Le Front populaire ivoirien (FPI), l’ex-parti au pouvoir, se remet difficilement de sa perte de pouvoir. Le parti fondé par Laurent Gbagbo est relativement miné aujourd’hui par des querelles internes qui risquent, à terme, de lui porter un mauvais coup. La pomme de discorde au sein du FPI aujourd’hui, si l’on en croit certaines personnalités du parti, c’est l’approche politique visant à redonner à cette formation sa place d’antan dans le jeu politique. Pour certains, l’ancien parti au pouvoir peut bien exister et se faire entendre sans forcément aller dans un gouvernement du président Ouattara. Pour d’autres par contre, il y a nécessité d’aller à la table de négociation avec le pouvoir sans préalable et, pourquoi pas, entrer dans un gouvernement pour mieux agir sur les décisions politiques. Au FPI, ils sont nombreux les dirigeants qui, en privé, confient qu’il y a lieu de baisser quelque peu la garde pour engager franchement des pourparlers avec le régime d’Alassane Ouattara. La libération de nombreux prisonniers pro-Gbagbo et le dégel d’avoirs de quelques LMP ne sont-ils pas le fait de négociations souterraines, voulues et pilotées par des dirigeants du Congrès national pour la résistance, la démocratie et le progrès(CNRD), dont le FPI est membre ? Qu’à cela ne tienne ! Des hauts responsables du parti refusent, encore et toujours, d’être à la table d’Alassane Ouattara. « Non seulement le FPI n’a jamais été contacté pour faire partie d’un quelconque gouvernement, mais il n’est pas demandeur. D’ailleurs, qui vous dit que notre parti est intéressé par cette histoire de gouvernement », martelait récemment l’ancien ministre Amani Nguessan, avant de relever que le problème du FPI se trouve ailleurs. Le souci majeur du FPI reste, en effet, la libération sans condition de Laurent Gbagbo et de tous ceux qui sont actuellement détenus dans les geôles du Nord du pays. En clair, la direction de l’ancien parti au pouvoir n’entend pas, tant que sa principale exigence relative à la libération de Gbagbo n’est pas satisfaite, entrer en négociation avec le chef de l’Etat. « Nous prendrons part aux activités gouvernementales si les difficultés évoquées à l’intention du pouvoir sont un tant soit peu résolues. Tant que les conditions d’une sécurité auxquelles nous joignons d’ailleurs d’autres conditions indispensables à la reconstruction post-crise, ne sont pas réunies, il n’est pas question de faire légitimer ce régime », insiste Laurent Akoun, secrétaire général par intérim du parti. C’est ici que tout pourrait se gâter entre l’aile dure du parti que semble incarner les Amani Nguessan et Akoun d’une part, et ceux qui apparaissent comme des modérés au sein du FPI d’autre part, avec à leur tête Miaka Ouréto, président intérimaire du parti ainsi que l’ancien ministre Dano Djédjé Sébastien. La question de l’entrée ou non du FPI au gouvernement est de nature à fragiliser la cohésion du parti. Les responsables du FPI en exil restent également divisés sur le sujet. Le maire FPI de Yopougon, Gbamlan Djidan Félicien a dû mettre un terme à son exil pour rentrer au pays, question de se défaire de l’attitude rigide de ses camarades de parti qui sont à l’extérieur. Plus les jours passent, plus des voix s’élèvent pour appeler à des discutions avec le pouvoir. Récemment, c’est l’un des dinosaures du FPI, l’ancien DG du Port d’Abidjan Marcel Gossio qui, depuis son exil, a publiquement appelé à discuter avec le pouvoir de Ouattara, sans condition. «Ce qui est arrivé est arrivé, ce qui est fait est fait. Pour moi, c’est le pays d’abord avant les partis politiques. Discutons avec Ouattara pour aller à la paix », a estimé Gossio dans des confidences faites début mars à un proche et relayées par ‘’Trait d’Union’’. Qu’adviendra-t-il si les uns et des autres restaient figés sur leurs positions ? Il y a, assurément une menace qui plane sur le FPI, parti qui cherche ses marques pour parler d’une voix face au pouvoir.
TOURE M. Adams
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