C’est hier que les Ivoiriens ont été informés d’une interview du chef de l’Etat. L’information a été donnée par le quotidien Fraternité Matin, et ensuite par la RTI1, qui en leur qualité de médias d’Etat, ont été cooptés (sans l’AIP), pour les échanges avec le chef de l’Etat. Les préparatifs de l’interview ont commencé plusieurs jours avant l’annonce. C’est ainsi que dès Mercredi et Jeudi, les équipes de la RTI ont commencé à mettre en place, le dispositif du direct à la Présidence de la République, au Plateau. La RTI n’a pas voulu prendre de risques de rupture, ou de couacs durant le direct. D’où une mise en place assez tôt, pour effectuer tous les essais possibles et s’assurer que les choses se passeront dans les meilleures conditions. Hier soir, ce fut relativement un sans faute sur le plan technique, même si au départ la qualité de l’image n’était pas nette. Par la suite, tout s’est arrangé.
Question de forme
Sur la forme, le choix des médias d’Etat a été fait. Un choix qui a le don de mettre tout le monde d’accord a priori et d’éviter suspicions, et frustrations. Après s’être exprimé à plusieurs reprises sur les médias écrits et audiovisuels extérieurs, Alassane Ouattara a joué hier la carte locale et intérieure pour répondre aux préoccupations des Ivoiriens. A la veille de la date du 11 avril, qui avait été marquée, l’an dernier par son premier discours post crise, et premier discours paru sur l’ensemble du réseau de la Rti nouvellement libérée à l’époque, Alassane Ouattara a pris rendez-vous avec les Ivoiriens de toutes les tendances et de toutes les couches socio-professionnelles. Il devait parler et dire un discours qui rassemble et apaise, un discours à usage intérieur…L’initiative a été saluée et appréciée par les Ivoiriens qui souhaitent néanmoins, que la prochaine fois, le chef de l’Etat ne s’en tienne pas aux seuls journalistes des médias d’Etat, ni même aux seuls journalistes. On pourrait choisir des acteurs de la société civile, des Ivoiriens anonymes à côté des journalistes de tous les bords.
Brou Aka Pascal et Agnès Kraidy
Brou Aka Pascal et Agnès Kraidy ont conduit les débats. Brou Aka Pascal est un habitué de l’exercice, mais pour Agnès Kraidy, mise au garage à Fraternité Matin, c’est un come back réussi. Même quand on cesse d’écrire, le réflexe de journaliste demeure, et l’unanimité sur la compétence peut demeurer indépendamment des options prises à un moment donné. La voici qui a rebondi hier sans avoir rien renié de ses convictions et engagements récents. Sous l’œil avisé de communicants externes, en liaison avec la cellule communication de la présidence, Alassane Ouattara a joué la carte de la séduction, de la vérité, de la franchise, de l’humilité et de l’ouverture durant 90 minutes. A-t-il réussi et qu’en est-t-il du fond des choses ?
Questions de fond….
L’interview a été très largement suivie dans de nombreux foyers tant en Côte d’Ivoire, qu’à l’extérieur. Alassane Ouattara n’a pas tout dit selon ses propres propos. « Je ne vais pas tout dire », a-t-il révélé en parlant de ses échanges avec les généraux Mangou et Kassaraté. Au sujet de la crise au Mali, le chef de l’Etat ivoirien a dit avoir parlé avec le capitaine Sanogo et a clarifié à nouveau sa position de fermeté : « Si le Mali est divisé et morcelé, c’est un mauvais exemple. Cette fermeté est dans l’intérêt du Mali et des Maliens. » Concernant la rébellion au Nord du Mali, le numéro 1 ivoirien rassure : « Si la légitimité est rétablie à Bamako, les rebelles arrêteront parce qu’ils savent que la communauté internationale agira ». Le chef de l’Etat a rappelé son ambition pour la Côte d’Ivoire et la sous-région. Il veut une Cedeao des peuples et souhaite renforcer l’intégration des populations.
