Les plaies dues à la crise post-électorale ne sont pas encore pansées. L’Association professionnelle des banques et établissements financiers de Côte d’Ivoire (Apbef-ci), lors de sa rentrée officielle, hier, à son siège, sis au Plateau, a par la voix de son président, Souleymane Diarrassouba, rappelé les préoccupations du secteur. Il s’agit, entre autres, de la résolution du problème de suspens des compensations de la période allant du 25 janvier 2011 à la fermeture provisoire des banques ; l’amélioration de l’environnement des affaires, la sécurité des biens et des personnes ; la requalification par les autorités des créances en souffrance nées de la crise ; la reforme du ratio de transformation ; la reforme de la fiscalité du crédit bail et la reforme du cadastre. Le président Diarrassouba a surtout insisté sur le dédommagement de l’impact de la crise post-électorale estimé à 100 milliards de FCFA pour le secteur bancaire. « Nous attendons une réponse au dédommagement lié à l’impact de la crise post-électorale. Sinon cela peut avoir une incidence comptable, juridique et sécuritaire sur les banques. », a souligné le président de l’Aipbef-ci. A l’en croire, l’absence de dédommagement peut contribuer à faire baisser la capacité d’octroi de crédit des banques et établissements financiers de l’Etat de Côte d’Ivoire. Précisant que les banques ne sont pas à l’abri de difficultés structurelles, elles pourraient ne pas être au rendez-vous du financement de la reconstruction post-crise. Ce qui ne serait pas rassurant pour les clients. Pour lui, ces pertes sont relatives aux dégâts matériels, à la perte de portefeuille et aux impacts sur les revenus. En ce qui concerne le problème de suspens des compenses, Diarrassouba craint que les banques aient des difficultés pour boucler leur compte. Au chapitre de la privatisation des banques publiques, annoncée par le président Alassane Ouattara, le président de l’Apbef-ci a souligné que c’est une option stratégique de l’actionnaire (Etat), une orientation du moment. Ajoutant qu’il n’y a pas de risque systémique, il a enjoint ces banque à poursuivre les reformes. Tout en souhaitant ne pas trop s’étendre sur la question, il a préconisé la préservation des emplois, de l’épargne, etc. L’intervenant a également appelé de tous ses vœux, le retour des succursales de la Bceao à Bouaké, Man, Korhogo. « Nous demandons aux autorités ivoiriennes d’intervenir dans ce sens car si les banques doivent constamment convoyer de l’argent sur Abidjan, cela crée un risque. L’action de la Bceao pourrait contribuer à la bancarisation des populations », a expliqué Diarrassouba. Au sujet de la filière café-cacao, l’Apebf-ci a révélé qu’elle a décidé de financer, pour les exportateurs, l’achat bord champ jusqu’à l’exportation. Au titre de l’année 2011, l’association a contribué à la réouverture des banques, l’élaboration d’un memo post-crise, la remise d’un livre blanc banque/justice, l’obtention de la suppression de taxe sur les encours de crédit, la création des Tribunaux de commerce, etc. De 2008 à 2011, le nombre des banques est passé de 19 à 23 ; les nombres de comptes de 879 478 à 1 847 837 ; les crédits clientèle de 2171 milliards de FCFA à 3113 milliards de FCFA et les agences, de 281 à 540. L’Apbefci, pour la relance de l’économie ivoirienne évoque le renforcement des fonds propres des établissements de crédit, la reforme du secteur bancaire et financier, la poursuite de la politique de bancarisation et de financiarisation des populations, le financement des Pme avec des produits adaptés.
Jean Eric ADINGRA
Jean Eric ADINGRA