Réélue le 8 novembre 2011 pour un second mandat, la présidente sortante du Liberia, Mme Ellen Johnson Sirleaf a prêté serment hier lundi 16 janvier. Plusieurs chefs d'Etat des pays voisins ont pris part à la cérémonie dont l'éclat a été rehaussé par la présence de la secrétaire d'Etat américaine, Mme Hillary Clinton. Mme Johnson Sirleaf entame les six prochaines années à la tête de son pays avec une certaine sérénité, car son principal opposant, Winston Tubmann qui avait jusque- là vivement contesté sa réélection, a finalement reconnu la victoire de la première femme élue chef d'Etat d'Afrique en 2005 et prix Nobel de la paix 2011. Mieux, l'opposant qui est arrivé en deuxième position après le premier tour de la présidentielle, a accepté que son parti entre au gouvernement de Mme Sirleaf. Plusieurs défis attendent la présidente libérienne, dont le redressement économique de ce pays ravagé par une terrible guerre civile qui a fait environ 250.000 morts de 1989 à 2003. Pour y parvenir, elle doit mettre fin à la corruption qui gangrène l'administration. Son hôte américaine, à sa cérémonie d'investiture, Mme Clinton n'a pas manqué de pointer du doigt ce fléau, quand bien même elle a salué « les grands progrès accomplis » par le régime de l'actuelle présidente depuis la fin de la guerre. L'autre défi que doit relever la présidente réélue, c'est la réconciliation des 4 millions de ses concitoyens. La guerre de 14 années qu'a connu le Liberia a profondément divisé le peuple. A l'instar d'autres pays qui ont connue la guerre comme le voisin ivoirien, le N01 libérien a fait de la réconciliation une priorité. Sans toutefois mettre sur pied un comité dialogue vérité et réconciliation, elle a instruit sa compatriote et co- lauréate du Nobel de la paix, Mme Leymah Gbowee de « conduire une initiative de réconciliation nationale ». La tâche est évidemment ardue à la fois pour Mme Gbowee, mais surtout pour Mme Sirleaf. En effet, l'opposition libérienne continue d'accuser celle- ci d'avoir pactisé avec l'ancien président, Charles Taylor aujourd'hui inculpé par la Cour pénale Internationale de la Haye au Pays- Bas où il attend d'être jugé pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité. La présidente en est bien consciente, puisque dans son discours d'investiture, elle a reconnu que « les clivages ayant conduit à des décennies de guerre, sont encore profonds ». Elle reste cependant convaincue que la volonté des Libériens de se réconcilier est aussi profonde que ces clivages. Riche d'une grande expérience politique, cette économiste de 73 ans qui a fait ses preuves dans les institutions internationales avant de diriger le ministère des Finances de son pays, a les ressources nécessaires pour gagner ces nombreux paris. C'est fort de cela qu'elle a placé son deuxième et dernier mandat qui doit s'achever en 2018, sous le signe de la reconstruction. A cette échéance, la dame de fer du Liberia qui soufflera ses 79 bougies, devrait logiquement se retirer de la scène politique. Cèdera-t-elle à la tentation du troisième mandat comme le craignent ses adversaires? Wait and see, car l'on se souvient qu'en 2005, lorsqu'elle sollicitait les suffrages de ses concitoyens, Sirleaf Jonhson avait demandé juste un mandat, à la fin duquel elle se retirerait. La suite, on la connaît.
Charles d'Almeida
Charles d'Almeida