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Société Publié le samedi 17 mars 2012 | Nord-Sud

Sexualité après l’accouchement : Les femmes racontent leurs calvaires

La reprise des relations sexuelles après l’accouchement n’est pas chose aisée. Douleurs, baisse du désir sexuel, autant de contraintes pour les femmes. Pendant que certaines refusent systématiquement de passer à l’acte, d’autres cèdent sous la pression et les menaces de leurs conjoints.


Après l’accouchement, toute la zone périnéale est particulièrement sensible, voire meurtrie, surtout en cas d’épisiotomie. La perte de sensibilité dans la région vaginale et périnéale est évidente car les vaisseaux sanguins qui alimentent le vagin ont été déchirés par le passage du bébé et cette zone est moins irriguée et donc moins lubrifiée. Les rapports sexuels deviennent par conséquent un chemin de croix. Félicité K. l’avoue. Deux mois après la naissance de sa fille aînée, il y a deux ans environ, les disputes sont devenues courantes chez ce couple trentenaire. Tout a commencé une nuit. « Il m’a fait savoir qu’il était temps de reprendre les activités sexuelles et qu’il n’arrivait plus à se retenir », raconte-t-elle. N’ayant pas donné de suite à la requête, Philippe remet le couvert trois jours après. Elle devait se plier à la décision de son époux ou en assumer les conséquences. « Je ne mesurais pas l’ampleur de la situation. Les virées nocturnes étaient récurrentes. Ses poches étaient ‘’bourrées’’ d’emballage de préservatifs utilisés. Il prenait la peine de les laisser-là pour me faire mal », rapporte-t-elle. Le comble, poursuit-elle, il me battait chaque fois que je l’empêchais de sortir. Les jeunes parents ont du mal à faire face à cette nouvelle vie. La peur d’avoir mal, de souffrir pendant l’acte, tout d’abord. La peur de retomber enceinte ensuite. La peur de ne plus plaire du fait de ses kilos en trop, ses seins gonflés et son teint brouillé sont autant de facteurs qui ont amené Raïssa Kamagaté à fuir son époux pendant plus d’un an après son accouchement. «J’avais peur de ne pas être à la hauteur au moment des ébats. J’inventais des maux jusqu’à ce qu’il me colle la paix. Au bout de cinq mois, je n’en pouvais plus. Je savais qu’il avait quelqu’un d’autre dans sa vie, mais je n’osais pas en parler. Jusqu’à ce qu’il me le jette à la figure qu’il couchait avec notre servante », con­fesse-t-elle.

Des disputes entraînant des séparations

Raïssa qui n’en pouvait plus, a quitté le domicile conjugal de Cocody pour rejoindre sa mère dans la commune de Yopougon. N’eût été l’intervention de leur guide religieux, le couple allait tout droit au divorce. Selon B.O., sage-femme exerçant dans un établissement sanitaire de Bingerville, c’est au-delà de deux mois que les grincements de dents commencent. Ce problème est plutôt récurrent chez les nouveaux-parents. A cause des nombreuses absences de son conjoint qui lui faisait des infidélités, rapporte B.O., Amina a décidé d’avoir des rapports intimes avec lui. Elle avait mis au monde des jumelles. B.O. rapporte qu’elle se plaignait de saignement. L’examen a mis en évidence une hémorragie par suite de déchirure du cul de sac de Douglas (une partie de l’appareil génital féminin). En effet, elle venait d’avoir ses premiers rapports sexuels avec son époux. « C’est au bloc chirurgical que s’est achevée cette histoire. Il fallait réparer tous les dégâts causés », explique-t-elle. Une douleur supplémentaire qui aurait pu être évitée si les deux con­joints s’étaient parlé. Un autre praticien, gynécologue, nous a révélé qu’une de ses patientes, concubine d’un médecin, a vécu une expérience pareille. C’était une déchirure sur cicatrice récente d’épisiotomie, la troisième semaine après l’accouchement. Le conjoint qui a assisté à l’intervention chirurgicale est resté tête basse tout le temps qu’elle a duré. Ce qui était pressenti pour être une partie de plaisir se termine devant des yeux étrangers. Un autre, nous a révélé qu’une de ses patientes, a eu ce dysfonctionnement. C’était suite à une césarienne, où il avait exempté la femme de trois mois de rapports intimes. Au bout de 45 jours, elle est revenue avec des saignements. Elle n’a pas pu respecter la prescription et s’est retrouvée avec une infection à l’utérus. Il a fallu d’autres soins et une autre intervention chirurgicale pour la soulager. « Elle était toute honteuse parce qu’à la consultation, elle ne l’a pas avoué malgré toutes les questions que je lui posais. C’est au cours de l’examen clinique que j’ai réalisé la gravité de la situation. En effet, l’acte sexuel avait occasionné des infections qu’il fallait traiter rapidement au risque de la perdre », décrit-il.

