Dans la deuxième partie de notre entretien, le journaliste fait des révélations sur les combattants de la lutte anticoloniale avant d’établir un parallèle avec la situation actuelle de la Côte d’Ivoire. Bernard Doza n’oublie pas de lever un coin de voile sur la stratégie de libération de notre pays. Entretien.
Selon vous les Français ne sont pas prêts à lâcher la Côte d’Ivoire, à cause des traités de protectorat signés avec les rois et chefs indigènes. Soyez explicite…
Les Français brandissent toujours les documents que nos arrières grands parents ont signés et ils se prévalent de cela pour s’ingérer dans nos affaires et nous diriger. En 1897, le commandant Clozel, sur ordre du gouverneur Faidherbe, va prendre possession de nos terres. Il arrive dans le royaume d’Abengourou. Le roi Djiyè à qui il tend le décret Sadi Carnot, refuse de céder sa terre. Alors, il déchire le décret. L’armée coloniale le poursuit et l’arrête. Il est emprisonné à Zuénoula, dans la prison coloniale où il va mourir de faim et de soif, sur ordre du gouverneur Faidherbe. En 1912, le même problème se reproduit à Daloa où règne le chef de guerre Zokou Gbeuly. Le capitaine Lecoeur et sa troupe arrivent à Daloa. Au départ, ils disent à Zokou Gbeuly qu’ils ne font que passer. Alors il dresse un camp pour la nuit. D’une nuit, ils restent trois semaines. Zokou Gbeuly s’énerve et convoque le capitaine Lecoeur, qui lui brandit le décret Sadi Carnot. Alors survient une grande dispute. Le lendemain, le capitaine Lecoeur est tué dans une embuscade par les guerriers de Zoukou Gbeuly. La France envoie à Daloa une expédition militaire. La guerre dure plus de 6 mois. Zoukou Gbeuly est arrêté et déporté à Zuénoula, où il meurt de faim et de soif sur ordre du gouverneur Angoulvant. En 1920, la dernière bataille se livre autour du poste colonial de Gagnoa où les colons et l’armée de l’administration organisent le premier massacre à grande échelle de la Côte d’Ivoire. On a parlé de 10 000 morts. Les documents et les photos à Paris, montrent des colons qui s’affichent sourire aux lèvres, avec des têtes de guerriers fauchées et hissées sur des piques. Les ivoiriens ne connaissent pas l’histoire de leur pays et ils veulent lutter. Mais, si les hommes politiques lancent les jeunes dans la rue, il faut leur expliquer que des hommes comme le roi Djiyè d’Abengourou et le chef Zokou Gbeuly sont morts à défendre leurs terres face aux Français. Nous manquons de repères. Et de piètres historiens font la promotion des agents et collaborateurs de la colonisation, comme Nana Yamoussou, Houphouët Boigny, Maurice Delafosse, Angoulvant Clozel en justifiant l’injustifiable et en cachant la vérité aux Ivoiriens. C’est criminel. Pire, pour mieux montrer que nous sommes encore sur un territoire français, nos rues et édifices sont baptisés aux noms de ceux qui ont tué ou fait tuer des Ivoiriens. Cela n’a pas encore changé jusqu’à présent. A-t-on vu en Côte d’Ivoire, des rues et édifices qui portent les noms des martyrs ou des combattants anticoloniaux. ?
