Les militaires maliens en ont marre du manque d’armement face à la rébellion touarègue qui continue de glaner des victoires au nord du pays.
La rébellion touarègue qui a déclenché le 17 janvier au nord du Mali pourrit l’atmosphère dans les garnisons militaires du pays. Les revers de l’armée régulière devant « les hommes bleus du désert » sont mal ressentis par la troupe qui contient difficilement sa colère. Hier, la garnison de Kati à 15 km de Bamako, a crié son ras-le-bol devant ce qu’elle considère comme le manque de volonté du pouvoir à réduire cette rébellion. Leur rencontre avec le ministre de la Défense, le général Sadio Gassama, accompagné du colonel major Ould Meidou, s’est achevé en queue de poisson. Ils étaient venus livrer un compte rendu de l’évolution de la situation au Nord-Mali, confronté à une rébellion touarègue depuis la mi-janvier. Le ministre a parlé des nouveaux matériels militaires qui tardent à être acheminés de l’extérieur du pays, mais les militaires s’attendaient visiblement à plus d’information et surtout à une meilleure prise en charge des familles des soldats décédés au cours des combats. Selon une source sécuritaire à Bamako, le ministre Gassama a également parlé d’envoyer un nouveau contingent au front. Les discussions se sont alors envenimées et les pierres ont commencé à pleuvoir sur le ministre et sa délégation. Le général Gassama est rentré en catastrophe dans sa voiture avant de quitter le camp militaire. Quelques minutes plus tard, les militaires ont cassé un dépôt d’armes et ont commencé à tirer en l’air, menacent de marcher sur le palais présidentiel où la sécurité a été aussitôt renforcée. Puis plusieurs dizaines des mutins sont allés dans les rues de Bamako, tirant des coups de feu en l'air et semant la panique parmi la population, avant d'investir l'Office de la radio télévision malienne (Ortm) qui a interrompu ses programmes. Ils se sont ensuite dirigés vers la Primature avant de prendre le chemin de la présidence. « Nous en avons marre de la situation dans le nord » du pays, a brièvement affirmé l'un de ces militaires. « Nous voulons des munitions pour aller combattre les rebelles touaregs, trop c'est trop », avait déclaré plus tôt un caporal du camp de Kati, sous couvert de l'anonymat. Le 10 mars, la perte du camp militaire d’Amachach, dans la région de Kidal, a installé un climat de méfiance jusqu’au plus haut niveau de l'armée malienne. Le général Gabriel Poudiougou, chef d’état-major général des armées du Mali est sorti de ses gongs face au rapatriement par l’Algérie, le 16 mars de plus de 100 militaires maliens à l’aéroport de Bamako. « Vous allez retourner tout à l’heure à Gao pour rejoindre le poste de contrôle opérationnel de l’armée (QG), ou vous serez radiés », a-t-il tonné devant les soldats en question, qui ont abandonné sans combattre le camp d’Amachach, à 7 km au sud de Tessalit, pour franchir la frontière algérienne. Il s'agit du deuxième rapatriement de militaires maliens auquel l’Algérie procède depuis le début de la rébellion du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla). Le malaise gagne l’armée malienne, les soldats montrent des signes de découragement face à l’avancée fulgurante des « sauvages du désert ». Le climat de méfiance entre Koulouba et les officiers en poste sur le terrain des opérations ne semble pas près de s'améliorer. Certains chefs de l’armée sont accusés de détournement des moyens dégagés par l’Etat pour freiner les rebelles touaregs. Cette crise a provoqué l’exode massif des Maliens vers les pays voisins que sont le Niger, la Mauritanie et l’Algérie. La Cedeao a décidé de voler au secours du Mali en adressant un ultimatum aux rebelles touaregs. « La Cedeao invite le Mnla à observer immédiatement et de façon inconditionnelle un cessez-le-feu, à déposer les armes et à céder aux autorités centrales tous les territoires occupés dans le nord », a déclaré Abuja, siège de l’organisation sous régionale. L’institution se donne l’autorisation d’aider Bamako à mâter cette rébellion qui plonge ce pays sahélien dans l’instabilité. « Nous allons prendre toutes les mesures nécessaires pour aider le pays à sauvegarder sa souveraineté et son intégrité territoriale », ajoute le communiqué. Les chefs d’état major de la Cedeao avaient, au cours de leur réunion à Abidjan, intimé l’ordre aux rebelles de déposer les armes. Les 15 ont mandaté le président en exercice de l’institution, Alassane Ouattara, à mener une médiation pour mettre fin à la crise. L’irrédentisme touareg met à mal la cohésion du pays. Depuis l’indépendance, ces populations nomades ont eu des relations nuageuses avec Bamako.
