Les élections présidentielles et législatives ont consacré la descente aux enfers de certains hommes politiques. De quelque bord qu’ils soient, ils ont fait les frais de leur défaite, soit à l’élection du président de la République, soit lors du vote des députés.
La vie est ainsi faite. Il y a des jours où on nage sur un nuage. Mais arrive souvent un moment où tout chamboule. C’est le cas de certains hommes politiques du pays, qui ont eu un passé reluisant, mais qui finissent par faire l’amer constat, ou par avoir l’impression, que tout ou presque s’écroule autour d’eux.
Anaky Kobenan : Le Moïse ivoirien
Parmi eux, le président du Mouvement des Forces d’Avenir (Mfa). Anaky Kobenan a été un riche homme d’Affaires en Côte d’Ivoire, dans les années 1980. Le Front populaire ivoirien (Fpi) et son inspirateur, Laurent Gbagbo, sont redevables à ce grand transitaire, qui a soutenu avec ses moyens financiers l’ancien parti au pouvoir, lorsqu’il était dans l’opposition. D’aucuns racontent que ses malheurs sont venus de ce soutien qu’il apportait à cette formation politique qui combattait le père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny. Mais en 2003, après la survenue de la crise militaro-politique du 19 septembre 2002, son parti est pris en compte dans les discussions de Marcoussis en France. Le gouvernement qui est issu de ces négociations, comprend un membre du Mfa, en la personne du président Anaky lui-même. Tout puissant ministre des Transports, après la réunion d’Accra 2 en mars 2003, il passe un bon moment à la tête de ce département. Jusqu’à ce qu’arrive le scandale des déchets toxiques en août 2006, dans lequel il perd son poste. Anaky Kobenan, selon des sources dignes de foi, aura maille à partir avec les personnalités de son parti qui occuperont des postes dans les gouvernements successifs. Dans le cadre du Rhdp, le chantre de la candidature unique au sein de cette coalition a fait des sorties après la victoire électorale à la présidentielle de 2010. L’homme se serait plaint d’un strapontin et aurait donc crié à l’injustice dans le partage du gâteau. Mais à en croire des sources, le chef de l’Etat qui l’avait reçu, aurait promis ‘’quelque chose’’ au leader du Mouvement des Forces d’Avenir. Pour les législatives du 11 décembre 2011, le président du Mfa s’est présenté dans la commune de Cocody, croyant que les trois autres partis du Rhdp (Pdci, Rdr et Udpci) lui apporteraient leur soutien. Ce ne fut pas le cas. Puisque le Rdr et le Mfa, qui se sont présentés, ont été battus par les candidats du vieux parti. Aujourd’hui, l’ancien député de Kouassi-Datékro, après sa défaite aux dernières législatives, n’occupe aucun poste de responsabilité si ce n’est au sein de son parti. Que deviendra-t-il suite à cette déconvenue ? Certains le considèrent comme le Moïse de la politique ivoirienne. Comme Moïse dans la Bible, Anaky en Côte d’Ivoire a connu des difficultés. Parviendra-t-il, contrairement à Moïse, à atteindre la terre promise ? Le temps nous situera. Pour l’instant, les Ivoiriens se posent toutes sortes de questions. Homme aux destins contrariés, d’aucuns se demandent s’il est victime de son franc-parler. D’autres s’interrogent si la malédiction ne rode pas autour du défenseur de l’unité du Rhdp, quand d’autres encore affirment mordicus qu’il est tout simplement incompris de son entourage. Comme le natif du Nord-Est du pays, l’avenir d’une autre personnalité suscite des interrogations dans tous les milieux. Laurent Dona Fologo.