Mais, il y a eu tout de même d’autres réactions contre les intérêts français…
Des leaders comme Sankara avaient compris cela. Après son coup d’Etat, il s’est levé un matin et il a trouvé que « Haute Volta » faisait colonisation. Il s’est dit que ce n’est pas le nom d’un pays, car il y a tout de même un peuple qui habite là. Il convoque le peuple pour changer le nom du pays. Burkina : « le pays » en moré, et Faso en manding : « le peuple ». Ce qui a donné Burkina Faso, le pays des hommes intègres. A Paris, les Français se sont posé la question de savoir depuis quand ce pays appartient aux Voltaïques pour changer son nom. Donc, Comme Sankara n’a pas compris cela nous allons prendre ses propres frères pour le tuer. Il était en conseil des ministres quand le commando est arrivé, composé de plusieurs nationalités. Il a été sommé d’ouvrir le portail du conseil des ministres. Le commando a tiré. Sankara pensait que c’était une plaisanterie. Il rassure ses ministres en leur disant que c’est moi qu’ils veulent. Ils vont m’arrêter et vous serez libres. Dès sa reddition, on l’abat. Le commando entre dans la salle du conseil des ministres et abat tous ceux qui étaient présents. Depuis cette époque, qui a parlé ? Chaque 15 octobre, au lieu que les Burkinabé, et les Africains pensent à voir comment combattre l’impérialisme, ils organisent plutôt des colloques et des cérémonies commémoratives. C’est le même scenario en Côte d’Ivoire avec la déportation de Gbagbo à La Cpi. Je vois des Ivoiriens qui défilent à La Haye. Gbagbo , c’est quelqu’un qui a défié les impérialistes et à qui la France a rappelé que la Côte d’Ivoire n’appartient pas aux Ivoiriens si bien qu’il le fait arrêter, le livre à un sous-préfet local. On le met en résidence surveillée au nord à Korhogo et sans jugement on le transfère à La Haye, le tribunal de l’impérialisme et les Ivoiriens sont encore, dans le sentimentalisme. Ils disent : « On va manifester au nom de la liberté. » Mais de quelle liberté ?, pourrait répondre un Français. Les Français ont fait trois révolutions dont la plus connue est celle de 1789. Il y a eu deux guerres mondiales. Il y a eu des millions de morts. Quand le Blanc parle du prix de la liberté, il sait de quoi il parle. Toi l’Ivoirien, tu as fait quoi ? Quand tu finis de parler soit tu vas t’asseoir dans ton salon, soit tu fuis pour aller à l’étranger. Le Blanc ne peut et ne va pas te respecter. La liberté s’acquiert, non pas dans les discours, encore moins dans les livres mais sur le champ de bataille. Donc, le combat pour la libération de la Côte d’Ivoire doit être repensé, analysé. La France nous envoie Ouattara, comme si elle nous envoie le cousin de Compaoré. Car depuis, c’est le président du Burkina qui dirige l’Afrique francophone, de l’ouest. Il a une armée qui a été entrainée par des Tchèques, remplie d’officiers qui ont eu leurs galons au combat. Il les occupe ailleurs pour éviter les coups de force chez lui. Il a échoué en Mauritanie et au Ghana. Mais, en Côte d’Ivoire, il a envoyé la rébellion car il ne veut pas que les Burkinabés viennent le gêner au pays. Il préfère qu’ils envoient leur argent au Burkina mais, qu’ils restent ici. Gbagbo ayant refusé la naturalisation de 3 millions de Burkinabé, savait que Compaoré allait le frapper en pleine journée tôt ou tard. Gbagbo n’est pas un homme violent, il pense que tout peut se régler par le dialogue dans les stratégies politiques. C’est pourquoi, il croit triompher de la justice des impérialistes en acceptant son transfèrement à la Cpi.
Mais, que comptez-vous faire ?
Nous préparons une conférence de presse contre le régime Ouattara.
Que pensez-vous de la répression sanglante du meeting du Fpi, par les pro-Ouattara, le samedi dernier, à Yopougon ?
Je m’incline devant la mort d’un manifestant et souhaite prompt rétablissement aux blessés ! C’est un bon test. Et j’encourage le Fpi à recommencer ce genre de test. Puisque depuis le 11 avril 2011, Ouattara qui s’est appuyé sur l’opinion démocratique internationale montre son visage hideux de petit dictateur tropical incapable de réinventer les sillons d’une société moderne dans un pays comme la Côte d’Ivoire où la coexistence intercommunautaires a dépassé le seuil de débats isolés.
Et vous, que faites-vous face à ce que vous considérez comme une vilenie du pouvoir?
Alassane Ouattara n’a pas le monopole de la violence armée. Ses méthodes du refus, des débats nous ramène à la société primitive, au moyen âge où tous les différends se réglaient dans la violence. Tout ce qu’il fait et sait faire c’est d’entretenir la peur issue du bombardement franco-onusien du 11 avril 2011. Il espère en tirer un traumatisme, capable de plomber les Ivoiriens dans l’inertie. Mais, c’est l’effet contraire, qui se manifeste, qu’il redoute.
N’est-ce pas contradictoire pour lui qui parle de paix dans ses discours, provoque de la violence à chaque attroupement de l’opposition ?