Des femmes…

Même si la baisse du désir d’un à trois mois après l’accouchement est normale chez les femmes, il n’en demeure pas moins que certaines fassent exception. Nicole est restée constante. Bombe sexuelle depuis la grossesse, elle l’est restée après l’accouchement. Elle a eu d’énormes difficultés à respecter les 40 jours sans rapports sexuels imposés par le médecin. « La communication a été très importante pendant cette période. Je lui disais ce que je ressentais. Et, il m’aidait toujours à surmonter le désir. Il me rappelait qu’il fallait attendre. Nous utilisons d’autres procédés tels que la masturbation pour calmer le désir. Le plaisir sexuel n’est pas forcément lié à la pénétration vaginale. La situation s’est compliquée lorsque je me suis rendue compte que j’éprouvais parfois des sensations de plaisir dans les parties génitales lorsque j’allaitais, à la troisième semaine. Au point où j’avais honte d’adresser la parole à mon époux. Au bout de trois jours, je lui ai raconté ce qui m’arrivait et ensemble nous sommes convenus de passer à l’allaitement artificiel », se souvient-elle, trois ans après cette expérience. Son époux a exigé l’allaitement artificiel au deuxième bébé qui est arrivé le mois passé.

Gare à une autre grossesse !

L’ovaire de la femme commence à fonctionner trois jours après l’accouchement. Elle peut ovuler à partir d’un mois après l’accouchement. Même si la plupart des cas d’ovulation sont tardifs (en moyen­ne 45 jours après l’accouchement). Il peut arriver qu’une femme soit à nouveau enceinte aussitôt après avoir accouché. Raison pour laquelle la question de la contraception est aussitôt abordée lors de la consultation post-natale. Elle devrait commencer, selon les spécialistes, trois semaines après l’accouchement. En effet, l’allaitement peut constituer en lui-même un contraceptif jusqu’à six mois. S’il est exclusif et que la maman donne au moins 8 tétées par jour. Si l’allaitement n’est pas exclusif, la prise d’une pilule micro-progestative dès 3 semaines après l’accouchement ou la pose d’un implant à partir de 4 semaines, apportent une contraception efficace sans compromettre l’allaitement et sans danger pour le bébé.


Des hommes se défendent

Certains hommes adorent voir leur femme avec une grosse poitrine, après l’accouchement. Ils la trouvent plus aguichante et sont donc plus attirés. C’est le cas de S.K. agent de liaison dans une société de la place. Son épouse a accouché deux fois en trois ans. « Je n’y vois aucun problème. C’est ma fem­me… », se défend-il. D’autres hom­mes, ceux qui ont une forte libido connaissent également ce problème. H.Y., ‘’un vrai chaud lapin’’ avait l’habitude de faire l’amour avec sa femme 5 fois dans la semaine. Pendant sa grossesse, et précisément après le 7ème mois, il a réduit la fréquence. Il est passé de cinq à trois. « Après l’accouchement, j’ai vécu un calvaire. Les médecins lui ont demandé d’attendre 4 mois pour permettre à ses plaies de cicatriser. Les deux premiers mois, c’était plus facile. Les deux derniers, je n’en pouvais plus. J’ai décidé d’avoir une maîtresse. Et lorsqu’elle l’a su, j’ai eu tous les problèmes. Elle m’a quitté pour s’installer avec le bébé chez ses parents. Elle n’a rejoint le domicile conjugal qu’après l’intervention de nos parents », raconte-t-il. Et de poursuivre : « je n’hésiterai pas à le refaire à la naissance du prochain bébé. Cette fois-ci, je ne me laisserai pas prendre ».


Adélaïde Konin
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