Le ministre de la Défense Paul Koffi Koffi, le sous-chef d’état-major, Firmin Déto Létoh et le porte-parole du ministère de la Défense, Léon Allah Kouakou ont-ils réussi, hier, au Kilomètre 17, à éteindre le feu qui couvait chez les éléments des Frci ? Pas si sûr puisque, hier, au moment où Koffi Koffi et sa délégation quittaient ce camp militaire, un élément de cette garnison, le caporal T., nous a joint pour nous expliquer tout. Selon le militaire qui était très remonté contre sa hiérarchie et qui disait porter la parole de ses camarades, le ministre Koffi Koffi est juste venu leur demander «de se calmer et de regarder faire. Car les choses iront bien après». C’est cela qui a énervé le caporal et ses camarades.
«Je t’appelle, frère, parce que nos chefs viennent de partir. Ils étaient là avec la télévision. Comme je sais qu’ils ne diront pas la vérité et comme je sais que ton journal n’était pas là, c’est pour cela que je vais te donner les vraies informations pour que tu puisses informer les Ivoiriens et la communauté internationale. Ils sont arrivés ici parce qu’ils ont été informés du soulèvement national que nous préparons, nous les Frci».
Quand on lui demande pourquoi ils veulent se soulever, il répond avec force et conviction que personne ne s’occupe d’eux. «Par exemple, raconte-t-il, ici au camp, notre infirmerie n’est pas équipée. Alors que nous avons parmi nous plusieurs blessés graves et légers. Nous n’avons pas de dortoir. Plus grave, nous ne mangeons même pas parce que, pour eux, nous sommes des militaires. Comme si quand on est militaire, on cesse d’être un homme. Nous sommes des milliers de personnes et on mange à peine un repas par jour. Ça ne peut plus continuer. On est fatigués !»
Le caporal T. a égrené d’autres griefs dont le fonds de commerce qui avait été promis à certains des leurs et qui ne vient toujours pas. «Certains d’entre nous ont laissé leurs familles à Korhogo, Boundiali, Man, etc., et ils n’ont pas de quoi manger, encore de quoi envoyer à leurs enfants. Le soulèvement que nous préparons allait dégénérer dans tout Abidjan et partout à l’intérieur du pays. Mais, croyez-moi, ce n’est pas fini. Il y aura un soulèvement d’ici la fin de l’année».
Aujourd’hui, on peut le dire, le caporal T. et ses camarades regrettent amèrement l’époque de Laurent Gbagbo : «Avec l’ancien régime, assure-t-il, on était à l’aise. Ce qu’il nous a dit quand il n’était pas sur le fauteuil, ce n’est pas ce qu’il fait aujourd’hui. Regardez par exemple. Nous qui sommes en vie, on ne veut rien faire pour nous. Et les morts alors ? Il y a trois mois que nous sommes en caserne et nous ne voyons rien venir. Même la nouvelle tenue, nous ne l’avons pas. Pourquoi ?»
Le porte-parole des frondeurs est sûr de ce que les nouvelles autorités ne veulent pas s’occuper des militaires qui les ont aidés à prendre le pouvoir. Selon lui, ce sont surtout les militaires venus d’Abobo qui paient le prix de leur méchanceté. Et comme ils ne peuvent pas rester là sans rien faire, certains sont retournés dans leurs familles les mains vides, quand d’autres ont choisi de faire des braquages pour survivre. «Tous ceux qu’on voit en ville qui font des braquages sont pour la plupart des Frci. Ils sont obligés de se chercher pour avoir à manger», dit-il, avant de porter l’estocade au nouveau pouvoir : «Si c’était le président Gbagbo, ça n’allait pas se passer comme ça!»
Ce n’est pas la première fois que des éléments des Frci nous appellent pour nous supplier de les aider à s’adresser aux nouvelles autorités. Cette fois, les choses semblent beaucoup plus sérieuses. Les frustrations qu’ils ont accumulées, les promesses non tenues et l’arrogance de certains collaborateurs de Ouattara ont fini par les pousser à bout. D’où la révolte. Alors, alors!
Abdoulaye Villard Sanogo
«Je t’appelle, frère, parce que nos chefs viennent de partir. Ils étaient là avec la télévision. Comme je sais qu’ils ne diront pas la vérité et comme je sais que ton journal n’était pas là, c’est pour cela que je vais te donner les vraies informations pour que tu puisses informer les Ivoiriens et la communauté internationale. Ils sont arrivés ici parce qu’ils ont été informés du soulèvement national que nous préparons, nous les Frci».
Quand on lui demande pourquoi ils veulent se soulever, il répond avec force et conviction que personne ne s’occupe d’eux. «Par exemple, raconte-t-il, ici au camp, notre infirmerie n’est pas équipée. Alors que nous avons parmi nous plusieurs blessés graves et légers. Nous n’avons pas de dortoir. Plus grave, nous ne mangeons même pas parce que, pour eux, nous sommes des militaires. Comme si quand on est militaire, on cesse d’être un homme. Nous sommes des milliers de personnes et on mange à peine un repas par jour. Ça ne peut plus continuer. On est fatigués !»
Le caporal T. a égrené d’autres griefs dont le fonds de commerce qui avait été promis à certains des leurs et qui ne vient toujours pas. «Certains d’entre nous ont laissé leurs familles à Korhogo, Boundiali, Man, etc., et ils n’ont pas de quoi manger, encore de quoi envoyer à leurs enfants. Le soulèvement que nous préparons allait dégénérer dans tout Abidjan et partout à l’intérieur du pays. Mais, croyez-moi, ce n’est pas fini. Il y aura un soulèvement d’ici la fin de l’année».
Aujourd’hui, on peut le dire, le caporal T. et ses camarades regrettent amèrement l’époque de Laurent Gbagbo : «Avec l’ancien régime, assure-t-il, on était à l’aise. Ce qu’il nous a dit quand il n’était pas sur le fauteuil, ce n’est pas ce qu’il fait aujourd’hui. Regardez par exemple. Nous qui sommes en vie, on ne veut rien faire pour nous. Et les morts alors ? Il y a trois mois que nous sommes en caserne et nous ne voyons rien venir. Même la nouvelle tenue, nous ne l’avons pas. Pourquoi ?»
Le porte-parole des frondeurs est sûr de ce que les nouvelles autorités ne veulent pas s’occuper des militaires qui les ont aidés à prendre le pouvoir. Selon lui, ce sont surtout les militaires venus d’Abobo qui paient le prix de leur méchanceté. Et comme ils ne peuvent pas rester là sans rien faire, certains sont retournés dans leurs familles les mains vides, quand d’autres ont choisi de faire des braquages pour survivre. «Tous ceux qu’on voit en ville qui font des braquages sont pour la plupart des Frci. Ils sont obligés de se chercher pour avoir à manger», dit-il, avant de porter l’estocade au nouveau pouvoir : «Si c’était le président Gbagbo, ça n’allait pas se passer comme ça!»
Ce n’est pas la première fois que des éléments des Frci nous appellent pour nous supplier de les aider à s’adresser aux nouvelles autorités. Cette fois, les choses semblent beaucoup plus sérieuses. Les frustrations qu’ils ont accumulées, les promesses non tenues et l’arrogance de certains collaborateurs de Ouattara ont fini par les pousser à bout. D’où la révolte. Alors, alors!
Abdoulaye Villard Sanogo