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Société Publié le jeudi 1 mars 2012 | Le Patriote

Interview / Mamadou Konaté, Directeur général de la Poste de Côte d’Ivoire : “Comment nous allons restructurer la Poste de Côte d’Ivoire”

Mamadou Konaté, Directeur général de la Poste de Côte d’Ivoire nourrit de grandes ambitions pour cette structure. Il fait un rappel de la situation de l’entreprise, le redressement en cours, les différents rendez vous internationaux qui attendent la Poste de Côte d’Ivoire.

Le Patriote : La Poste de Côte d’Ivoire essaie de sortir la tête de l’eau. Lorsque vous êtes arrivé à la tête de cette structure quel était l’état des lieux?

Mamadou Konaté : J’ai pris fonction le 29 Mai 2011 dans des conditions déplorables. Et pour cause, la Côte d’Ivoire, venait de traverser une crise post-électorale sans précédent dont les conséquences étaient encore fumantes. Il y avait des bureaux de poste fermés, occupés ou saccagés. Ceux qui étaient ouverts faisaient face à un réel problème de trésorerie, d’où l’impossibilité de payer les mandats. Les conditions de travail étaient encore plus difficiles en raison des effets de la crise post électorale. Le personnel était démotivé, du fait de 4 mois et demi d’arriérés de salaires ; la couverture médicale suspendue faute de paiement de la facture du prestataire (Assurance maladie) ; le matériel de travail quasi inexistant, sinon obsolète ; un ralentissement voire un arrêt dans certains cas, de l’activité, occasionnant la perte de confiance des clients et partenaires. Mais il faut se rappeler que déjà, avant cette crise, la situation de la Poste de Côte d’Ivoire était critique. En effet, notre entreprise continue de payer un lourd tribut de la crise socio politique de septembre 2002 qui a occasionné la fermeture de 66 bureaux dans l’ex-zone CNO et la perte de 40% de notre chiffre d’affaires. A cela, il faut ajouter les effets des crises internes, à savoir, les grèves intempestives, la perte de confiance et la méfiance réciproque entre agents, etc. Tout ceci a fait de la Poste de Côte d’Ivoire une entreprise sinistrée sous la menace d’un redressement judiciaire, ayant perdu la confiance de ses clients et dont le personnel était démotivé et dispersé. Sans vouloir être trop exhaustif, c’est ainsi que je résumerais le contexte de ma prise de fonction.

L.P. : Et quelle a été votre réaction ?

M.K. : Face à une telle situation, il fallait rassurer le personnel et le remettre rapidement au travail. C’est ainsi que nous avons eu plusieurs rencontres avec notamment, toutes les directions, les partenaires sociaux, les receveurs d’Abidjan, avant d’effectuer des tournées dans les bureaux de poste. Toutes ces rencontres avaient pour objectif de faire l’état des lieux mais aussi, encourager le personnel à reprendre le travail et envisager les actions urgentes de la reprise. Nous avons dans le même temps mené des démarches auprès de nos partenaires aussi bien nationaux qu’internationaux afin de les rassurer. Ainsi, la quasi-totalité des banques partenaires ont été contactées, de même que les grandes structures de l’Etat notamment : les Directions Générales du Trésor, du Budget, des Finances, de l’Economie, et la Direction de la Privatisation et des Participations (DPP). Il en a été de même des transporteurs de courrier et des Assureurs qui figurent parmi nos partenaires les plus proches. Il fallait également rassurer l’Etat. Ici il a été question, en collaboration avec le cabinet du Ministre de tutelle, de présenter à l’Etat la situation réelle de notre entreprise suite à la dernière crise, en sollicitant son concours dans cette phase de reprise d’activités. Nous avons ensuite sollicité un appui financier exceptionnel de l’Etat. En effet, dès ma prise de fonction et prolongeant une action que mon prédécesseur avait déjà engagée, j’ai entrepris des négociations auprès des Autorités afin de pouvoir bénéficier d’un programme d’urgence. Ce programme prend en compte : le paiement des arriérés de salaires, la sécurisation du paiement des salaires, la reprise de l’assurance maladie avec MCI dès le 1er juin, l’approvisionnement des bureaux en trésorerie, la reprise de l’acheminement du courrier par les transporteurs terrestres et aériens. C’est donc fort de cet appui que j’ai pu conduire la barque jusqu’à ce jour. Fort heureusement, la situation s’est considérablement améliorée. Si bien qu’on retrouve aujourd’hui une entreprise véritablement sur pied.

L.P. : Il était question d’un plan redressement pour la Poste de Côte d’Ivoire. Qu’en est-il et à quand sa mise en œuvre ?

