Le président ivoirien, Alassane Ouattara, vient d’être désigné président en exercice de la Cedeao. Que représente ce choix selon vous ?
Pour Alassane Ouattara, c’est une aubaine, une sorte de chance extraordinaire. Il s’agit d’une remontée diplomatique pour la Côte d’Ivoire. Ce qui permettra au président Ouattara de redorer son blason à l’échelle continentale. Il en a bien besoin parce que la situation intérieure n’est pas depuis rose. Les conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir ont été assez mouvementées. Et au niveau de certains segments de l’opinion africaine, le rôle joué par les hélicoptères français à la fin du régime Gbagbo n’a pas été beaucoup apprécié. Et aujourd’hui, la Cedeao lui donne l’occasion de se débarrasser de ce péché originel.
Selon vous, comment le nouveau président de la Cedeao pourrait assumer ses nouvelles tâches, sans laisser les priorités dans son pays, la Côte d’Ivoire ?
Incontestablement, il va travailler sur deux fronts. Sur le front ouest-africain au niveau de la Cedeao, mais aussi sur le front intérieur, il y a des choses à rattraper. Tout le monde sait que l’armée nouvelle n’est pas tout à fait au point. Dans certaines régions, il y a des secousses à caractère ethnique et communautaire. Autant de choses qui pourraient gêner, et même altérer son image. Donc, il est confronté à deux urgences. Urgence africaine et urgence ivoirienne.
Et quels sont, selon vous, les principaux défis qu’il devra relever dans la sous-région ?
Dans la sous-région, vous avez la Guinée-Bissau qui est dans une transition incertaine. Tout le monde connait le poids de l’armée dans la vie institutionnelle de ce pays depuis son indépendance en 1973. Il y a aussi le défi et l’affaire de la Cedeao, je pense à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui touche le Mali, le Niger et la Mauritanie qui elle, ne fait plus partie de la Cedeao. Par ricochet, il va s’occuper de ce défi-là. Il y a aussi le nouveau défi que représentent le Sénégal et ses élections incertaines. Autant de choses qui font que Ouattara aura du pain sur la planche. Mais du côté du Sénégal, les choses ne seront pas simples pour lui. Parce que l’amitié entre Abdoulaye Wade et Alassane Ouattara gêneront un peu une quelconque médiation de Ouattara.
Vous, en tant que Sénégalais, qu’attendez-vous du nouveau président en exercice de la Cedeao ?
La Cedeao a déjà bougé à travers le président Obasanjo qui a été désigné médiateur dans les affaires sénégalo-sénégalaises. Il a également le soutien de l’Union africaine. Je crois que le président Ouattara évitera une sorte d’embouteillage ou d’encombrement sur le chemin de Dakar. J’ai le sentiment qu’il va laisser le président Obasanjo travailler. Maintenant, au cas où celui-ci serait confronté à une impasse totale, alors le président Ouattara pourrait entrer en jeu. Mais je crois que son intelligence politique lui commande de laisser Obasanjo qui saura bien apprécier que lui. Compte tenu des relations extrêmement étroites qui existent entre Alassane Ouattara et Abdoulaye Wade, et surtout le soutien d’Abdoulaye Wade à Alassane Ouattara pendant la crise postélectorale et l’animosité claire et nette entre Wade et l’ancien président, Laurent Gbagbo. Autant de choses qui font que le président Ouattara aura l’intelligence de se mettre en retrait, et laisser le président Obasanjo monter en première ligne.
Le président Ouattara entame son mandat à la tête de la Cedeao, au moment où on parle des crises économiques mondiales (…)
Les qualités, les atouts d’ordre technique et démocratique sont toujours les bienvenus. Mais je crois que dans la sous-région ouest-africaine, les problèmes sont éminemment politiques, diplomatiques et géo-stratégiques. Je crois que le volet économique passe au second plan. Mais si jamais le défi monétaire se posait, il pourrait être utile.
On sait que la certification de la dernière présidentielle en Côte d’Ivoire par les Nations Unies a joué un grand rôle pour la préservation de la démocratie dans ce pays. Alassane Ouattara propose la mise en place d’une structure de contrôle et de certification des processus électoraux, afin de promouvoir la démocratie.
