Dans le cadre de la Journée internationale de la Femme qui a lieu ce jour, La ministre de la Femme, de la Famille et de l'Enfant, Raymonde Goudou Coffie, a bien voulu nous entretenir sur cette célébration à l'honneur de la Femme. Elle évoque ici, son combat pour la Femme en général et la Femme en milieu rural en particulier.
L.P. : La journée internationale de la Femme est consacrée à la Femme en milieu rural. En quoi va consister exactement cette célébration ?
Raymonde Goudou Coffie : Cette année, les Nations Unies ont décidé de célébrer la femme du milieu rural. Son implication dans l'éradication de la pauvreté et surtout les défis actuels.
Nous sommes allées récemment à New York, lors de la 56e session de la condition de la Femme. J'ai eu l'opportunité de participer à une séance de haut niveau où nous avons présenté la position du gouvernement ivoirien sur la participation de la Femme du milieu rural dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Nous sommes allées avec trois femmes du milieu rural. Je suis allée les chercher aux fins fond de leur village en l'occurrence à Togoniéré (22 km de Ferké ) et dans un village de Toumodi. A Togoniéré, elles sont organisées en communautés.
En dehors de leurs activités de vivriers, elles se regroupent dans le cadre de d'autres domaines : l'élevage, le vivrier. En plus, ces femmes participent à l'émergence de leur village.
C'est-à-dire qu'elle contribue à l'éducation et à la scolarisation des enfants du village. Tout comme à la maintenance des pompes hydrauliques. Elles se mettent également ensemble pour améliorer l'état des routes de leurs villages afin qu'elles puissent se déplacer facilement pour vendre leurs produits. En tout cas, de façon générale, les femmes du milieu rural souffrent énormément pour vendre leurs produits.
L.P. : Comment souffrent-elles ?
R.G.C : Elles ont un problème de locomotion. Elles traversent les villages à pieds pour atteindre les communes. Elles empruntent généralement des pistes. Ce qui est impressionnant chez les femmes de Togoniéré, c'est qu'elles fabriquent du beurre de karité et l'écoulent à travers un circuit qui achemine le produit en Europe.
L.P. : Comment les produits sont-ils acheminés en Europe ?
R.G.C : Elles ne se rendent pas elles même en Europe. Elles vendent leur beurre de karité à des structures qui travaillent avec des partenaires en Europe. Quant aux femmes de Toumodi, elles sont réunies en groupement féminin et elles assurent l'épluchage des noix de cajou. Elles travaillent avec une entreprise inaugurée récemment à Bouaké par le chef de l'Etat. Celles qui sont proches de l'industrialisation et qui vivent de leur production, contribuent ainsi à l'émergence de leur village. En plus, elles sont partie prenante d'un circuit qui les emmènent jusqu'en Europe. Elles sont donc parties avec moi à New York où elles ont édifié les 194 pays présents lors de cette session. Le thème de cette année : « l'autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l'éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels », est en phase justement avec les activités qui nous menons au ministère.
L.P. Qu'en est-il de leur formation?
R.G.C. : Vous savez, nous avons l'expérience du milieu des femmes. Aussi bien les femmes rurales que les femmes en milieu urbain. Nous avons contribué à la formation des femmes en milieu rural. Nous leur avons donné des cours d'alphabétisation depuis que nous sommes à la tête de ce département, ce, à travers des Instituts de Formation et d'Education Féminine (IFEF). Nous avons renforcé les activités de ces IFEF. Lorsque nous avons pris ce département, nous avons réalisé que certaines de ses structures étaient abandonnées et d'autres avaient subi les affres de la guerre. Il y en a qui n'avaient plus d'outils de formation et d'Education pour aider toutes les auditrices affectées dans ces structures là. Nous avons donc décidé de nous approprier la « résurrection » de ses IFEF. Nous avons fait le tour de ses IFEF à Abidjan comme à l'intérieur du pays pour faire l'état des lieux. Ces structures prennent en compte la petite fille, à partir de 13 ans, quelle soit déscolarisée ou carrément analphabète, et la femme analphabète. Elles ont trois années à passer dans ces structures.