M.K. : Il s’agit d’un plan de restructuration de la Poste de Côte d’Ivoire qui comprend quatre volets essentiellement. Premièrement, le volet institutionnel qui doit conduire à la réglementation du secteur postal. Pour ce volet, les mesures suivantes doivent être mises en place : l’adoption d’un nouveau Code des Postes ; la mise en place d’une Convention de Concession accompagnée d’un Cahier de Charges ; la mise en place d’un contrat de plan. A cela il faut ajouter la reconstitution des services financiers postaux et la création d’une Autorité de régulation. Deuxièmement, le volet opérationnel qui vise l’accroissement de la productivité. Il permettra de rétablir l’autonomie financière à moyen et long terme de la Poste de Côte d’Ivoire, par la mise en œuvre de mesures opérationnelles comme le déploiement de la Poste numérique et la création des filiales banque postale, transport et téléphonie, la dynamisation du métier de base et la rentabilisation du réseau postal. Troisièmement, le volet financier, qui vise l’assainissement financier de l’entreprise. Ce volet concerne la reconstitution des capitaux propres négatifs évalués à plus de 24 milliards FCFA au 31 décembre 2008 pour un capital social de 600 millions FCFA. Enfin un volet organisationnel. Aujourd’hui, partout dans le monde, l’organisation des Postes est basée sur les différents métiers du secteur à savoir : la poste physique, la poste numérique et la poste financière. Nous envisageons donc, à travers ce plan, organiser La Poste de Côte d’Ivoire sur ce modèle, à l’instar d’autres pays du monde. Cette organisation qui tourne autour du métier de base du secteur c’est à dire le courrier physique, est soutenue par la création de filiales pour l’Express, pour les services financiers (Banque postale) pour le transport du courrier (Filiale transport) et une filiale : téléphonie mobile. Ce plan de redressement est déjà déposé au gouvernement et son approbation suit son cours. Sa mise en œuvre se fera dès qu’il sera adopté par le Gouvernement.

L.P. : Ce plan apparaît comme la bouée de sauvetage. Combien faut-il pour le mettre à exécution ?

M.K. : Il nous faut beaucoup d’investissements et parfois de lourds investissements pour réaliser ce projet. Il va sans dire que cela nécessite beaucoup de moyens financiers. L’Etat, en tant qu’actionnaire unique interviendra à une certaine hauteur, mais La Poste de Côte d’Ivoire a également sa part de financement à rechercher. Cela se fera à travers des partenariats que nous allons tisser avec les banques qui croient en notre projet. Souffrez que je ne vous annonce pas de chiffres pour le moment, mais le projet est assorti d’un plan d’action chiffré, accompagné d’un chronogramme précis. Au moment opportun, nous pourrons vous en dire plus.

L.P. : Aujourd’hui, la Poste de Côte d’Ivoire est de retour sur l’échiquier international. Il est même prévu une rencontre de L’UPU (Union postale universelle) et une réunion des ministres de l’Afrique de l’ouest. Votre commentaire…

M.K. Effectivement notre pays a renoué avec toutes les Institutions Postales Internationales et retrouvé sa place dans le concert des Nations. Ainsi, au mois de mars 2012, Abidjan abritera un séminaire sur la qualité de service organisé par l’Union Postale Universelle (UPU), avant d’accueillir du 9 au 12 Avril, la Conférence des Ministres des Postes de l’Afrique de l’Ouest (CPAO). Le commentaire qu’on peut faire est que la Côte d’Ivoire est véritablement de retour et La Poste de Côte d’Ivoire entend jouer pleinement sa partition dans ce retour. L’extérieur nous fait déjà confiance en nous accordant l’organisation de ces deux importantes réunions. Nous en mesurons l’impact et nous en sommes honorés. Nous sommes conscients que l’Etat nous fait confiance pour la bonne tenue de ces réunions qui ne sont que le point départ d’autres actions toutes aussi importantes. A ce niveau, je voudrais, par le biais de votre journal, me réjouir avec l’ensemble des Ivoiriens, de la brillante élection à la Présidence de la CEDEAO, de SEM le Président de la République, le Dr Alassane Ouattara. Je note avec satisfaction, l’heureuse coïncidence entre cette élection et l’organisation en terre ivoirienne de la conférence des Ministres de la CEDEAO en charge de la Poste. Cela est une source de motivation supplémentaire pour nous.

L.P. : Quel est l’avantage de la Poste de Côte d’Ivoire à renouer avec l’Upu ?

M.K. : L’avantage que La Poste de Côte d’Ivoire a à renouer avec l’UPU, c’est L’avantage qu’elle a à retrouver une place qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Nous sommes membre de cet Organisme des Nations Unies, spécialisé dans les questions de la Poste mondiale. Nous avons dû quitter des instances essentielles de cet Organisme au moment où nous y occupions une place très importante, place qui nous avait valu d’ailleurs l’octroi de l’organisation du 24ème Congrès de l’UPU qui devait se tenir à Abidjan en 2003. Malheureusement, les événements que notre pays a connus en septembre 2002 et tout ce qui a suivi, nous ont amenés à renoncer à cet important rendez-vous.
Par Jean Eric ADINGRA
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