Ouattara est un dictateur né. Car on ne devient pas dictateur, on naît dictateur. Interrogez son entourage vous en saurez beaucoup. Un homme d’Etat qui ne tolère pas la contestation, qui est imperméable à toutes les critiques, même positives. Cela ne vient pas du 11 avril 2011, car Ouattara, premier ministre de Félix Houphouët , avait déjà emprisonné toute l’opposition de gauche, pendant 8 mois en 1992 pour une simple manifestation démocratique.
Que faut-il faire alors ?
Je l’observe. Nous l’observons. Il faut que l’opinion internationale découvre l’ogre hideux qui s’est caché derrière le soi-disant « victime de l’ivoirité » pour légitimer la violence armée 19 septembre 2002 et le coup d’Etat du 11 avril 2011. (…) Nous continuons de former les Ivoiriens, les résistants. Nous préparons la guerre de libération anticoloniale.
Et le sort de votre ami, Laurent Gbagbo qui vous avait appelé à l’aide, le 25 décembre 2010, lorsqu’il s’était empêtré dans la crise postélectorale ?
Oh ! Gbagbo sera bientôt libre.
D’où tirez votre optimisme ?
Je connais l’impérialisme français. J’ai aussi mes entrées et mon réseau. Lorsque nous suivons l’impérialisme français dans sa logique, il libérera Gbagbo autour de la table de négociation.
Quelle négociation ?
Les négociations postrévolutionnaires.
Mais sur qui et sur quoi comptez-vous ?
Sur les Ivoiriens. C’est un peuple que je connais et qui me connait depuis 1983, comme un militant de la liberté.
Où est ce peuple ivoirien derrière tous ceux qui ont peur ?
Il est là. Il observe.
Et pourquoi, il ne sort pas pour affronter les violences de Ouattara ?
Je ne l’ai pas encore appelé.
Pourtant le Fpi qui organise les meetings à chaque fois est agressé.
Le Fpi est un parti pacifiste et républicain. Ouattara n’est pas pacifiste. Moi, non plus. Donc nous nous rejoignons. C’est pourquoi il ne m’arrête pas, quand je parle avec violence contre son régime. Ouattara est un homme de lobby, moi aussi je suis un homme de lobby. J’ai fait vingt ans de journalisme politique en France, pas aux Etats-Unis. Et la Côte d’Ivoire, c’est la France. Et dans ce dernier pays cité, il y a plusieurs lobbys dont les intérêts divergent sur la Côte d’Ivoire.
Suite et fin demain.
Entretien réalisé par Akessé Laurent
Selon vous les Français ne sont pas prêts à lâcher la Côte d’Ivoire, à cause des traités de protectorat signés avec les rois et chefs indigènes. Soyez explicite…
Les Français brandissent toujours les documents que nos arrières grands parents ont signés et ils se prévalent de cela pour s’ingérer dans nos affaires et nous diriger. En 1897, le commandant Clozel, sur ordre du gouverneur Faidherbe, va prendre possession de nos terres. Il arrive dans le royaume d’Abengourou. Le roi Djiyè à qui il tend le décret Sadi Carnot, refuse de céder sa terre. Alors, il déchire le décret. L’armée coloniale le poursuit et l’arrête. Il est emprisonné à Zuénoula, dans la prison coloniale où il va mourir de faim et de soif, sur ordre du gouverneur Faidherbe. En 1912, le même problème se reproduit à Daloa où règne le chef de guerre Zokou Gbeuly. Le capitaine Lecoeur et sa troupe arrivent à Daloa. Au départ, ils disent à Zokou Gbeuly qu’ils ne font que passer. Alors il dresse un camp pour la nuit. D’une nuit, ils restent trois semaines. Zokou Gbeuly s’énerve et convoque le capitaine Lecoeur, qui lui brandit le décret Sadi Carnot. Alors survient une grande dispute. Le lendemain, le capitaine Lecoeur est tué dans une embuscade par les guerriers de Zoukou Gbeuly. La France envoie à Daloa une expédition militaire. La guerre dure plus de 6 mois. Zoukou Gbeuly est arrêté et déporté à Zuénoula, où il meurt de faim et de soif sur ordre du gouverneur Angoulvant. En 1920, la dernière bataille se livre autour du poste colonial de Gagnoa où les colons et l’armée de l’administration organisent le premier massacre à grande échelle de la Côte d’Ivoire. On a parlé de 10 000 morts. Les documents et les photos à Paris, montrent des colons qui s’affichent sourire aux lèvres, avec des têtes de guerriers fauchées et hissées sur des piques. Les ivoiriens ne connaissent pas l’histoire de leur pays et ils veulent lutter. Mais, si les hommes politiques lancent les jeunes dans la rue, il faut leur expliquer que des hommes comme le roi Djiyè d’Abengourou et le chef Zokou Gbeuly sont morts à défendre leurs terres face aux Français. Nous manquons de repères. Et de piètres historiens font la promotion des agents et collaborateurs de la colonisation, comme Nana Yamoussou, Houphouët Boigny, Maurice Delafosse, Angoulvant Clozel en justifiant l’injustifiable et en cachant la vérité aux Ivoiriens. C’est criminel. Pire, pour mieux montrer que nous sommes encore sur un territoire français, nos rues et édifices sont baptisés aux noms de ceux qui ont tué ou fait tuer des Ivoiriens. Cela n’a pas encore changé jusqu’à présent. A-t-on vu en Côte d’Ivoire, des rues et édifices qui portent les noms des martyrs ou des combattants anticoloniaux. ?
