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Politique Publié le vendredi 30 décembre 2011 | Le Quotidien d’Abidjan

La toute dernière interview-vérité d’Affi N’Guessan : “La victoire finale nous reviendra tôt ou tard !”

© Le Quotidien d’Abidjan Par Prisca
Politique/Front populaire ivoirien: Ouverture de la 20è édition de la Fête de la liberté, en présence du président du parti, M. Pascal Afi N`guessan
Jeudi 29 avril 2010. Abidjan, Yopougon. Célébration de la Fête de la Liberté sur le site du futur siège du Front populaire ivoirien (FPI). Photo: Pascal Affi N`guessan, président du parti
A la demande générale, nous republions les interviews vérité d’Affi, Aké N’Gbo et Bernard Doza. Bonne lecture à tous !

En 2000 Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir, moins de 2 ans après est intervenu un coup d’état. Qu’est-ce que Gbagbo a fait qui a provoqué ce coup d’Etat selon vous ? Qu’est ce que ces putschistes lui reprochaient exactement ?

La tentative de coup d’Etat de Septembre 2002 a des origines lointaines, c’est une situation qui prend ses racines dans la guerre de succession ouverte en 1993 après le décès d’Houphouët Boigny entre ses héritiers notamment le Président de l’Assemblée Nationale d’alors Konan Bédié et le Premier Ministre d’Houphouët, Alassane Dramane Ouattara. A plusieurs reprises, ces deux personnalités se sont affrontées pour la succession, Alassane Ouattara a perdu le premier combat en 1993 et depuis Monsieur Bédié est devenu Président de la République.

Mais dès 1994 pour mieux conduire son combat pour la conquête du pouvoir, il est passé à la tête du RDR qui est une dissidence du PDCI RDA et en 1999, en liaison avec le chef d’Etat Major de l’époque le général Robert Guei, il a renversé le Président Henri Konan Bédié qui, entre temps avait mené une lutte farouche pour l’empêcher d’accéder au pouvoir. Il avait même écrit un ouvrage pour démontrer que Alassane Ouattara n’est pas un ivoirien et qu’il ne peut pas prétendre à la succession du Président Houphouët Boigny. Il a même lancé un mandat d’arrêt international contre lui pour faux et usage de faux et je dirai aussi usurpation de nationalité.

Donc il y avait une véritable bataille qui s’est soldée par le coup d’Etat de Décembre 1999. Et Alassane Ouattara espérait à travers ce coup d’Etat arriver au pouvoir, mais malheureusement cela n’a pas été le cas. Et en 2000, en relation avec ses compagnons il a tenté sans succès par deux fois d’assassiner le chef de la junte militaire qui était à la tête d’une transition. Et il poursuit ce combat d’accession au pouvoir contre le Président Laurent Gbagbo. Donc cette tentative de coup d’Etat de Septembre 2002 n’est qu’une péripétie d’une longue bataille engagée depuis 1993 par Alassane Ouattara pour conquérir par toutes les voix et par tous les moyens le pouvoir d’Etat. Il a mené ce combat contre Henri Konan Bédié jusqu'à le renverser en 1999 et il continue de le mener contre Laurent Gbagbo, c’est pourquoi le pays est divisé en deux. Face à Monsieur Laurent Gbagbo il a encore des difficultés, n’empêche que cette situation constitue un véritable drame. Le pays est divisé en deux, les populations endurent de grandes souffrances, l’économie est délabrée. Ce n’est donc pas parce que Monsieur Laurent Gbagbo a posé des actes particuliers qu’il est l’objet de cette agression. Elle est intervenue parce qu’un individu a décidé de prendre le pouvoir et pour y parvenir, il utilise toutes les voix et tous les coups.

Vous étiez Premier Ministre du premier gouvernement de Laurent Gbagbo. Pouvons-nous dire que vous avez été l’une des grosses victimes de l’accord de Marcoussis, étant donné que vous avez cédé votre poste de premier Ministre.

Est-ce dans une logique de sacrifice pour la paix ou par la contrainte de cet accord là ?

