Maître de conférence à l’Ufr Biosciences de l’université d’Abidjan-Cocody, conseiller technique chargé de la coordination des projets au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Coulibaly Adama est le nouveau directeur de l’Unité régionale d’enseignement supérieur (Ures) de Korhogo. Il révèle les différentes modifications qui auront lieu dans cette institution à la faveur de sa transformation en université.
La reprise des cours prévue le 20 février n’a pas connu une grande affluence. Qu’est-ce qui s’est passé?
En réalité, les étudiants de première année comprenant les redoublants et les bacheliers de 2010 n’ont pas pu démarrer les cours. Par contre, les deuxièmes années, c'est-à-dire les étudiants en économie et gestion agro-pastorale, ceux de géotechnique et les troisièmes années de ces options ont repris les cours lundi. Les premières années ont quant à eux repris les cours le 27 du même mois. Les enseignants permanents ont repris. La programmation des cours a été faite de telle sorte que les permanents puissent dispenser les enseignements qui relèvent de leurs compétences et de leurs spécialités. Selon la progression, nous aurons recours à des vacataires.
Le ministre parle tantôt d’université, vous parlez tantôt d’Ures. Quel est le véritable statut de cette institution ?
C’est encore une unité régionale d’enseignement. Mais, en prenant appui sur ce que le président de la République avait dit lors de la campagne, à savoir la création de cinq universités, les Ures de Daloa et de Korhogo devraient être transformées en universités. Le processus de transformation des Ures en universités a été enclenché. La transformation suppose que le cadre institutionnel soit établi et que les infrastructures et les ressources humaines soient engagées pour la transformation réelle. Je peux vous dire que tout est pratiquement achevé au niveau du cadre institutionnel. Puisque le projet de décret portant création, attribution, organisation et fonctionnement de l’université de Korhogo est au Secrétariat général du gouvernement. En outre, il faudra lui donner la base de fonctionnalité. Et cela demande un certain nombre de travaux sur différents aspects aussi bien au niveau hard qu’au niveau soft.
Et donc la construction de nouveaux bâtiments ?
Bien évidemment. Pour que l’Ures soit une université, il faut qu’elle soit dotée de structures, d’infrastructures, d’équipements et surtout fournie en ressources humaines. En termes d’infrastructures, il faut créer des Unités de formation et de recherches (Ufr), il faut que pour chaque unité, on ait des amphis, des salles de travaux dirigés, des salles de travaux pratiques selon sa spécificité. Il faudra également équiper ces Ufr en faisant des travaux de réhabilitation et d’extension.
A quand le début des travaux ?
Je considère que le chantier a commencé. La volonté politique s’étant exprimée, nous avons commencé à travailler dans le sens de ce qu’il y a à faire. Déjà au ministère de tutelle, nous avons le service de la décentralisation des universités. Ce service a une planification, une programmation de la construction des universités, il y a des données qui existent. Quant au budget nécessaire à la transformation de l’Ures en université, le plaidoyer a commencé. Des ressources financières seront mises à la disposition des universités de l’intérieur (Bouaké, Ures de Korhogo et de Daloa) pour les travaux de construction et de réhabilitation. Nous solliciterons des cabinets pour des études préalables en vue de cibler la meilleure voie à prendre pour réussir les travaux.
La nouvelle université aura-t-elle une vocation agro-pastorale comme l’Ures ou…?
L’université de Korhogo aura un caractère plus ou moins généraliste. Il y aura une Ufr de médecine avec un volet particulier sur la pharmacopée africaine, parce qu’on dispose de connaissances dans ce domaine et qu’on puisse valoriser cet aspect. Bien entendu, cela prendra en compte la santé communautaire. Il y aura une Ufr des sciences biologiques, des sciences sociales et des lettres et arts. En outre, la spécificité de cette université sera l’institut ou l’école de gestion agro-pastorale. Qui comprendra des branches de foresterie et de production animale pour que cette université puisse se positionner comme pôle d’excellence au niveau sous-régional. A Korhogo, nous faisons frontières avec trois pays (Mali, Burkina-Faso et la Guinée) avec lesquels nous pourrons tirer partie de leurs expériences en matière d’élevage, d’agroforesterie et autres.