Mais, il y a eu tout de même d’autres réactions contre les intérêts français…
Des leaders comme Sankara avaient compris cela. Après son coup d’Etat, il s’est levé un matin et il a trouvé que « Haute Volta » faisait colonisation. Il s’est dit que ce n’est pas le nom d’un pays, car il y a tout de même un peuple qui habite là. Il convoque le peuple pour changer le nom du pays. Burkina : « le pays » en moré, et Faso en manding : « le peuple ». Ce qui a donné Burkina Faso, le pays des hommes intègres. A Paris, les Français se sont posé la question de savoir depuis quand ce pays appartient aux Voltaïques pour changer son nom. Donc, Comme Sankara n’a pas compris cela nous allons prendre ses propres frères pour le tuer. Il était en conseil des ministres quand le commando est arrivé, composé de plusieurs nationalités. Il a été sommé d’ouvrir le portail du conseil des ministres. Le commando a tiré. Sankara pensait que c’était une plaisanterie. Il rassure ses ministres en leur disant que c’est moi qu’ils veulent. Ils vont m’arrêter et vous serez libres. Dès sa reddition, on l’abat. Le commando entre dans la salle du conseil des ministres et abat tous ceux qui étaient présents. Depuis cette époque, qui a parlé ? Chaque 15 octobre, au lieu que les Burkinabé, et les Africains pensent à voir comment combattre l’impérialisme, ils organisent plutôt des colloques et des cérémonies commémoratives. C’est le même scenario en Côte d’Ivoire avec la déportation de Gbagbo à La Cpi. Je vois des Ivoiriens qui défilent à La Haye. Gbagbo , c’est quelqu’un qui a défié les impérialistes et à qui la France a rappelé que la Côte d’Ivoire n’appartient pas aux Ivoiriens si bien qu’il le fait arrêter, le livre à un sous-préfet local. On le met en résidence surveillée au nord à Korhogo et sans jugement on le transfère à La Haye, le tribunal de l’impérialisme et les Ivoiriens sont encore, dans le sentimentalisme. Ils disent : « On va manifester au nom de la liberté. » Mais de quelle liberté ?, pourrait répondre un Français. Les Français ont fait trois révolutions dont la plus connue est celle de 1789. Il y a eu deux guerres mondiales. Il y a eu des millions de morts. Quand le Blanc parle du prix de la liberté, il sait de quoi il parle. Toi l’Ivoirien, tu as fait quoi ? Quand tu finis de parler soit tu vas t’asseoir dans ton salon, soit tu fuis pour aller à l’étranger. Le Blanc ne peut et ne va pas te respecter. La liberté s’acquiert, non pas dans les discours, encore moins dans les livres mais sur le champ de bataille. Donc, le combat pour la libération de la Côte d’Ivoire doit être repensé, analysé. La France nous envoie Ouattara, comme si elle nous envoie le cousin de Compaoré. Car depuis, c’est le président du Burkina qui dirige l’Afrique francophone, de l’ouest. Il a une armée qui a été entrainée par des Tchèques, remplie d’officiers qui ont eu leurs galons au combat. Il les occupe ailleurs pour éviter les coups de force chez lui. Il a échoué en Mauritanie et au Ghana. Mais, en Côte d’Ivoire, il a envoyé la rébellion car il ne veut pas que les Burkinabés viennent le gêner au pays. Il préfère qu’ils envoient leur argent au Burkina mais, qu’ils restent ici. Gbagbo ayant refusé la naturalisation de 3 millions de Burkinabé, savait que Compaoré allait le frapper en pleine journée tôt ou tard. Gbagbo n’est pas un homme violent, il pense que tout peut se régler par le dialogue dans les stratégies politiques. C’est pourquoi, il croit triompher de la justice des impérialistes en acceptant son transfèrement à la Cpi.
