commise par deux individus armés de kalachnikovs. Préjudice : une importante somme d'argent non précisée emportée ainsi que plusieurs téléphones portables.
-Dans la nuit 16 novembre : paroisse Saint Pierre sise à Blokhaus-attaque perpétrée par six individus en treillis armés de kalachnikovs. Préjudice : gardien blessé, 65 mille FCFA emportés et des objets religieux cassés ou emportés.
-Dans la nuit du 16 au 17 novembre : communauté des Marianistes, sise route de Dabou.
-Dans la nuit du 26 au 27 novembre : mission catholique « Servant enfant Jésus » de Grand-Lahou. Attaque commise par sept individus armés de kalachnikovs.
-- Dans la nuit du 10 au 11 décembre : église Sainte Jeanne d'Arc de Yopougon-Niangon. Attaque perpétrée par trois individus armés de kalachnikovs. Préjudice : un poste téléviseur, un poste radio et la somme d'un million emportés.
2. Eglises évangéliques
-Le 4 septembre à 21h : église évangélique « La vision du Seigneur » du pasteur Alahou Jonathan sise à Port-Bouët, près de la cité universitaire 3.
-Le 8 septembre : attaque dirigée contre la même église occasionnant la blessure du pasteur Alahou.
-Dans la nuit du 15 septembre : église de l'Union missionnaire sise à la Riviéra Palmeraie.
-Dans la nuit du 17 septembre : église pentecôtiste Universelle sise à Port-Bouët
Eglise du Christianisme Céleste
-Dans la nuit du 2 septembre : paroisse de Vridi(Pasteur Ediémou Jacob).
N.B : Sur dix-neuf édifices religieux chrétiens attaqués sur la période susmentionnée :
-Treize églises et confessions religieuses catholiques ;
-Quatre églises évangéliques toutes tendances confondues ;
-Une église céleste.
Il s'agit de Koné Hamed, 19 ans ; de Traoré Ibrahim dit IB, 22 ans (faux élément des Frci à Abobo); de Bamba Zakaria dit Amara, 27 ans (chef de gang) ; d'Assi Séka Hermann dit Fatal, 29 ans pseudo-élément des Frci à Yopougon ; de Mokey Jean Bruch alias Kabila, 18 ans(chef de gang) ; de Kouakou Djouadjou Gislain dit Tout- Petit (évadé de la Maca) 22 ans ; de Tiébo Godin's, 27 ans et de Assandé Rodolph Claver, 23 ans.
Armés de quatre pistolets automatiques, de cinq kalachnikovs et de plusieurs chargeurs remplis de munitions de kalachnikovs, la bande à Zakaria et Bruch a dépouillé leurs victimes (voir la liste, ndlr) de millions de francs et d'autres biens. Interrogé à la police criminelle, hier, c'est Assandé Rodolph Claver qui a porté la parole du gang des églises.
Les méthodes du gang
Il explique sans détour comment lui et ses acolytes organisaient les attaques et comment ils se sont procuré les armes de guerre pour opérer. « C'est Antoine(en fuite), un ami, qui nous a envoyés chez le pasteur. C'était à Yopougon-Sideci. Il nous a dit qu'il allait nous envoyer chez celui-ci pour le braquer à l'église. Antoine nous a dit qu'il avait 5 millions chez lui. Donc, il nous a demandé d'aller l'attaquer pour prendre l'argent. Ce que nous avons fait. C'est Antoine qui nous a remis les armes.
On ne sait pas où il se trouve », se persuade-t-il avant d'indiquer que c'est un certain Soumahoro Ibrahim qui a servi de lien de connexion entre eux et le nommé Antoine. Mais ce dernier, précise-t-il, se trouve actuellement en Guinée. « Cela fait quatre mois que nous travaillons avec Antoine. C'est lui qui nous a mis dans ce mouvement. En quatre mois, nous avons braqué six personnes dont un pasteur et un prêtre. Nous, on ne sait pas d'avance que nos victimes sont des pasteurs ou des prêtres. C'est Antoine qui nous envoie pour exécuter le braquage. C'est nous qui avons attaqué puis dépouillé un pasteur il y a quelques semaines à Cocody-Angré. C'est Antoine qui est notre chef car c'est lui qui planifie tout. Il nous fournit les armes à feu. C'est lui aussi qui nous indique les cibles à attaquer », soutient-il.
« Nous serons sans pitié avec les bandits »
Pour le commissaire principal Niagne Eigba Honoré, cette forme de criminalité n'est pas, loin s'en faut, nouvelle en soi. Selon l'officier commissaire, lui et ses éléments ont eu à traiter des affaires liées aux attaques armées d'églises dans un passé récent. D'après le patron de la police criminelle, ce qui est nouveau par contre dans cette affaire, c'est l'ampleur et l'étendue « quasi-nationale » de ce phénomène criminel.
«S'agit-il comme beaucoup pourraient le penser, à tort ou à raison, d'attaques ciblées à relent politico-religieux ? Quelles en sont les raisons ?
