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Société Publié le jeudi 5 janvier 2012 | Le Mandat

Enquête express / Enseignement primaire : Les établissements publics se meurent

© Le Mandat Par Comino Junior
Ecole gratuite: la ministre de l`Education nationale, Kandia Camara à Adzopé et Agou
Lundi 31 octobre 2011. La ministre de l`Education nationale, Kandia Camara en tournée dans le departement d`Adzopé
L’effectif et le niveau des élèves inquiètent
Des bâtiments en ruine

L’année 2012 commence, laissant derrière elle des tumultes à plusieurs niveaux. Et particulièrement au niveau de l’éducation nationale en Côte d’Ivoire. Les derniers résultats dans les écoles primaires publiques sont la preuve que beaucoup reste à faire pour garantir une formation efficiente aux apprenants. Surtout dans les établissements publics.

Créées avec l’appui de la Banque mondiale, au début des années 90, les écoles Bad ont été, pour les enfants et les parents, une bouffée d’oxygène. D’abord, à cause de la proximité des établissements et surtout pour la modernité des bâtiments. Mais, ce bonheur a été de courte durée, tant pour les enseignants que pour les élèves et parents. C’est que les réalités du terrain ont vite fait de prendre le pas sur cette belle initiative. Notamment, le rythme galopant des effectifs. Toute chose qui a une incidence sur le rendement des élèves. L’exemple de K. Bèman, élève en classe de CM1 à l’Epp Unité1, secteur Williamswille, est édifiant. 12ème de sa classe sur 78 élèves, il a une moyenne de 07,5/20, avec les notes suivantes : 04/ 20 en dictée, 16/ 50 à l’étude de texte et en mathématique, 24/50 en étude du milieu. Pour un total de 60 points. Si son rang de 12ème peut tromper la vigilance de ses parents, l’instituteur, lui, ne se laisse pas prendre au piège. C’est tout naturellement qu’il a administré la mention médiocre au petit Bèman. Dans le même groupe scolaire, Ibrahim, en classe de CE2, est 20ème sur 86 élèves, pour une moyenne de 4, 30. A y voir de plus près, le dénominateur commun de ces deux classes faut-il le rappeler est le nombre pléthorique des effectifs.

Sur les traces des élèves

Ce mardi 03 janvier 2012, à Williamsville, c’est un bâtiment imposant qui nous accueille. Congés scolaires obligent, la cour est vide. « Mais, dès la rentrée, elle devient une fourmilière », confie notre guide. A l’entrée de l’établissement, à gauche, des maçons sont à pied d’œuvre pour la réhabilitation de l’école. Au menu, crépissage des murs fraîchement montés. A droite, un autre bâtiment repeint avec les marches réhabilitées. « Nous avons ici 8 écoles et une maternelle. Les écoles primaires comptent plus de 3500 enfants. Et dans toutes les classes, les effectifs oscillent entre 60 et 100 élèves », explique M. N’Cho Armel, secrétaire du Comité de gestion de Williamsville Labat (Coges). C’est pourquoi, selon lui, il est difficile d’assurer un suivi efficace à tous ces enfants. Malheureusement, quand on veut limiter l’effectif à 50, les parents se plaignent et nous accusent de refuser leurs enfants. Nous sommes donc obligés de les prendre, puisque les écoles privées coûtent au minimum 70.000 FCFA dans ce quartier ».

Bâtiments dalabrés

Conséquence, les élèves travaillent dans des conditions très difficiles. Sur les pas de notre guide, nous constatons des toilettes délabrées, des tables-bancs de fortune. Les écoles Labat A et B ont les plafonds et les toitures pourris. Les autres établissements trainent les impacts de la guerre. « Pendant la crise, toute l’école a servi de base militaire aux combattants. C’est pourquoi, nous remercions l’Ong « Save the Children » qui nous a permis de réhabiliter une école et d’entreprendre les travaux que vous constatez. Cependant, nous avons besoin d’au moins 30 à 40 tables-bancs par classe. Car, ce groupe scolaire, en plus du Cepe, sert de centre aux examens du Bepc et du Bac. Le Coges du groupe scolaire Labat fait ce qu’il peut. Mais, avec la suspension des cotisations et la pauvreté des parents, on ne peut qu’interpeller nos responsables, le gouvernement et des personnes de bonne volonté, telle que la première dame», supplie N’Cho Armel. A Koumassi campement, Cité Houphouët Boigny, où nous avions entamé cette enquête, le constat est le même. Dans ce quartier précaire où vivent en moyenne 8 habitants par « entrée couchée » (1 pièce), l’embouteillage humain se constate au portail rouge et imposant de l’école Bad dudit quartier. « Je devais inscrire mon fils au Cp1, après ses deux années de maternelle. Mais, j’ai dû m’orienter vers une école privée», explique S.F, enseignant dans le privé. A l’en croire, en novembre, l’instituteur de cette classe avait déjà 92 élèves.

102 élèves dans une classe

« C’est ainsi que j’ai retiré de cet établissement mon fils qui était au CM2, dans une classe de 102 élèves. Ce groupe compte 3 écoles, Lonaci, Bad 1 et 10. L’année dernière, il y avait 60 élèves au CE2 mais cette année, il y en a 86. Avec mon expérience d’enseignant, je sais qu’avec 40 élèves, on est déjà étouffé. Les corrections constituent une autre paire de manche. Pour un si grand nombre d’élèves, il est impossible à l’enseignant d’obtenir le résultat escompté », ajoute-il. « Il faut donc qu’on trouve de nouveaux sites pour désengorger les établissements. Dans le cas contraire, qu’on fasse des bâtiments bas, des R+1, pour avoir de nouvelles classes », propose N’Cho Armel.
A l’évidence, le gouvernement et le ministère de tutelle doivent se pencher sur le cas des établissements primaires publics, y mettre de l’ordre par des mesures viables. Car, la promiscuité au sein d’une classe et l’instruction ne font pas bon ménage. Le mauvais niveau des élèves en est une preuve palpable.

Cheick Kader.
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