Fologo : L’homme de tous les régimes
Ce proche de feu Félix Houphouët-Boigny a tout obtenu de la République. Il fut plusieurs fois ministre de l’Information, puis ministre des Sports et secrétaire général du Pdci-Rda. Il a su rebondir, même après le coup d’Etat militaire de 1999 qui a été sans pitié pour lui. Puisqu’il a été nommé par Laurent Gbagbo, son homonyme, à la tête du Conseil économique et social (Ces), après sa victoire à la Pyrrhus, lors de la présidentielle d’octobre 2000. Cette propension à s’adapter à toutes les situations fait de lui le Talleyrand ivoirien, dont il affirme s’inspirer. A titre de rappel, Talleyrand (1754-1838) fut un grand homme politique français. Député puis ministre, il servit son pays avec génie, mais menait un double jeu. Ce que l’on retient de l’ancien député de Sinématiali, c’est qu’il arrive à rebondir quel que soit le régime en place. Au sein de la population, on n’hésite pas à le comparer à un chat qu’on lance en l’air, mais qui arrive toujours au sol sur les quatre pattes. Autrement dit, Fologo ne tombe jamais. Et arrive toujours à se familiariser avec les nouveaux venus au pouvoir. Si bien qu’on l’accuse de toujours sécher son linge seulement là où le soleil brille. Même lorsqu’Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir, Fologo s’est mis à sa disposition. ‘’Je suis là pour servir la République’’, avait averti l’enfant de Péguékaha. Des propos évocateurs de la volonté de l’homme de poursuivre la marche politique avec le nouveau chef de l’Etat. Sous d’autres cieux, après des décennies de loyaux services rendus à la nation, cet originaire du Nord de la Côte d’Ivoire se serait mis à la retraite, pour profiter de ses vieux jours. Il semble pourtant que Laurent Dona Fologo, après la défaite de Laurent Gbagbo à la présidentielle, veuille poursuivre l’œuvre politique. Des informations l’annoncent pour les jours à venir à la tête du Conseil national de la résistance et de la démocratie (Cnrd, pro-Gbagbo), à la place de Bernard Dadié. Objectif, être en première ligne, lorsque les négociations entre le pouvoir et les pro Gbagbo vont débuter. Mais peut-on faire du neuf avec du vieux ? Une chose est sûre, le vieux routier refuse de mourir. Un autre dinosaure, qui était bien parti pour jouer les premiers rôles sur la scène politique, a préféré prendre ses distances avec son parti d’origine, le Pdci.
Palé Dimaté : Le mauvais choix qui ‘’tue’’
C’est peu dire, Palé Dimaté, anciennement député de Bouna, après sa nomination par Laurent Gbagbo, comme Haute autorité de la région du Zanzan, avait tourné casaque. Son soutien à son bienfaiteur d’un jour lui est aujourd’hui préjudiciable. Malgré ses propos du genre, ‘’ je suis de ceux qui ont pris la défense d’Alassane Ouattara à l’Assemblée nationale’’, les Ivoiriens se disent fatigués des politiciens caméléons. Candidat indépendant aux dernières législatives dans sa région, Palé Dimaté a mordu la poussière et reste à présent insignifiant sur l’échiquier politique national. L’ethnie Lobi (majoritaire dans la région) lui a démontré qu’il est un peuple digne, qui fait de la constance son crédo, en le désavouant. Il avait pourtant tout à gagner avec le Pdci et le Rhdp.
Issa Malick : Parti comme il est venu
Les Ivoiriens se posent également des questions sur un des parvenus auprès de Laurent Gbagbo. Coulibaly Issa Malick est parti comme il a atterri dans le microcosme politique ivoirien. Ce médecin de formation fait partie de l’une des familles les plus influentes de ce pays. Les Gon de Korhogo. Il avait vécu dans la discrétion, loin de la politique, jusqu’à ce qu’il soit bombardé comme directeur de cabinet adjoint de Laurent Gbagbo, alors président de la République. C’est après le décès de Kassoum Coulibaly, le 6 janvier 2009. Ce dernier était un pignon du Pdci à Korhogo. A sa mort, Laurent Gbagbo s’implique dans ces funérailles, et tente de récupérer les militants du Pdci qui se reconnaissaient en lui. Il passe par Issa Malick, un membre de la famille, tout aussi proche du défunt. L’idée était de créer un contrepoids politique dans la famille. Amadou Gon Coulibaly, secrétaire général du Rassemblement des Républicains (Rdr), directeur de campagne d’Alassane Ouattara, pour la future présidentielle qui s’annonçait à grands pas. Malick Coulibaly, l’oncle d’Amadou, sera nommé lui aussi, à la surprise générale, directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo. L’idée étant non seulement de pratiquer la géopolitique dans un pays où l’on parle de tribalisme, mais également de diviser cette grande et noble famille, visiblement proche des idéaux du Rdr. On a en mémoire les échauffourées qui ont eu lieu lors d’une fête de Tabaski entre les partisans de l’oncle et du neveu. Amadou Gon Coulibaly qui avait traité son oncle de néophyte en politique, avait déclaré qu’il le réduirait à néant - politiquement s’entend - pendant la présidentielle. Et il a tenu promesse, puisque Gbagbo a été littéralement battu à Korhogo au premier comme au second tour de la présidentielle de 2010. Le directeur de campagne de l’ancien président a fui le pays, avant même que tout se ‘’gâte’’. Issa Malick a quitté la barque, avant même les semaines dangereuses que les habitants ont connues. Il n’a pas voulu prendre des risques. Aux dernières nouvelles, il est annoncé en Afrique centrale, où il ferait de la consultance. Avec ce que ce novice de la politique vient de vivre, il n’est pas évident qu’il veuille revenir dans cette jungle que constitue le champ politique. L’ancien président de la Cour suprême, bien que d’un certain âge, vient lui aussi, d’entrer véritablement en politique. Jusque là, il suivait de loin la politique.
