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Politique Publié le samedi 14 janvier 2012 | Le Patriote

Touré Mamadou, (Conseiller technique du président de la République, chargé de la jeunesse et des sports) : “Blé Goudé doit répondre de ses crimes devant la justice”

© Le Patriote Par DR
Réouverture des universités en octobre 2012 : Touré Mamadou échange avec les syndicats
Jeudi 17 novembre 2011. Abidjan. Palais présidentiel, au Plateau. Les étudiants et le Conseiller technique du président de la République chargé de la jeunesse et du Sport, Touré Mamadou se disent les vérités
Le conseiller technique du président de la République chargé de la Jeunesse et des Sports, Touré Mamadou ne se laisse pas séduire par l’appel lancé par Charles Blé Goudé au pouvoir relatif à un dialogue. Selon lui, le leader des ‘’jeunes patriotes’’ sur qui pèsent des forts soupçons de crimes contre l’humanité gagnerait bien à se rendre à la justice pour répondre des faits qui lui sont reprochés. Avant de dégager de belles perspectives pour la jeunesse ivoirienne dans les années à venir avec les efforts du chef de l’Etat, Alassane Ouattara. Le patriote: Vous avez convié la jeunesse ivoirienne dans son ensemble au réveillon de fin d’année pour accueillir 2012 dans l’union. Comment peut-on interpréter cette cérémonie?

Touré Mamadou: Le réveillon a été offert par le président de la République à la jeunesse ivoirienne. Il s’agissait pour nous, après la période difficile que nous avons connue, d’enter dans la nouvelle année avec un esprit de réconciliation. C’est en cela qu’en plus de la jeunesse proche du pouvoir, il y avait celle de l’opposition. LP: Lors de cette cérémonie, vous avez clairement conseillé aux jeunes proches du pouvoir d’avoir le triomphe modeste. Est-ce que vous avez des échos qu’ils en font un peu trop? TM: Il y avait à cette cérémonie de nombreuses structures de jeunes proches du président Ouattara qui ont beaucoup contribué à son avènement au pouvoir. Pour nous, il était important de leur dire que nous devons avoir le triomphe modeste, étant entendu que la dynamique de réconciliation ne pourrait s’accommoder d’arrogance. Je pense que le message a été bien perçu. Il est temps pour nous de tendre la main à nos frères qui sont en face et qui peut-être, attendent de nous de signaux pour accepter la réconciliation. Beaucoup de jeunes sont en exil. Il est important que nous entreprenions toutes les démarches pour leur retour. Mais nous avons des préalables à ce niveau. Certains parmi eux continuent de s’illustrer par des propos qui sonnent comme une sorte de défiance vis-à vis du pouvoir. Il faut qu’il y ait une reconnaissance totale des autorités en place. C’est le préalable pour nous. LP: Il y a aussi le revirement spectaculaire de Charles Blé Goudé et de certains de ses camarades qui appellent à l’apaisement. Qu’est-ce que cela vous inspire? TM: Je ne voudrais pas personnellement parler de ce monsieur qui, pour moi, a beaucoup rusé pendant des années avec les Ivoiriens et qui a une lourde responsabilité dans le drame qu’a vécu notre pays. C’est quand même lui qui, au cours des meetings enflammés, a poussé les jeunes à s’attaquer à des personnes dans les quartiers d’Abidjan et surtout à les brûler. Est-ce que cette posture qu’il adopte aujourd’hui n’est pas encore une ruse? Je ne sais pas. Ce qui est important pour nous, c’est d’adresser un message à tous ces jeunes qui se sont laissé, à un moment donné, manipuler, leur adresser un message qui va dans le sens de leur retour au pays pour prendre toute leur place dans la dynamique de paix. Pour le reste, Blé Goudé gagnerait d’abord à se rendre à la justice pour répondre des crimes qui lui son reprochés. S’il s’avère que ces accusations ne sont pas fondées, en ce moment on comprendra. On ne peut pas avoir sur soi un fort soupçon de crimes commis contre l’humanité et appeler au dialogue. Quel dialogue? Je note aussi que dans ses propos il continue d’avoir le même discours anti-français, anti-Ouattara. De quel dialogue parle-t-il? Pour nous, il est impérieux qu’il réponde devant la justice pour les crimes qu’il a eu à commettre. Je note également avec lui, les Damana Pikas et autres dont la présence prolongée à l’extérieur du pays fait qu’ils sont déconnectés des réalités de la Côte d’Ivoire. Les jeunes du CNRD avec qui je suis en contact permanent ont un discours beaucoup plus modéré. Peut-être parce qu’ils sont en Côte d’Ivoire et vivent les réalités. Ceux qui continuent d’avoir des propos va-t-en guerre à l’extérieur de la Côte d’Ivoire sont en déphasage total avec la nouvelle dynamique de réconciliation, de paix et la reconstruction dans notre pays. LP: Quel est le point aujourd’hui de la promesse du chef de l’Etat de fournir des emplois aux jeunes après plus de six mois au palais présidentiel? TM: Le président de la République, lors de sa campagne, a promis de prendre les mesures nécessaires pour créer l’environnement et créer de façon générale des emplois aux jeunes. En le disant, il n’avait pas intégré la dimension de la crise postélectorale que nous avons connue. Sans vouloir tromper les Ivoiriens, la crise postélectorale a dû pousser le président de la République à un réaménagement de ses ambitions pour cette année. Mais des efforts importants ont été faits dans beaucoup de domaines qui ont contribué à la création d’emplois directs ou indirects pour les jeunes. Nous sommes en train de faire le point. D’ici peu, nous pouvons vous dire exactement combien d’emplois les nombreux projets lancés ont pu créer. Mais cela ne suffit pas pour l’objectif que nous visons. Le plus important c’est qu’avec le redressement, la Côte d’Ivoire aura un taux de croissance de 8,5%. Cela veut dire qu’elle aura une embellie économique, beaucoup d’investissements, des nouvelles créations d’entreprises. Toutes ces initiatives devraient permettre à des milliers de jeunes d’avoir un emploi. En plus, le projet emploi-jeune de la Banque mondiale en faveur de la Côte d’Ivoire entre dans ce mois de janvier, dans sa phase d’application. Ce projet, il faut le savoir, vise 27 500 jeunes. Ce sont là autant d’éléments qui nous permettent de dire que nous gardons le bon cap. LP: Vous avez dit que vous n’aviez pas prévu la crise postélectorale. Est-ce que cet argument n’est pas un peu trop facile?