La destruction ou le vol de certains objets sacrés lors des attaques, qui sont en elles-mêmes des actes d'impiété et de sacrilège, ne sont-ils pas de nature à confirmer ou à conforter la thèse de ceux qui pensent que nous sommes en présence de cibles privilégiées que celles-ci représentent ? », s'est interrogé le professionnel de la scène de crimes en insistant sur le fait que ses équipes d'interventions vont monter en puissance pour assurer la sécurité des personnes et des biens surtout en cette période des fêtes de fin d'année. « Nous serons sans pitié avec les bandits.
Le ministre Hamed Bakayoko nous a instruits dans ce sens. Et, ces instructions seront appliquées à la lettre. Toutefois, en tant que technicien de la scène de crimes, les facteurs qui sous-tendent ce phénomène criminel sont principalement de deux ordres », tranche-t-il. D'après notre interlocuteur, il s'agit de causes indirectes. A ce niveau, le directeur général de la police criminelle relève le dépérissement des valeurs morales avec pour corollaire la disparition du sens du sacré ; les églises et édifices religieux chrétiens, en tant que cibles privilégiées, sont d'abord réputées être des lieux où l'on collecte beaucoup d'argent ; elles ont aussi la présumée réputation d'être des lieux de dépôts de fonds ; les églises sont démunies en termes de moyens de surveillance et de défense. Concernant les causes directes ou immédiates, indique-t-il, il faut noter que la circulation récurrente et accrue des armes légères et de guerre est liée aux crises sociales et politico-militaires en Côte d'Ivoire et dans la sous-région ; l'évasion massive des hors-la-loi de la quasi-totalité des prisons pendant la crise postélectorale a favorisé la reconstitution des gangs et le port d'armes à feu et de tenues militaires par des personnes non habilitées.
Ouattara Moussa
La liste des églises attaquées
Les statistiques criminelles relatives aux attaques commises contre des églises et confessions religieuses chrétiennes de septembre à décembre 2011 :
- Eglises catholiques et confessions religieuses assimilées
-Le 1er septembre : communauté Bétharam sise PK 18, route de Dabou
-Dans la nuit du 19 au 20 septembre : communauté « Mère du Divin Amour » et communauté «Saint Jean » sises à la Riviéra Palmeraie(Cocody).
-Dans la nuit du 23 au 24 septembre : Paroisse « sainte Monique »sise au Plateau Dokui.
-Le 26 septembre à 20h30 : domicile de Mgr Jean Jacques Koffi, évêque de San-Pédro.
-Dans la nuit du 3 au 4 octobre : paroisse « Notre Dame de l'incarnation» sise à la Riviéra Palmeraie, route de Bingerville.
-Dans la nuit du 9 au 10 octobre : paroisse « Notre Dame de la Tendresse » sise à la Riviéra Golf à côté de l'ambassade des Usa
-Dans la nuit du 1er au 2 novembre : paroisse « Notre Dame de l'Assomption » sise à Koumassi-Prodomo, Attaque perpétrée par quatre individus armés de pistolets automatiques ; préjudice : deux ordinateurs, deux appareils-photos numériques, un véhicule emporté appartenant au curé.
-Le dimanche 6 novembre à 10h : presbystère de la Paroisse Saint Jérôme. Préjudice : une importante somme d'argent non précisée emportée.
-La nuit du 10 novembre : paroisse « Saint Pierre » et Saint Paul d'Oglowapo(S/P d'Alépé) y compris le presbytère (résidence du clergé)-attaque commise par deux individus armés de kalachnikovs. Préjudice : une importante somme d'argent non précisée emportée ainsi que plusieurs téléphones portables.
-Dans la nuit 16 novembre : paroisse Saint Pierre sise à Blokhaus-attaque perpétrée par six individus en treillis armés de kalachnikovs. Préjudice : gardien blessé, 65 mille FCFA emportés et des objets religieux cassés ou emportés.
-Dans la nuit du 16 au 17 novembre : communauté des Marianistes, sise route de Dabou.
-Dans la nuit du 26 au 27 novembre : mission catholique « Servant enfant Jésus » de Grand-Lahou. Attaque commise par sept individus armés de kalachnikovs.
-- Dans la nuit du 10 au 11 décembre : église Sainte Jeanne d'Arc de Yopougon-Niangon. Attaque perpétrée par trois individus armés de kalachnikovs. Préjudice : un poste téléviseur, un poste radio et la somme d'un million emportés.
2. Eglises évangéliques
-Le 4 septembre à 21h : église évangélique « La vision du Seigneur » du pasteur Alahou Jonathan sise à Port-Bouët, près de la cité universitaire 3.
-Le 8 septembre : attaque dirigée contre la même église occasionnant la blessure du pasteur Alahou.
-Dans la nuit du 15 septembre : église de l'Union missionnaire sise à la Riviéra Palmeraie.
-Dans la nuit du 17 septembre : église pentecôtiste Universelle sise à Port-Bouët
Eglise du Christianisme Céleste
-Dans la nuit du 2 septembre : paroisse de Vridi(Pasteur Ediémou Jacob).
N.B : Sur dix-neuf édifices religieux chrétiens attaqués sur la période susmentionnée :
-Treize églises et confessions religieuses catholiques ;
-Quatre églises évangéliques toutes tendances confondues ;
-Une église céleste.