Tia Koné, Danièle Boni Claverie et Gilbert Bleu Lainé…
Mais à la faveur des dernières législatives, Tia Koné s’est porté candidat à Sangouiné. Il en a appris à ses dépends. Puisqu’il a été défait, semble-t-il, par son neveu. Remplacé à la tête de la Cour suprême, battu aux législatives, le magistrat hors-hiérarchie est annoncé à l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci). Il avait flirté avec le parti de Guéi, en 2003, avant de rebrousser chemin. Conscient de ce qu’il ne peut marcher seul, avec son échec aux législatives, Tia Koné se rend à l’évidence qu’il a peut-être intérêt à avoir la caution d’un parti, comme l’Udpci, la quatrième formation du pays, très implanté à l’Ouest, sa région d’origine. Mais peut-il réussir grand-chose en politique ? La question est la même pour Danièle Boni Claverie. La présidente de l’Urd, libérée après son assignation à résidence, suite à la crise postélectorale, prendra certainement un peu de recul, avant de chercher à revenir sur la scène politique nationale. L’ancien ministre Gilbert Bleu Lainé, membre du parti de l’ex-ministre-journaliste, lui aussi, est ‘’dans son coin’’, comme le disent de façon prosaïque les Ivoiriens. Ce dernier a été de ceux qui ont soutenu le ministre Konaté Sidiki aux élections législatives de décembre dernier. Tous deux transfuges de l’Udpci, Boni Claverie et Bleu Lainé, devenus par la suite, des soutiens avérés de Laurent Gbagbo, retourneront-ils à la maison comme on l’annonce pour Tia Koné ? C’est la grande interrogation. La liste n’est pas exhaustive. Mais des observateurs n’hésitent pas à qualifier déjà, de ‘’has been’’ politiques, ceux dont les noms figurent ci-dessus. La vie étant vicissitudes, il serait trop tôt de prédire leur mort politique. La politique nous a souvent habitués à de belles surprises.
Ouattara Abdoul Karim
La vie est ainsi faite. Il y a des jours où on nage sur un nuage. Mais arrive souvent un moment où tout chamboule. C’est le cas de certains hommes politiques du pays, qui ont eu un passé reluisant, mais qui finissent par faire l’amer constat, ou par avoir l’impression, que tout ou presque s’écroule autour d’eux.
Anaky Kobenan : Le Moïse ivoirien
Parmi eux, le président du Mouvement des Forces d’Avenir (Mfa). Anaky Kobenan a été un riche homme d’Affaires en Côte d’Ivoire, dans les années 1980. Le Front populaire ivoirien (Fpi) et son inspirateur, Laurent Gbagbo, sont redevables à ce grand transitaire, qui a soutenu avec ses moyens financiers l’ancien parti au pouvoir, lorsqu’il était dans l’opposition. D’aucuns racontent que ses malheurs sont venus de ce soutien qu’il apportait à cette formation politique qui combattait le père de la nation ivoirienne, Félix Houphouët-Boigny. Mais en 2003, après la survenue de la crise militaro-politique du 19 septembre 2002, son parti est pris en compte dans les discussions de Marcoussis en France. Le gouvernement qui est issu de ces négociations, comprend un membre du Mfa, en la personne du président Anaky lui-même. Tout puissant ministre des Transports, après la réunion d’Accra 2 en mars 2003, il passe un bon moment à la tête de ce département. Jusqu’à ce qu’arrive le scandale des déchets toxiques en août 2006, dans lequel il perd son poste. Anaky Kobenan, selon des sources dignes de foi, aura maille à partir avec les personnalités de son parti qui occuperont des postes dans les gouvernements successifs. Dans le cadre du Rhdp, le chantre de la candidature unique au sein de cette coalition a fait des sorties après la victoire électorale à la présidentielle de 2010. L’homme se serait plaint d’un strapontin et aurait donc crié à l’injustice dans le partage du gâteau. Mais à en croire des sources, le chef de l’Etat qui l’avait reçu, aurait promis ‘’quelque chose’’ au leader du Mouvement des Forces d’Avenir. Pour les législatives du 11 décembre 2011, le président du Mfa s’est présenté dans la commune de Cocody, croyant que les trois autres partis du Rhdp (Pdci, Rdr et Udpci) lui apporteraient leur soutien. Ce ne fut pas le cas. Puisque le Rdr et le Mfa, qui se sont présentés, ont été battus par les candidats du vieux parti. Aujourd’hui, l’ancien député de Kouassi-Datékro, après sa défaite aux dernières législatives, n’occupe aucun poste de responsabilité si ce n’est au sein de son parti. Que deviendra-t-il suite à cette déconvenue ? Certains le considèrent comme le Moïse de la politique ivoirienne. Comme Moïse dans la Bible, Anaky en Côte d’Ivoire a connu des difficultés. Parviendra-t-il, contrairement à Moïse, à atteindre la terre promise ? Le temps nous situera. Pour l’instant, les Ivoiriens se posent toutes sortes de questions. Homme aux destins contrariés, d’aucuns se demandent s’il est victime de son franc-parler. D’autres s’interrogent si la malédiction ne rode pas autour du défenseur de l’unité du Rhdp, quand d’autres encore affirment mordicus qu’il est tout simplement incompris de son entourage. Comme le natif du Nord-Est du pays, l’avenir d’une autre personnalité suscite des interrogations dans tous les milieux. Laurent Dona Fologo.