Que sont devenus vos étudiants ? L’insertion est-elle facile ?
Bien sûr, la majorité a été employée par les sociétés du monde agricole. Nos étudiants qui ont un niveau Dut arrivent à rédiger des rapports d’activités que même les ingénieurs n’arrivent pas à faire. Et, c’est ce qui a motivé l’instauration du master à Korhogo, car sur le terrain, ils font le boulot des ingénieurs. On allie l’aspect stage à la recherche universitaire.
Donc à la fin du stage, le mémoire est en même temps un rapport de stage et un mémoire de niveau maîtrise. Ils ont le niveau Dut et on les utilisait comme des ingénieurs et cela les frustrait. A Korhogo, il y a l’aspect théorique mais également l’aspect pratique.
Dans quelles conditions prenez-vous l’Ures de Korhogo ?
Nous avons des contraintes. Le plus important demeure le challenge de la transformation de l’Ures en université. A côté, nous avons des difficultés au niveau des ressources humaines.
Si nous voulons en faire une université avec les différentes Ufr, il faudra des formateurs. Des personnels enseignants-chercheurs qualifiés auxquels il faut ajouter les personnels administratifs et techniques. Aujourd’hui, nous devons avoir 29 à 30 enseignants permanents, 105 contractuels. C’est insuffisant pour ce grand projet. Les contraintes sont aussi d’ordre infrastructurel comme je l’ai dit plus haut. Le lycée Houphouet-Boigny a consenti à céder des salles pour que les cours puissent débuter effectivement. La ferme de Natiokobadara, une structure d’expérimentation pour les recherches connaît des difficultés.
Les populations construisent des habitations sur le site de la ferme. Aujourd’hui, il y a un potentiel conflit entre l’Ures et ces populations. Des décisions seront bientôt prises par les autorités administratives de la ville pour stopper l’envahissement de la ferme. Les conditions de travail des personnels constituent des problèmes pour toutes les structures universitaires. Le retard dans le paiement des heures complémentaires, par exemple.
Ce n’est pas encore réglé à ce niveau-là ?
Pas encore, mais nous connaissons déjà l’enveloppe nécessaire au paiement de ces heures complémentaires. Le paiement se fera en fonction de la disponibilité au niveau de la trésorerie. Les enseignants seront payés. Les arriérés des prestataires, des fournisseurs de service et les heures complémentaires s’élèvent à 250 millions. Et sur cette somme, les heures complémentaires sont estimées à 115 millions.
Nous avons également entendu parler de détournements de fonds. Qu’en est-il exactement ?
En novembre 2010, lors de la présidentielle, les enseignants de Bouaké avaient reçu leurs salaires et ceux de Korhogo, pas. Et les enseignants ont commencé à se poser des questions. Quelques jours plus tard, la presse a relayé une information selon laquelle l’argent avait été détourné et servi à faire campagne. Et s’il y a eu détournement, les états financiers le montreront.
Un dernier message à l’endroit vos étudiants…
Après le 19 avril 2011 qui a vu la fermeture des universités d’Abobo-Adjamé et de Cocody, l’université de Bouaké est une université ouverte et elle a comme antenne l’Ures de Korhogo. Cette Ures a entrepris un certain nombre d’actions pour que la rentrée 2010-2011 soit effective. En cela, elle a démarré les cours le 14 décembre mais ces cours ont été perturbés. Heureusement, la reprise a été effective le 20 février dernier. Le temps qui nous est imparti pour terminer le programme est très court. La responsabilité de tous est engagée. Aussi bien celle du personnel enseignant, technique et administratif, que celle des étudiants. Afin que nous soyons prêts pour le nouveau départ de l’enseignement supérieur de septembre 2012, fixé par le président de la République, Alassane Ouattara.