En complément de ce qui existe déjà, il y a le protocole de la Cedeao sur la vie institutionnelle des pays membres. Ce protocole stipule qu’à six mois des élections, les règles du jeu ne peuvent plus être changées. C’est dire qu’il y a déjà des mécanismes en place. Mais il est bon de les parfaire. Je crois que lui qui a vécu une expérience directe de la certification, estampillée Nations Unies, pourrait effectivement aider à mieux élaborer ce type de mécanisme.
Une telle structure telle que proposée par Ouattara pourrait-elle s’imposer à tous ?
C’est le grand problème qu’on a, parce que la Cedeao est une organisation sous-régionale qui a une vocation supranationale. Vous voyez que les souverainetés nationales ne sont toujours pas effacées. Tout dépendra donc de la bonne volonté des Etats souverains qui sont encore là, intactes, malgré les professions de foi ouest-africaines, c’est-à-dire communautaires.
Justement, M. Ouattara indique que la solidarité entre Etats membres de la Cedeao est primordiale. La position commune adoptée par les chefs d’Etat doit être sacrée. Cet idéal est-il réalisable ?
C’est un idéal, dites-vous. Ce n’est pas encore réel. Le président Houphouët-Boigny avait l’habitude de dire que la politique est le réel avant d’être l’idéal. Je crois que nous marchons vers l’idéal. Mais au moment où nous parlons, c’est le réel, et il ne faut pas rêver. Pour l’instant, ce sont des professions de foi ou des volontés exprimées. Et cela est aussi bien vrai pour la Cedeao que pour l’UA, héritière de l’Oua, qui date de 1963. Ce qui veut dire que le chemin à parcourir, entrainant l’idéal, est un chemin long à parcourir.
Comment y arriver alors ?
Par la volonté politique. Mais la volonté politique est aussi un processus. Il y a des intérêts compris, la souveraineté des Etats, mais également des dossiers économiques qui font barrage. Rappelez-vous qu’au sein de la Cedeao, vous avez des Etats qui ont des monnaies différentes. La monnaie du Nigeria n’est pas celle du bloc francophone de l’Uemoa, encore moins celle du Ghana. Il y a donc tellement d’aspérités à gommer, tellement d’obstacles à surmonter que la simple profession de foi ne suffit pas.
Propos retranscrits sur Onuci-Fm par O.A.K
Pour Alassane Ouattara, c’est une aubaine, une sorte de chance extraordinaire. Il s’agit d’une remontée diplomatique pour la Côte d’Ivoire. Ce qui permettra au président Ouattara de redorer son blason à l’échelle continentale. Il en a bien besoin parce que la situation intérieure n’est pas depuis rose. Les conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir ont été assez mouvementées. Et au niveau de certains segments de l’opinion africaine, le rôle joué par les hélicoptères français à la fin du régime Gbagbo n’a pas été beaucoup apprécié. Et aujourd’hui, la Cedeao lui donne l’occasion de se débarrasser de ce péché originel.
Selon vous, comment le nouveau président de la Cedeao pourrait assumer ses nouvelles tâches, sans laisser les priorités dans son pays, la Côte d’Ivoire ?
Incontestablement, il va travailler sur deux fronts. Sur le front ouest-africain au niveau de la Cedeao, mais aussi sur le front intérieur, il y a des choses à rattraper. Tout le monde sait que l’armée nouvelle n’est pas tout à fait au point. Dans certaines régions, il y a des secousses à caractère ethnique et communautaire. Autant de choses qui pourraient gêner, et même altérer son image. Donc, il est confronté à deux urgences. Urgence africaine et urgence ivoirienne.
Et quels sont, selon vous, les principaux défis qu’il devra relever dans la sous-région ?
Dans la sous-région, vous avez la Guinée-Bissau qui est dans une transition incertaine. Tout le monde connait le poids de l’armée dans la vie institutionnelle de ce pays depuis son indépendance en 1973. Il y a aussi le défi et l’affaire de la Cedeao, je pense à Al Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), qui touche le Mali, le Niger et la Mauritanie qui elle, ne fait plus partie de la Cedeao. Par ricochet, il va s’occuper de ce défi-là. Il y a aussi le nouveau défi que représentent le Sénégal et ses élections incertaines. Autant de choses qui font que Ouattara aura du pain sur la planche. Mais du côté du Sénégal, les choses ne seront pas simples pour lui. Parce que l’amitié entre Abdoulaye Wade et Alassane Ouattara gêneront un peu une quelconque médiation de Ouattara.
