Augustin Mian, secrétaire général de la Fédération scolaire et estudiantine de Côte d'Ivoire (FESCI, proche de l'ancien pouvoir), vient de sortir de sa réserve dans un entretien avec ALERTE INFO.
Comment se porte la FESCI et l'école ivoirienne depuis la fin de la crise post-électorale ?
Augustin Mian : La FESCI est à l'image de toute la Côte d'Ivoire. Nous avons tous été ébranlés par la crise qui a secoué notre pays. Nous nous redressons au fur et à mesure que les jours avancent. C'est maintenant que la FESCI se retrouve complètement parce qu'il y a eu une vague de disparités, il y a eu des morts, des gens ont pris la fuite, d'autres ont pris le chemin de l'exil. Il y a eu des déplacements massifs à l'intérieur du pays. Et il est clair que deux, trois ou quatre personnes qui se retrouvent ici à Abidjan ne peuvent pas faire la FESCI qui est un mouvement de masse qui regroupe des élèves et des étudiants. Aujourd'hui, avec le temps, nous nous sommes retrouvés nous qui sommes là. Avec la fermeture de l'université, certains trouvent qu'ils n'ont pas de raison de vivre à Abidjan. Quand il n'y a pas école, c'est comme si on est en vacances.
Les activités de la FESCI sont donc au ralenti ?
A.M. : Oui. La FESCI ne fonctionne véritablement que quand il y a école. C'était trop grave de fixer l'ouverture en septembre ou octobre 2012. Depuis le 19 avril 2011 les universités sont fermées et on compte les ouvrir en 2012. Les étudiants ont estimé que c'était trop loin mais malheureusement, les choses sont restées telles. L'idée d'assainir, de réhabiliter est bonne. Parce qu'il faut le dire, pendant la crise les étudiants avaient déserté les campus et les amphithéâtres. L'université de Cocody de par sa position géographique, était pendant la crise un champ de bataille. Il y a eu beaucoup d'obus qui sont tombés là-bas, il y a eu beaucoup de destructions matérielles, beaucoup de pertes en vies humaines. Mais on n'a pas pensé que cela allait mettre pratiquement une année, voire plus.
Avez-vous une idée du niveau d'avancement des travaux de réhabilitation des universités publiques ?
A.M. : Au niveau d'Abobo-Adjamé, il y avait environ 56% de travaux réalisés et à Cocody, on était à un peu plus de 40%. Beaucoup reste à faire. Il y a le côté académique, c'est-à-dire l'aspect des professeurs, leur recrutement car avec la crise, beaucoup d'entre eux sont en exil. Même au niveau du personnel administratif, beaucoup sont partis. Il y a beaucoup de choses à rattraper. Quand on dit qu'on va ramener l'université de Bouaké à Bouaké (centre) et transformer les URES (unité de recherche scientifique) de Korhogo (nord) et de Daloa (ouest) en université, voici autant de chantiers qu'il faut faire en même temps. Il faut donner le caractère d'université à ces UFR (unité de formation et de recherche). D'où la nécessité pour ces universités d'avoir leur propre personnel, leurs propres enseignants avant de recruter des coopérants ou faire venir des enseignants d'Abidjan. Le projet de transformer ces UFR en université est un bon projet mais doit être accompagné de toutes les mesures.
Le projet de transformer ces UFR en universités n'est-il donc pas réaliste ?
A.M. : Je suis un peu pessimiste parce que transformer une URES en université nécessite d'autres accompagnements, d'autres réalités.
Donc, vous ne croyez pas au projet!
A.M. : j'y crois mais je pense qu'il faut s'y mettre. Il faut qu'il y ait une forte volonté politique. L'idée, elle est bonne mais la réalisation, la concrétisation, c'est une autre chose.
Quel commentaire faites-vous de l'appel lancé par le ministère de l'Enseignement supérieur aux étudiants pour se faire enregistrer en vue de participer aux travaux de réhabilitation des universités ?
A.M. : A la FESCI, nous avons salué cela. Parce que le mouvement a même lancé un appel aux étudiants afin qu'ils se fassent enregistrer. Après les inscriptions, il y aura un tirage au sort. 400 étudiants seront retenus. Soit 100 chaque mois sur 4 mois pour les travaux. L'université nous appartient et nous voulons vite reprendre l'école. S'il y a des travaux à faire, nous ne pouvons pas rester en marge.
Croyez-vous au démarrage des cours en septembre comme annoncé par le gouvernement ?
A.M. : Le gouvernement nous a rassurés de ce que la date sera tenue. Nous lui faisons confiance. Nous ne pensons pas et n'avons jamais pensé que la rentrée ne se fera pas en septembre ou octobre. Je ne souhaite pas et je ne pense pas que le gouvernement veuille allonger la souffrance des étudiants.
Si la date annoncée n'est pas tenue que fera la FESCI ?
A.M. : Je ne pense pas qu'elle ne sera pas tenue.
