Le 31 octobre 2010, la Côte d`Ivoire organise la première élection présidentielle de son histoire véritablement ouverte à toutes les forces politiques du pays. Après une décennie de crise militaro-politique aiguë, qui a vu le scrutin présidentiel être reporté à plusieurs reprises depuis 2005, le PDCI-RDA de Henri Konan Bédié, le FPI mué en LMP du président en exercice Laurent Gbagbo, et le RDR d`Alassane Ouattara ont enfin l`occasion de se mesurer dans les urnes. Gbagbo arrive en tête du 1er tour (38%), suivi de Ouattara (32%) et de Bédié (25%). Un 2ème tour est organisé le 28 novembre 2010 pour départager les deux candidats qui occupent les deux premières places. A la suite de ce scrutin, le président de la Commission Électorale Indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, proclame le 2 décembre 2010, Alassane Ouattara vainqueur de l`élection présidentielle avec 54,1% des suffrages exprimés, contre 45,90% pour son adversaire Laurent Gbagbo. Le lendemain 3 décembre 2010, Paul Yao N`Dré, président du Conseil constitutionnel, l`institution chargée de proclamer les résultats définitifs de l`élection, déclare Laurent Gbagbo réélu avec 51,45% des voix contre 48,55% pour son adversaire Alassane Ouattara. Le même jour dans la soirée, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en Côte d`Ivoire, le Sud-Coréen Joung-Jin Choi, qui a un mandat de certification des élections, confirme le résultat donné par le président de la CEI et reconnaît Alassane Ouattara comme nouveau président élu de la République de Côte d`Ivoire. Dès cet instant, la communauté internationale, conduite par la France de Nicolas Sarkozy et les États-Unis de Barack Obama, se rangent derrière la décision du Chef de la mission onusienne à Abidjan. S`ensuit alors un contentieux électoral couplé d`une grave et longue crise postélectorale qui durera 5 mois, et qui fera au moins 3000 morts (chiffre officiel). Le samedi 4 décembre 2010, Laurent Gbagbo prête serment devant le Conseil constitutionnel et est investi comme le nouveau président élu de la République de Côte d`Ivoire pour les 5 prochaines années. Le même jour, Alassane Ouattara adresse un courrier de prestation de serment et d`investiture au président du Conseil constitutionnel. Situation inédite, puisque la Côte d`Ivoire a désormais deux présidents et deux gouvernements. L`un siégeant au Palais présidentiel, au Plateau, et dirigé par le Premier ministre Gilbert-Marie Aké N`Gbo, et l`autre basé à l`hôtel du Golf d`Abidjan, et dirigé par Soro Kigbafori Guillaume, Secrétaire général de l`ex-rébellion des Forces nouvelles et Premier ministre de Laurent Gbagbo de mars 2007 au 28 novembre 2011. Le 17 mars 2011, Alassane Ouattara signe un décret créant les Forces Républicaines de Côte d`Ivoire (FRCI), qui regroupent les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN, ex-rébellion), et les officiers, militaires, gendarmes et policiers des Forces de défense et de sécurité (FDS, armée régulière) qui ont rallié M. Ouattara. Le 22 mars 2011, les FRCI lancent une vaste offensive à partir du Nord et de l`Ouest du pays contre tous les fronts tenus depuis fin 2002 par les forces régulières. Cette campagne militaire s`avère victorieuse puisqu`en quelques jours, les FRCI prennent le contrôle de nombreuses villes de l`intérieur du pays sans rencontrer de résistance (Duékoué, Yamoussoukro, Bondoukou, San-Pedro, Daloa, etc.). Fin mars, les FRCI descendent sur la capitale économique du pays et engagent la «bataille d`Abidjan».
