Secrétariat de la Fédération internationale de Basket d’Afrique (FIBA). Ancien basketteur, l’homme met son énergie au développement de cette discipline sportive, et croit en sa professionnalisation en Côte d’Ivoire, même s’il reconnaît que le football est le sport-roi. Découverte d’un passionné de la balle au panier. Il est environ midi, le 08 mars 2012, lorsque Yacouba Yira, Secrétaire de la Fédération internationale de Basket d’Afrique (FIBA), fait son entrée dans la salle de conférence de la représentation de ladite structure, à Abidjan. L’homme est de très bonne humeur, en dépit du retard que nous avons accusé, pour honorer ce rendez-vous. Après les civilités, les échanges peuvent commencer. Place donc à l’entretien au cours duquel l’amour du basket, l’adolescence, la carrière professionnelle, les hobbies… sont égrenés avec sérénité, et sans détours. Comme tous les enfants de son âge, le jeune Yacouba a été un amateur de football. Adolescent, il est vu comme le meilleur gardien de but de sa génération. Avec ses amis, il aligne match sur match dans la commune ; tout le monde est unanime sur son talent. Le jeune Yacouba est vu comme un futur grand gardien, jusqu’au jour où sa belle taille le trahira. Ou presque. Un jour de 1969, alors qu’il fréquente le Lycée classique de Bingerville, ses amis de l’équipe de Basket lui demandent de les aider. L’équipe compte sur lui, du moins sur sa taille, pour faire la différence dans les airs ; surtout au plan défensif. L’adversaire s’appelle Notre Dame d’Afrique. Et ce premier match qui s’est joué au Collège d’Orientation de Treichville (COT) sera soldé par un échec. Qu’à cela ne tienne, le jeune Yacouba venait de découvrir le monde du basket. Un monde qu’il ne quittera plus. Puisque, dit-il ‘‘tout le temps, nous jouions au basket. Et en une année et demi, j’ai intégré l’équipe du Red Star’’. C’était au début des années 1970, précisément en 1971. Et il se souvient de l’encadrement qui avait cours dans cette équipe dirigée de main de maître par Youssouf Coulibaly, dit ‘‘Dougouss’’, enseignant au lycée classique et coach du Red Star. De cette belle époque, il se souvient également de la politique de regroupement des jeunes et de l’élite, qui a permis aux plus jeunes d’apprendre en côtoyant les grands. Une expérience qui, reconnaît-il, les a aguerris. L’année 1976 est marquée par l’entrée de l’homme à l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS). Et là, les choses vont changer. Une règle en vigueur au sein de l’Institut impose à tout étudiant ayant pratiqué un sport d’intégrer obligatoirement l’équipe de l’INJS. Pendant trois ans donc, cet homme né à Bingerville, le 21 mars 1955, met son talent à la disposition de sa nouvelle équipe. Jusqu’en 1978, où il se retrouve au Collège d’orientation de Cocody (COC), pour son premier poste de stage. L’année d’après, c’est à Ferkessédougou qu’il se retrouve pour exercer en tant qu’enseignant d’éducation physique. En 1987, c’est le retour à la capitale, Abidjan, où trois ans plus tard, il fait son entrée à la Fédération ivoirienne de Basketball (FIBB). La pratique du Basket , il en garde de beaux souvenirs tout comme des mauvais. En 1978, au Stade Houphouët-Boigny (il y avait à l’époque des terrains de basket aux alentours), en préparation des prochains Jeux africains, un tournoi de jeunes a vu la participation d’une équipe américaine et une chinoise. «On nous a dit qu’on nous préparait pour les Jeux africains. Nous avons participé à la première mi-temps de ce match. A la seconde, il y a eu des remplacements dont moi, par des anciens. J’ai été découragé, cela m’a marqué’», raconte-t-il, avant d’ajouter qu’il faut