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Société Publié le samedi 21 janvier 2012 | Le Nouveau Réveil

Journalistes assassinés, Rédactions incendiées, interminables procès : 10 ans de pouvoir de Gbagbo, 10 ans de danger pour la presse

Fonds de soutien et de développement à la presse, exonération fiscale des entreprises de presse, loi de 2004 dépénalisant les délits de presse, Conseil national de la presse (Cnp) et Conseil national de la communication audiovisuel (Cnca) : ce sont là les hauts faits attribués, hier, à l’ancien président Laurent par son journal « Notre voie ». Pour rappel, le Fonds dédié à la presse est resté un vœu pieux sous Gbagbo. Quant à la loi de 2004, elle fut l’initiative de certains aînés de la presse ivoirienne, dont la plupart sont encore en vie, et qui ont bataillé dur pour que le parlement l’adopte. D’ailleurs, leur projet a été farouchement combattu par les pro-Gbagbo à l’hémicycle. Il doit son adoption aux députés de l’opposition, ceux du Pdci et les intendants issus du Rdr. Qui ne se souvient des vives désapprobations de députés pro-Gbagbo, tels que Odette Sauyet ou Ben Soumahoro, pourtant tous deux, hommes de médias ? Le Cnps et le Cnca ? Ils étaient déjà en chantier, dans les années 90, sous l’inspiration d’Alassane Ouattara qui était, alors, Premier ministre, soit bien longtemps avant l’arrivée au pouvoir de Gbagbo en 2000. Mais le plus gros oubli de « Notre Voie », ce sont les crimes contre la presse enregistrés sous Gbagbo et qui ont fait passer la Côte d’Ivoire en peloton de tête des pays liberticides, dans les classements périodiques de Rsf. En 2010, 8 au moins des journaux de l’opposition, ont été interdits de parution par des voies détournées, allant des menaces de mort à des embargos sur la distribution. 16 fois au moins, le quotidien « Le Nouveau Réveil », par exemple, a subi des procès, pour offense au chef de l’Etat ou pour incitations diverses. C’est que le régime Gbagbo avait l’art de reprendre par la main gauche, la liberté qu’il offrait de sa main droite. En 2004, des rédactions ont été saccagées, pillées et incendiées par les « patriotes », partisans officiels de Gbagbo. Nombreux sont les journalistes qui ont échappé à des assassinats ou à des enlèvements, sous la férule des escadrons de la mort et lors de la crise postélectorale. Longue et variée est la liste des victimes. Ainsi, du journaliste de « Rfi », Jean Hélène, abattu par un policier en 2004. Ainsi, du confrère de « Le nouvel observateur », Guy-André Kieffer dont la disparition, il y 8 ans, fait toujours soupçonner l’entourage de Gbagbo. Gbagbo avait promis de ne pas envoyer les journalistes en prison. Son procureur Raymond Tchimou en a envoyé à la pelle croupir à la Maca. Gbagbo avait promis être le protecteur des journalistes. Les assassinats sont là pour montrer que ceux-ci n’ont jamais été autant en danger que pendant ses 10 années de pouvoir.

Benoit HILI
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