N’êtes-vous pas en train de faire comme les autres? TM : Nous ne faisons pas comme les autres. Ce que les autres disaient, c’est qu’à cause de la crise, ils ne travaillaient pas. Nous nous disons malgré la crise, voilà ce que nous avons pu faire. Il y a une nuance. Je dis que du fait de la crise, il y a eu des réajustements pour permettre d’abord de stabiliser la situation et relancer l’économie ivoirienne. Tout ça a été fait. C’est le fruit du travail qui fait que nous aurons un taux de croissance d’un peu plus de 8%. C’est l’un des taux les plus élevés dans le monde quand vous regardez la crise de la dette qui est en train de se muer en une crise économique au plan international. LP: Est-ce que vous pensez que la fermeture de l’université est préjudiciable à la jeunesse comme le disent les syndicats des étudiants? TM : J’ai dit à l’ensemble des syndicats d’étudiants que j’ai reçus et qui se sont montrés impactés par la mesure qui a été prise, que le président de la République était face à ses responsabilités. Il n’est pas responsable de la situation. Lorsqu’on parle de 4 générations sacrifiées, ce n’est pas le fait du chef de l’Etat. Il a pris fonction en avril 2011 et a prêté serment en mai. Si il y a eu des générations sacrifiées, c’est bien l’œuvre de ceux qui étaient là avant le président de la République. Fallait-il alors continuer de sacrifier les générations en refusant de voir la réalité en face. Après un diagnostic, le président de la République a décidé d’assainir le milieu universitaire et le milieu éducatif dans notre pays. Pour ce faire, des mesures devraient être prises, notamment la fermeture de l’université. Je rappelle que ces universités n’existaient que de nom. Des individus qui n’étaient pas étudiants et même des mercenaires, à la faveur de la crise électorale, habitaient les résidences universitaires. La Fesci était maître des lieux. Elle faisait tout ce qu’elle voulait. Elle commettait toutes sortes d’exactions, de crimes et d’assassinats sur les campus. La preuve, au cours des travaux de réhabilitation, ce sont des ossements humais qui sont découverts. Tous ces facteurs ont amené le président à décider de la fermeture de l’université pour reprendre tout. Le secrétaire général de la FESCI peut vous le dire. Quand il a eu son bac en 1995 et que c’est seulement en 2010 qu’il a eu sa licence c’est qu’en 2012, il est à sa 17 ème année de présence à l’université. Vous comprenez que c’est une situation incongrue. Pour nous, c’était une décision de salut public pour sauver les étudiants ivoiriens. Il faut saluer le président de la République. Je pense que le ministre de l’Enseignement supérieur qui a reçu les étudiants a fait comprendre que des mesures sont prises pour ceux qui ont le baccalauréat cette année. LP: Est-ce que vous pensez bien jouer votre rôle de ‘’porte-parole de la jeunesse ivoirienne’’ auprès du président de la République? TM: Oui ! Notre rôle s’entend, c’est de remonter les préoccupations, les angoisses et les aspirations de la jeunesse au président de la République. Notre rôle aussi c’est d’accompagner le président de la République dans l’application de son programme, notamment l’atteinte des objectifs qui ont été fixés. C’est un travail d’équipe qui permettra d’atteindre les différents objectifs du président. Le plus important pour nous en tant que conseiller technique du président de la République chargé de la jeunesse et des sports, c’est d’établir un pont de dialogue permanent entre nous et l’ensemble des structures de jeunesse afin qu’aucun problème de communication ne vienne brouiller les relations entre les autorités et la jeunesse. LP: L’autre défi à relever, c’est la réconciliation. Quand on sait que les jeunes ont été manipulés, instrumentalisés, est ce que la tâche sera facile? TM: On ne peut pas verser dans la démagogie. Ça ne sera pas facile parce que cette crise a été très profonde. On a eu des milliers de morts, de déplacés, de victimes. On a encore une minorité de personnes qui veut nous ramener en arrière. J’avoue que ça ne sera pas facile. Mais ce n’est pas parce qu’une chose n’est pas facile qu’il ne faut pas la prendre à bras le corps et prendre des initiatives ?