Vous, en tant que Sénégalais, qu’attendez-vous du nouveau président en exercice de la Cedeao ?
La Cedeao a déjà bougé à travers le président Obasanjo qui a été désigné médiateur dans les affaires sénégalo-sénégalaises. Il a également le soutien de l’Union africaine. Je crois que le président Ouattara évitera une sorte d’embouteillage ou d’encombrement sur le chemin de Dakar. J’ai le sentiment qu’il va laisser le président Obasanjo travailler. Maintenant, au cas où celui-ci serait confronté à une impasse totale, alors le président Ouattara pourrait entrer en jeu. Mais je crois que son intelligence politique lui commande de laisser Obasanjo qui saura bien apprécier que lui. Compte tenu des relations extrêmement étroites qui existent entre Alassane Ouattara et Abdoulaye Wade, et surtout le soutien d’Abdoulaye Wade à Alassane Ouattara pendant la crise postélectorale et l’animosité claire et nette entre Wade et l’ancien président, Laurent Gbagbo. Autant de choses qui font que le président Ouattara aura l’intelligence de se mettre en retrait, et laisser le président Obasanjo monter en première ligne.
Le président Ouattara entame son mandat à la tête de la Cedeao, au moment où on parle des crises économiques mondiales (…)
Les qualités, les atouts d’ordre technique et démocratique sont toujours les bienvenus. Mais je crois que dans la sous-région ouest-africaine, les problèmes sont éminemment politiques, diplomatiques et géo-stratégiques. Je crois que le volet économique passe au second plan. Mais si jamais le défi monétaire se posait, il pourrait être utile.
On sait que la certification de la dernière présidentielle en Côte d’Ivoire par les Nations Unies a joué un grand rôle pour la préservation de la démocratie dans ce pays. Alassane Ouattara propose la mise en place d’une structure de contrôle et de certification des processus électoraux, afin de promouvoir la démocratie.
En complément de ce qui existe déjà, il y a le protocole de la Cedeao sur la vie institutionnelle des pays membres. Ce protocole stipule qu’à six mois des élections, les règles du jeu ne peuvent plus être changées. C’est dire qu’il y a déjà des mécanismes en place. Mais il est bon de les parfaire. Je crois que lui qui a vécu une expérience directe de la certification, estampillée Nations Unies, pourrait effectivement aider à mieux élaborer ce type de mécanisme.
Une telle structure telle que proposée par Ouattara pourrait-elle s’imposer à tous ?
C’est le grand problème qu’on a, parce que la Cedeao est une organisation sous-régionale qui a une vocation supranationale. Vous voyez que les souverainetés nationales ne sont toujours pas effacées. Tout dépendra donc de la bonne volonté des Etats souverains qui sont encore là, intactes, malgré les professions de foi ouest-africaines, c’est-à-dire communautaires.
Justement, M. Ouattara indique que la solidarité entre Etats membres de la Cedeao est primordiale. La position commune adoptée par les chefs d’Etat doit être sacrée. Cet idéal est-il réalisable ?
C’est un idéal, dites-vous. Ce n’est pas encore réel. Le président Houphouët-Boigny avait l’habitude de dire que la politique est le réel avant d’être l’idéal. Je crois que nous marchons vers l’idéal. Mais au moment où nous parlons, c’est le réel, et il ne faut pas rêver. Pour l’instant, ce sont des professions de foi ou des volontés exprimées. Et cela est aussi bien vrai pour la Cedeao que pour l’UA, héritière de l’Oua, qui date de 1963. Ce qui veut dire que le chemin à parcourir, entrainant l’idéal, est un chemin long à parcourir.
Comment y arriver alors ?
Par la volonté politique. Mais la volonté politique est aussi un processus. Il y a des intérêts compris, la souveraineté des Etats, mais également des dossiers économiques qui font barrage. Rappelez-vous qu’au sein de la Cedeao, vous avez des Etats qui ont des monnaies différentes. La monnaie du Nigeria n’est pas celle du bloc francophone de l’Uemoa, encore moins celle du Ghana. Il y a donc tellement d’aspérités à gommer, tellement d’obstacles à surmonter que la simple profession de foi ne suffit pas.
Propos retranscrits sur Onuci-Fm par O.A.K