Qu’espérait-t-il? Freiner l’élan de la CPI pour la tenue effective de son procès? Manque de pot pour l’ex-président ivoirien, Laurent Gbagbo. La ruse et la roublardise, qui lui collent à la peau, lui ont de toute évidence joué un mauvais tour. Le Machiavel des lagunes détenu depuis le 30 novembre dernier à la Cour pénale internationale s’est, en effet, encore illustré. Poursuivi pour crimes contre l’humanité commis lors de la crise postélectorale en Côte d’Ivoire, le ‘’Woody de Mama’’ qui a régné d’une main de fer sur le pays avec en toile de fond les détournements massifs des deniers publics, un budget de souveraineté de 75 milliards par an pendant 10 ans a sollicité l’aide judiciaire de la Cour pour organiser sa défense. En un mot, lui, qui n’était nullement gêné par la course effrénée à l’enrichissement illicite, n’aurait pas aujourd’hui un centime pour régler les notes de ses avocats à lui. Le 28 décembre, la CPI a répondu favorablement à sa demande en établissant son indigence, avant de lui accorder l’aide judiciaire. A y voir de près, cette décision de la CPI referme le piège à lui tendu par le détenu venu de la ville de Korhogo dans le Nord ivoirien sur son auteur. De quoi s’agit-t-il? L’ancien président mijotait le blocage de la procédure judicaire à son encontre en se déclarant pauvre ou du moins embarrassé la Cour quant au respect de ses textes fondateurs qui veulent qu’un accusé ait forcément des avocats. Cependant il a filé le mauvais coton. La Haye voyant le piège de loin l’a intelligemment contourné en accordant provisoirement le qualificatif peu honorant d’indigent à l’ex homme fort d’Abidjan et surtout en lui garantissant une défense pour lever toute équivoque sur la crédibilité de son procès. L’ancien député de Ouragahio ne pourra donc pas stopper comme il le souhaitait la machine judicaire. La vérité tant redoutée par l’ancien locataire du palais présidentiel du Plateau se manifestera au grand bonheur des milliers de victimes de ses miliciens et autres mercenaires qui ont semé la mort dans les rues abidjanaises tout au long de la crise postélectorale. L’épouse de Simone Ehivet est, en outre, convaincu que les preuves accablantes détenues par les juges ne lui laisseront aucune chance. C’est pourquoi il n’est pas chaud pour l’accélération de la procédure afin que le monde entier et particulièrement le peuple ivoirien sache ce qui s’est réellement passé lors de la crise qui a secoué le pays après les deux tours d’octobre et novembre 2010 de l’élection présidentielle. Avec toute la lumière sur la crise qui a fait officiellement 3000 morts, le mythe autour de Lurent Gbagbo depuis son arrestation le 11 avril 2011 s’effritera à coup sûr. Devant ces faits, le boulanger d’Abidjan a transporté sa pâtisserie des bords de la lagune ébrié à la Haye. Sinon comment comprendre que celui qui affirmait du haut de son fauteuil présidentiel : «avant on n’avait rien maintenant on a un peu» et qui s’était même offert une Mercedes Mayback de 500 millions de FCFA, peut subitement perdre tous ses milliards amassés lors de son magistère, au point de quémander de l’argent. Mais la supercherie et la vaste comédie n’ont pas ébranlé les juges de La Haye qui sont déterminés à élucider les crimes de sang imputés à Laurent Gbagbo. Rien, on le voit ne peut arrêter la machine de la Haye. Les enquêtes pour dénicher les milliards flanqués dans les banques européennes et africaines par l’ex régime, il faut le préciser, se poursuivent. A malin, malin et demi pourrait-on dire.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara