C`est Jeune-Afrique N° 2664 du 29 janvier au 4 février 2012 qui lève un coin de voile sur le huis clos de Nicolas Sarkozy et de son hôte Alassane Ouattara, président de la République de Côte d`Ivoire qui était en déplacement à Paris, dans le cadre de sa première visite d’État, la semaine dernière. Au cours de l`aparté entre les deux chefs d’État au 1er étage de l’Élysée « juste après l`entretien officiel entre les deux délégations », le « thème délicat » de la réconciliation ivoirienne et la nécessité d`une justice qui s’exerce pour tout le monde, y compris pour les ex-combattants pro-Ouattara, ont dominé les échanges. Sur la question précise de la réconciliation, Alassane Ouattara, selon J.A, a dit sa détermination à combattre l`injustice, même dans son propre camp. « Je suis déterminé à combattre l`impunité et à soutenir une justice impartiale », a-t-il dit à son homologue, sans toutefois évoquer le nom d`un des com-zones qui « auraient du sang sur les mains ». Il reste, néanmoins que le sort de ces ex-chefs de guerre a été scellé, depuis l’Élysée. Ceux-ci pourraient faire l`objet d`une mise en quarantaine, notamment, dans le cadre de la formation dont devraient bénéficier les cadres de la future armée de la part des 300 soldats français qui resteront sur place à Abidjan, aux termes du nouvel accord de défense que Sarkozy et Ouattara ont signé. La raison est à rechercher dans le passé de ces soldats venus de Bouaké. « Non, des noms des ex-chefs de guerre pro-Ouattara n`ont pas été évoqués. Il n`y a pas eu d`injonction de Nicolas Sarkozy sur quoi que ce soit ». En fait ce que les Français n`ont pas dit à leurs amis ivoiriens, c`est qu`ils vont mettre les come-zones en quarantaine. Aux termes du nouvel accord de défense signé à l’Élysée ce 26 janvier 2012, 250 à 300 soldats français vont rester à Abidjan pour former les cadres de la future armée ivoirienne. « Pas question de travailler avec des gens soupçonnés de crimes de guerre », souligne un haut fonctionnaire français. « Nous serons très attentifs à cela », révèle l`hebdomadaire international. Interrogé par son homologue français sur la question de la réconciliation, notamment en ce qui concerne le chapitre du Front populaire ivoirien (Fpi), le parti de Laurent Gbagbo, Alassane Ouattara a répondu avoir fait le « maximum pour qu`il participe aux législatives de décembre dernier. Certains étaient prêts à y aller, mais ils ont eu peur », a-t-il dit. Et Sarkozy de rebondir : « Oui, tu as tout à fait raison. Il faut continuer à leur tendre la main. Il ne faut pas désespérer. Avec le temps, ça viendra ». Pour le reste, Ouattara a salué « le courage » de son ami Sarkozy qui a autorisé l`intervention de la Licorne en Côte d`Ivoire pour appuyer, sous mandat onusien, les troupes venues de Bouaké pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir, évitant ainsi « un génocide à la Côte d`Ivoire ».
Armand B. DEPEYLA
Armand B. DEPEYLA