Je suis gêné de parler de victime parce qu’en vérité la principale victime, c’est la Cote d’Ivoire. Nous autres, nous ne sommes que des serviteurs et à un moment donné avons été appelé pour conduire une mission. On peut donc partir de ce poste à tout moment. Mais ce sont les conditions de départ qui sont peut-être analysées et je peux dire qu’après l’accord de Marcoussis, il s’est avéré que pour que la Côte d’Ivoire avance il fallait des changements notamment à la tête du gouvernement et nous avons espéré que ces changements allaient permettre au pays de retrouver la paix. Nous avons donc fait notre part et continuons de la faire là ou nous sommes parce qu’il s’agit de servir la nation et je crois qu’à n’importe quel poste nous devons être prêt à servir la Côte d’Ivoire.

Aujourd’hui vous êtes président du parti au pouvoir, le FPI. Etes-vous à l’aise à ce poste ? Etes-vous dans votre élément?

je m’inscris dans une logique de se mettre au service de sa nation. Et c’est de façon volontaire que j’ai choisi de faire la politique. Dans ce cadre là, on ne réfléchit plus aux inconvénients et aux difficultés. On se focalise surtout sur ce que l’on peut apporter comme contribution pour faire avancer le pays. Au FPI nous essayons de faire de ce parti là un instrument pour la reconstruction nationale, pour la réflexion sur les grands problèmes que connaît le pays. Aujourd’hui, ce sont la souveraineté nationale et l’indépendance qui sont en danger et notre rôle en tant que parti ; c’est d’amener les populations à comprendre ces enjeux là, afin qu’elles soient mobilisées pour défendre leur pays parce que c’est dans la liberté qu’ils peuvent construire une grande nation.

La majorité Présidentielle (LMP) ne va-t-elle pas absorber le FPI?

LMP n’est pas un parti politique, elle n’a pas de statut ni de dirigeant, c’est une plate forme qui a été créée pour que les partis politiques et toutes les organisations de la société civile qui soutiennent la candidature du Président Laurent Gbagbo et qui soutiennent son combat se rassemblent, pour créer la synergie. Donc ça ne remplace pas le front populaire ivoirien(FPI) , ça lui permet plutôt de rencontrer d’autres courants d’opinions qui ne sont pas forcement à l’intérieur du parti mais qui peuvent contribuer avec le FPI, à faire avancer la Côte d’Ivoire. Le FPI se porte donc mieux et n’est pas en perte de vitesse.

Il y a eu des élections en Côte d’Ivoire en Octobre et Novembre dernier. Pourquoi le Président Laurent Gbagbo n’a-t-il pas attendu que les rebelles soient désarmés et le pays réunifié avant d’aller aux élections?

Vous savez, depuis 2003 nous menons le combat pour la réunification du pays de manière à ce que les élections soient justes et transparentes, mais nous n’avons pas dans ce cadre là bénéficié de suffisamment de soutien, notamment au niveau international. A partir du moment où depuis 2005 le premier mandat du Président Laurent Gbagbo était arrivé à expiration la pression a été trop forte pour qu’on aille aux élections. Malgré toute notre bataille pour que les élections ne se tiennent pas dans un contexte comme celui que nous avons connu, nous n’avons pas été suivis, au contraire on faisait croire à l’opinion nationale et internationale que c’est parce que nous ne voulions pas aller aux élections et que nous voulions confisquer le pouvoir. Toutes ces pressions, ajoutées au fait que les rebelles eux-mêmes ont donné le sentiment qu’ils étaient sortis de la rébellion à partir de l’accord de Ouaga qui a fait de leur chef Premier Ministre. Mais les élections sont venues prouver qu’ils ont toujours été dans leur logique de rébellion. Ils nous ont conduits dans un traquenard mais nous avons su nous appuyer sur la loi afin que toutes les irrégularités commises dans les zones sous contrôle rebelle du fait du non désarmement soient invalidées par le Conseil Constitutionnel.

A votre avis, pourquoi Konan Bédié a appelé ses militants à voter son ennemi d’hier, Alassane Ouattara ?

Je n’en sais rien du tout. Si vous demandez à Bédié il vous le dira. Mais d’aucuns disent que la France qui soutient Ouattara aurait menacé de saisir ses biens en Europe, s’il refusait de soutenir leur candidat. Je n’en sais rien, mais ce que je peux dire est que si ce que vous dites est vrai, Bédié aurait pu rentrer en négociation avec Gbagbo. Ce n’est pas pour ça qu’il a appelé ses militants à voter Alassane. Selon moi, ils lui ont fait des propositions très alléchantes qui vaillent qu’il ait tenté de sacrifier le pays. Il s’est fait l’un des instruments de destruction de notre pays. Mais l’histoire de la Côte d’Ivoire sera sans pitié pour lui et son parti, le PDCI RDA .

quel est votre commentaire sur la montée d’adrénaline soudaine dans la communauté Internationale quand le Conseil Constitutionnel a déclaré Gbagbo vainqueur ?

