Le président Alassane Ouattara a été accueilli en grande pompe mardi dernier, après un séjour en France. Pour la circonstance, des populations se sont massées à l'aéroport et tout au long du boulevard Valerie Giscard d'Estaing. Des bâches ont été dressées aux différents carrefours, les rues parées de drapeaux, des élèves sortis de salles de classe pour se joindre, par endroits, au comité d'accueil, qui a applaudi le cortège présidentiel tout au long du trajet. A l'évidence, quelqu'un avait voulu faire de ce retour au pays du chef de l'Etat, un événement en lui donnant un cachet particulier. D'où tous ces artifices déployés pour marquer ce retour au pays natal après un séjour parisien. On s'est cru, l'instant de cet accueil folklorique, du temps où Félix Houphouët-Boigny se faisait accueillir en fanfare après s'être longtemps absenté du pays. Et dire qu'on croyait mortes ces bonnes vieilles pratiques du « père fondateur » de la nation ivoirienne ! Près de 20 ans après le décès d'Houphouët, Ouattara ressuscite donc ces spectacles d'accueil fonflons qu'affectionnait tant le bélier de Yamoussoukro. Est-ce pour montrer aux yeux du monde qu'il est adoubé par son peuple ? De notre avis, le chef de l'Etat n'a point besoin de ce folklore pour se sentir aimé par les Ivoiriens. Les populations qui l'ont voté à plus de 54 %, l'apprécieront davantage par ses œuvres, par les actions de développement qu'il posera en leur faveur. Ils sont nombreux qui disent déjà du bien de lui en voyant toutes ces routes impraticables il y a quelques mois, qu'il a retapées. Ce genre d'acte plaide plus pour lui que ce spectacle de piètre dramaturge qu'il nous a été donné de voir mardi dernier, depuis l'aéroport. Non, Ouattara n'a pas besoin de ça ! L'économiste émérite qu'il est sait que les Ivoiriens ne l'attendent pas sur ce terrain-là, mais sur sa capacité à faire redécoller l'économie, à améliorer leur quotidien en leur offrant des emplois, en créant les conditions de leur auto-emploi. Ils ont donc été mal inspirés, tous ceux qui ont cru devoir monter ce mauvais scénario à la Houphouët pour permettre à Ouattara de mesurer sa popularité. De bonne source, le spectacle n'avait rien de spontané : d'importantes sommes d'argent ont été distribuées aux responsables du parti au pouvoir dans certaines communes pour mobiliser les applaudisseurs et les bâches devant les abriter. A l'évidence, tout cela a été monté par certaines personnes qui avaient intérêt à taper dans l'oeil du chef de l'Etat, dans l'espoir d'en tirer des dividendes politiques. Ces nostalgiques des années Houphouët ont cru devoir lui servir cette parade d'une autre époque, en bons courtisans. Non, Ouattara n'a guère besoin de ce culte de la personnalité pour marquer la mémoire des Ivoiriens !
Assane NIADA
Assane NIADA