L.P. : Qu'est-ce qu'on y fait ?
R.G.C : Elles suivent les cours d'alphabétisation. Elles ont des modules basiques (coutures, crochets, pâtissières et cuisine) pour celles qui sont en milieux urbain. Quant aux femmes du milieu rural, elles font des cultures maraîchères et de l'alphabétisation. C'est une fierté pour moi d'aller à la rencontre de ses femmes du milieu rural. J'ai donc décidé d'améliorer les modules des femmes de cette zone en favorisant une formation pour la maintenance de leur machine à coudre. Et cela a été un succès. Les cinq groupements féminins que nous avons d'abord formé et les modules dont les femmes ont bénéficié sont des atouts majeurs. Apprendre la maintenance de leur machine à coudre est une innovation formidable. Elles disent que ce module est bénéfique sur plusieurs points.
L.P. : Lesquels ?
R.G.C : Le premier point, c'est qu'elles ne sont plus obligées d'aller chercher de l'huile pour graisser la machine qui s'arrête parfois en pleine activité. En effet, auparavant, lorsque la machine s'arrêtaient, les femmes aussi mettaient un terme à leur activité car ne sachant pas d'où venait la panne. Elles ne savaient pas que c'était dû à l'absence de graisse. Elles perdaient alors une journée de travail. L'autre module qui a trait à la gestion du budget familial est également du pain béni pour elles. Dans la période de crise, beaucoup de femmes sont devenues des chefs de famille. On leur a appris la gestion de ce budget. De hauts cadres de ce pays ne savent pas gérer le budget familial. La femme du milieu rural qui a bénéficié d'une formation, le sait aujourd'hui. Tous ces éléments sont extrêmement importants pour que la femme du milieu rural se sente valoriser. Comment ces femmes ont contribué à la sécurité alimentaire en Côte d'Ivoire, même en période de crise ? Comment ces femmes peuvent être valorisées ? Nous avons trouvé la solution.
L.P. : Laquelle ?
R.G.C : Nous nous sommes adressées au Préfet, aux organisations de femmes dans dix régions de la Côte d'Ivoire pour recueillir les noms des femmes qu'ils souhaitent voir décorer.
Et c'est ce que nous avons fait. Nous avons décoré 10 femmes. Quand elles retournent dans leurs villages respectifs, elles deviennent des leaders. Simplement parce qu'elles ont apporté un plus dans le développement de leur région. Nous sommes en phase avec le thème de cette année. Le Président Alassane Ouattara, à la Tribune des Nations Unies le 11 septembre 2011, à New York, a pris l'engagement de faire la promotion de la Femme, protéger les enfants. La Première Dame Mme Dominique Ouattara dit que son fer de lance est la protection et la survie des enfants en Côte d'Ivoire. Et quand les Nations Unies nous disent de mettre l'accent sur l'autonomisation de la Femme rurale, nous leur répondons que le Président Ouattara a déjà commencé cette politique d'autonomisation de la Femme. En Côte d'Ivoire, nous avons nos réalités. Nous allons nous arrêter un moment un peu pour nous imprégner de la situation de la femme dans les différents secteurs d'activités. Aux élections législatives, le Président a remis un million de Francs Cfa à chaque femme candidate. (128 femmes) issues de toutes les obédiences politiques et là, vous n'avez pas entendu le FPI se plaindre. Aucune femme n'a refusé son montant. Tout cela pour dire que la Femme ne doit pas rentrer dans les histoires de bassesses politiques. Car, la survie d'une Nation, c'est la Femme. Quand on tue trop de Femmes, il n'y a pas de survie de la Nation. La Femme ne doit pas faire de la politique politicienne. Mais si d'aventure elle doit faire de la politique, elle doit penser développement et Nation. Cet acte unique que le Président a posé en faveur des femmes candidates aux législatives est une vraie leçon de démocratie.
