Inoubliable ! C’est ainsi que l’on peut qualifier l’année 2011. Car s’il y a une année qui a marqué la mémoire des Ivoiriens au cours de cette décennie, c’est bel et bien celle qui est en train de s’achever. Tout au long de cette période, les Ivoiriens sont passés par toutes les émotions. De la peur à la joie en passant par la tristesse et le doute, la Nation ivoirienne a tout vécu. La peur de se voir disloquer. La peur de voir ses fils et filles s’exterminer. La peur de voir la haine et la division transformer le miracle ivoirien définitivement en mirage. 2011 a d’abord commencé sous les bombes, les obus et les rafales de kalachnikov. Le contentieux électoral de l’élection présidentielle de novembre 2010 s’est déporté sur l’année qui a suivi. Au point de dégénérer dans la pire violence que la Côte d’Ivoire n’ait jamais connue. Dès janvier 2011, la machine à tuer du FPI s’est mise en branle. Dans les communes comme Yopougon, Abobo, Adjamé et Koumassi, des êtres humains ont perpétré des actes les plus inimaginables sur leurs semblables. Suite au mot d’ordre de Blé Goudé Charles, l’âme damnée de Laurent Gbagbo, des Ivoiriens ont été brûlés vifs. Certains froidement abattus par la soldatesque et les chiens de guerre à la solde de l’ancien régime. Quand sur d’autres a ont tiré à l’arme lourde. A Yopougon, à Attécoubé et à Koumassi, les miliciens de Laurent Gbagbo ont expérimenté à l’envi , le sinistre « article 125 » sur des créatures de Dieu. Sans que les dirigeants d’alors et certains hommes de Dieu ne lèvent le petit doigt. On est allé jusqu'à tuer des guides spirituels sans que cela n’émeuve personne dans le camp de l’ex-chef de l’Etat et parmi les chefs religieux qui le soutenaient . La folie meurtrière qui a soufflé sur la Côte d’Ivoire est allée jusqu’à inciter des militaires à tirer à l’arme lourde sur des femmes à Abobo. Tout simplement, parce qu’elles voulaient que leur choix soit respecté. Le plus grave dans cette affaire, des esprits diaboliques ont essayé-et continuent d’ailleurs de le faire-de faire passer leur atroce mort pour une mise en scène. Malgré les appels et supplications de la communauté internationale, Laurent Gbagbo et son clan sont allés jusqu’au bout de leur folie. Le président Ouattara, pourtant élu par la grande majorité des Ivoiriens, a été contraint de vivre reclus pendant cinq mois au Golf hôtel avec ses collaborateurs et des militants du RHDP. La CEDEAO, l’Union africaine, avant elles, la communauté internationale ont essayé d’amener Laurent Gbagbo à la raison. Mais rien n’y fit. L’ex-chef d’Etat est resté constant dans sa logique apocalyptique. « C’est moi ou le chaos », avait-il prévenu. Malheureusement, pour lui, Dieu aime la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. Le chaos a frôlé la Côte d’Ivoire. Mais ne s’est pas emparé d’elle. « Le malheur atteint parfois le juste, mais la main de Dieu est toujours là pour l’en délivrer », disent les Saintes Ecritures dans le livre des Proverbes. La Côte d’Ivoire a certes vacillé. Mais elle n’a pas sombré. Le matin du 11 avril 2011, le peuple de Côte d’Ivoire a été délivré du mal qui menaçait de l’emporter. Après la capture de Laurent Gbagbo, au cours de cette matinée, les choses sont allées très vite. L’Etat de droit a repris petit à petit ses droits. Le 21 mai 2011, le président élu par l’écrasante majorité des Ivoiriens a été investi à Yamoussoukro en présence de plusieurs dizaines de chefs d’Etat et d’illustres personnalités venues à travers le monde entier. Depuis cette date, le président Ouattara qui sait que la tâche est immense n’a pas perdu de temps. Le 15 juin, le gouvernement au grand complet est présenté. Les jours qui suivent, des premiers signes montrent que la Côte d’Ivoire est entrée dans une ère nouvelle. L’opération « ville propre » donne un nouveau visage à la capitale économique. Les constructions anarchiques sont démolies. Les trottoirs sont nettoyés. Les ordures sont dégagées. Abidjan respire, sent bon et devient la perle des lagunes. Les nids de poule deviennent de vieux souvenirs. Les routes défectueuses sont remises en état. Les heures d’embouteillages changent. Les Ivoiriens se bousculent désormais sur les routes à partir de 6 h et 7h. Et non plus à 9 h et 10 h comme par le passé, pour être à 7h 30 à leurs lieux de travail. Dans l’Administration, plus de laxisme. Les dossiers sont traités avec célérité. Bref, la Côte d’Ivoire est au travail à nouveau. La Côte d’Ivoire est à l’heure de la réconciliation nationale. Petit à petit, les fils et filles de ce pays essayent de renouer le dialogue qui a été rompu dans la crise post-électorale. A l’extérieur, la Côte d’Ivoire commence à reprendre la place qu’elle occupait dans la sous-région et dans le concert des Nations. Grâce à l’action du chef de l’Etat, la Côte d’Ivoire est redevenue un pays fréquentable. L’économie reprend. Les bailleurs de fonds et les investisseurs commencent à revenir. On parle à l’orée de 2012, d’un taux de croissance à deux chiffres. Les Ivoiriens se surprennent en train de rêver à nouveau. Le pays s’illumine et s’active. Même s’il reste encore quelques petits réglages à faire au plan sécuritaire, l’année 2011 s’achève sur une lueur d’espoir et une grande espérance. Et pourtant.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly