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Société Publié le samedi 31 décembre 2011 | L’intelligent d’Abidjan

Les Samedis de Biton / Une banale histoire de femme

Les Samedis de Biton

Une banale histoire de femme

J’ai entendu une présentatrice du journal télévisé parlant des évènements de Sikensi qu’il s’agissait d’une affaire banale de femme. Et j’ai lu aussi des journalistes écrire dans ce sens. Le capitaine Alla, dans sa déclaration, n’a pas parlé de femme. Il a dit pour «une histoire banale.» Les journalistes, par leurs commentaires, ont montré avec quel mépris ils considèrent la femme. Et c’est avec de tels jugements sur le genre qu’on conduit un peuple à des affrontements. Négliger qu’une affaire de femme est banale, c’est donner la possibilité de rallumer encore et toujours d’autres feux. Jamais une histoire de femme ne sera banale. Il suffit, pour le comprendre, d’interroger l’histoire et les textes spirituels. De nombreux conflits dans le monde, prennent leur source dans des évènements opposant des hommes entre eux pour des histoires de femmes. Mais il y a longtemps que de nombreux Africains ne se souviennent plus de leurs cours d’histoire et encore moins lire des textes fondamentaux sur l’histoire de la femme. Même si je suis révolté et indigné par les propos entendus de la bouche d’une présentatrice et de la plume d’un journaliste, je suis compréhensif à leur égard. Ils ne savent pas encore que la femme est le plus grand stimulant pour le cerveau de l’homme. Ils ne savent pas encore que tout ce que l’homme fait a pour but de plaire à la femme. Et cela, même au niveau des animaux. Regardez le mâle devant la femelle. Comment ne pas comprendre que l’art politique et l’art d’aimer obéissent aux mêmes techniques ? Les Africaines savent mieux que quiconque comment leurs frères sont peu doués pour l’art d’aimer. Comment ne traiteront-ils pas d’histoire banale tout ce qui implique la femme ? En voyant les choses sous cet angle, on ne peut que voir ressurgir encore et toujours des histoires banales de femmes. Aucun cantonnement, aucun encasernement, aucun désarmement ne peuvent mettre fin à des conflits qui vont naître pour une histoire de femme. Interrogez encore les statistiques au niveau de la justice. Combien de crimes sont-ils commis à cause de la passion pour la femme ? Et là, il ne s’agit pas de conflits entre des militaires et des populations. Il n’existe pas de manuels pour résoudre des crises qui ont pour origine « une banale affaire de femme. » Surtout ne jamais en parler aux bailleurs de fonds. Ils vous prendront pour un aliéné. C’est dans la littérature, la vraie, celle qui est écrite pour le peuple, celle qui reflète l’âme de ce peuple qu’on peut comprendre la puissance de la femme. Mais c’est trop demander aux grands penseurs de la politique et de l’économie. Je ne ferai pas de cours d’histoire pour citer des centaines de cas où « une banale histoire de femme » a conduit à des guerres. Tout le monde a la possibilité de faire ses recherches ou d’acheter des manuels d’histoire même si les librairies deviennent de plus en plus rares dans nos pays. Quel signe ! Mais je vais raconter une histoire entendue de la bouche même d’Ahmadou Hampaté Ba que j’ai rapportée au dixième anniversaire de sa mort au Centre Culturel français. Il l’a d’ailleurs raconté à plusieurs personnes. Il s’agissait de l’éclatement de la Fédération du Mali qui regroupait le Soudan et le Sénégal. Deux hommes politiques de haut niveau de ces pays se rencontrent chez une très belle femme. L’un était l’amant officiel. L’autre voulait supplanter son camarade. C’était la veille de la discussion sur la constitution. Toute la nuit, l’amant officiel a « monté » ses compatriotes contre cette constitution qui a été rejetée le lendemain et donc provoqué la fin d’une histoire politique qui aurait été, aujourd’hui, un vrai levier de développement régional. L’histoire ne retiendra pas ce détail important dans les manuels comme la guerre de Troie. Une affaire de femme n’est pas banale et ne sera jamais banale. C’est le même Hampaté Ba qui disait si bien : « Avec la femme rien ne va. Sans la femme tout serait foutu. » Mais la bonne formule nous vient de Ramakrishna, un maître spirituel de l’Inde dont les enseignements me guident. «Le monde entier a la folie de la femme et de l’or. » Il dit bien le monde entier. Cette folie pour la femme se voit chaque jour dans l’économie. C’est pour faire plaisir à la femme qu’on achète, avant tout, des réfrigérateurs, des cuisinières, des voitures, des maisons, des bijoux et des milliers d’autres choses encore. J’appelle la femme : « l’industrie invisible. » On réussit à vendre des portables, des téléviseurs, des produits financiers qu’en s’aidant de l’image de la femme. Pour ne pas répéter Sikensi, on peut toujours prendre des mesures d’ordre technique mais, à mon avis, il faut pendre des dispositions « invisibles. » L’enlèvement des Sabines dans la mythologie romaine et la guerre qu’elle a provoquée sont toujours de notre temps. C’est en minimisant, en banalisant tout ce qui concerne la femme, qu’on se retrouve fréquemment devant des conflits politiques. La solution ? Ramakrishna : « De même quand vous rencontrez une jeune femme, vous devriez la saluer en l’appelant votre Mère, et au lieu de regarder son visage, vous devriez regarder ses pieds. Si vous agissez ainsi, vous serez libérés de la crainte d’une tentation ou d’une chute. » Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.

Par Isaïe Biton Koulibaly
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