L.P. Récemment vous avez organisé une rencontre…
R.G.C. : Il s'agit de la journée du 22 février. Elle nous a permis de faire le bilan et envisager des perspectives. Les femmes ont réfléchi et formulé des doléances qui sont compilées dans un livre blanc qui sera remis au président Ouattara. Il nous a donné l'autorisation d'élaborer ce livre blanc sectoriel. Nous allons le lui remettre aujourd'hui. Cette année, j'ai proposé que chaque région organise sa journée internationale de la Femme. Etant entendu que cette journée tourne autour de la Femme du milieu rural. On n'a pas besoin de se déplacer cette année, pour aller célébrer la Femme à l'intérieur. Nous avons décidé de réfléchir. Il y a certains secteurs d'activité où il y a beaucoup de femmes et d'autres où il y en a peu. Dans le domaine de l'architecture, il y a très peu de femmes. Au niveau des pharmacies, il y a beaucoup de femmes, en médecine également. Elles sont également nombreuses dans les secteurs les plus pointus. Telle que la micro-chirurgie. Souvent, c'est parce qu'on ne veut pas voir ces femmes qu'on demande où elles sont. D'ailleurs, elles mêmes souvent se font hara-kiri. Tout cela parce qu'elles n'ont pas la culture de la visibilité.
La femme ivoirienne doit oser et être visible. Tout ce que nous faisons aujourd'hui, c'est pour la Femme ivoirienne. Le séminaire organisé le mois dernier a été une occasion de mobiliser les femmes des différents secteurs d'activités. Notamment, la grande muette (Armée), la marine, l'armée de l'air, etc. Ces femmes ont parlé de leurs différentes expériences. Elles ont demandé qu'on permette aux jeunes filles de rentrer dans l'armée. Comment comprendre que jusqu'à ce jour, nous n'ayons pas de femme à la gendarmerie !
L.P. : Qu'est-ce qui explique cela ?
R.G.C : J'ai demandé au Commandant supérieur de la gendarmerie de m'aider à sensibiliser les gendarmes pour qu'ils puissent comprendre que les femmes ne viendront pas les perturber. Les gendarmes soutiennent que l'admission des femmes à la gendarmerie pourra les perturber. Et que dans leur corporation, ils n'ont pas besoin de femmes. Aujourd'hui, on parle de compétence. On ne parle pas de femmes au sens sexo-spécifique. Si un gendarme parcourt 10 Km et que la femme est à mesure de faire le même parcours où est le problème ! Si elles ne peuvent pas, elles iront faire autre chose. Mais laisser-les au moins essayer. C'est tout ce que je demande. Et le commandant supérieur de la gendarmerie m'a rassurer qu'il y pense sérieusement. Je pense que bientôt avec l'appui du ministre de la Défense nous aurons bientôt une femme Générale en Côte d'Ivoire. Egalement des femmes à la gendarmerie et à l'EMPT. Dès qu'on ouvre les candidatures, il ne faudrait pas qu'il y ait seulement deux ou trois femmes. Qu'elles postulent massivement aux différents concours de l'armée. Pour moi, une femme se définit non seulement par sa visibilité, sa compétence mais par son esprit d'ouverture. Il faut que les femmes osent. Il faudrait qu'elles se positionnent.
LP : Peut-on avoir un aperçu du contenu du Livre blanc ?
RGC : Ce Livre blanc constitue un bilan sans complaisance. C'est-à-dire que les femmes ont-elles-mêmes fait leur auto-critique. Nos ainées sont là. Mme Aka Anghui dans le domaine de la vie politique, de la Pharmacie. Mme Fatou Sylla dans celui de l'Industrie. Toutes ces femmes ont pu avancer grâce à une volonté politique. Nous avons réalisé qu'il n'y a pas eu d'avancées notables dans les différents secteurs d'activités. En clair, ce sont des propositions qui vont figurer dans ce livre blanc. Nous avons demandé 30 % en terme de représentativité dans les différents secteurs. Notre texte est passé en Conseil de gouvernement. Mais, j'ai été renvoyé à ma copie en me demandant pourquoi nous n'allons pas à la parité. Le Président Ouattara lui-même l'a dit que nous allons tendre vers la parité.
