Depuis l’avènement de la crise politico-militaire en Septembre 2002, les Fafn ont été renforcées par des supplétifs ivoiriens ou non dont de nombreux chasseurs traditionnels (Dozo). Malgré la fin de la crise le 11 avril 2010 avec la fin du pouvoir de la refondation, ces chasseurs traditionnels règnent en maîtres et en seigneurs dans des localités du pays. Il ne se passe plus de jour sans qu’ils ne se manifestent. S’imposant, dictant leur loi, semant la terreur, ils ne sont pas seulement aperçus dans la capitale, ils sont massivement présents à l’intérieur du pays où ils n’obéissent qu’à une seule autorité, la leur. Pour la plupart, ils ont oublié leur rôle traditionnel qu’on leur a connu, c’est-à-dire des chasseurs traditionnels, des chasseurs d’animaux partageant des valeurs culturelles communes. Mais aujourd’hui, ils chassent aussi des hommes. Dans un pays où le désordre s’est installé à la faveur de la crise post-électorale, ils ont trouvé un nouveau créneau : S’ériger en force de sécurité. Petit projecteur sur ces « militaires » d’un autre temps.
De beaux exploits partout
Dans le nuit du mardi 10 au mercredi 11 janvier, les populations vivant dans la commune de N’Douci, 114 Km au sud d’Abidjan, n’ont pas fermé l’œil. Et pour cause, deux camps de dozos opposés se sont affrontés à coup de fusils traditionnels, pour une histoire de leadership. C’est que la confrérie traditionnelle des dozos de Côte d’Ivoire (Cotdoz-ci) et la confrérie des dozos de Côte d’Ivoire (Codoz-ci) dirigées respectivement par Bakary Fofana et Yaya Koné. Des membres de la première confrérie en patrouille (comme des forces régulières) dans la ville de N’douci ont mis aux arrêts huit individus appartenant à leur deuxième confrérie. Il n’en fallait pas plus pour que cela vire à l’affrontement armé de 21 heures à très tard dans la nuit. A Sassandra, les dozos, à travers plusieurs contingents mobiles, règnent en maîtres absolus, parcourent les villages et campements, intimidant, rackettant à tout va, sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt. Dans le courant du mois de novembre, à Bangolo, ils ont manqué faire un carnage, poussant les populations à se réfugier dans la brousse, soumettant les autres et notamment les commerçants, au paiement d’une taxe spéciale pour avoir la vie sauve. Que dire de l’exploit réalisé à Bonon pour donner le ton du nouvel an. «Le village de Kangreta situé dans la sous-préfecture de Zaguiéta, dans la sous-préfecture de Bonon, a été le théâtre, le dimanche 1er janvier 2012, d’une fusillade perpétrée par les chasseurs traditionnels dozos… Cinq blessés graves dont un atteint à la cuisse gauche par balles ont été enregistrés dans les rangs des jeunes natifs de Kangreta… », («Notre Voie», 4/01). Exaspérés par les multiples sautes d’humeur de ces derniers et devant le silence des autorités, les populations avaient décidé de les affronter. Le 28 novembre à Gboguhé dans le département de Daloa, pour une histoire de portable, les dozos étaient violemment intervenus et avaient abattu 4 personnes. Sans que personne ne les inquiète. Déjà le 3 novembre 2011, au cours de son point de presse hebdomadaire, l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), excédée par les exploits des dozos, avait demandé au gouvernement ivoirien de procéder sans délai à leur désarmement. C’est que l’Onuci avait déploré les incidents fréquents avec leurs corollaires de morts et de traumatisés, provoqués par les dozos dans l’Ouest du pays. Depuis, rien n’a été fait et les dozos continuent de sévir. Interpellé sur cette question en décembre, le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major des Frci, avait déclaré que «le problème des dozos est complexe». Très rassurant ! A la fois pour les victimes des dozos et pour les dozos eux-mêmes qui savent qu’ils peuvent opérer tranquillement à travers le pays, sans craindre des sanctions de qui que ce soit. Ce n’est pas Amnesty International qui dirait le contraire. Elle qui depuis le mois d’août 2011, avait déjà épinglé ces dozos dans un rapport : «Des membres d'une milice soutenue par l'État et composée de dozos (chasseurs traditionnels ) ont également commis des crimes au regard du droit international ainsi que de graves atteintes aux droits humains qui semblent avoir été perpétrées avec le soutien ou la caution des Frci. Amnesty International a pu établir l'existence d'une relation étroite entre les dozos et les Frci, y compris en termes de fourniture de matériels, de munitions et en matière de planification d'opérations. Par conséquent, l'organisation considère que les dozos ont actuellement acquis les caractéristiques d'une milice et elle tient le gouvernement ivoirien pour responsable des atteintes aux droits humains commises par les dozos», («Soir info» 16/08/11). Après la publication de ce rapport, on se souvient que les dozos étaient rentrés dans une colère noire et avaient même organisé une conférence de presse pour dire leurs quatre vérités à Amnesty International. Sous les objectifs des caméras de la Rti qui nous a fait l’honneur de nous gratifier d’un reportage complet sur cette conférence de presse. Vous n’aimez pas les dozos ? «Quittez la Côte d’Ivoire». Qui c’est qui a dit ça, déjà?