Questions pertinentes et … impertinentes
L’interview a commencé par l’actualité internationale, mais par la suite, les questions nationales (ivoiro-ivoiriennes selon Brou Aka Pascal) ont été au cœur des débats. Sous le feu des questions pertinentes et …impertinentes des deux journalistes (et notamment d’Agnès Kraidy) Alassane Ouattara a abordé toutes les questions et accepté une part d’autocritique et de responsabilité dans les crises de la Côte d’Ivoire : « C’est par l’humilité et le pardon qu’on peut renforcer les liens entre les peuples. Je considère en tant qu’homme politique que j’ai commis des torts et je demande pardon. Ce qui s’est passé ne doit plus se produire, nous le devons à notre pays, nous avons un grand pays…Le pays doit être au-dessus de tout. Beaucoup de gens ont pensé que le président Bédié et moi, nous n’allions jamais nous réconcilier, mais nous l’avons fait parce que nous aimons notre pays…. Grand moment d’émotions avec ce pardon inattendu ( ?) et désarmant... . Le recours à Mandela, à Kennedy, à l’exemple américain, l’exaltation d’un nouveau patriotisme ivoirien, ainsi que l’espoir dans le dialogue politique conduit par le Premier ministre, (j’espère qu’il réussira là où je n’ai pas réussi), ne lèvent que le goût d’inachevé que les pro-Gbagbo ont pu percevoir dans les réponses relatives à la réconciliation nationale. Interrogé sur la presse ivoirienne, le chef de l’Etat s’est lâché : « Je souhaite que notre presse s’améliore. Il y a eu de la manipulation par les hommes politiques. La presse doit être libre de tous, des hommes politiques et de puissances d’argent. Les journalistes doivent être protégés. (…) Un journaliste est d’abord un citoyen... . L’état de droit, c’est assumer ses responsabilités. Nous devons faire en sorte que la presse s’améliore. C’est de notre responsabilité de créer les conditions... . Les journalistes sont des citoyens, la loi de la république leur sera appliquée ». Sur la question de la fameuse expression de rattrapage ethnique, Alassane Ouattara a rejeté la paternité de cette expression, en réexpliquant dans quel contexte il était intervenu. Par la suite, il a insisté sur son parcours et ses nominations majeures, qui doivent indiquer qu’il ne peut être un vecteur de tribalisme et de division entre les Ivoiriens et les Ivoiriennes. Les Ivoiriens ont appris que le gouvernement nommé par Alassane Ouattara a toutes les chances de rester en place jusqu’à la fin de son mandat, sauf en cas d’incompétence avérée et de faits graves. « Je suis le président de tous les Ivoiriens et non le président d’un groupe…La réconciliation doit être une priorité. Il faut le pardon, et exprimer des regrets », a dit au sujet de la crise postélectorale, Alassane Ouattara, qui a trouvé des circonstances atténuantes à Philippe Mangou et Tiapé Kassaraté, nommés ambassadeurs au Gabon et au Sénégal.
Rassemblement, travail, initiatives
Durant 90 minutes, au cours de cet échange qui sera largement commenté dans les jours à venir, Alassane Ouattara a fait de grandes annonces et donné des orientations sur sa vision de la Côte d’Ivoire dans les semaines et les années à venir. Brou Aka Pascal a su s’effacer donnant l’impression de n’avoir rien à prouver pour laisser sa consœur « cuisiner » l’invité du jour, qui a joué le jeu de la transparence et de la vérité dans l’exercice du direct. Il aurait pu exiger et obtenir le différé, mais il a fait le choix de la transparence, estimant n’avoir rien à cacher, et estimant devoir des explications aux Ivoiriens. Agnès Kraidy a su jouer son rôle de la méchante du jour et de toujours en titillant le chef de l’Etat, qui a sorti un slogan : Rti : Rassemblement, Travail et Initiatives. Comme pour la faire aimer de tous (pro-Ouattara et pro-Gbagbo), au contraire de cette RTI et ce logo qui ont tant divisé les uns et les autres, et qui doivent désormais rassembler, comme l’indique le slogan : la chaîne qui rassemble. Pour sûr, tout le monde n’applaudira pas la sortie du chef de l’Etat, notamment l’opposition qui va y déceler des failles, puisqu’il est difficile pour le chef de l’Etat de convaincre tout le monde, même si de nombreux collaborateurs estiment que sa sortie a pu désarmer certains des farouches détracteurs du chef de l’Etat. Que le débat démocratique se fasse, et que la RTI continue de s’ouvrir à toutes les autres sensibilités pour éclairer la lanterne des Ivoiriens ! Dans les jours à venir, on devrait, à la suite des ministres déjà passés, comme l’ex-Premier ministre Guillaume Soro, pouvoir écouter le nouveau Premier ministre, Laurent Akoun, Miaka Ouretto, et autres dans les débats avec les journalistes sur l’ensemble des antennes de la RTI.