Réalisée par Anzoumane Cissé & Jean Eric ADINGRA
L.P. : La journée internationale de la Femme est consacrée à la Femme en milieu rural. En quoi va consister exactement cette célébration ?
Raymonde Goudou Coffie : Cette année, les Nations Unies ont décidé de célébrer la femme du milieu rural. Son implication dans l'éradication de la pauvreté et surtout les défis actuels.
Nous sommes allées récemment à New York, lors de la 56e session de la condition de la Femme. J'ai eu l'opportunité de participer à une séance de haut niveau où nous avons présenté la position du gouvernement ivoirien sur la participation de la Femme du milieu rural dans l'économie de la Côte d'Ivoire. Nous sommes allées avec trois femmes du milieu rural. Je suis allée les chercher aux fins fond de leur village en l'occurrence à Togoniéré (22 km de Ferké ) et dans un village de Toumodi. A Togoniéré, elles sont organisées en communautés.
En dehors de leurs activités de vivriers, elles se regroupent dans le cadre de d'autres domaines : l'élevage, le vivrier. En plus, ces femmes participent à l'émergence de leur village.
C'est-à-dire qu'elle contribue à l'éducation et à la scolarisation des enfants du village. Tout comme à la maintenance des pompes hydrauliques. Elles se mettent également ensemble pour améliorer l'état des routes de leurs villages afin qu'elles puissent se déplacer facilement pour vendre leurs produits. En tout cas, de façon générale, les femmes du milieu rural souffrent énormément pour vendre leurs produits.
L.P. : Comment souffrent-elles ?
R.G.C : Elles ont un problème de locomotion. Elles traversent les villages à pieds pour atteindre les communes. Elles empruntent généralement des pistes. Ce qui est impressionnant chez les femmes de Togoniéré, c'est qu'elles fabriquent du beurre de karité et l'écoulent à travers un circuit qui achemine le produit en Europe.
L.P. : Comment les produits sont-ils acheminés en Europe ?
R.G.C : Elles ne se rendent pas elles même en Europe. Elles vendent leur beurre de karité à des structures qui travaillent avec des partenaires en Europe. Quant aux femmes de Toumodi, elles sont réunies en groupement féminin et elles assurent l'épluchage des noix de cajou. Elles travaillent avec une entreprise inaugurée récemment à Bouaké par le chef de l'Etat. Celles qui sont proches de l'industrialisation et qui vivent de leur production, contribuent ainsi à l'émergence de leur village. En plus, elles sont partie prenante d'un circuit qui les emmènent jusqu'en Europe. Elles sont donc parties avec moi à New York où elles ont édifié les 194 pays présents lors de cette session. Le thème de cette année : « l'autonomisation des femmes rurales et leur rôle dans l'éradication de la pauvreté et de la faim, le développement et les défis actuels », est en phase justement avec les activités qui nous menons au ministère.
L.P. Qu'en est-il de leur formation?
R.G.C. : Vous savez, nous avons l'expérience du milieu des femmes. Aussi bien les femmes rurales que les femmes en milieu urbain. Nous avons contribué à la formation des femmes en milieu rural. Nous leur avons donné des cours d'alphabétisation depuis que nous sommes à la tête de ce département, ce, à travers des Instituts de Formation et d'Education Féminine (IFEF). Nous avons renforcé les activités de ces IFEF. Lorsque nous avons pris ce département, nous avons réalisé que certaines de ses structures étaient abandonnées et d'autres avaient subi les affres de la guerre. Il y en a qui n'avaient plus d'outils de formation et d'Education pour aider toutes les auditrices affectées dans ces structures là. Nous avons donc décidé de nous approprier la « résurrection » de ses IFEF. Nous avons fait le tour de ses IFEF à Abidjan comme à l'intérieur du pays pour faire l'état des lieux. Ces structures prennent en compte la petite fille, à partir de 13 ans, quelle soit déscolarisée ou carrément analphabète, et la femme analphabète. Elles ont trois années à passer dans ces structures.
L.P. : Qu'est-ce qu'on y fait ?