Interview réalisée par Adélaïde Konin
La reprise des cours prévue le 20 février n’a pas connu une grande affluence. Qu’est-ce qui s’est passé?
En réalité, les étudiants de première année comprenant les redoublants et les bacheliers de 2010 n’ont pas pu démarrer les cours. Par contre, les deuxièmes années, c'est-à-dire les étudiants en économie et gestion agro-pastorale, ceux de géotechnique et les troisièmes années de ces options ont repris les cours lundi. Les premières années ont quant à eux repris les cours le 27 du même mois. Les enseignants permanents ont repris. La programmation des cours a été faite de telle sorte que les permanents puissent dispenser les enseignements qui relèvent de leurs compétences et de leurs spécialités. Selon la progression, nous aurons recours à des vacataires.
Le ministre parle tantôt d’université, vous parlez tantôt d’Ures. Quel est le véritable statut de cette institution ?
C’est encore une unité régionale d’enseignement. Mais, en prenant appui sur ce que le président de la République avait dit lors de la campagne, à savoir la création de cinq universités, les Ures de Daloa et de Korhogo devraient être transformées en universités. Le processus de transformation des Ures en universités a été enclenché. La transformation suppose que le cadre institutionnel soit établi et que les infrastructures et les ressources humaines soient engagées pour la transformation réelle. Je peux vous dire que tout est pratiquement achevé au niveau du cadre institutionnel. Puisque le projet de décret portant création, attribution, organisation et fonctionnement de l’université de Korhogo est au Secrétariat général du gouvernement. En outre, il faudra lui donner la base de fonctionnalité. Et cela demande un certain nombre de travaux sur différents aspects aussi bien au niveau hard qu’au niveau soft.
Et donc la construction de nouveaux bâtiments ?
Bien évidemment. Pour que l’Ures soit une université, il faut qu’elle soit dotée de structures, d’infrastructures, d’équipements et surtout fournie en ressources humaines. En termes d’infrastructures, il faut créer des Unités de formation et de recherches (Ufr), il faut que pour chaque unité, on ait des amphis, des salles de travaux dirigés, des salles de travaux pratiques selon sa spécificité. Il faudra également équiper ces Ufr en faisant des travaux de réhabilitation et d’extension.
A quand le début des travaux ?
Je considère que le chantier a commencé. La volonté politique s’étant exprimée, nous avons commencé à travailler dans le sens de ce qu’il y a à faire. Déjà au ministère de tutelle, nous avons le service de la décentralisation des universités. Ce service a une planification, une programmation de la construction des universités, il y a des données qui existent. Quant au budget nécessaire à la transformation de l’Ures en université, le plaidoyer a commencé. Des ressources financières seront mises à la disposition des universités de l’intérieur (Bouaké, Ures de Korhogo et de Daloa) pour les travaux de construction et de réhabilitation. Nous solliciterons des cabinets pour des études préalables en vue de cibler la meilleure voie à prendre pour réussir les travaux.
La nouvelle université aura-t-elle une vocation agro-pastorale comme l’Ures ou…?
L’université de Korhogo aura un caractère plus ou moins généraliste. Il y aura une Ufr de médecine avec un volet particulier sur la pharmacopée africaine, parce qu’on dispose de connaissances dans ce domaine et qu’on puisse valoriser cet aspect. Bien entendu, cela prendra en compte la santé communautaire. Il y aura une Ufr des sciences biologiques, des sciences sociales et des lettres et arts. En outre, la spécificité de cette université sera l’institut ou l’école de gestion agro-pastorale. Qui comprendra des branches de foresterie et de production animale pour que cette université puisse se positionner comme pôle d’excellence au niveau sous-régional. A Korhogo, nous faisons frontières avec trois pays (Mali, Burkina-Faso et la Guinée) avec lesquels nous pourrons tirer partie de leurs expériences en matière d’élevage, d’agroforesterie et autres.
