L’Organisation des secours (Orsec) a signifié, mardi, qu’elle a besoin d’environ un milliard de Fcfa pour déguerpir les populations des zones à risques. Chacun aura 150.000 Fcfa en guise de loyer. Une nouvelle qui ne réjouit pas les concernés.
Dans le petit quartier précaire des Deux- Plateaux, 7ème tranche non loin de cash center, où il y a eu 6 morts en 2006, on a appris la nouvelle à la télévision. Mardi, le plan Organisation des secours (Orsec) a annoncé qu’il va donner 150.000 Fcfa aux familles installées dans les zones à risques pour qu’elles se trouvent des maisons ailleurs. Ensuite, les bulldozers vont entrer en action. Dans sa petite boutique, Sombié Mohamed sourit en repensant aux propos ferme du ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, sur leur futur déguerpissement. De plus, ce quarantenaire marié et père de deux enfants, estime qu’il n’a pas entendu parler d’un site de recasement dans les propos de Diakité Sidiki, le préfet d’Abidjan et responsable du plan Orsec. Il montre du doigt sa baraque faite de planches, de plastiques et de vieilles tôles. Pour construire ce truc, il lui a fallu débourser environ 100.000 Fcfa. « Aujourd’hui, les planches coûtent très cher. Avec 150.000 Fcfa, il nous faut au moins un site pour que nous quittions ce quartier. Les maisons les plus accessibles à Abidjan coûtent autour de 15.000 Fcfa. Avec la caution, c’est presqu’impossible de déménager », dit-il. Sombié est professeur d’école coranique dans ce bled érigé sur et sous des talus de terres friables. Il lui faudra par exemple dire adieu à son job. « Sans un site, cette somme ne peut pas nous permettre de quitter cet endroit ». Et son épouse, Sontié Adjara d’ajouter : « il faut au moins 250.000 Fcfa, sinon nous allons nous réinstaller sur des caniveaux». Depuis 2006, le plan Orsec n’est jamais parvenu à les convaincre de partir. Ouédraogo Karim, le responsable des habitants, a fini par se résigner. Mais Arouna, son fils, la vingtaine, est plus incisif. « Si les autorités me donnent 500.000 Fcfa, aujourd’hui, je rentre au Burkina », dit-il. Ici, la pluie est assimilée à la mort, mais personne ne veut partir. « 150.000 Fcfa par famille, c’est bon pour de l’argent de poche, pas pour trouver une maison », disent-ils à peu près.
Au Banco, un autre quartier précaire de Yopougon, où 21 personnes ont perdu la vie, sous un éboulement en 2009, le problème est beaucoup plus complexe. L’imam Mory Fofana, le porte-parole des habitants, habite sa propre maison. Pour qu’il puisse abandonner cet investissement, il faudrait plus que 150.000 FCfa. Et ce n’est pas le chef du village, Ako Yapo qui dira le contraire. « Il n’est pas normal que nous qui habitons nos propres maisons, ayons le même traitement que ceux qui sont en location », affirme Moussa B., un résident de cette zone sinistrée. Ceux qui louent leurs baraques dans le quartier, ne comptent pas se laisser faire. Ils trouvent injuste que cette année, le gouvernement ne parle pas de site de recasement, mais d’une somme forfaitaire de 150.000 Fcfa. « Ici, je loue ma maison de deux pièces à 15.000 Fcfa, le mois. Je vis avec ma femme et trois enfants. Avec 150.000 FCfa, je peux au mieux avoir un studio, nous ne pourrions pas tous vivre dedans », se plaint Jonas B. Des quartiers précaires comme Clotcha à Abobo ou Gobelet à Cocody, sont dans la même logique. Nul doute, ça va faire des étincelles le jour du déguerpissement.
Le gouvernement doit rester ferme
« On ne peut pas tous les ans et à la même période, offrir un même spectacle de fatalité ».
Ces propos forts d’Hamed Bakayoko, ne doivent pas rester de simples paroles en l’air. Il faut les traduire en actes en attaquant le problème des quartiers précaires par le bon bout : le déguerpissement pur et simple des populations de ces zones à risques. A force de privilégier la discussion, aujourd’hui, beaucoup d’habitants de ces zones sinistrées en sont venu à se convaincre d’une chose : il est du devoir de l’Etat de leur trouver des sites et de les dédommager. Ils avancent même des conditions préalables à leur départ de ces bleds. Pour une fois, Diakité Sidiki tiendra l’argent dans une main et le marteau dans l’autre. Il aura donc l’occasion de faire cesser ce feuilleton tragique des zones sinistrées.