Nomel Essis
La rébellion touarègue qui a déclenché le 17 janvier au nord du Mali pourrit l’atmosphère dans les garnisons militaires du pays. Les revers de l’armée régulière devant « les hommes bleus du désert » sont mal ressentis par la troupe qui contient difficilement sa colère. Hier, la garnison de Kati à 15 km de Bamako, a crié son ras-le-bol devant ce qu’elle considère comme le manque de volonté du pouvoir à réduire cette rébellion. Leur rencontre avec le ministre de la Défense, le général Sadio Gassama, accompagné du colonel major Ould Meidou, s’est achevé en queue de poisson. Ils étaient venus livrer un compte rendu de l’évolution de la situation au Nord-Mali, confronté à une rébellion touarègue depuis la mi-janvier. Le ministre a parlé des nouveaux matériels militaires qui tardent à être acheminés de l’extérieur du pays, mais les militaires s’attendaient visiblement à plus d’information et surtout à une meilleure prise en charge des familles des soldats décédés au cours des combats. Selon une source sécuritaire à Bamako, le ministre Gassama a également parlé d’envoyer un nouveau contingent au front. Les discussions se sont alors envenimées et les pierres ont commencé à pleuvoir sur le ministre et sa délégation. Le général Gassama est rentré en catastrophe dans sa voiture avant de quitter le camp militaire. Quelques minutes plus tard, les militaires ont cassé un dépôt d’armes et ont commencé à tirer en l’air, menacent de marcher sur le palais présidentiel où la sécurité a été aussitôt renforcée. Puis plusieurs dizaines des mutins sont allés dans les rues de Bamako, tirant des coups de feu en l'air et semant la panique parmi la population, avant d'investir l'Office de la radio télévision malienne (Ortm) qui a interrompu ses programmes. Ils se sont ensuite dirigés vers la Primature avant de prendre le chemin de la présidence. « Nous en avons marre de la situation dans le nord » du pays, a brièvement affirmé l'un de ces militaires. « Nous voulons des munitions pour aller combattre les rebelles touaregs, trop c'est trop », avait déclaré plus tôt un caporal du camp de Kati, sous couvert de l'anonymat. Le 10 mars, la perte du camp militaire d’Amachach, dans la région de Kidal, a installé un climat de méfiance jusqu’au plus haut niveau de l'armée malienne. Le général Gabriel Poudiougou, chef d’état-major général des armées du Mali est sorti de ses gongs face au rapatriement par l’Algérie, le 16 mars de plus de 100 militaires maliens à l’aéroport de Bamako. « Vous allez retourner tout à l’heure à Gao pour rejoindre le poste de contrôle opérationnel de l’armée (QG), ou vous serez radiés », a-t-il tonné devant les soldats en question, qui ont abandonné sans combattre le camp d’Amachach, à 7 km au sud de Tessalit, pour franchir la frontière algérienne. Il s'agit du deuxième rapatriement de militaires maliens auquel l’Algérie procède depuis le début de la rébellion du Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla). Le malaise gagne l’armée malienne, les soldats montrent des signes de découragement face à l’avancée fulgurante des « sauvages du désert ». Le climat de méfiance entre Koulouba et les officiers en poste sur le terrain des opérations ne semble pas près de s'améliorer. Certains chefs de l’armée sont accusés de détournement des moyens dégagés par l’Etat pour freiner les rebelles touaregs. Cette crise a provoqué l’exode massif des Maliens vers les pays voisins que sont le Niger, la Mauritanie et l’Algérie. La Cedeao a décidé de voler au secours du Mali en adressant un ultimatum aux rebelles touaregs. « La Cedeao invite le Mnla à observer immédiatement et de façon inconditionnelle un cessez-le-feu, à déposer les armes et à céder aux autorités centrales tous les territoires occupés dans le nord », a déclaré Abuja, siège de l’organisation sous régionale. L’institution se donne l’autorisation d’aider Bamako à mâter cette rébellion qui plonge ce pays sahélien dans l’instabilité. « Nous allons prendre toutes les mesures nécessaires pour aider le pays à sauvegarder sa souveraineté et son intégrité territoriale », ajoute le communiqué. Les chefs d’état major de la Cedeao avaient, au cours de leur réunion à Abidjan, intimé l’ordre aux rebelles de déposer les armes. Les 15 ont mandaté le président en exercice de l’institution, Alassane Ouattara, à mener une médiation pour mettre fin à la crise. L’irrédentisme touareg met à mal la cohésion du pays. Depuis l’indépendance, ces populations nomades ont eu des relations nuageuses avec Bamako.
Nomel Essis