Fologo : L’homme de tous les régimes
Ce proche de feu Félix Houphouët-Boigny a tout obtenu de la République. Il fut plusieurs fois ministre de l’Information, puis ministre des Sports et secrétaire général du Pdci-Rda. Il a su rebondir, même après le coup d’Etat militaire de 1999 qui a été sans pitié pour lui. Puisqu’il a été nommé par Laurent Gbagbo, son homonyme, à la tête du Conseil économique et social (Ces), après sa victoire à la Pyrrhus, lors de la présidentielle d’octobre 2000. Cette propension à s’adapter à toutes les situations fait de lui le Talleyrand ivoirien, dont il affirme s’inspirer. A titre de rappel, Talleyrand (1754-1838) fut un grand homme politique français. Député puis ministre, il servit son pays avec génie, mais menait un double jeu. Ce que l’on retient de l’ancien député de Sinématiali, c’est qu’il arrive à rebondir quel que soit le régime en place. Au sein de la population, on n’hésite pas à le comparer à un chat qu’on lance en l’air, mais qui arrive toujours au sol sur les quatre pattes. Autrement dit, Fologo ne tombe jamais. Et arrive toujours à se familiariser avec les nouveaux venus au pouvoir. Si bien qu’on l’accuse de toujours sécher son linge seulement là où le soleil brille. Même lorsqu’Alassane Ouattara est arrivé au pouvoir, Fologo s’est mis à sa disposition. ‘’Je suis là pour servir la République’’, avait averti l’enfant de Péguékaha. Des propos évocateurs de la volonté de l’homme de poursuivre la marche politique avec le nouveau chef de l’Etat. Sous d’autres cieux, après des décennies de loyaux services rendus à la nation, cet originaire du Nord de la Côte d’Ivoire se serait mis à la retraite, pour profiter de ses vieux jours. Il semble pourtant que Laurent Dona Fologo, après la défaite de Laurent Gbagbo à la présidentielle, veuille poursuivre l’œuvre politique. Des informations l’annoncent pour les jours à venir à la tête du Conseil national de la résistance et de la démocratie (Cnrd, pro-Gbagbo), à la place de Bernard Dadié. Objectif, être en première ligne, lorsque les négociations entre le pouvoir et les pro Gbagbo vont débuter. Mais peut-on faire du neuf avec du vieux ? Une chose est sûre, le vieux routier refuse de mourir. Un autre dinosaure, qui était bien parti pour jouer les premiers rôles sur la scène politique, a préféré prendre ses distances avec son parti d’origine, le Pdci.
Palé Dimaté : Le mauvais choix qui ‘’tue’’
C’est peu dire, Palé Dimaté, anciennement député de Bouna, après sa nomination par Laurent Gbagbo, comme Haute autorité de la région du Zanzan, avait tourné casaque. Son soutien à son bienfaiteur d’un jour lui est aujourd’hui préjudiciable. Malgré ses propos du genre, ‘’ je suis de ceux qui ont pris la défense d’Alassane Ouattara à l’Assemblée nationale’’, les Ivoiriens se disent fatigués des politiciens caméléons. Candidat indépendant aux dernières législatives dans sa région, Palé Dimaté a mordu la poussière et reste à présent insignifiant sur l’échiquier politique national. L’ethnie Lobi (majoritaire dans la région) lui a démontré qu’il est un peuple digne, qui fait de la constance son crédo, en le désavouant. Il avait pourtant tout à gagner avec le Pdci et le Rhdp.