R.T
Dans le petit quartier précaire des Deux- Plateaux, 7ème tranche non loin de cash center, où il y a eu 6 morts en 2006, on a appris la nouvelle à la télévision. Mardi, le plan Organisation des secours (Orsec) a annoncé qu’il va donner 150.000 Fcfa aux familles installées dans les zones à risques pour qu’elles se trouvent des maisons ailleurs. Ensuite, les bulldozers vont entrer en action. Dans sa petite boutique, Sombié Mohamed sourit en repensant aux propos ferme du ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko, sur leur futur déguerpissement. De plus, ce quarantenaire marié et père de deux enfants, estime qu’il n’a pas entendu parler d’un site de recasement dans les propos de Diakité Sidiki, le préfet d’Abidjan et responsable du plan Orsec. Il montre du doigt sa baraque faite de planches, de plastiques et de vieilles tôles. Pour construire ce truc, il lui a fallu débourser environ 100.000 Fcfa. « Aujourd’hui, les planches coûtent très cher. Avec 150.000 Fcfa, il nous faut au moins un site pour que nous quittions ce quartier. Les maisons les plus accessibles à Abidjan coûtent autour de 15.000 Fcfa. Avec la caution, c’est presqu’impossible de déménager », dit-il. Sombié est professeur d’école coranique dans ce bled érigé sur et sous des talus de terres friables. Il lui faudra par exemple dire adieu à son job. « Sans un site, cette somme ne peut pas nous permettre de quitter cet endroit ». Et son épouse, Sontié Adjara d’ajouter : « il faut au moins 250.000 Fcfa, sinon nous allons nous réinstaller sur des caniveaux». Depuis 2006, le plan Orsec n’est jamais parvenu à les convaincre de partir. Ouédraogo Karim, le responsable des habitants, a fini par se résigner. Mais Arouna, son fils, la vingtaine, est plus incisif. « Si les autorités me donnent 500.000 Fcfa, aujourd’hui, je rentre au Burkina », dit-il. Ici, la pluie est assimilée à la mort, mais personne ne veut partir. « 150.000 Fcfa par famille, c’est bon pour de l’argent de poche, pas pour trouver une maison », disent-ils à peu près.
Au Banco, un autre quartier précaire de Yopougon, où 21 personnes ont perdu la vie, sous un éboulement en 2009, le problème est beaucoup plus complexe. L’imam Mory Fofana, le porte-parole des habitants, habite sa propre maison. Pour qu’il puisse abandonner cet investissement, il faudrait plus que 150.000 FCfa. Et ce n’est pas le chef du village, Ako Yapo qui dira le contraire. « Il n’est pas normal que nous qui habitons nos propres maisons, ayons le même traitement que ceux qui sont en location », affirme Moussa B., un résident de cette zone sinistrée. Ceux qui louent leurs baraques dans le quartier, ne comptent pas se laisser faire. Ils trouvent injuste que cette année, le gouvernement ne parle pas de site de recasement, mais d’une somme forfaitaire de 150.000 Fcfa. « Ici, je loue ma maison de deux pièces à 15.000 Fcfa, le mois. Je vis avec ma femme et trois enfants. Avec 150.000 FCfa, je peux au mieux avoir un studio, nous ne pourrions pas tous vivre dedans », se plaint Jonas B. Des quartiers précaires comme Clotcha à Abobo ou Gobelet à Cocody, sont dans la même logique. Nul doute, ça va faire des étincelles le jour du déguerpissement.
Le gouvernement doit rester ferme
« On ne peut pas tous les ans et à la même période, offrir un même spectacle de fatalité ».
Ces propos forts d’Hamed Bakayoko, ne doivent pas rester de simples paroles en l’air. Il faut les traduire en actes en attaquant le problème des quartiers précaires par le bon bout : le déguerpissement pur et simple des populations de ces zones à risques. A force de privilégier la discussion, aujourd’hui, beaucoup d’habitants de ces zones sinistrées en sont venu à se convaincre d’une chose : il est du devoir de l’Etat de leur trouver des sites et de les dédommager. Ils avancent même des conditions préalables à leur départ de ces bleds. Pour une fois, Diakité Sidiki tiendra l’argent dans une main et le marteau dans l’autre. Il aura donc l’occasion de faire cesser ce feuilleton tragique des zones sinistrées.
R.T