Silence on travaille par le licenciement et chômage technique. La Rti, l’Hôtel Ivoire, le Port autonome d’Abidjan, l’Agefop et où encore ? La Sotra ! La Société des transports abidjanais (SOTRA) n’est plus « le creuset national pourvoyeur d’emplois durables » qu’elle aura été depuis de longues années. Elle compte le redevenir en cas de « montée en puissance du parc d’autobus et de bateaux, accompagnée d’une organisation mieux structurée », selon le directeur de la communication de l’entreprise qui dans un communiqué tentait de justifier la semaine dernière, la mesure de mise en chômage technique frappant 1200 employés. Ces agents, près du tiers de l’ensemble des travailleurs de l’entreprise publique, sont depuis une semaine reclus à la maison pour « deux mois renouvelables ». Dans la même veine, il est prévu une augmentation de 25% des tarifs au milieu de l’année. Par ces mesures radicales, la nouvelle direction de la société entend « booster les investissements et procéder à un renouvellement à neuf du parc d’exploitation», souligne-t-elle dans un document qui trace la nouvelle politique managériale dénommée « Contrat 2016 ».
Le week-end nous a permis de toucher du doigt cette nouvelle réalité. A en croire Mme Aïcha Bamba née Diaby, l’attachée de presse, que nous avons rencontrée vendredi dernier au siège de la compagnie à Vridy, cette option drastique de la direction était la seule à même de relever la SOTRA qui croule sous le poids d’une dette de plus de 100milliards de FCFA. Mais comment le Directeur général, Meïté Boiké, a-t-il réussi le tour de force de démobiliser d’un même coup plus de mille personnes sans provoquer aucun remous social ? C’est que DG a eu le génie de proposer le financement de la mesure sociale par l’ensemble des travailleurs non frappés par la mesure et qui seraient, selon Aïcha Bamba, très ravis de se séparer de 07 à 10% de leur salaire, pour soutenir ces nouveaux chômeurs. Ceux-ci auraient d’ailleurs, selon la cellule de communication de la société, compris l’intérêt de la mesure. Sauf que cette version est légèrement contestée par les concernés qui dénoncent en coulisse un nettoyage politico-ethnique. Déjà le weekend dernier, la Fédération des syndicats autonomes (FESACI) avait évoqué un ciblage de ses membres. Mais selon le directeur de la communication, si on note de nombreuses personnes membres de la FESACI parmi ceux qui sont frappés par la mesure, c’est tout simplement parce que cette centrale syndicale est très représentée dans la société. Théodore Niamien et jure donc la main sur le cœur que le chômage technique n’est dirigé contre personne en particulier. Pour ce qui est des responsables syndicaux comme Michel Bakary, eux aussi frappés par la mesure de chômage technique, l’homme de communication précise seulement que les syndicalistes ne sont protégés que dans les cas de licenciement, or là, il ne s’agit que de chômage limité dans le temps. C’est précisément cet hypothétique espoir qui tient la langue de ceux qui sont contraints au silence. Tous ceux que nous avons interrogés disent être tenus par une réserve à eux imposée s’ils souhaitent réintégrer la boite. Pour cet agent du dépôt 09 d’Abobo fermé tout comme le dépôt 08 de Port-bouët du fait de la crise et dont les personnels sont dispatchés dans les directions de Cocody, Yopougon et Koumassi, il ne fait aucun doute que ce sont les partisans de l’ancien chef d’Etat Gbagbo qui sont sanctionnés. Et il ne s’étonne guère : « La SOTRA a été politisée à l’excès et l’atmosphère était devenue invivable. La suspicion s’est généralisée entre les travailleurs», lâche-t-il. Un autre agent, machiniste, lui aussi sous le coup de la mesure, confirme la thèse de la purification avant de s’en délecter curieusement. Pour lui, la direction a utilisé une technique dite de « couverture » qui consiste à inclure dans la liste des partants, des militants RHDP (au pouvoir) alors que ceux-ci ont obtenu la certitude de revenir. D’autres agents parlent de recrutement secret pour remplacer les partants. Mais la cellule de communication assure qu’il n’y aura pas de recrutement secret, en nous montrant les bureaux vides de ceux qui sont partis. Une question demeure cependant : pourquoi un grand nombre de machinistes ont été momentanément renvoyés (nous n’avons pu obtenir leur nombre exact auprès de la cellule de communication) là où il s’agissait au départ de diminuer le nombre de bureaucrates payés à se tourner les pouces ? La réponse à cette question, le machiniste Nouho Maïga ne l’aura jamais qui s’est pendu le 30 janvier dernier à son domicile de Yopougon, à la veille de l’annonce de la mesure de chômage technique.
