S'il y a une personnalité qui a défrayé la chronique ces derniers jours, c'est bien le Premier ministre Guillaume Soro. Durant le week-end dernier, le chef du gouvernement était au centre d'une folle rumeur. Tantôt, on annonçait son arrestation et son transfèrement imminent à la Cour pénale internationale (CPI), tantôt on l'annonçait à Bouaké où il tiendrait un conclave avec ses « chefs de guerre » pour adopter une conduite face à son éventuelle arrestation. Ou encore, qu'il était en froid avec le président de la République, Alassane Ouattara, qui chercherait à le livrer à la justice internationale. Ces rumeurs ont fondu comme beurre au soleil quand Soro a repris du service. Le lundi 6 février 2012, il a reçu, à la Primature, l'ambassadeur des USA en Côte d'Ivoire, Philip Carter III et une mission d'évaluation onusienne, au grand dam de ses adversaires. Le représentant des USA n'a pu cacher sa colère face à ce qu'il a qualifié '' d'absurdités '' distillées dans l'opinion. « On entend des choses ces derniers temps sur les USA et le gouvernement ivoirien. Ce sont des absurdités », a-t-il martelé sur le perron de la Primature, avant de témoigner le soutien de son pays au gouvernement ivoirien avec Guillaume Soro. Le mardi 7 février, soit le lendemain, le Premier ministre a présidé un conseil de gouvernement pendant deux heures à l'issue duquel il a invité les « colporteurs de rumeurs » à « laisser mourir les rumeurs de leur propre poison ». Les Ivoiriens venaient de découvrir que le chef du gouvernement est bel et bien là. Au-delà des passions qu'ont pu susciter ces bruits, Guillaume Soro sort renforcé. Parce que, même si le président Alassane Ouattara avait la liste de son nouveau gouvernement sous la veste, il pourrait la ranger pour deux grandes raisons. D'un, pour éviter de donner raison aux rumeurs. De deux, pour éviter de réaliser le désir secret de ceux qui lancent ces bruits pour déstabiliser son gouvernement. « Frère, je te le dis aujourd'hui, Soro n'ira nulle part, en tout cas pas pour l'instant », nous a confié récemment l'un de ses proches. « Des gens de mauvaise intention veulent brouiller les relations entre le président et son Premier ministre. Soro n'est pas le seul en Côte d'Ivoire capable de gérer la Primature et il ne sera pas le dernier non plus à partir. Il ira un jour pour laisser la place à d'autres. Mais si les gens pensent que les rumeurs le feront partir, ils se trompent », a martelé un collaborateur du Premier ministre, qui a ajouté ceci : « même si Ouattara voulait le remplacer, il ne le fera plus, en tout cas pas maintenant. Au cours d'une interview qu'il a accordée récemment au quotidien « le Monde », il a reconnu le travail remarquable que fait le Premier ministre à la tête du gouvernement. Cela suffit déjà pour comprendre que Ouattara a son idée sur la question ». De retour de la France, en présence de Bédié, président du PDCI à qui devait revenir la Primature, et de Guillaume Soro, Ouattara a indiqué qu'il discutera de la question avec son aîné. Étant entendu, selon lui, que les élections législatives ne sont pas encore terminées. En attendant que le Parlement ivoirien soit prêt à siéger, Guillaume Soro est assuré de garder son fauteuil, à la lumière des propos du président de la République.
Y.DOUMBIA
Y.DOUMBIA