Le président de la République a mis en place la Commission dialogue, vérité et réconciliation dirigée par le Premier ministre Charles Konan Banny et elle fera son travail. Au delà de la commission, c’est l’ensemble des acteurs sociaux qui doivent prendre leur responsabilité.

Après avoir traversé des moments difficiles, je ne parle pas de la minorité extrémiste, les Ivoiriens de façon générale sont dans de bonnes dispositions pour se réconcilier. Il faut seulement donner un contenu à cette réconciliation pour qu’elle soit effective. LP: On connait les préoccupations du président de la République concernant la jeunesse, qu’en est-t-il pour le sport? TM: Il est le premier capitaine de l’équipe nationale. Il est lui-même pratiquant des trois disciplines sportives. Ce qui est important, c’est que la Côte d’Ivoire doit se doter d’une politique sportive. Nous n’en avons pas depuis belle lurette. Le ministre des sports est en train de travailler de façon remarquable. Je pense qu’on peut considérer qu’il y a une véritable politique sportive qui va se mettre en place au-delà de quelques exploits que nous avons eus ces dernières années. LP: On attend avec beaucoup d’assurance la victoire des éléphants à la CAN TM: Bien sûr ! De par la qualité des joueurs, de par le contexte actuel, nous pensons que les conditions sont aujourd’hui réunies pour que l’équipe de la Côte d’Ivoire ramène la coupe d’Afrique à Abidjan.

Réalisée par Yves-M. ABIET
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