La FESCI s'est pendant longtemps battue pour le maintien du parapluie atomique dont la suppression vient d'être décidée par le gouvernement. Quel est votre commentaire ?
A.M. : Nous avons pris acte de cette décision parce que Mian seul, à Abidjan, ne peut pas faire la pluie et le beau temps. C'est l'ensemble des étudiants, conscients du problème qui réfléchissent et donnent leur position. Quand les cours vont commencer, les étudiants vont poser leurs problèmes.
Le gouvernement a-t-il associé la FESCI à la réflexion avant la prise de décision ?
A.M. : Non. Nous n'avons pas été associés.
Quelles sont les rapports de la FESCI avec le régime actuel ?
A.M. : On n'a pas de rapports particuliers. Ce sont des rapports de gouvernants et de gouvernés.
La FESCI arrive-t-elle à mener aujourd'hui ses activités syndicales?
A.M. : Ce qu'on peut faire, on le fait. Seulement qu'il n'y a pas de la matière. Parce que quand vous faites une réunion et que vous prenez des décisions, vous allez les appliquer à qui ? Et à quoi ? La FESCI n'est pas un mouvement de discours.
Votre 2ème mandat est achevé depuis 2011. A quand le prochain congrès?
A.M. : C'est au nom des étudiants que je suis Secrétaire général de la FESCI. Il appartient donc à ces étudiants de décider de ma succession. Lorsque les cours reprendront, un congrès sera organisé. Nous sommes dans une période transitoire.
Depuis que vous êtes à la tête de la FESCI, quel bilan pouvez-vous faire?
A.M. : Il y a eu des hauts et des bas. Beaucoup de problèmes sont restés en suspend. Notamment le paiement régulier des bourses. Nous avons aussi demandé la construction de résidences universitaires et amphithéâtres. Mais cela n'a pas aboutit. Par contre nous avons pu assainir notre milieu en luttant contre la violence. Nous avons pu stabiliser la FESCI parce qu'il n'y a pas eu de déchirures majeures en notre sein. Mon bilan est satisfaisant car stabiliser la FESCI et réussir à faire deux mandats n'est pas donné à tout le monde.
La FESCI se sent-elle responsable d'avoir, par ses agissements, contribuer à la chute de Laurent Gbagbo?
A.M. : Nous n'avons pas contribué à la chute de Laurent Gbagbo. Même si la FESCI a vraiment contribué à la chute de Gbagbo, ce n'est pas la FESCI de Mian mais plutôt la FESCI depuis Martial Ahipeaud et Guillaume Soro. Nous ne sommes pas responsables de ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire.
Source Alerte Info
Comment se porte la FESCI et l'école ivoirienne depuis la fin de la crise post-électorale ?
Augustin Mian : La FESCI est à l'image de toute la Côte d'Ivoire. Nous avons tous été ébranlés par la crise qui a secoué notre pays. Nous nous redressons au fur et à mesure que les jours avancent. C'est maintenant que la FESCI se retrouve complètement parce qu'il y a eu une vague de disparités, il y a eu des morts, des gens ont pris la fuite, d'autres ont pris le chemin de l'exil. Il y a eu des déplacements massifs à l'intérieur du pays. Et il est clair que deux, trois ou quatre personnes qui se retrouvent ici à Abidjan ne peuvent pas faire la FESCI qui est un mouvement de masse qui regroupe des élèves et des étudiants. Aujourd'hui, avec le temps, nous nous sommes retrouvés nous qui sommes là. Avec la fermeture de l'université, certains trouvent qu'ils n'ont pas de raison de vivre à Abidjan. Quand il n'y a pas école, c'est comme si on est en vacances.
Les activités de la FESCI sont donc au ralenti ?
A.M. : Oui. La FESCI ne fonctionne véritablement que quand il y a école. C'était trop grave de fixer l'ouverture en septembre ou octobre 2012. Depuis le 19 avril 2011 les universités sont fermées et on compte les ouvrir en 2012. Les étudiants ont estimé que c'était trop loin mais malheureusement, les choses sont restées telles. L'idée d'assainir, de réhabiliter est bonne. Parce qu'il faut le dire, pendant la crise les étudiants avaient déserté les campus et les amphithéâtres. L'université de Cocody de par sa position géographique, était pendant la crise un champ de bataille. Il y a eu beaucoup d'obus qui sont tombés là-bas, il y a eu beaucoup de destructions matérielles, beaucoup de pertes en vies humaines. Mais on n'a pas pensé que cela allait mettre pratiquement une année, voire plus.
Avez-vous une idée du niveau d'avancement des travaux de réhabilitation des universités publiques ?
