Le Mali est dans sa «logique» de putsch militaire

Ils sont 3 militaires à faire de la République du Mali, un Etat «dans une logique» de putsch militaire. En 1968, le colonel Moussa Traoré mettait fin au pouvoir de Modibo Kéita. En 1991, le général Amadou Toumani Touré, bien que loin cette année-là du palais de Koulouba, joua avec passion l’écartement de Moussa Traoré du fauteuil présidentiel. En mars 2012, c’est le capitaine Amadou Sanogo qui donne un nouveau visage militaire au Mali. En 52 ans d’indépendance, le Mali a connu 23 ans de régime militaire et 21 ans de démocratie. Depuis quelques jours, le capitaine Amadou Sanogo, 40 ans, fait un simple téléchargement des chroniques militaires que nous connaissons depuis le renversement en 1968, du premier Président du Mali et père de l’indépendance. Le verdict est là : le Mali est dans sa logique de putsch militaire, assorti de la même célèbre phrase prononcée en 1968 par le colonel Moussa Traoré : «apporter un souffle nouveau au Mali et rendre le pouvoir aux civils». Du coup, les différentes condamnations de l’Union africaine, de l’Union européenne, du Conseil de sécurité de l’ONU, n’inquiètent pas. Au contraire, elles suscitent l’émergence d’une vague de nationalistes. Ce qui arrive au Mali aujourd’hui n’est pas nouveau, ce n’est pas un sujet brûlant. L’opinion ouest-africaine est choquée parce que le coup d’Etat touche le général Amadou Toumani Touré, médiateur, négociateur et pacificateur dans plusieurs conflits en Afrique. Amadou Toumani Touré était un véritable Homme d’Etat. Mais, je ne suis pas sûr qu’on se serait autant déclaré « déçu » si le coup d’Etat concernait le Sénégalais Abdoulaye Wade, ou encore le Togolais Faure Gnassingbé. Ce que je sais, le Mali est dans sa logique de putsch militaire. Et, sans aucune crainte, ceux qui ont renversé Amadou Toumani Touré ont, de manière ouverte, décliné leur identité militaire. Le capitaine Amadou Sanogo est un produit de «l’académie» américaine. C’est lui qui s’est affiché sur les chaînes de télévisions du monde, à la chute de Amadou Toumani Touré, en qualité de nouveau président du Mali. Et, il était moins tendu. Pour son âge, Amadou Sanogo provoque l’incertitude et c’est en cela que la CEDEAO et le reste de l’Afrique de l’Ouest sont inquiets, déjà fatigués par des coups d’Etat, conflits internes et règlements de compte politiques. Mais cela n’est pas le problème pour le capitaine Amadou Sanogo qui reproche tout simplement à Amadou Toumani Touré d’avoir été «patient» face à la rébellion touareg, au Nord du Mali. Une «faiblesse» déjà dénoncée par une partie des populations maliennes. De toutes les manières, le Mali, depuis 1968, est dans sa logique de coup d’Etat militaire, simplement interrompue par 21 ans de démocratie, en 52 ans d’indépendance.

Ben Ismaël