Il n’est pas bien loti. Il est même à la limite de l’indigence. Normal, il est en prison, dira-t-on. Cependant, les conditions de détention de Touré Ahmed Bouah, président de Sophia Immobilier sont déroutantes. Arrêté depuis le 20 janvier dernier, dans ses bureaux des Deux Plateaux, le promoteur de logements croupit dans une cellule du camp d’Agban, depuis deux semaines. Torse nu et assis dans un tas de documents, Touré Ahmed Bouah se pose beaucoup de questions sur sa présence en ces lieux. Par ailleurs, concernant l’opération d’attribution de terrains aux forces de l’ordre qui fait des vagues depuis de nombreuses années, Ahmed Bouah Touré qui dénonce une arrestation arbitraire et injuste, demande qu’une enquête soit menée pour situer les responsabilités. Avec des documents à l’appui, l’homme affirme avoir joué sa partition avec la purge des droits coutumiers. Un fait confirmé par la chefferie d’Anyama- Adjamé. Selon elle, les terrains sont prêts, viabilisés et ont même été visités par la hiérarchie militaire d’alors, qui a son satisfecit. Le problème viendra de l’autre partenaire, à savoir Djédjé Durant de Azuréenne de Promotion, qui n’a pas satisfait à ses engagements et qui a même reçu un blâme de la part de l’ancien ministre de la Défense, Amani N’guessan. Devant cette situation, le ministre Amani N’guessan a procédé à la mise sur pied d’un comité de gestion, présidé par lui-même et géré par son intérimaire, à charge de gérer le fonds de 13 milliards domicilié dans un établissement bancaire à Abidjan et les 3 milliards à payer par le Trésor. Soit un peu plus de 16 milliards pour une opération immobilière estimée à 8 milliards. Ce comité s’est réuni une seule fois et avait prévu se retrouver après les élections. Il n’en a pas eu le temps avec ce qui est arrivé avec la crise postélectorale. L’homme d’affaire crie sa douleur et demande aux autorités actuelles qui luttent contre l’injustice, l’arbitraire et l’impunité de regarder ce dossier qui ternit depuis de nombreuses années son honorabilité et sa crédibilité vis-à-vis de ses partenaires étrangers. Entre les quatre murs d’une détention humiliante pour lui, Ahmed Bouah Touré dénonce un harcèlement sur sa personne. Comment est-ce lui qui avec la purge des droits coutumiers qui représente 90% du travail se trouve en prison? Celui qui a été interpellé et interrogé pendant plus de 8h de temps le 1er décembre 2008 par l’ancien régime pour financement de la rébellion et «collusion» avec le Commandant Zakaria est amer. D’autant plus que Djédjé Durant, la personne par qui est arrivé son malheur et celui des soldats souscripteurs au projet immobilier, se promène en toute impunité dans la capitale économique. Tout comme le président du comité de gestion, le ministre Amani N’guessan et son intérimaire. Pour tout dire, la justice doit regarder cette affaire qui n’a pas encore livré ses vrais secrets. Pour dénouer cette grosse nébuleuse.
Anzoumana Cissé
Anzoumana Cissé
