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Politique Publié le mercredi 11 janvier 2012 | Nord-Sud

Après les affrontements à Sikensi, Alphonse Soro (Pdt Apc) : «Il y aura une cérémonie de purification vendredi»

© Nord-Sud Par DR
Sikensi: le président de l`APC, Alphonse Soro engage la réconciliation entre Abidji et Malinké
Jeudi 29 décembre 2011. Sikensi. L’Alliance pour le changement (Apc) prend l’initiative le de rencontrer tous les protagonistes pour faire baisser la tension
Le président de l’Alliance pour le changement (Apc), Alphonse Soro, était récemment à Sikensi pour faire baisser la tension entre les communautés abidji et malinké. Selon lui, les choses reviennent progressivement à la normale.

Qu’est-ce qui a motivé votre visite à Sikensi ?
Nous avons effectué une mission de 48h à Sikensi, suite aux affrontements entre les autochtones abidji et les allogènes malinké, il y a de cela quelques jours. La mission s’est déroulée les 29 et 30 décembre 2011. Nous nous sommes rendus là-bas en tant qu’organisation de la société civile et, surtout, organisation de jeunesse pour tenter, à notre façon, de réconcilier et de rapprocher les uns et les autres. Il faut dire qu’on a surtout décidé de partir parce qu’on a vu que de part et d’autre, c’est la jeunesse qui était au devant de cette crise.

Quel a été le constat sur le terrain ?
Après la mission officielle, conduite par le ministre-délégué à la Défense, Il y avait deux camps constitués. Quand on est arrivés à Sikensi, les habitants des deux quartiers ne pouvaient pas se fréquenter. Il y avait une vive tension entre les jeunes des deux communautés. Les Malinké ne pouvaient plus se rendre dans les quartiers abidji et les Abidji non plus ne pouvaient pas aller chez les Malinké. Il y avait même des groupes chargés de la surveillance dans les différents quartiers et les gens se regardaient en chiens de faïence. L’atmosphère était donc toujours tendue malgré cette visite au cours de laquelle le ministre a fait relever les Frci qui étaient là. Le marché central était fermé et chacune des deux communautés avait son propre marché dans son quartier. Par ailleurs, tous ceux qui n’étaient pas Abidji étaient interdits de circuler dans les 13 villages abidji et d’aller dans les plantations. Il faut noter également que le cimetière était fermé par les Abidji, alors qu’il y avait des morts.

Quelle est la situation aujourd’hui ?
Je peux vous dire qu’elle s’améliore notablement. Pendant deux jours, nous avons rencontré toutes les parties pour les amener à la réconciliation et, Dieu merci, les choses se sont bien déroulées. Aujourd’hui, le marché est redevenu commun, le cimetière a été rouvert avant d’être refermé. Vendredi prochain, il y aura un rituel de purification pour le sol qui a été souillé. Après quoi, le cimetière sera définitivement ouvert. A l’heure où je vous parle, je peux affirmer que les choses se sont normalisées, les jeunes se parlent à nouveau.

Comment vous vous y êtes pris pour faire baisser la tension ?
Quand nous sommes arrivés sur place, nous avons tout fait pour rapprocher les gens en organisant une marche avec les deux jeunesses sur la voie principale pour montrer à la population que la belligérance était terminée. Et puis, notre mission se poursuit, puisque nous avons gardé le contact avec les uns et les autres. En tous cas, pour l’instant, la situation évolue plutôt bien. On a les contacts des leaders de jeunes, de femmes, de vieux des différentes communautés. Nous sommes donc en contact permanent avec ces personnes qui comptent et qui nous tiennent régulièrement informés. On suit aussi la situation de façon très étroite avec le préfet du département qui, je dois l’avouer, a installé un comité local qui appuie sérieusement notre action sur le terrain.

Comment le remplacement des Frci par les gendarmes a-t-il été accueilli par les populations ?
C’était la principale revendication des Abidji. Mais, les autres, c’est-à-dire les Malinké, perçoivent cela comme un véritable danger. Ils estiment, en effet, qu’il y a beaucoup de poches de miliciens et des caches d’armes dans la localité. Et donc, que la menace est permanente. La présence des Frci, selon eux, dissuadait les uns et les autres. Donc, ils pensent que leur absence peut causer plus de problèmes qu’on ne le croit.

Entretien réalisé par Anne-Marie Eba
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