Vue d’Abidjan, la prochaine élection présidentielle en France intéresse. Qu’on soit socialiste, c’est-à-dire partisan de Laurent Gbagbo, proche du candidat François Hollande, qu’on soit libéral, partisan d’Alassane Ouattara, et proche de Nicolas Sarkozy, chacun a ses attentes. Le Dr Maurice Fahé, politologue ivoirien, explique en 3 réponses l’avenir des relations Côte d’Ivoire-France après le 6 mai.
Quel intérêt peuvent avoir les Ivoiriens dans l’élection présidentielle à venir en France ?
L’intérêt des Ivoiriens tient très certainement à la place qu’occupe la France en Côte d’Ivoire. D’abord, la Côte d’Ivoire est une ancienne colonie française. Malgré l’indépendance, elle est restée solidement amarrée à la France. Ensuite, la plupart des entreprises implantées en Côte d’Ivoire sont d’origine française. Celles-ci emploient des milliers d’Ivoiriens. La France demeure un des principaux fournisseurs et clients de la Côte d’Ivoire. La dette extérieure de la Côte d’Ivoire est détenue à plus de 50% par la France. Or, la réduction de la dette publique est un objectif de premier plan pour le gouvernement, car du volume de ressources consacrées au paiement des charges de la dette dépend le niveau de l’investissement public et donc l’emploi. Il y a une communauté française en Côte d’Ivoire depuis plusieurs années et depuis peu plus de 100.000 Ivoiriens vivent en France. Il y a une présence militaire française en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance et celle-ci a été décisive dans la résolution de la crise ivoirienne. Le franc CFA, monnaie utilisée par les Ivoiriens est garantie par la France, etc. La Côte d’Ivoire actuelle à son destin profondément lié à celui de la France puisqu’une décision française peut changer beaucoup de choses en Côte d’Ivoire dans un sens comme dans l’autre. Vous comprenez donc que les Ivoiriens ne peuvent pas être indifférents à ce qui se joue en France.
Qu’est-ce qui pourrait changer avec l’élection d’un nouveau président à l’issue de ces élections du 6 mai et si d’aventure les socialistes sont portés au pouvoir ?
Malgré les éléments que j’ai cités pêle-mêle, je ne pense toutefois pas qu’un changement de président bouleverserait les rapports entre la France et la Côte d’Ivoire. L’ancien président français, le général Charles de Gaulle ne disait-il pas : «les pays n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts» ? La pratique nous a montré que, que ce soit un gouvernement de gauche ou un gouvernement de droite, la politique africaine de la France restait toujours la même. On ne peut pas donc penser qu’il y aurait un bouleversement pour nous si le président français changeait. Il peut se produire par contre des changements à la marge liés à la personnalité du chef de l’exécutif français ou à son appartenance idéologique. Si un socialiste venait à être élu président de la France, cela ne changerait pas grand-chose, sauf la proximité avec le président ivoirien et peut-être certains engagements personnels du président français en Côte d’Ivoire.
La campagne bat son plein. Mais on voit que l’Afrique ni la Côte d’Ivoire ne sont des thèmes largement débattus par les différents candidats.
Ecoutez, il en a été de même lors de la dernière campagne électorale en Côte d’Ivoire. Les candidats ne faisaient pas particulièrement référence à la France. Les élections présidentielles françaises c’est d’abord l’affaire du peuple français. Or, celui-ci a ses problèmes qu’il veut que ses dirigeants résolvent. La France est une puissance moyenne et elle entend le demeurer, les élections doivent permettre d’élire un homme capable d’indiquer le chemin à suivre et les moyens à mettre en œuvre. La France traverse une crise aiguë. Cette crise pose la question de l’équilibre budgétaire, de la croissance, de l’emploi, du choix entre la délocalisation industrielle et le maintien des industries en France, de la compétitivité et donc de la place de l’économie française dans la nouvelle division internationale du travail mais aussi la question de la sécurité. L’Afrique et la Côte d’Ivoire ne peuvent être vues qu’à travers la question de l’immigration mais celle-ci est posée en général et non en référence à un pays. Il ne faut donc pas s’étonner que l’Afrique ne soit pas un thème de campagne. Après tout, l’Afrique n’est qu’un sous-thème, son sort étant depuis longtemps réglé par les accords de coopération, les traités monétaires et la pratique économique, politique et diplomatique.
