Le chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara est le nouveau président en exercice de la Cedeao. Mais, quand je regarde le style et la méthode de fonctionnement de la Cedeao, la mission de Ouattara à la tête de l’organisation recèle bien des pièges. La Cedeao, créée en 1975 pour des objectifs économiques des 15 pays membres est devenue une institution de ‘’guerre’’. Aujourd’hui, la Cedeao, 37 ans après, est construite de ‘’complexités diplomatiques et politiques’’. Les objectifs économiques de la sous-région ouest-africaine ne font plus partie des chapitres de la gouvernance de la Cedeao. 37 ans après, la Cedeao s’est abonnée à l’éthique des règlements des conflits sous-régionaux. Un chapitre très complexe, pour une organisation créée pour résoudre des difficultés économiques de 15 membres. Connaissant le style et le mode de fonctionnement de la Cedeao, la mission du chef de l’Etat de Côte d’Ivoire, recèle bien des pièges. Que peut conseiller Ouattara au nom de la Cedeao à Abdoulaye Wade dans une crise constitutionnelle au Sénégal ? Ouattara ne pourra jamais dire, au nom de la Cedeao à Blaise Compaoré, de renoncer à un troisième mandat présidentiel à la tête du Burkina. Ce n’est pas sûr que Ouattara, président en exercice de la Cedeao puisse tenir un discours musclé aux Touaregs maliens de déposer les armes. Le nouveau président de la Cedeao est peut-être sincère, mais Ouattara n’est pas un ‘’cracheur’’ de vérités. Je pense, que le chef de l’Etat ivoirien est venu au mauvais moment à la tête de la Cedeao. Si c’est par le goût du pouvoir, que Ouattara a accepté la présidence de 15 Etats membres de la Cedeao, la gestion diplomatique et politique de l’organisation ouest-africaine, ne s’exerce pas par simplification. Depuis la disparition de Sékou Touré, Félix Houphouët-Boigny, Williams Tubman, Léopold Sedar Senghor, Moussa Traoré, Seyni Kountché, Sani Abacha, le général Eyadema, Docteur Emile Derlin Zinsou, la Cedeao a perdu de sa crédibilité : molle et inefficace, elle est considérée comme une institution à ‘’résonnance’’. Dans ce cas, la gestion de la Cedeao par Ouattara sera ‘’sympathique’’. Mais, là où Ouattara sera mauvais gestionnaire de la Cedeao, c’est bien le manque d’expression et la position de ses propres responsabilités politiques dans la résolution des conflits, particulièrement sous l’œil de la France, des Usa et surtout de l’Union Européenne. C’est en ce moment précis que l’éthique de conviction de président de la Cedeao deviendra caduque. Parce que tout simplement dans la gestion actuelle de la Cedeao, il n’y a qu’un seul couple-moteur : sommet au Nigeria – décision à Paris ou Washington. Diagnostic : Ouattara connaît déjà sa ‘’feuille’’ de gestion à la tête de la Cedeao. Ni simple, ni facile. La crise militaro-politique en Côte d’Ivoire, qui s’est achevée par la crise post-électorale est un important exemple d’impuissance de la Cedeao, en vedette de sa propre complexité de gestion. Je conseille à Ouattara, que la Cedeao manque véritablement d’un mécanisme prévisionnel de gestion des conflits et connaît une mauvaise évaluation des pratiques politiques et diplomatiques des 15 pays membres de l’organisation sous-régionale. Au prochain sommet de la Cedeao, Ouattara prendra la parole. Mais, je ne crois pas que le président de la Cedeao pourra dénoncer la procédure constitutionnelle qui a permis à Abdoulaye Wade de briguer un troisième mandat. En toute sincérité, aujourd’hui, aucun chef d’Etat de la sous-région ouest africaine ne peut apporter des réformes à la Cedeao. Surtout qu’il y a en face, les manœuvres diplomatiques et politiques de Paris, l’Union Européenne. Et j’affirme que Ouattara va rester piégé par cette logique de la complexité de la Cedeao. C’est dans ce complexe vertueux depuis 37 ans qu’on demandera à Ouattara de trancher les débats constitutionnels à Ouaga, Dakar. Surtout, de dire aux rebelles Touaregs maliens de déposer les armes et à Ahmadou Toumani Touré d’engager le dialogue direct avec la rébellion Touareg. Mais comme ,Ouattara n’est pas un ‘’cracheur’’ de vérités… ; hormis sa récente colère et fermeté à Addis-Abeba au sujet de l’élection de Jean Ping, le Chef de l’Etat ivoirien est réputé courtois, policé et pas provocateur. Il n’est pas un habitué des incidents et palabres diplomatiques.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël