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Société Publié le jeudi 29 décembre 2011 | Le Patriote

Bilan : Année culturelle 2011 Beaucoup d’efforts mais...

Une année s’achève. Une autre, qu’on espère toujours meilleure que la précédente, s’annonce. Comme le veut la tradition, c’est l’heure du bilan. A l’image de tous les secteurs de la vie en Côte d’Ivoire, le monde culturel a été également mouvementé en 2011. Pis, il a même été durablement éprouvé, pour une raison que vous devinez aisément : la crise postélectorale. Les six premiers mois de l’année dernière ont été terribles pour les acteurs culturels. « Tout était en berne, personne n’osait entreprendre quelque chose, naturellement avec la tension qu’il y avait dans le pays, les gens n’avaient pas la tête à la culture », analyse froidement un opérateur culturel. Effectivement, de janvier à mai, voire juin, l’univers culturel était silencieux. Pas d’événements majeurs, aucune création véritable, à part quelques initiatives autour de la Saint-Valentin en février. C’était dans l’ensemble le calme plat. Bien plus, certains artistes, qui dérangeaient par leur engagement politique, ont dû face à la situation délétère à Abidjan, marquée par une insécurité grandissante, prendre le chemin de l’exil, durant le premier trimestre 2011, quelques semaines pour certains, quelques jours pour d’autres, avant la « fameuse » et redoutée bataille d’Abidjan entre les forces proches de l’ancien président Gbagbo, qui refusait de céder le pouvoir malgré sa déconvenue électorale, et les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire, soucieuses de faire respecter le verdict des urnes. C’est le cas, par exemple de Fadal Dey, Antoinette Allany, qui, prise à partie par des « Jeunes Patriotes », a échappé de justesse, à un lynchage au Carrefour de la Riviera 2, à Cocody. Ou encore de Marie-Louise Asseu et bien d’autres artistes, qui se sont retrouvés, soit au Burkina Faso, soit au Mali. En avril, avec la chute de Laurent Gbagbo, des artistes, sensés être proches de lui, ont, eux aussi, pris le chemin de l’exil, pour se retrouver au Ghana, au Togo et au Bénin. De peur de représailles. On pourrait citer entre autres Gadji Céli, Paul Madys, Serges Kassy, Vieux Gazeur même s’il était devenu plus activiste politique que chanteur... Bref, les cinq voire six premiers mois de l’année 2011 ont été dans l’ensemble noirs pour le monde des arts et de la culture.
En revanche, les six autres mois, marqués par le retour de l’accalmie et singulièrement la reprise de la vie, ont été caractérisés par un véritablement bouillonnement culturel. Comme le souligne un autre acteur culturel, on a fait en six mois, ce qu’on n’aurait pas pu faire en douze mois. Un dynamisme certes favorisé par le retour de la paix, mais surtout insufflé par le Gouvernement du Président Alassane Ouattara, à travers la personne du ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman. Sous son impulsion, ce département a organisé la quasi-totalité des événements qui vont faire bouger culturellement la Côte d’Ivoire de juillet à décembre. Se substituant, il faut l’avouer, aux opérateurs culturels. En plus de ses initiatives habituelles comme « Le Festival du Zanzan », « Vacances Cultures », « Clap Ivoire », le ministère de la Culture et de la Francophonie a organisé fin novembre-début décembre un colloque international sur la renaissance africaine, qui a réuni à Abidjan une kyrielle d’intellectuels de haut vol d’Afrique, d’Europe et des Etats-Unis, puis le premier Salon International des Arts plastiques (SIPA). On note également à son actif, la caravane pour la réconciliation et la paix qui a sillonné quelques quartiers d’Abidjan et des villes du pays. A cela s’ajoute, le jeu de chaises musicales au Burida (Bureau Ivoirien du Droit d’auteur), où l’ancien directeur