R.G.C : Elles suivent les cours d'alphabétisation. Elles ont des modules basiques (coutures, crochets, pâtissières et cuisine) pour celles qui sont en milieux urbain. Quant aux femmes du milieu rural, elles font des cultures maraîchères et de l'alphabétisation. C'est une fierté pour moi d'aller à la rencontre de ses femmes du milieu rural. J'ai donc décidé d'améliorer les modules des femmes de cette zone en favorisant une formation pour la maintenance de leur machine à coudre. Et cela a été un succès. Les cinq groupements féminins que nous avons d'abord formé et les modules dont les femmes ont bénéficié sont des atouts majeurs. Apprendre la maintenance de leur machine à coudre est une innovation formidable. Elles disent que ce module est bénéfique sur plusieurs points.
L.P. : Lesquels ?
R.G.C : Le premier point, c'est qu'elles ne sont plus obligées d'aller chercher de l'huile pour graisser la machine qui s'arrête parfois en pleine activité. En effet, auparavant, lorsque la machine s'arrêtaient, les femmes aussi mettaient un terme à leur activité car ne sachant pas d'où venait la panne. Elles ne savaient pas que c'était dû à l'absence de graisse. Elles perdaient alors une journée de travail. L'autre module qui a trait à la gestion du budget familial est également du pain béni pour elles. Dans la période de crise, beaucoup de femmes sont devenues des chefs de famille. On leur a appris la gestion de ce budget. De hauts cadres de ce pays ne savent pas gérer le budget familial. La femme du milieu rural qui a bénéficié d'une formation, le sait aujourd'hui. Tous ces éléments sont extrêmement importants pour que la femme du milieu rural se sente valoriser. Comment ces femmes ont contribué à la sécurité alimentaire en Côte d'Ivoire, même en période de crise ? Comment ces femmes peuvent être valorisées ? Nous avons trouvé la solution.
L.P. : Laquelle ?
R.G.C : Nous nous sommes adressées au Préfet, aux organisations de femmes dans dix régions de la Côte d'Ivoire pour recueillir les noms des femmes qu'ils souhaitent voir décorer.
Et c'est ce que nous avons fait. Nous avons décoré 10 femmes. Quand elles retournent dans leurs villages respectifs, elles deviennent des leaders. Simplement parce qu'elles ont apporté un plus dans le développement de leur région. Nous sommes en phase avec le thème de cette année. Le Président Alassane Ouattara, à la Tribune des Nations Unies le 11 septembre 2011, à New York, a pris l'engagement de faire la promotion de la Femme, protéger les enfants. La Première Dame Mme Dominique Ouattara dit que son fer de lance est la protection et la survie des enfants en Côte d'Ivoire. Et quand les Nations Unies nous disent de mettre l'accent sur l'autonomisation de la Femme rurale, nous leur répondons que le Président Ouattara a déjà commencé cette politique d'autonomisation de la Femme. En Côte d'Ivoire, nous avons nos réalités. Nous allons nous arrêter un moment un peu pour nous imprégner de la situation de la femme dans les différents secteurs d'activités. Aux élections législatives, le Président a remis un million de Francs Cfa à chaque femme candidate. (128 femmes) issues de toutes les obédiences politiques et là, vous n'avez pas entendu le FPI se plaindre. Aucune femme n'a refusé son montant. Tout cela pour dire que la Femme ne doit pas rentrer dans les histoires de bassesses politiques. Car, la survie d'une Nation, c'est la Femme. Quand on tue trop de Femmes, il n'y a pas de survie de la Nation. La Femme ne doit pas faire de la politique politicienne. Mais si d'aventure elle doit faire de la politique, elle doit penser développement et Nation. Cet acte unique que le Président a posé en faveur des femmes candidates aux législatives est une vraie leçon de démocratie.