Entretien réalisé par Bakayoko Youssouf
Quel intérêt peuvent avoir les Ivoiriens dans l’élection présidentielle à venir en France ?
L’intérêt des Ivoiriens tient très certainement à la place qu’occupe la France en Côte d’Ivoire. D’abord, la Côte d’Ivoire est une ancienne colonie française. Malgré l’indépendance, elle est restée solidement amarrée à la France. Ensuite, la plupart des entreprises implantées en Côte d’Ivoire sont d’origine française. Celles-ci emploient des milliers d’Ivoiriens. La France demeure un des principaux fournisseurs et clients de la Côte d’Ivoire. La dette extérieure de la Côte d’Ivoire est détenue à plus de 50% par la France. Or, la réduction de la dette publique est un objectif de premier plan pour le gouvernement, car du volume de ressources consacrées au paiement des charges de la dette dépend le niveau de l’investissement public et donc l’emploi. Il y a une communauté française en Côte d’Ivoire depuis plusieurs années et depuis peu plus de 100.000 Ivoiriens vivent en France. Il y a une présence militaire française en Côte d’Ivoire depuis l’indépendance et celle-ci a été décisive dans la résolution de la crise ivoirienne. Le franc CFA, monnaie utilisée par les Ivoiriens est garantie par la France, etc. La Côte d’Ivoire actuelle à son destin profondément lié à celui de la France puisqu’une décision française peut changer beaucoup de choses en Côte d’Ivoire dans un sens comme dans l’autre. Vous comprenez donc que les Ivoiriens ne peuvent pas être indifférents à ce qui se joue en France.
Qu’est-ce qui pourrait changer avec l’élection d’un nouveau président à l’issue de ces élections du 6 mai et si d’aventure les socialistes sont portés au pouvoir ?
Malgré les éléments que j’ai cités pêle-mêle, je ne pense toutefois pas qu’un changement de président bouleverserait les rapports entre la France et la Côte d’Ivoire. L’ancien président français, le général Charles de Gaulle ne disait-il pas : «les pays n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts» ? La pratique nous a montré que, que ce soit un gouvernement de gauche ou un gouvernement de droite, la politique africaine de la France restait toujours la même. On ne peut pas donc penser qu’il y aurait un bouleversement pour nous si le président français changeait. Il peut se produire par contre des changements à la marge liés à la personnalité du chef de l’exécutif français ou à son appartenance idéologique. Si un socialiste venait à être élu président de la France, cela ne changerait pas grand-chose, sauf la proximité avec le président ivoirien et peut-être certains engagements personnels du président français en Côte d’Ivoire.
La campagne bat son plein. Mais on voit que l’Afrique ni la Côte d’Ivoire ne sont des thèmes largement débattus par les différents candidats.
Ecoutez, il en a été de même lors de la dernière campagne électorale en Côte d’Ivoire. Les candidats ne faisaient pas particulièrement référence à la France. Les élections présidentielles françaises c’est d’abord l’affaire du peuple français. Or, celui-ci a ses problèmes qu’il veut que ses dirigeants résolvent. La France est une puissance moyenne et elle entend le demeurer, les élections doivent permettre d’élire un homme capable d’indiquer le chemin à suivre et les moyens à mettre en œuvre. La France traverse une crise aiguë. Cette crise pose la question de l’équilibre budgétaire, de la croissance, de l’emploi, du choix entre la délocalisation industrielle et le maintien des industries en France, de la compétitivité et donc de la place de l’économie française dans la nouvelle division internationale du travail mais aussi la question de la sécurité. L’Afrique et la Côte d’Ivoire ne peuvent être vues qu’à travers la question de l’immigration mais celle-ci est posée en général et non en référence à un pays. Il ne faut donc pas s’étonner que l’Afrique ne soit pas un thème de campagne. Après tout, l’Afrique n’est qu’un sous-thème, son sort étant depuis longtemps réglé par les accords de coopération, les traités monétaires et la pratique économique, politique et diplomatique.
Entretien réalisé par Bakayoko Youssouf