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Société Publié le samedi 31 mars 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Entretien / Claire Renaut, directrice de l’Alliance franco-ivoirienne : ‘’L’Internet et le livre sont des outils complémentaires’’

Claire Renaut, directrice de l’Alliance franco-ivoirienne d’Abengourou, dénonce la démission des parents et des pouvoirs publics dans la promotion de la lecture. Entretien.

Comment se porte l’Alliance franco-ivoirienne ?

Comme la plupart des associations et des entreprises, nous avions été affectée par les événements socio-politiques. Nous ne pouvions donc pas mener nos activités selon les programmations. Ainsi l’activité culturelle n’était plus parmi les préoccupations principales. Cependant, les deux activités que nous avions eues à mener en fin d’année 2011, à savoir l’invitation d’un écrivain et l’exposition de vernissage, nous rassurent de l’intérêt manifeste.

Comment appréciez-vous le niveau de fréquentation de la bibliothèque ?

Les élèves du préscolaire et ceux de niveau terminale constituent notre public principal. Mais, nous ne sommes pas seulement une bibliothèque scolaire. Nous sommes une bibliothèque ouverte à tous les publics. Il y a les adultes qui sont en situation professionnelle directe, les fonctionnaires, les cadres qui peuvent venir et il y a également des mères de familles qui travaillent à la maison et qui viennent aussi à la bibliothèque.

La lecture intéresse-t-elle véritablement les élèves votre cible principale et les adultes ?

La lecture n’est pas encore considérée comme une activité fondamentale. Dans l’esprit de la plupart des élèves, on peut encore réussir ses études sans quasiment lire aucun roman, aucune pièce de théâtre. Même les œuvres qui sont au programme scolaire, certains n’osent même pas les lire. Ce que nous constatons, il y a de la motivation chez ceux qui prennent goût à la lecture, soit par l’école, soit directement par la bibliothèque ou au sein de leur famille. Donc tout dépend de la catégorie du public qu’on a. Le grand public en général et en particulier les élèves – qui sont supposés être intéressés directement par le livre – ne sont pas encore trop familiers au livre.

En quoi se résume donc l’occupation des ces élèves qui fréquentent l’alliance ?

La plupart d’entre eux viennent uniquement quand ils ont des examens, ou viennent chercher des réponses précises à des exercices. C’est un peu de la lecture fonctionnelle et utilitaire. Mais, à notre niveau, en faisant venir des écrivains pour faire des exposés, nous essayons de leur faire découvrir d’autres niveaux de lecture tels que la lecture de distraction, la lecture informative, la lecture de culture générale ou la lecture de plaisir.

L’outil internet n’est-il pas un frein au développement de la lecture ?

Je pense que ce n’est pas l’outil internet lui-même qui est à l’origine de ces difficultés, mais peut-être l’usage qu’on en fait. Dans l’esprit de plusieurs personnes, adultes et enfants, l’internet va supplanter les livres. Je pense qu’il ne faut pas faire un faux procès à internet, ni un mauvais procès au livre. Ce sont des outils, donc ils sont complémentaires. Ici par exemple, quand les moyens financiers nous le permettent, nous connectons la bibliothèque à l’internet. Parce qu’il est évident qu’on ne peut pas avoir tous les livres, toutes les informations. Donc lorsque les élèves ont besoin d’une information, de toutes sortes de documentations qu’on ne retrouve pas dans la bibliothèque, je pense que l’outil internet peut leur permettre d’y accéder. Pour moi, l’internet et le livre sont des outils complémentaires.

A vous entendre, on a l’impression que la lecture n’intéresse plus véritablement ?

Non, on ne peut pas dire que la lecture n’intéresse plus. Par exemple, il y a des livres à l’école, le livre circule beaucoup dans les écoles primaires. On peut supposer que les gens finiront par s’intéresser. On peut commencer par familiariser les enfants avec le livre. Il n’y a pas d’âge pour la lecture. Je pense que les jeunes en particulier manquent de guide pour lire, un guide pour leur dire ce qu’on doit lire. Du coup, les jeunes ne se sentent pas familiers au livre. Et généralement, les adultes plaident pour une lecture un peu utilitaire – du genre, il faut lire pour être bon en orthographe, il faut lire pour construire correctement les phrases. Ce n’est pas magique ! Ce n’est pas parce qu’on lit qu’on est forcément bon en orthographe. Et cette façon de faire a tendance à décourager les élèves.

Les parents, selon vous, ont-ils une part de responsabilité ?

Oui, les parents ont une part de responsabilité, de la manière dont on présente le livre à l’école ou bien dans les lieux publics. Il y a une grande part de responsabilité des adultes dans la transmission de cette culture livresque. On ne peut pas tout leur imputer, mais les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité. On va facilement sponsoriser un match de football, mais difficilement sponsoriser l’activité d’un écrivain.

N’est-ce pas que le livre peut être facteur de rapprochement, donc de réconciliation nationale ?

Je crois qu’à travers les livres, on a la possibilité de faire la connaissance avec son propre pays, de connaître les us et coutumes des autres peuples. En plus, les centres culturels d’une manière générale ont un rôle d’accueil de toutes les personnes (non politiques) qui pensent contribuer par leur réflexion, à la réconciliation nationale, à la tolérance, à la connaissance des uns et des autres. Les centres culturels ont leur part à jouer dans ce travail, même si elle est discrète ou même si elle n’est pas affichée. Les jeunes qui entrent dans notre bibliothèque savent qu’ici, il n’y a pas de parti pris, donc pas d’affiche politique. Quand vous êtes devant une pièce de théâtre par exemple, même si elle est engagée, vous n’allez pas pour autant vous taper dessus.
Ernest Famin, correspondant régional
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