L.P. Récemment vous avez organisé une rencontre…
R.G.C. : Il s'agit de la journée du 22 février. Elle nous a permis de faire le bilan et envisager des perspectives. Les femmes ont réfléchi et formulé des doléances qui sont compilées dans un livre blanc qui sera remis au président Ouattara. Il nous a donné l'autorisation d'élaborer ce livre blanc sectoriel. Nous allons le lui remettre aujourd'hui. Cette année, j'ai proposé que chaque région organise sa journée internationale de la Femme. Etant entendu que cette journée tourne autour de la Femme du milieu rural. On n'a pas besoin de se déplacer cette année, pour aller célébrer la Femme à l'intérieur. Nous avons décidé de réfléchir. Il y a certains secteurs d'activité où il y a beaucoup de femmes et d'autres où il y en a peu. Dans le domaine de l'architecture, il y a très peu de femmes. Au niveau des pharmacies, il y a beaucoup de femmes, en médecine également. Elles sont également nombreuses dans les secteurs les plus pointus. Telle que la micro-chirurgie. Souvent, c'est parce qu'on ne veut pas voir ces femmes qu'on demande où elles sont. D'ailleurs, elles mêmes souvent se font hara-kiri. Tout cela parce qu'elles n'ont pas la culture de la visibilité.
La femme ivoirienne doit oser et être visible. Tout ce que nous faisons aujourd'hui, c'est pour la Femme ivoirienne. Le séminaire organisé le mois dernier a été une occasion de mobiliser les femmes des différents secteurs d'activités. Notamment, la grande muette (Armée), la marine, l'armée de l'air, etc. Ces femmes ont parlé de leurs différentes expériences. Elles ont demandé qu'on permette aux jeunes filles de rentrer dans l'armée. Comment comprendre que jusqu'à ce jour, nous n'ayons pas de femme à la gendarmerie !
L.P. : Qu'est-ce qui explique cela ?
R.G.C : J'ai demandé au Commandant supérieur de la gendarmerie de m'aider à sensibiliser les gendarmes pour qu'ils puissent comprendre que les femmes ne viendront pas les perturber. Les gendarmes soutiennent que l'admission des femmes à la gendarmerie pourra les perturber. Et que dans leur corporation, ils n'ont pas besoin de femmes. Aujourd'hui, on parle de compétence. On ne parle pas de femmes au sens sexo-spécifique. Si un gendarme parcourt 10 Km et que la femme est à mesure de faire le même parcours où est le problème ! Si elles ne peuvent pas, elles iront faire autre chose. Mais laisser-les au moins essayer. C'est tout ce que je demande. Et le commandant supérieur de la gendarmerie m'a rassurer qu'il y pense sérieusement. Je pense que bientôt avec l'appui du ministre de la Défense nous aurons bientôt une femme Générale en Côte d'Ivoire. Egalement des femmes à la gendarmerie et à l'EMPT. Dès qu'on ouvre les candidatures, il ne faudrait pas qu'il y ait seulement deux ou trois femmes. Qu'elles postulent massivement aux différents concours de l'armée. Pour moi, une femme se définit non seulement par sa visibilité, sa compétence mais par son esprit d'ouverture. Il faut que les femmes osent. Il faudrait qu'elles se positionnent.
LP : Peut-on avoir un aperçu du contenu du Livre blanc ?
RGC : Ce Livre blanc constitue un bilan sans complaisance. C'est-à-dire que les femmes ont-elles-mêmes fait leur auto-critique. Nos ainées sont là. Mme Aka Anghui dans le domaine de la vie politique, de la Pharmacie. Mme Fatou Sylla dans celui de l'Industrie. Toutes ces femmes ont pu avancer grâce à une volonté politique. Nous avons réalisé qu'il n'y a pas eu d'avancées notables dans les différents secteurs d'activités. En clair, ce sont des propositions qui vont figurer dans ce livre blanc. Nous avons demandé 30 % en terme de représentativité dans les différents secteurs. Notre texte est passé en Conseil de gouvernement. Mais, j'ai été renvoyé à ma copie en me demandant pourquoi nous n'allons pas à la parité. Le Président Ouattara lui-même l'a dit que nous allons tendre vers la parité.
Réalisée par Anzoumane Cissé & Jean Eric ADINGRA