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Économie Publié le lundi 2 janvier 2012 | Le Democrate

Dévaluation du Fcfa : Pourquoi fait-elle peur aux Africains

Depuis quelque temps, de folles et persistantes rumeurs annoncent un passage turbulent pour le franc CFA. A compter de 2012, sa parité avec l’euro devrait changer. Certaines personnes parlent d'une conversion de 1 euro pour 1.000 francs CFA. La perspective de la dévaluation du franc CFA inquiète déjà nombre de citoyens des pays ayant en commun cette monnaie, s’est à dire les anciennes colonies françaises d'Afrique. EIles sont les seules sur le continent à disposer encore d’une monnaie arrimée à une monnaie étrangère: le franc français hier et l’euro aujourd’hui.

Les monnaies Indépendantes gagnantes

Les pays anglophones, lusophones et arabes, quant à eux, se sont évertués à asseoir leurs propres institutions et à battre leurs propres monnaies. Ce qui ne les empêche pas de faire leur petit bonhomme de chemin au plan économique, en toute indépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales. Le Ghana et le Nigeria, entre autres, utilisent ainsi respectivement le Cedis et le Naira. Ces monnaies autrefois trop fluctuantes ont fini par se stabiliser. C’était des monnaies faibles aux yeux des Africains francophones qui s’en moquaient par rapport au franc CFA artificiellement fort. Mais actuellement, elles sont les principales monnaies des grands échanges de l’Afrique de l’ouest. Elles pourraient même devenir des monnaies fortes si la perspective de la dévaluation se confirmait. Cependant que les pays francophones de l’espace CFA se contentent toujours, pour leur part, de leur parapluie monétaire français ou européen. C’est selon. En dépit de la dévaluation brutale intervenue en 1994, les pays de la zone CFA n’ont pas cru devoir tirer des enseignements. Résultat: le traumatisme psychologique de cette époque resurgit et sème la panique partout. Seuls ceux qui ont la possibilité de placer leur argent en Europe ne s’en inquiète pas outre mesure. Bien au contraire. Mais ils ne sont pas légion.

Une hausse des prix inévitable

La grande majorité des ressortissants de la zone CFA s’attend donc à vivre des mésaventures pires que celles de la précédente dévaluation. Outre la baisse du pouvoir d’achat, il y a de surcroît la flambée anarchique des prix sur les marchés qui sont à craindre. Et surtout l’incapacité des Etats à les réguler afin de juguler l’inflation consécutive. Pour les commerçants peu scrupuleux, c’est une aubaine. Les prix des produits importés vont passer du simple au double, voire au triple. Y compris ceux des anciens stocks. Face aux réactions des marchés, même les produits locaux qui n’ont rien à voir avec la dévaluation connaîtront également une hausse de prix vertigineuse. Au motif que les prix des produits importés ayant grimpé, il doit en être de même.

Conflits sociaux en perspective

Les organisations syndicales affûtent déjà leurs armes face aux inflations éventuelles. Concernant le pouvoir d’achat des travailleurs, les explications risquent fort d’être houleuses avec les gouvernements. Une mauvaise gestion des conséquences de la dévaluation peut à tout moment entraîner des crises sociopolitiques. Lesquelles sont susceptibles de dégénérer, si l’on n’y prend garde, en des crises graves. Au point même de menacer la paix sociale et la stabilité politique de certains pays. Autant dire que c’est une mauvaise période que les Africains s’apprêtent à traverser, avec de grandes interrogations. Mais la question que l'on se pose de plus en plus est de savoir pourquoi il faudrait continuer à arrimer le franc CFA à l’euro. Non sans caricature et humour, Gilbert Koayema, un enseignant du primaire au Bénin qui redoute la dévaluation donne son point de vue: En attendant, les rumeurs de la dévaluation n’ont de cesse d’enfler. Sans que des voix autorisées ne viennent formellement les démentir. C’est qu’en réalité, les Africains eux-mêmes n’en doutent plus. Dans le contexte de crise économique actuelle en Europe, il ne peut en être autrement. Sauf par extraordinaire retournement de situation. Un miracle auquel plus personne ne croît, même en Afrique.
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