Elle n’a pas eu lieu. La violence tant redoutée avant l’ouverture du scrutin était absente hier dans les centres et bureaux de vote. Dans les différentes écoles primaires, secondaires qui ont abrité les centres de vote et les lieux aménagés pour la circonstance, les électeurs et les électrices sénégalais se sont rendus en grand nombre dans les urnes, même si le taux de participation n’est, pour l’heure, pas encore connu officiellement. Des centres de vote des quartiers de Yoff, Grand Yoff, Pikine, Mermoz, La Médina et même dans le quartier luxueux et huppé du point E où se trouve la résidence privée du président Wade, candidat à sa propre succession, que nous avons parcourus, les Sénégalais ont voté. Il en a été ainsi selon les correspondants de la presse sénégalaise à l’intérieur du pays. Le constat que nous avons fait à l’occasion de la ronde dans ces centres, c’est que ce que les uns et les autres craignaient, c’est-à-dire, les perturbations de l’élection, n’ont pas eu lieu. Bien au contraire, l’élection s’est déroulée dans une ambiance bon enfant. Dans le centre de Rama Yallah qui se trouve au quartier Grand Yoff, les 21 bureaux de vote qui comptent chacun 600 électeurs ont ouvert ses portes, selon le président du centre à l’heure. Le matériel électoral étant arrivé à temps. Même constat de calme dans l’Ecole élémentaire El Hadj N’Doye du quartier de la Médina. Depuis 8 heures, les électeurs sont présents, dans l’attente de l’arrivée du matériel. Toute chose qui est diversement commentée: «Je suis patient. C’est l’heure sénégalaise. J’espère que le retard ne va pas excéder la demie heure,» tente de positiver le jeune Oumar, 25 ans qui dit être venu tôt pour voter vite, afin de retourner chez lui tôt. Juste devant de lui, se trouve Ibrahima qui se montre impatient. Autre lieu, même constat. A Pikine, quartier situé dans la banlieue dakaroise où nous nous sommes rendus en début d’après-midi, les électeurs ne se sont pas priés pour venir accomplir leur devoir civique. Ici, l’ambiance est toute autre. Des personnes du 3ème, notamment les vieilles femmes se sont déplacées avec des nattes et des morceaux de pagnes qu’elles ont étalés à même le sol et sur lesquels elles sont assises en attendant leur tour. Les personnes beaucoup plus âgées sont exemptées de faire le rang. Lorsqu’elles arrivent, ce sont les jeunes eux-mêmes qui les prennent par la main, les guident et les dirigent vers les bureaux de vote. Et comme promis, les 5000 observateurs internationaux, africains et même locaux présents, ont sillonné les lieux de vote pour constater le bon déroulement du scrutin. Ceux de l’UE sont reconnaissables à leurs chemises et gilets de couleur bleus nuit. Tandis que ceux de l’UA, de la CEDEAO, de l’UEMOA et les observateurs de la société civile sénégalaise portent les gilets de couleur kaki. La plupart d’entre eux que nous avons rencontrés sur les lieux de vote, ont soutenu n’avoir «rien décelé d’anormal». C’est donc à juste titre qu’ils se sont félicités de la bonne tenue de cette présidentielle. A 18 heures exactes, le centre de vote de Grand Dakar où nous nous trouvions, a fermé effectivement ses portes. Seuls les scrutateurs, des observateurs, les représentants des candidats et notre envoyé spécial ont eu le privilège d’assister à une partie du dépouillement des tout premiers bulletins de vote, avant de quitter les lieux. Pour l’heure, il est quasiment impossible de donner quelle que tendance que ce soit. Il faudra attendre, selon les autorités compétentes, jusqu’à mardi ou au mieux des cas aujourd’hui, pour en avoir une idée.
Yves-M. Abiet (Envoyé spécial)
Yves-M. Abiet (Envoyé spécial)