11 avril 2011 : le jour où tout a basculé
Mais les FRCI font face à la résistance farouche des FDS autour de la résidence présidentielle de Cocody, transformée en bunker, où Laurent Gbagbo, sa famille, ses proches, ses collaborateurs et une partie de l`armée régulière restée loyale sont retranchés. Les combats s`enlisent et la communauté internationale craint le pire. Le 30 mars 2011, le Conseil de Sécurité de l`ONU adopte la Résolution 1975 qui demande aux Forces onusiennes et à la Force française Licorne stationnées en Côte d`Ivoire depuis 2003, de «protéger les civils». Dès cet instant, une coalition militaire internationale FRCI-ONUCI-Licorne bombarde au sol et dans les airs, des objectifs militaires pro-Gbagbo. A partir du 5 avril 2011, des hélicoptères Gazelles et Puma de Licorne et les MI-24 de l`ONUCI pilonnent régulièrement le bunker présidentiel. Le dimanche 11 avril 2011 vers 13H, les grandes chaînes de télévision du monde entier annoncent la capitulation de Laurent Gbagbo, et diffusent en boucle des images de son arrestation et de sa femme Simone Ehivet Gbagbo. Le chef d’État déchu et son épouse sont aussitôt conduits au Golf Hôtel d`Abidjan, où se trouvent retranchés Alassane Ouattara, son allié Henri Konan Bédié, le Premier ministre Soro Guillaume et tous les membres de son gouvernement, au lendemain du second tour de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010. Le 13 avril 2011, Laurent Gbagbo est transféré à Korhogo, au Nord de la Côte d`Ivoire dans un hélicoptère de l`ONUCI. Il est séparé de l`ex-Première Dame qui, elle, est envoyée à Odienné. L`ancien chef de l’État y est assigné à résidence surveillée pendant 7 mois. Entre-temps, les nouvelles autorités ivoiriennes ouvrent deux procédures judiciaires contre l`ex-président. La première devant les tribunaux nationaux pour crimes économiques, et une autre devant la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l`humanité. Le mardi 29 novembre 2011 à la tombée de la nuit, un peu à la surprise générale, Laurent Gbagbo est transféré à la CPI, à La Haye, où il est écroué le lendemain 30 novembre 2011 à la prison hollandaise de Scheveningen. Le 5 décembre 2011, Laurent Gbagbo comparaît pour la première fois devant la Cour au cours de l`audience initiale de présentation du prévenu. L`ancien chef de l’État doit revenir devant les juges de ce tribunal international pour la seconde fois le 18 mai 2012, lors de l`audience de confirmation des charges. Laurent Gbagbo est poursuivi par la CPI pour crimes contre l`humanité. Ainsi s`achève une année 2011 censée apporter la paix aux Ivoiriens par des élections, qui ont viré quasiment en guerre civile.
Anassé ANASSE
11 avril 2011 : le jour où tout a basculé
Mais les FRCI font face à la résistance farouche des FDS autour de la résidence présidentielle de Cocody, transformée en bunker, où Laurent Gbagbo, sa famille, ses proches, ses collaborateurs et une partie de l`armée régulière restée loyale sont retranchés. Les combats s`enlisent et la communauté internationale craint le pire. Le 30 mars 2011, le Conseil de Sécurité de l`ONU adopte la Résolution 1975 qui demande aux Forces onusiennes et à la Force française Licorne stationnées en Côte d`Ivoire depuis 2003, de «protéger les civils». Dès cet instant, une coalition militaire internationale FRCI-ONUCI-Licorne bombarde au sol et dans les airs, des objectifs militaires pro-Gbagbo. A partir du 5 avril 2011, des hélicoptères Gazelles et Puma de Licorne et les MI-24 de l`ONUCI pilonnent régulièrement le bunker présidentiel. Le dimanche 11 avril 2011 vers 13H, les grandes chaînes de télévision du monde entier annoncent la capitulation de Laurent Gbagbo, et diffusent en boucle des images de son arrestation et de sa femme Simone Ehivet Gbagbo. Le chef d’État déchu et son épouse sont aussitôt conduits au Golf Hôtel d`Abidjan, où se trouvent retranchés Alassane Ouattara, son allié Henri Konan Bédié, le Premier ministre Soro Guillaume et tous les membres de son gouvernement, au lendemain du second tour de l`élection présidentielle du 28 novembre 2010. Le 13 avril 2011, Laurent Gbagbo est transféré à Korhogo, au Nord de la Côte d`Ivoire dans un hélicoptère de l`ONUCI. Il est séparé de l`ex-Première Dame qui, elle, est envoyée à Odienné. L`ancien chef de l’État y est assigné à résidence surveillée pendant 7 mois. Entre-temps, les nouvelles autorités ivoiriennes ouvrent deux procédures judiciaires contre l`ex-président. La première devant les tribunaux nationaux pour crimes économiques, et une autre devant la Cour Pénale Internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l`humanité. Le mardi 29 novembre 2011 à la tombée de la nuit, un peu à la surprise générale, Laurent Gbagbo est transféré à la CPI, à La Haye, où il est écroué le lendemain 30 novembre 2011 à la prison hollandaise de Scheveningen. Le 5 décembre 2011, Laurent Gbagbo comparaît pour la première fois devant la Cour au cours de l`audience initiale de présentation du prévenu. L`ancien chef de l’État doit revenir devant les juges de ce tribunal international pour la seconde fois le 18 mai 2012, lors de l`audience de confirmation des charges. Laurent Gbagbo est poursuivi par la CPI pour crimes contre l`humanité. Ainsi s`achève une année 2011 censée apporter la paix aux Ivoiriens par des élections, qui ont viré quasiment en guerre civile.
Anassé ANASSE