Issa Malick : Parti comme il est venu
Les Ivoiriens se posent également des questions sur un des parvenus auprès de Laurent Gbagbo. Coulibaly Issa Malick est parti comme il a atterri dans le microcosme politique ivoirien. Ce médecin de formation fait partie de l’une des familles les plus influentes de ce pays. Les Gon de Korhogo. Il avait vécu dans la discrétion, loin de la politique, jusqu’à ce qu’il soit bombardé comme directeur de cabinet adjoint de Laurent Gbagbo, alors président de la République. C’est après le décès de Kassoum Coulibaly, le 6 janvier 2009. Ce dernier était un pignon du Pdci à Korhogo. A sa mort, Laurent Gbagbo s’implique dans ces funérailles, et tente de récupérer les militants du Pdci qui se reconnaissaient en lui. Il passe par Issa Malick, un membre de la famille, tout aussi proche du défunt. L’idée était de créer un contrepoids politique dans la famille. Amadou Gon Coulibaly, secrétaire général du Rassemblement des Républicains (Rdr), directeur de campagne d’Alassane Ouattara, pour la future présidentielle qui s’annonçait à grands pas. Malick Coulibaly, l’oncle d’Amadou, sera nommé lui aussi, à la surprise générale, directeur de campagne du candidat Laurent Gbagbo. L’idée étant non seulement de pratiquer la géopolitique dans un pays où l’on parle de tribalisme, mais également de diviser cette grande et noble famille, visiblement proche des idéaux du Rdr. On a en mémoire les échauffourées qui ont eu lieu lors d’une fête de Tabaski entre les partisans de l’oncle et du neveu. Amadou Gon Coulibaly qui avait traité son oncle de néophyte en politique, avait déclaré qu’il le réduirait à néant - politiquement s’entend - pendant la présidentielle. Et il a tenu promesse, puisque Gbagbo a été littéralement battu à Korhogo au premier comme au second tour de la présidentielle de 2010. Le directeur de campagne de l’ancien président a fui le pays, avant même que tout se ‘’gâte’’. Issa Malick a quitté la barque, avant même les semaines dangereuses que les habitants ont connues. Il n’a pas voulu prendre des risques. Aux dernières nouvelles, il est annoncé en Afrique centrale, où il ferait de la consultance. Avec ce que ce novice de la politique vient de vivre, il n’est pas évident qu’il veuille revenir dans cette jungle que constitue le champ politique. L’ancien président de la Cour suprême, bien que d’un certain âge, vient lui aussi, d’entrer véritablement en politique. Jusque là, il suivait de loin la politique.
Tia Koné, Danièle Boni Claverie et Gilbert Bleu Lainé…
Mais à la faveur des dernières législatives, Tia Koné s’est porté candidat à Sangouiné. Il en a appris à ses dépends. Puisqu’il a été défait, semble-t-il, par son neveu. Remplacé à la tête de la Cour suprême, battu aux législatives, le magistrat hors-hiérarchie est annoncé à l’Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire (Udpci). Il avait flirté avec le parti de Guéi, en 2003, avant de rebrousser chemin. Conscient de ce qu’il ne peut marcher seul, avec son échec aux législatives, Tia Koné se rend à l’évidence qu’il a peut-être intérêt à avoir la caution d’un parti, comme l’Udpci, la quatrième formation du pays, très implanté à l’Ouest, sa région d’origine. Mais peut-il réussir grand-chose en politique ? La question est la même pour Danièle Boni Claverie. La présidente de l’Urd, libérée après son assignation à résidence, suite à la crise postélectorale, prendra certainement un peu de recul, avant de chercher à revenir sur la scène politique nationale. L’ancien ministre Gilbert Bleu Lainé, membre du parti de l’ex-ministre-journaliste, lui aussi, est ‘’dans son coin’’, comme le disent de façon prosaïque les Ivoiriens. Ce dernier a été de ceux qui ont soutenu le ministre Konaté Sidiki aux élections législatives de décembre dernier. Tous deux transfuges de l’Udpci, Boni Claverie et Bleu Lainé, devenus par la suite, des soutiens avérés de Laurent Gbagbo, retourneront-ils à la maison comme on l’annonce pour Tia Koné ? C’est la grande interrogation. La liste n’est pas exhaustive. Mais des observateurs n’hésitent pas à qualifier déjà, de ‘’has been’’ politiques, ceux dont les noms figurent ci-dessus. La vie étant vicissitudes, il serait trop tôt de prédire leur mort politique. La politique nous a souvent habitués à de belles surprises.
Ouattara Abdoul Karim