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Économie Publié le mercredi 14 mars 2012 | Le Quotidien d’Abidjan

La crise de l’Euro fragilise le Franc Cfa : Les Chefs d’Etats africains en alerte

En cas de dévaluation, 40% des ressources africaines pourraient être utilisées comme bouée de sauvetage pour le Trésor français

Le Franc Cfa donne des signes inquiétants du fait de la crise de l’Euro. Partout dans les pays africains de la zone Franc, l’inflation prend des proportions inquiétantes. Y a-t-il des raisons de craindre pour une fin possible de l’Euro qui sonnerait le début d’un processus de dévaluation du Fcfa. Suivons.

La dévaluation du CFA annoncée par les observateurs économiques et démentie par les gouvernements de la zone CFA donne malheureusement des signes inquiétants. Elle a commencé bien avant la date du 1erjanvier 2012 sous la forme de la dépréciation progressive du CFA par rapport à l’euro, au fur et à mesure que la monnaie européenne elle-même se déprécie par rapport aux autres monnaies dans la tourmente de la crise financière européenne. Cette dépréciation progressive est censée atteindre son seuil programmé où 1 euro équivaudra 1000 CFA (actuellement presque 700 FCFA) à d’ici la fin du premier trimestre 2012. Dans le cas où l’euro vient à disparaitre puisqu’il est en proie présentement à une véritable tourmente et que la France renoue avec le franc, comme le prévoient de nombreux économistes de renom, dont Jacques Attali, la dépréciation du CFA sera éventuellement traduite en sa forme plus agressive et immédiate de dévaluation pour se positionner à 1000 CFA pour 1 franc français. Les Africains ont certainement déjà senti cette dépréciation de la monnaie coloniale par les coûts inexplicablement élevés des produits d’importation (le riz, la farine, le lait, les produits manufacturés, les engrais, les machines agricoles, les médicaments, etc.) et par l’effondrement mystérieux des prix des produits d’exportation comme le café, le cacao, etc. En Côte d’Ivoire, par exemple, le paysan a vu la chute continue du prix du café, du cacao, et du palmier à huile. Aussi longtemps que dureront les tergiversations de la zone euro, Les pays de la zone CFA continueront de connaître une dépréciation de leur monnaie pour accommoder l’euro, et surtout pour sauver la France. Dès que mourra l’euro, une dévaluation immédiate et brutale du CFA se fera pour sauver un franc français, lui-même affaibli. En attendant la dévaluation, c’est la dépréciation qui prévaudra.

Pourquoi la dévaluation du CFA ?

La France n’a plus d’argent. Elle n’a que d’énormes dettes publiques et bancaires. Elle est la plus exposée aux faillites grecques et italiennes, entre autres, et vient de s’embarquer sur un nouveau plan d’austérité. Elle a perdu son Triple A, ce qui a conduit les banques privées à accepter de pardonner une partie de la dette européenne. Les grandes dépenses occasionnées dans la poursuite de la guerre contre la Libye ont ruiné la France. La seule raison pour laquelle elle a encore la tête hors de l’eau est la présence des vastes réserves africaines dans les caisses du Trésor français depuis 1960. La grande partie de cette somme est détenue sous forme d’actions au nom du Trésor français ; ce qui a permis de compenser de façon très substantielle la perte de crédibilité des finances françaises.
Les pays francophone d’Afrique se sont progressivement habitués à l’idée qu’ils ne reverront plus jamais leurs avoirs accumulés depuis des années, que la France entend utiliser comme sa contribution à l’effort de sauvetage de l’euro. Selon une source, le président Wade a encore demandé qu’une comptabilité soit faite sur les réserves africaines. Jusque là aucune réponse ne lui est venue. Cette source affirme également que Alassane Dramane Ouattara et Denis Sassou Nguesso, Président du Congo-Brazzaville ont été informés qu’une dévaluation sera nécessaire, et ils ont été délégués pour relayer l’information à leurs homologues. Les économistes sont unanimes que si cette dévaluation a lieu, 40% des ressources africaines seront utilisées comme bouée de sauvetage pour le Trésor français.
Cela aura des conséquences désastreuses pour l’Afrique. La dernière fois qu’une mesure de dévaluation fut prise, l’Afrique francophone en a souffert énormément. Bien sûr, les présidents africains et leurs proches ne connurent pas la galère du peuple. La dévaluation est avantageuse lorsque l’on a des produits à exporter, car les produits bon marché attirent les acheteurs. Cependant, la plupart des produits que l’Afrique exporte sont des matières premières et du pétrole. Leurs produits manufacturés, leurs services, tous leurs produits invisibles leur viennent pratiquement de la France ou par le biais de celle-ci. Les denrées alimentaires sont en grande partie importées d’ailleurs, et leurs coûts de transport ne cessent de grimper chaque jour. Cette année, des signes d’inflation se font voir. La zone monétaire ouest- africaine a connu une inflation accélérée de 3,9% à 4,1% de décembre à janvier. Cette inflation dans la zone CFA était due principalement au coût élevé de la nourriture, du transport, du logement et de la communication. L’augmentation des coûts était en moyenne de 1,4% en 2010, alors qu’elle n’était que de 0,4% l’année précédente. Les coûts élevés du carburant et de la nourriture ont conduit à cette augmentation des prix.
Le prix de la dévaluation sera la stagnation et l’augmentation du chômage. Ce qui pèsera de tout son poids sur la stabilité nationale et la croissance. S’il est vrai que les personnes au chômage sont prêtes à accepter les emplois les plus abjects, il n’en est pas moins vrai que les conséquences économiques de la dévaluation seront épouvantables. En économie, la loi d’Okun stipule que pour chaque 1% d’augmentation du taux de chômage, le PIB du pays concerné sera d’environ -2% de son potentiel. Les pays africains fragiles auront du mal à formuler des politiques économiques pour compenser leurs pertes.
Bien que le problème soit plus sérieux pour la Côte d’Ivoire, qui pendant la dernière dévaluation contribuait pour 60% des réserves de change de la zone CFA déposées au Trésor français, il n’en est pas moins sérieux pour les autres états.

Kouakou Atta
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