La main du diable. C’est ainsi que doit être perçue la proposition d’un « dialogue politique inclusif entre le pouvoir et l’opposition plurielle » faite par le chef de file des ‘‘jeunes patriotes’’ et abondamment relayée par la presse, hier. Nous ne croyons pas, un seul instant, en la sincérité de Charles Blé Goudé. Il suffit, pour s’en convaincre, de lire entre les lignes ces propos de l’homme des basses besognes du prisonnier de la Haye. « A tous ceux qui, parce qu’humiliés, blessés, spoliés, ruminent une vengeance, je les invite en cette année 2012 à cultiver l’amour là où on leur a servi la haine, car la plus belle vengeance, c’est le pardon ». Blé Goudé utilise sciemment le pronom indéfini « on » pour ne pas s’associer à tous ceux qui ont servi la haine. Et pourtant, pendant plus de dix ans, le leader du Cojep et ses partisans n’ont fait que ça ! Semer la haine dans les cœurs de millions d’Ivoiriens pour tuer, ‘‘braiser’’ d’autres Ivoiriens qui ont eu le grand tort de combattre les thèses ivoiritaires. Le vrai sens de cette main tendue se trouve ailleurs. Charles Blé Goudé se trouve en effet dans la posture du scorpion entouré d’un cercle de feu allumé par les nouvelles autorités à travers le mandat d’arrêt international. Ayant senti l’étau se resserrer autour de lui, il tente un dernier coup pour sa survie politique. Car, comme tout être humain, il est la proie d’une lutte permanente entre sa conscience et surtout son inconscient qui ne supporte pas l’exil, lui le maître à penser qui faisait, il y a à peine six mois, le beau temps et la pluie dans la Côte d’Ivoire refondée. Sinon, la sagesse n’a jamais habité cet homme qui n’hésitait pas à envoyer les enfants des autres à l’abattoir pour continuer de jouir des largesses du pouvoir Gbagbo. C’est lui qui, comme remis d’un mauvais rêve, reconnaît que des « milliers d’Ivoiriens ont perdu leur emploi ». Qui a donné le mot d’ordre insensé à la meute de ‘‘patriotes’’ chauffés à blanc de piller, saccager et brûler les entreprises supposées appartenir à des Français pendant l’opération ‘‘dignité’’ en novembre 2004? Après la chute du régime sanguinaire de Laurent Gbagbo, l’on veut nous faire avaler cette grosse couleuvre. En se présentant, lui Blé Goudé, comme un enfant de cœur. Ce n’est pas sur ce terrain que l’opinion nationale et internationale l’attend. Il doit d’abord solder ses vieux comptes avec la justice internationale qui est à ses trousses. Jusqu’à preuve du contraire, le père de miliciens et de mercenaires libériens est considéré comme un hors-la-loi. On ne discute pas avec un hors-la-loi. C’est seulement après cette épreuve de vérité à la Cpi que les Ivoiriens, épris de paix, pourront saisir la main tendue de ‘‘Charly’’. Pour l’instant, trop de sang d’innocentes personnes continue de couler sur ses mains.
De toutes les façons, le président de la République, Alassane Ouattara, n’a pas attendu l’appel au dialogue de Blé pour lancer le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire. Comme l’a si bien rappelé Charles Konan Banny, le président de la Commission Dialogue-Vérité et Réconciliation dans ses vœux de nouvel an, « c’est pour guérir la plaie béante au cœur de la nation et mettre le pays à l’abri de nouvelles commotions que le président de la République a institué la Cdrv ». Dialogue inclusif à la sauce Blé Goudé! C’est trop beau pour être sincère.
Jean Roche Kouamé
De toutes les façons, le président de la République, Alassane Ouattara, n’a pas attendu l’appel au dialogue de Blé pour lancer le processus de réconciliation en Côte d’Ivoire. Comme l’a si bien rappelé Charles Konan Banny, le président de la Commission Dialogue-Vérité et Réconciliation dans ses vœux de nouvel an, « c’est pour guérir la plaie béante au cœur de la nation et mettre le pays à l’abri de nouvelles commotions que le président de la République a institué la Cdrv ». Dialogue inclusif à la sauce Blé Goudé! C’est trop beau pour être sincère.
Jean Roche Kouamé