BAMBA L WIWA
Le week-end nous a permis de toucher du doigt cette nouvelle réalité. A en croire Mme Aïcha Bamba née Diaby, l’attachée de presse, que nous avons rencontrée vendredi dernier au siège de la compagnie à Vridy, cette option drastique de la direction était la seule à même de relever la SOTRA qui croule sous le poids d’une dette de plus de 100milliards de FCFA. Mais comment le Directeur général, Meïté Boiké, a-t-il réussi le tour de force de démobiliser d’un même coup plus de mille personnes sans provoquer aucun remous social ? C’est que DG a eu le génie de proposer le financement de la mesure sociale par l’ensemble des travailleurs non frappés par la mesure et qui seraient, selon Aïcha Bamba, très ravis de se séparer de 07 à 10% de leur salaire, pour soutenir ces nouveaux chômeurs. Ceux-ci auraient d’ailleurs, selon la cellule de communication de la société, compris l’intérêt de la mesure. Sauf que cette version est légèrement contestée par les concernés qui dénoncent en coulisse un nettoyage politico-ethnique. Déjà le weekend dernier, la Fédération des syndicats autonomes (FESACI) avait évoqué un ciblage de ses membres. Mais selon le directeur de la communication, si on note de nombreuses personnes membres de la FESACI parmi ceux qui sont frappés par la mesure, c’est tout simplement parce que cette centrale syndicale est très représentée dans la société. Théodore Niamien et jure donc la main sur le cœur que le chômage technique n’est dirigé contre personne en particulier. Pour ce qui est des responsables syndicaux comme Michel Bakary, eux aussi frappés par la mesure de chômage technique, l’homme de communication précise seulement que les syndicalistes ne sont protégés que dans les cas de licenciement, or là, il ne s’agit que de chômage limité dans le temps. C’est précisément cet hypothétique espoir qui tient la langue de ceux qui sont contraints au silence. Tous ceux que nous avons interrogés disent être tenus par une réserve à eux imposée s’ils souhaitent réintégrer la boite. Pour cet agent du dépôt 09 d’Abobo fermé tout comme le dépôt 08 de Port-bouët du fait de la crise et dont les personnels sont dispatchés dans les directions de Cocody, Yopougon et Koumassi, il ne fait aucun doute que ce sont les partisans de l’ancien chef d’Etat Gbagbo qui sont sanctionnés. Et il ne s’étonne guère : « La SOTRA a été politisée à l’excès et l’atmosphère était devenue invivable. La suspicion s’est généralisée entre les travailleurs», lâche-t-il. Un autre agent, machiniste, lui aussi sous le coup de la mesure, confirme la thèse de la purification avant de s’en délecter curieusement. Pour lui, la direction a utilisé une technique dite de « couverture » qui consiste à inclure dans la liste des partants, des militants RHDP (au pouvoir) alors que ceux-ci ont obtenu la certitude de revenir. D’autres agents parlent de recrutement secret pour remplacer les partants. Mais la cellule de communication assure qu’il n’y aura pas de recrutement secret, en nous montrant les bureaux vides de ceux qui sont partis. Une question demeure cependant : pourquoi un grand nombre de machinistes ont été momentanément renvoyés (nous n’avons pu obtenir leur nombre exact auprès de la cellule de communication) là où il s’agissait au départ de diminuer le nombre de bureaucrates payés à se tourner les pouces ? La réponse à cette question, le machiniste Nouho Maïga ne l’aura jamais qui s’est pendu le 30 janvier dernier à son domicile de Yopougon, à la veille de l’annonce de la mesure de chômage technique.
BAMBA L WIWA