SABINE KOUAKOU ET JOSE N’GORAN
De beaux exploits partout
Dans le nuit du mardi 10 au mercredi 11 janvier, les populations vivant dans la commune de N’Douci, 114 Km au sud d’Abidjan, n’ont pas fermé l’œil. Et pour cause, deux camps de dozos opposés se sont affrontés à coup de fusils traditionnels, pour une histoire de leadership. C’est que la confrérie traditionnelle des dozos de Côte d’Ivoire (Cotdoz-ci) et la confrérie des dozos de Côte d’Ivoire (Codoz-ci) dirigées respectivement par Bakary Fofana et Yaya Koné. Des membres de la première confrérie en patrouille (comme des forces régulières) dans la ville de N’douci ont mis aux arrêts huit individus appartenant à leur deuxième confrérie. Il n’en fallait pas plus pour que cela vire à l’affrontement armé de 21 heures à très tard dans la nuit. A Sassandra, les dozos, à travers plusieurs contingents mobiles, règnent en maîtres absolus, parcourent les villages et campements, intimidant, rackettant à tout va, sans qu’aucune autorité ne lève le petit doigt. Dans le courant du mois de novembre, à Bangolo, ils ont manqué faire un carnage, poussant les populations à se réfugier dans la brousse, soumettant les autres et notamment les commerçants, au paiement d’une taxe spéciale pour avoir la vie sauve. Que dire de l’exploit réalisé à Bonon pour donner le ton du nouvel an. «Le village de Kangreta situé dans la sous-préfecture de Zaguiéta, dans la sous-préfecture de Bonon, a été le théâtre, le dimanche 1er janvier 2012, d’une fusillade perpétrée par les chasseurs traditionnels dozos… Cinq blessés graves dont un atteint à la cuisse gauche par balles ont été enregistrés dans les rangs des jeunes natifs de Kangreta… », («Notre Voie», 4/01). Exaspérés par les multiples sautes d’humeur de ces derniers et devant le silence des autorités, les populations avaient décidé de les affronter. Le 28 novembre à Gboguhé dans le département de Daloa, pour une histoire de portable, les dozos étaient violemment intervenus et avaient abattu 4 personnes. Sans que personne ne les inquiète. Déjà le 3 novembre 2011, au cours de son point de presse hebdomadaire, l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (Onuci), excédée par les exploits des dozos, avait demandé au gouvernement ivoirien de procéder sans délai à leur désarmement. C’est que l’Onuci avait déploré les incidents fréquents avec leurs corollaires de morts et de traumatisés, provoqués par les dozos dans l’Ouest du pays. Depuis, rien n’a été fait et les dozos continuent de sévir. Interpellé sur cette question en décembre, le général Soumaïla Bakayoko, chef d’état-major des Frci, avait déclaré que «le problème des dozos est complexe». Très rassurant ! A la fois pour les victimes des dozos et pour les dozos eux-mêmes qui savent qu’ils peuvent opérer tranquillement à travers le pays, sans craindre des sanctions de qui que ce soit. Ce n’est pas Amnesty International qui dirait le contraire. Elle qui depuis le mois d’août 2011, avait déjà épinglé ces dozos dans un rapport : «Des membres d'une milice soutenue par l'État et composée de dozos (chasseurs traditionnels ) ont également commis des crimes au regard du droit international ainsi que de graves atteintes aux droits humains qui semblent avoir été perpétrées avec le soutien ou la caution des Frci. Amnesty International a pu établir l'existence d'une relation étroite entre les dozos et les Frci, y compris en termes de fourniture de matériels, de munitions et en matière de planification d'opérations. Par conséquent, l'organisation considère que les dozos ont actuellement acquis les caractéristiques d'une milice et elle tient le gouvernement ivoirien pour responsable des atteintes aux droits humains commises par les dozos», («Soir info» 16/08/11). Après la publication de ce rapport, on se souvient que les dozos étaient rentrés dans une colère noire et avaient même organisé une conférence de presse pour dire leurs quatre vérités à Amnesty International. Sous les objectifs des caméras de la Rti qui nous a fait l’honneur de nous gratifier d’un reportage complet sur cette conférence de presse. Vous n’aimez pas les dozos ? «Quittez la Côte d’Ivoire». Qui c’est qui a dit ça, déjà?
SABINE KOUAKOU ET JOSE N’GORAN