L’abattoir municipal de Port Bouet, de par sa forme et en raison des conditions hygiéniques déplorables, ne répond plus aux besoins des populations. Même les animaux qui y sont assassinés chaque jour depuis des années le savent. C’est pourquoi l’on avait applaudi fortement la décision du District d’Abidjan de bâtir un « abattoir moderne » digne d’Abidjan. Une parade, à cet effet, a été même organisée par le ministre des ressources animales et halieutiques, Adjoumani Kobenan. Il y avait à ses côtés ce mémorable jour du 19 août 2011, le gouverneur du district d’Abidjan, Beugré Mambé. Le coût de l’opérationa été estimé à plus de 3 milliards de Fcfa. Et l’ouvrage, nous avait-on promis, ne devait durer que seulement quatre petits mois. On était en août 2011, rappelez-vous. A savoir deux mois (septembre et octobre 2011) pour la réhabilitation du parc à bétail dont le coût a été estimé à 496 795 451 Fcfa, un mois (novembre 2011) pour la salle d’abattage dont le coût s’élevait à 455 619 304Fcfa et un autre mois (décembre 2011) pour la construction de l’espace boucherie évalué à 1 675 496 691Fcfa. Soit un total de 3 380 795 446Fcfa. Plus précis et sûr de lui, le ministre Adjoumani avait soutenu ce jour-là que «tous les moyens ont été dégagés pour permettre à Port-Bouët de se doter d’un abattoir flambant neuf opérationnel à partir de janvier 2012». Mieux, il avait juré : «Lorsque nous avons fait l’état de nos activités au ministère, l’abattoir de Port-Bouët constitue pour nous une priorité». Et la construction de cet abattoir était une unité de mesure qui devrait lui permettre de faire son bilan des «six mois-test» que le président de la république a donné à chacun des membres du gouvernement pour montrer ce dont il est capable. Aujourd’hui, quatre mois ce sont écoulés. Et allez faire un tour sur le lieu en question. Rien à l’horizon. Rien n’a bougé du côté de Port-Bouët. Les populations sont toujours impatientes et entendent toujours tonner l’écho des fortes paroles de monsieur le ministre. Point de briques de cet abattoir moderne avec toutes les commodités techniques et sécuritaires. L’impertinent « Eléphant » y a fait un tour et a réalisé que sur le site a été construit un beau bâtiment appelé démagogie. Plus de quatre mois après, le nouvel abattoir n’a pas encore connu un début de construction. «L’Eléphant» s’est approché de sa directrice pour se faire une petite idée de ce qui s’est passé. Et Mme Danielle Gnandji, c’est son nom, n’a pas fait de difficulté pour passer à table. «Je reconnais qu’il y a un grand retard dans l’exécution des travaux par rapport a ce qui a été annoncé il y a quatre mois. Les travaux n’ont jamais été arrêtés, ils se poursuivent». Pourtant à l’observation il ne se passe rien, l’hygiène est toujours à rechercher. M. Logo Mario, le représentant de la société Afam, l’opérateur technique chargé de l’ouvrage ne dit pas autre chose. «ous venons de terminer la clôture et nous avons commencé le terrassement. Ce retard dans l’exécution des travaux est dû à l’absence d’un site pour pourvoir déplacer les animaux afin de faciliter les travaux». Le ministre n’y avait pas pensé ? «Il y a aussi l’indiscipline des éleveurs qui sont pour la plupart des analphabètes. Quand on construit quelque chose, le lendemain c’est détruit et nous sommes toujours obligés de reprendre, c’est un perpétuel recommencement », avoue-t-il enfin. Avant de déclarer : «Les politiciens eux n’ont pas tenu compte de tous ces aléas avant d’annoncer les dates ». Comme si c’était le genre d’Adjoumani. A la question de savoir qu’elle est la nouvelle date de livraison de l’abattoir moderne, il s’est gardé d’entrer dans le fétichisme des dates, pour parler comme Soro Guillaume. Et dire que les bœufs, après avoir vu Adjoumani prendre récemment une photo avec un des leurs en France à l’occasion du « Salon de l’élevage », avaient espéré qu’il allait leur offrir l’occasion de mourir dans des conditions acceptables. Ils peuvent toujours attendre ! Le ministre a d’autres poissons à fouetter du côté d’Ayamé.
EUGÈNE KOUADIO
EUGÈNE KOUADIO