Les automobilistes et autres utilisateurs d’engins motorisés y vont régulièrement à la recherche d’éventuelles pièces de rechange. Ce lieu est appelé communément Casse pour certains et ferraille pour d’autres. Des endroits où anarchie et recherche de gains se côtoient régulièrement. Incursion dans un univers qui brasse beaucoup d’argent mais qui peine à se professionnaliser. Klaxons de voitures, bruits assourdissants de battage de fer, marchandages, appels à tue-tête, vente à la criée, vrombissements de guimbardes….Nous sommes à la ferraille d’Abobo-Anador, appelée communément ‘’Casse ‘’, qui s’étend sur un espace d’environ 6 hectares. Les magasins qui jonchent la voie principale ne sont que la face visible de l’Iceberg. Car à l’intérieur, ce sont de véritables ateliers mécaniques qui s’étendent à perte de vue dans les dédales d’un lieu hors du commun. A cet endroit se trouve les vendeurs de pièces détachées-toutes marques confondues-, grossistes (importateurs de véhicules et pièces), mécaniciens, tôliers, électriciens, soudeurs, tapissiers….Tous, présents chaque matin, dès 7h pour ne retourner qu’à 19 heures. Et ce, à la recherche de leur pitance quotidienne. Dans ce lot, l’on trouve des démarcheurs, qui généralement sont des déscolarisés ou même des étudiants qui viennent chercher de quoi subvenir à leurs besoins. Ce sont au moins 10 000 personnes et 3000 magasins qui sont concentrés sur ce site, repère de tous les hommes à la recherche d’emploi, les hommes de métiers… Les activités dans ces différentes ‘’Casses ‘’ sont identiques. De Koumassi à Abobo, en passant par Adjamé, Yopougon, et Marcory, c’est le même scenario quotidien. Vente d’accessoires et entretien d’automobiles constituent l’essentiel du travail dans ce secteur. Cependant, les travailleurs et les différents propriétaires de magasins ne sont pas vus d’un bon œil par le citoyen lambda. Car à tort ou à raison, ils sont accusés d’être de connivence avec les jeunes filous qui commettent les larcins sur les accessoires des véhicules (enjoliver, essuies glasses, poste auto…). A cela s’ajoutent d’autres difficultés dans l’exercice de leurs activités. Notamment la hantise d’être déguerpi des lieux au réveil. D’autant plus que les sites qu’ils occupent sont, le plus souvent, provisoires. A ce sujet, la casse d’Abobo-Anador demeure un cas patent. « Le site que nous occupons est provisoire. Il nous faut un autre site de recasement. C’est à ce prix que nous pourrons contrôler et maîtriser toutes les activités de la ferraille. Nous attendons que les autorités nous trouvent un site pour une meilleure organisation de notre corporation et de sa professionnalisation », nous a fait savoir Fofana Bangaly, vice-président de l’AFECA (Association des Ferrailleurs et des casses d’Abidjan). Association créée suite à l’incendie survenue à la casse d’Adjamé en 2002.Qu’à cela ne tienne, les travailleurs de la casse vaquent librement à leurs occupations comme si l’endroit leur était acquis définitivement. Ce qui compte chez eux, c’est bien sûr leur gain au quotidien. Ce n’est pas Lamine qui dira le contraire. « Quand je viens à la casse, c’est pour me chercher. Parce que Abidjan quand tu dors, c’est pour toi qui s’en va », nous lâche –t-il dans un français approximatif. En tout état de cause, ce qui importe pour lui, c’est ce qu’il empoche une fois la descente arrivée. Quand bien même que les patrons de magasins et autres chefs d’ateliers ‘’pleurent ‘’ parce que les activités bougent au ralenti. La crise militaro-politique aidant, plusieurs importateurs se sont tournés vers les pays limitrophes, notamment le Ghana qui paraît, au dire de Fofana Bangaly, mieux organisé en la matière. Créant du coup des difficultés d’approvisionnent des ‘’Casses ‘’ ivoiriennes en pièces détachées et accessoires. Mais les petits ‘’débrouillards ‘’ et démarcheurs de clients, selon eux, s’en frottent les mains. « Je descend au moins chaque jour avec 5000 FCFA, après le retrait de toutes mes dépenses journalières. J’arrive à économiser la sommes de 5000 FCFA », a indiqué Konaté, un jeune étudiant qui s’y retrouve à cause de la fermeture des universités. Mais, c’est ici que l’aphorisme, « C’est à la sueur de ton front que tu gagneras ton pain », trouve tout son sens. Pour avoir de quoi retourner à la maison, il faut se battre dans un environnement où l’on ne se fait pas de cadeaux. Rien n’est acquis d’avance. Seuls les plus courageux sortent victorieux. ` Mannes financières engrangées par les communes. Au delà de l’anarchie qui y règne et du manque d’organisation, c’est de fortes sommes d’argent que ces vendeurs et artisans manipulent. Pour la seule casse d’Abobo, Ce sont plus de 10 000 commerces où au moins 5 personnes gravitent autour d’un magasin. Et la taxe communale qui varie entre 3000 et 8000 FCFA par magasin est une manne financière importante qu’engrangent les autorités municipales. Un petit calcul avec le nombre de magasins pour la Casse d’Abobo est édifiant. En prenant la moyenne de 5000 Cfa comme taxe par magasin, le résultat donne Ceci : 5000 x 10000=50 000 000 FCFA. C’est la moyenne que pourrait percevoir la commune d’Abobo pour la Casse qui s’y trouve. Quid des casses de Marcory , Koumassi, Yopougon et Adjamé ? En tout cas, le moins qu’on puisse dire, c’est que les casses sont de véritables pourvoyeuses d’emplois et contribuent à l’essor économique du pays. C’est ici donc que réside le sens de ce plaidoyer en vue d’une organisation viable et fiable de ce secteur d’activités.
B.TAKI
B.TAKI