général, Michel Baroan, a été remplacé d’abord par un intérimaire M. Assiélou Florent, qui cèdera ensuite son fauteuil à Mme Irène Assa Vieira. Toutefois, le dynamisme culturel ne se mesure uniquement pas à l’aune du ministère de la culture. Des opérateurs culturels, parfois sans grands moyens, ont initié des projets non moins importants. Ainsi a-t-on pu assister, du 23 au 26 juin, à la 4ème édition du Femua (Festival des musiques urbaines d’Anoumabo), pilotée par le groupe Magic System, avec en toile de fond des vedettes comme Kojo Antwi, Patience Dabany, Soprano, Meiway, au 6ème festival Afrik fashion show qui a mobilisé les créateurs de mode d’ici et d’ailleurs. On note, de même, l’Abisssa, fête tradition du pays N’zima à Grand-Bassam, la fresque de Georges Momboye, le festival Positiv Tribu, qui a déplacé les 3 et 4 décembre, Ijahman et d’autres vedettes du reggae sur les bords de la lagune Ebrié. Et surtout la caravane du conte Abidjan-Dakar, initié par le Goethe-Institut Côte d’Ivoire et le Goethe-Institut Sénégal, qui a mobilisé des conteurs ivoiriens, sénégalais et allemands, pour des réflexions certes sur la pertinence de cette discipline, mais aussi des spectacles riches en mots au Goethe-Institut du jeudi 8 au samedi 10 décembre. Avec en toile de fond des prestations de Massamba Guèye, Julia Klein, Taxi-Conteur... pour ne citer qu’eux.
On n’oublie surtout pas la 3ème édition de Ciné Droit Libre Abidjan (CDL), festival de films sur les droits humains et la liberté d’expression, à l’initiative des associations Semfilms et Ciné Connexion et du Goethe-Institut. Un événement qui a réuni, du 1er au 4 décembre, à Abidjan, des personnalités comme Didier Awadi, star incontestée du rap au Sénégal, Serge Bilé, célèbre journaliste franco-ivoirien, Thomas Giefer, excellent documentariste allemand et Roland Lumumba, fils de Patrice Eméry Lumumba, parrain de la manifestation. Pendant quatre jours, CDL a mis en lumière une dizaine de documentaires poignants sur les questions des droits de l’homme et la liberté d’expression.
S’il y a un secteur culturel, où le dynamisme a été assez perceptible, c’est bien celui de la musique. En témoigne la floraison de concerts qui a vu défiler sur les bords de la lagune Ebrié, le mythique groupe guinéen Bembeya Jazz, les stars du rap français, La Fouine, Soprano, la chanteuse américaine Keri Hilson, les Congolais Ferre Gola, Fally Ipupa. Et aussi des vedettes ivoiriennes, comme Arafat, Tiken Jah, renouer avec leurs fans. La cerise sur le gâteau, la réconciliation ... inattendue entre deux les grosses têtes du reggae ivoirien, à savoir Tiken Jah Fakoly et Alpha Blondy, symbolisée par un duo, qui fera sans doute des vagues l’an prochain. Autre aspect de ce dynamisme culturelle, la flopée de spectacles d’humour au Palais de la culture, avec pour point d’orgue la soirée des Gbich d’Or qui a récompensé le vendredi 23 décembre, le meilleur humoriste du pays, en l’occurrence Le Magnific.
Mais, il faut le dire tout net. Tout n’a pas été rose en 2011, pour le monde culturel. Hélas, des artistes ont tiré leur révérence. Le plus illustre d’entre eux, le « doyen » Amédée Pierre, véritable icône de la musique ivoirienne, qui a déposé le micro le 30 octobre dans une chambre du Chu de Treichville des suites d’une longue maladie. On pleure également, toujours en 2011, les disparitions des comédiens Michel Cousin alias Bagnon (ex-vedette de « Comment ça va ? »), et Zouzouo Rogine plus connue sous le nom de Marie-Laure (révélée par « Ma Famille »). Des malheurs qu’on ne souhaite pas vivre durant les douze prochains mois. Après 2011, qui a alterné mauvaise passe et regain d’activités, les acteurs culturels espèrent que 2012 sera l’année du redécollage. Pourvu que ce vœu se réalise...

Y. Sangaré
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