Que sont devenus vos étudiants ? L’insertion est-elle facile ?
Bien sûr, la majorité a été employée par les sociétés du monde agricole. Nos étudiants qui ont un niveau Dut arrivent à rédiger des rapports d’activités que même les ingénieurs n’arrivent pas à faire. Et, c’est ce qui a motivé l’instauration du master à Korhogo, car sur le terrain, ils font le boulot des ingénieurs. On allie l’aspect stage à la recherche universitaire.
Donc à la fin du stage, le mémoire est en même temps un rapport de stage et un mémoire de niveau maîtrise. Ils ont le niveau Dut et on les utilisait comme des ingénieurs et cela les frustrait. A Korhogo, il y a l’aspect théorique mais également l’aspect pratique.
Dans quelles conditions prenez-vous l’Ures de Korhogo ?
Nous avons des contraintes. Le plus important demeure le challenge de la transformation de l’Ures en université. A côté, nous avons des difficultés au niveau des ressources humaines.
Si nous voulons en faire une université avec les différentes Ufr, il faudra des formateurs. Des personnels enseignants-chercheurs qualifiés auxquels il faut ajouter les personnels administratifs et techniques. Aujourd’hui, nous devons avoir 29 à 30 enseignants permanents, 105 contractuels. C’est insuffisant pour ce grand projet. Les contraintes sont aussi d’ordre infrastructurel comme je l’ai dit plus haut. Le lycée Houphouet-Boigny a consenti à céder des salles pour que les cours puissent débuter effectivement. La ferme de Natiokobadara, une structure d’expérimentation pour les recherches connaît des difficultés.
Les populations construisent des habitations sur le site de la ferme. Aujourd’hui, il y a un potentiel conflit entre l’Ures et ces populations. Des décisions seront bientôt prises par les autorités administratives de la ville pour stopper l’envahissement de la ferme. Les conditions de travail des personnels constituent des problèmes pour toutes les structures universitaires. Le retard dans le paiement des heures complémentaires, par exemple.
Ce n’est pas encore réglé à ce niveau-là ?
Pas encore, mais nous connaissons déjà l’enveloppe nécessaire au paiement de ces heures complémentaires. Le paiement se fera en fonction de la disponibilité au niveau de la trésorerie. Les enseignants seront payés. Les arriérés des prestataires, des fournisseurs de service et les heures complémentaires s’élèvent à 250 millions. Et sur cette somme, les heures complémentaires sont estimées à 115 millions.
Nous avons également entendu parler de détournements de fonds. Qu’en est-il exactement ?
En novembre 2010, lors de la présidentielle, les enseignants de Bouaké avaient reçu leurs salaires et ceux de Korhogo, pas. Et les enseignants ont commencé à se poser des questions. Quelques jours plus tard, la presse a relayé une information selon laquelle l’argent avait été détourné et servi à faire campagne. Et s’il y a eu détournement, les états financiers le montreront.
Un dernier message à l’endroit vos étudiants…
Après le 19 avril 2011 qui a vu la fermeture des universités d’Abobo-Adjamé et de Cocody, l’université de Bouaké est une université ouverte et elle a comme antenne l’Ures de Korhogo. Cette Ures a entrepris un certain nombre d’actions pour que la rentrée 2010-2011 soit effective. En cela, elle a démarré les cours le 14 décembre mais ces cours ont été perturbés. Heureusement, la reprise a été effective le 20 février dernier. Le temps qui nous est imparti pour terminer le programme est très court. La responsabilité de tous est engagée. Aussi bien celle du personnel enseignant, technique et administratif, que celle des étudiants. Afin que nous soyons prêts pour le nouveau départ de l’enseignement supérieur de septembre 2012, fixé par le président de la République, Alassane Ouattara.
Interview réalisée par Adélaïde Konin