faire confiance aux jeunes. Lui qui était impressionné à l’époque par les prouesses des Américains de la NCAA, la ligue des étudiants, qu’ils pouvaient voir lors des projections du Centre culturel américain, se souvient de Phil Ford, Kareem Abdul Jabbar, mais surtout d’un certain Katchenko. «Ce Russe, bûcheron de son état, recruté dans l’équipe de basket pour sa taille imposante, empêchait de voir Bah Florent quand celui-ci se trouvait derrière lui. Cela m’a émerveillé’», relate-t-il, le visage illuminé de joie. Joie qu’il n’a jamais savourée en équipe nationale, parce que toujours présélectionné, mais jamais retenu au finish. «Pendant quatre ans, on m’a dit que j’étais jeune», confie-t-il. Aujourd’hui, il est heureux et fier de ce qui se passe en équipe nationale. Surtout de la façon dont les sélections se font, puisqu’il estime que ce sont les meilleurs qui sont retenus. Raison pour laquelle, des performances de 2009 et 2011 de l’équipe nationale de basket de Côte d’Ivoire, il en parle avec satisfaction. «Depuis 2009, les choses reprennent avec l’équipe nationale. Les Ivoiriens de la diaspora sont privilégiés, avec des entraîneurs expatriés qui sont libres de leur choix», se réjouit-il. D’où son optimisme quant à la victoire de la Côte d’Ivoire, à l’Afro basket 2013, qui se jouera à Abidjan. Toutefois, il espère qu’on ne fera pas à la Côte d’Ivoire le coup de 2011, où tout était acquis pour l’organisation, jusqu’à la dernière minute avant que les hostilités n’aient finalement lieu à Madagascar. Il estime que la génération des champions d’Afrique de 1981 et 1985, Djadji Clément, Bah Florent… Elloh Dinguy, doit son succès à sa cohésion légendaire. Pour lui, ‘‘c’était quasiment un club qui participait à plusieurs compétitions, avec des automatismes’’. Yira Yacouba estime que l’avenir du Basket ivoirien passe par le professionnalisme, qui est un passage obligé. C’est une affirmation de cet actuel Vice-président du Club sportif d’Abidjan (CSA), depuis 2008. Qui pense que «cela réduira considérablement le chômage», même si compte tenu des réalités du moment, c’est difficile. Son combat aujourd’hui, au CSA, c’est le couple sport-études. Là encore, c’est une autre paire de manches. Mais, aux jeunes, le message est le même : «il ne faut pas négliger l’école», conseille - t-il. C’est la vision ce père de quatre enfants, marié, qui affectionne le ‘’Kabato’’ à la sauce feuille. Le foutou, il dit l’aimer, accompagné de sauce graine ; même s’il laisse entendre que cela l’alourdit. Lui qui, deux semaines avant notre entretien, avait affiché un poids de 112,5 Kg pour 191 cm. Ce qui lui vaut un surpoids de 20 Kg, puisque son «poids normal, c’est 92 Kg». A la FIBA, l’on reconnaît l’amour du travail bien fait de M. Yira. Il pointe au bureau, à 7 heures, pour répondre aux nombreuses sollicitations dont il est l’objet, depuis le siège de la Fédération au Caire et son décalage horaire de deux heures (+2). Selon lui, le gros du boulot, c’est entre 7 et 10 heures. A la question de savoir s’il est intéressé par la politique, il répond par la négative. «Parce que, tout n’est pas sincérité. Il y a trop de stratégies, je ne peux pas faire ça. C’est contre ma façon de voir», dit-il. Ce père attentionné, amoureux du basket, reconnaît la dominance du football en ce moment en Côte d’Ivoire: «une fois, au ministère, une réunion de toutes les disciplines au cours de laquelle l’on parlait de budget annuel, a été suspendue, pour un match de football», a-t-il confié. Pour finir, M. Yira Yacouba a souhaité à ses enfants d’embrasser les carrières de leurs choix. TRA BI Charles avec DZF
Sport Publié le lundi 26 mars 2012 | Trait d’Union