Ils ne veulent pas rater un seul épisode de la Coupe d’ Afrique des Nations (Can). Les amoureux du ballon rond de l’administration ont vite fait leur choix. Quitter le bureau avant 16h 30 mn, l’heure indiquée par le ministre de la Fonction publique. Le constat est fait ce lundi 22 janvier. A peine 15h 10 mn, que K.A., agent au ministère de la Construction se trouve au pied de la Tour D. Il est en partance pour Port-Bouët, sa commune d’habitation. Ce passionné compte assister au premier match du pays organisateur. Pour rien au monde, notre travailleur boudera les dribbles, les passes et autres spectacles qu’offre le sport-roi. Et pour cela, il n’a pas hésité à abandonner des dossiers en urgence de traitement. « Je continuerai l’analyse des dossiers demain (hier) matin. Ma seule préoccupation est de ne pas rater le bus express », confie l’agent. Jeannette G., caissière à la poste d’Abobo, n’est pas non plus indifférente à la fête qui se déroule simultanément au Gabon et en Guinée-équatoriale. Celle qui se fait appeler aussi « la tantie Eléphant » est réputée pour son ardeur à la tâche. « Elle aime le travail bien fait mais la CAN a tout changé », fait remarquer son collègue de bureau. Il poursuit que, depuis le début de la compétition africaine, son service tourne au rythme d’un jour de couvre-feu. Dès que 14h 30 sonne, elle a l’esprit ailleurs et se trompe même dans les calculs. C’est que Jeannette a hâte de retrouver son nouvel écran plasma, acheté spécialement pour la CAN. Elle craint les embouteillages. Ce qui motive la fan des Eléphants, est qu’elle est persuadée que cette fois est la bonne. Elle n’émet aucun doute ni réserve quant à une issue heureuse à ce championnat. Jeannette mise surtout sur les performances de Gnégnéri, son joueur préféré. La caissière se vante également des individualités de taille ( Gervinho,Tioté, Drogba…) qui font rêver. «Le travail et le football, c’est la même mission publique ! », s’exclame pour sa part Karamoko Ibrahim qui croit fermement que cette coupe amènera la paix. Il répète à qui veut l’entendre que les circonstances de 1992 coïncident avec celles de 2012. Pour lui, si la Côte d’Ivoire a remporté la CAN cette année-là, il en sera de même cette année. Karamoko a déjà une astuce pour s’échapper du travail avant la rencontre contre les Etalons du Burkina Faso : se faire passer pour malade, comme dans la pièce de Molière. A la différence de l’acteur du théâtre classique, notre malade veut juste un repos médical. C’est le sésame pour suivre une rencontre en toute quiétude, selon lui. D’autres ont eu l’idée géniale de s’offrir des postes téléviseurs sur le lieu de travail. Histoire d’accomplir la tâche conformément aux heures réglementaires. Mais comme ils sont distraits ! Nous avons rencontré aussi un autre type de travailleurs. Ils sont passionnés de football et, contre toute attente, ils ont décidé de bouder la compétition. Et même les Eléphants. « Notre président est enfermé à La Haye. Nous ne sommes pas concernés par cette CAN», récrimine Pascal, un des leurs, agent au trésor. Il préfère se cloîtrer au bureau en attendant la fin des rencontres. Il n’est pas question, pour lui, de voir les autres supporters jubiler. Il se prive aussi des cris de joie. Décidément !
Nesmon De Laure
Nesmon De Laure