Mon commentaire est que l’impérialisme occidentale a vraiment la peau dure, parce qu’en définitive ce qui se passe en Côte d’Ivoire n’est rien d’autre que le combat qu’ont toujours mené les forces occidentales pour maintenir leur hégémonie sur les autres continents, notamment le continent africain. Face à cette volonté de domination et cet impérialisme les peuples de ces continents se sont toujours battus et en Afrique, nos grands parents se sont battus pour que l’esclavage prenne fin pour que ces territoires retrouvent l’indépendance et la souveraineté nationale mais chaque fois, l’impérialisme a su s’adapter et se muer pour poursuivre le même objectif par des voies détournées. Donc derrière l’indépendance formelle il y a tout un système qui a été mis en place pour poursuivre l’exploitation des pays africains.

Et si aujourd’hui l’Afrique reste pauvre c’est parce que cette exploitation n’a pas encore pris fin et aussi parce que cette liberté, cette indépendance et cette souveraineté nationale ne sont pas effectives. Notre génération doit continuer le combat comme celle de demain pourra conduire d’autres formes de luttes, à savoir celle pour la technologie et pour l’énergie, etc.… cette coalition des Etats puissants a pour objectif de maintenir l’Afrique en l’Etat dans lequel elle se trouve afin que ses ressources soient à leur disposition. Or si nous continuons d’être des réservoirs de matières premières bon marché à la disposition des autres continents, nous resterons aussi un réservoir de pauvreté et de misère. Nous n’avons donc pas le droit d’abdiquer face au combat pour la liberté et pour l’indépendance parce que c’est dans cette lutte que se trouve la voie pour la renaissance de l’Afrique pour que notre continent sorte de l’anonymat et de la marginalisation pour prendre toute sa part dans la construction d’un nouvel ordre mondial.

Que pensez-vous de l’ONUCI et des autres forces étrangères présentes en Côte d’Ivoire ?

Nous disons que tous ceux qui ont été désignés en tant que hauts fonctionnaires pour conduire cette mission de l’ONU en Côte d’Ivoire se sont fourvoyés et ont fait preuve de forfaiture. Mais ce n’est pas une fatalité, c’est plutôt au-delà de cette institution, ceux qui l’animent qu’il faut interpeler afin que ceux-ci soient animés d’intention de paix et de sentiment de justice et d’équité et d’un sens de responsabilité. Cette situation qui prévaut ici fragilise et discrédite cette institution qui prend partie pour un camp. Ils ont outrepassé leur mission et font de la voyousie internationale.

Avec l’Onuci qui tire sur les Ivoiriens, et qui visiblement organise la prise d’Abidjan par les rebelles depuis Abobo, sans oublier les embargos et autres mesures de rétorsions et d’étranglement. C’est la guerre qui est engagée, mais avez vous les moyens de la gagner, contre toutes ses puissances coalisées ?

Vous savez, Laurent Gbagbo est porteur d’un esprit qui est aujourd’hui en chaque Ivoirien. A savoir, la lutte pour l’indépendance et la souveraineté vraies. Cette volonté est dans chaque Ivoirien.

Et même si par extraordinaire les blancs venaient à renverser le Président Laurent Gbagbo, ce ne sera qu’une étape éphémère du processus de libération de la Côte d’Ivoire qui est enclenché depuis 2000. Parce que la victoire finale reviendra à la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi je demande à tous les Ivoiriens qui ont élu Gbagbo de ne pas paniquer, car la victoire est déjà acquise. Quelque soit ce qui se passera nous gagnerons cette bataille. Par la vérité, la justice et le droit. Ceux qui sont en face de nous comprendront tôt ou tard que nous sommes devenus un peuple majeur et que nous aspirons fermement et fortement à la liberté et à la dignité. Ils devront désormais compter avec cette forte aspiration et rien ne sera comme avant et que l’Afrique est déterminée a prendre toute sa place dans l’histoire de l’humanité et à assumer pleinement sa responsabilité dans son évolution politique, économique et sociale.

Propos recueillis par Olivier Gbadié
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