A.M. : Au niveau d'Abobo-Adjamé, il y avait environ 56% de travaux réalisés et à Cocody, on était à un peu plus de 40%. Beaucoup reste à faire. Il y a le côté académique, c'est-à-dire l'aspect des professeurs, leur recrutement car avec la crise, beaucoup d'entre eux sont en exil. Même au niveau du personnel administratif, beaucoup sont partis. Il y a beaucoup de choses à rattraper. Quand on dit qu'on va ramener l'université de Bouaké à Bouaké (centre) et transformer les URES (unité de recherche scientifique) de Korhogo (nord) et de Daloa (ouest) en université, voici autant de chantiers qu'il faut faire en même temps. Il faut donner le caractère d'université à ces UFR (unité de formation et de recherche). D'où la nécessité pour ces universités d'avoir leur propre personnel, leurs propres enseignants avant de recruter des coopérants ou faire venir des enseignants d'Abidjan. Le projet de transformer ces UFR en université est un bon projet mais doit être accompagné de toutes les mesures.
Le projet de transformer ces UFR en universités n'est-il donc pas réaliste ?
A.M. : Je suis un peu pessimiste parce que transformer une URES en université nécessite d'autres accompagnements, d'autres réalités.
Donc, vous ne croyez pas au projet!
A.M. : j'y crois mais je pense qu'il faut s'y mettre. Il faut qu'il y ait une forte volonté politique. L'idée, elle est bonne mais la réalisation, la concrétisation, c'est une autre chose.
Quel commentaire faites-vous de l'appel lancé par le ministère de l'Enseignement supérieur aux étudiants pour se faire enregistrer en vue de participer aux travaux de réhabilitation des universités ?
A.M. : A la FESCI, nous avons salué cela. Parce que le mouvement a même lancé un appel aux étudiants afin qu'ils se fassent enregistrer. Après les inscriptions, il y aura un tirage au sort. 400 étudiants seront retenus. Soit 100 chaque mois sur 4 mois pour les travaux. L'université nous appartient et nous voulons vite reprendre l'école. S'il y a des travaux à faire, nous ne pouvons pas rester en marge.
Croyez-vous au démarrage des cours en septembre comme annoncé par le gouvernement ?
A.M. : Le gouvernement nous a rassurés de ce que la date sera tenue. Nous lui faisons confiance. Nous ne pensons pas et n'avons jamais pensé que la rentrée ne se fera pas en septembre ou octobre. Je ne souhaite pas et je ne pense pas que le gouvernement veuille allonger la souffrance des étudiants.
Si la date annoncée n'est pas tenue que fera la FESCI ?
A.M. : Je ne pense pas qu'elle ne sera pas tenue.
La FESCI s'est pendant longtemps battue pour le maintien du parapluie atomique dont la suppression vient d'être décidée par le gouvernement. Quel est votre commentaire ?
A.M. : Nous avons pris acte de cette décision parce que Mian seul, à Abidjan, ne peut pas faire la pluie et le beau temps. C'est l'ensemble des étudiants, conscients du problème qui réfléchissent et donnent leur position. Quand les cours vont commencer, les étudiants vont poser leurs problèmes.
Le gouvernement a-t-il associé la FESCI à la réflexion avant la prise de décision ?
A.M. : Non. Nous n'avons pas été associés.
Quelles sont les rapports de la FESCI avec le régime actuel ?
A.M. : On n'a pas de rapports particuliers. Ce sont des rapports de gouvernants et de gouvernés.
La FESCI arrive-t-elle à mener aujourd'hui ses activités syndicales?
A.M. : Ce qu'on peut faire, on le fait. Seulement qu'il n'y a pas de la matière. Parce que quand vous faites une réunion et que vous prenez des décisions, vous allez les appliquer à qui ? Et à quoi ? La FESCI n'est pas un mouvement de discours.
Votre 2ème mandat est achevé depuis 2011. A quand le prochain congrès?
A.M. : C'est au nom des étudiants que je suis Secrétaire général de la FESCI. Il appartient donc à ces étudiants de décider de ma succession. Lorsque les cours reprendront, un congrès sera organisé. Nous sommes dans une période transitoire.
Depuis que vous êtes à la tête de la FESCI, quel bilan pouvez-vous faire?
A.M. : Il y a eu des hauts et des bas. Beaucoup de problèmes sont restés en suspend. Notamment le paiement régulier des bourses. Nous avons aussi demandé la construction de résidences universitaires et amphithéâtres. Mais cela n'a pas aboutit. Par contre nous avons pu assainir notre milieu en luttant contre la violence. Nous avons pu stabiliser la FESCI parce qu'il n'y a pas eu de déchirures majeures en notre sein. Mon bilan est satisfaisant car stabiliser la FESCI et réussir à faire deux mandats n'est pas donné à tout le monde.
La FESCI se sent-elle responsable d'avoir, par ses agissements, contribuer à la chute de Laurent Gbagbo?
A.M. : Nous n'avons pas contribué à la chute de Laurent Gbagbo. Même si la FESCI a vraiment contribué à la chute de Gbagbo, ce n'est pas la FESCI de Mian mais plutôt la FESCI depuis Martial Ahipeaud et Guillaume Soro. Nous ne sommes pas responsables de ce qui s'est passé en Côte d'Ivoire.
Source Alerte Info