Mais, que comptez-vous faire ?
Nous préparons une conférence de presse contre le régime Ouattara.
Que pensez-vous de la répression sanglante du meeting du Fpi, par les pro-Ouattara, le samedi dernier, à Yopougon ?
Je m’incline devant la mort d’un manifestant et souhaite prompt rétablissement aux blessés ! C’est un bon test. Et j’encourage le Fpi à recommencer ce genre de test. Puisque depuis le 11 avril 2011, Ouattara qui s’est appuyé sur l’opinion démocratique internationale montre son visage hideux de petit dictateur tropical incapable de réinventer les sillons d’une société moderne dans un pays comme la Côte d’Ivoire où la coexistence intercommunautaires a dépassé le seuil de débats isolés.
Et vous, que faites-vous face à ce que vous considérez comme une vilenie du pouvoir?
Alassane Ouattara n’a pas le monopole de la violence armée. Ses méthodes du refus, des débats nous ramène à la société primitive, au moyen âge où tous les différends se réglaient dans la violence. Tout ce qu’il fait et sait faire c’est d’entretenir la peur issue du bombardement franco-onusien du 11 avril 2011. Il espère en tirer un traumatisme, capable de plomber les Ivoiriens dans l’inertie. Mais, c’est l’effet contraire, qui se manifeste, qu’il redoute.
N’est-ce pas contradictoire pour lui qui parle de paix dans ses discours, provoque de la violence à chaque attroupement de l’opposition ?
Ouattara est un dictateur né. Car on ne devient pas dictateur, on naît dictateur. Interrogez son entourage vous en saurez beaucoup. Un homme d’Etat qui ne tolère pas la contestation, qui est imperméable à toutes les critiques, même positives. Cela ne vient pas du 11 avril 2011, car Ouattara, premier ministre de Félix Houphouët , avait déjà emprisonné toute l’opposition de gauche, pendant 8 mois en 1992 pour une simple manifestation démocratique.
Que faut-il faire alors ?
Je l’observe. Nous l’observons. Il faut que l’opinion internationale découvre l’ogre hideux qui s’est caché derrière le soi-disant « victime de l’ivoirité » pour légitimer la violence armée 19 septembre 2002 et le coup d’Etat du 11 avril 2011. (…) Nous continuons de former les Ivoiriens, les résistants. Nous préparons la guerre de libération anticoloniale.
Et le sort de votre ami, Laurent Gbagbo qui vous avait appelé à l’aide, le 25 décembre 2010, lorsqu’il s’était empêtré dans la crise postélectorale ?
Oh ! Gbagbo sera bientôt libre.
D’où tirez votre optimisme ?
Je connais l’impérialisme français. J’ai aussi mes entrées et mon réseau. Lorsque nous suivons l’impérialisme français dans sa logique, il libérera Gbagbo autour de la table de négociation.
Quelle négociation ?
Les négociations postrévolutionnaires.
Mais sur qui et sur quoi comptez-vous ?
Sur les Ivoiriens. C’est un peuple que je connais et qui me connait depuis 1983, comme un militant de la liberté.
Où est ce peuple ivoirien derrière tous ceux qui ont peur ?
Il est là. Il observe.
Et pourquoi, il ne sort pas pour affronter les violences de Ouattara ?
Je ne l’ai pas encore appelé.
Pourtant le Fpi qui organise les meetings à chaque fois est agressé.
Le Fpi est un parti pacifiste et républicain. Ouattara n’est pas pacifiste. Moi, non plus. Donc nous nous rejoignons. C’est pourquoi il ne m’arrête pas, quand je parle avec violence contre son régime. Ouattara est un homme de lobby, moi aussi je suis un homme de lobby. J’ai fait vingt ans de journalisme politique en France, pas aux Etats-Unis. Et la Côte d’Ivoire, c’est la France. Et dans ce dernier pays cité, il y a plusieurs lobbys dont les intérêts divergent sur la Côte d’Ivoire.
Suite et fin demain.
Entretien réalisé par Akessé Laurent