Charles Kouassi
Question de forme
Sur la forme, le choix des médias d’Etat a été fait. Un choix qui a le don de mettre tout le monde d’accord a priori et d’éviter suspicions, et frustrations. Après s’être exprimé à plusieurs reprises sur les médias écrits et audiovisuels extérieurs, Alassane Ouattara a joué hier la carte locale et intérieure pour répondre aux préoccupations des Ivoiriens. A la veille de la date du 11 avril, qui avait été marquée, l’an dernier par son premier discours post crise, et premier discours paru sur l’ensemble du réseau de la Rti nouvellement libérée à l’époque, Alassane Ouattara a pris rendez-vous avec les Ivoiriens de toutes les tendances et de toutes les couches socio-professionnelles. Il devait parler et dire un discours qui rassemble et apaise, un discours à usage intérieur…L’initiative a été saluée et appréciée par les Ivoiriens qui souhaitent néanmoins, que la prochaine fois, le chef de l’Etat ne s’en tienne pas aux seuls journalistes des médias d’Etat, ni même aux seuls journalistes. On pourrait choisir des acteurs de la société civile, des Ivoiriens anonymes à côté des journalistes de tous les bords.
Brou Aka Pascal et Agnès Kraidy
Brou Aka Pascal et Agnès Kraidy ont conduit les débats. Brou Aka Pascal est un habitué de l’exercice, mais pour Agnès Kraidy, mise au garage à Fraternité Matin, c’est un come back réussi. Même quand on cesse d’écrire, le réflexe de journaliste demeure, et l’unanimité sur la compétence peut demeurer indépendamment des options prises à un moment donné. La voici qui a rebondi hier sans avoir rien renié de ses convictions et engagements récents. Sous l’œil avisé de communicants externes, en liaison avec la cellule communication de la présidence, Alassane Ouattara a joué la carte de la séduction, de la vérité, de la franchise, de l’humilité et de l’ouverture durant 90 minutes. A-t-il réussi et qu’en est-t-il du fond des choses ?
Questions de fond….
L’interview a été très largement suivie dans de nombreux foyers tant en Côte d’Ivoire, qu’à l’extérieur. Alassane Ouattara n’a pas tout dit selon ses propres propos. « Je ne vais pas tout dire », a-t-il révélé en parlant de ses échanges avec les généraux Mangou et Kassaraté. Au sujet de la crise au Mali, le chef de l’Etat ivoirien a dit avoir parlé avec le capitaine Sanogo et a clarifié à nouveau sa position de fermeté : « Si le Mali est divisé et morcelé, c’est un mauvais exemple. Cette fermeté est dans l’intérêt du Mali et des Maliens. » Concernant la rébellion au Nord du Mali, le numéro 1 ivoirien rassure : « Si la légitimité est rétablie à Bamako, les rebelles arrêteront parce qu’ils savent que la communauté internationale agira ». Le chef de l’Etat a rappelé son ambition pour la Côte d’Ivoire et la sous-région. Il veut une Cedeao des peuples et souhaite renforcer l’intégration des populations.
Questions pertinentes et … impertinentes
L’interview a commencé par l’actualité internationale, mais par la suite, les questions nationales (ivoiro-ivoiriennes selon Brou Aka Pascal) ont été au cœur des débats. Sous le feu des questions pertinentes et …impertinentes des deux journalistes (et notamment d’Agnès Kraidy) Alassane Ouattara a abordé toutes les questions et accepté une part d’autocritique et de responsabilité dans les crises de la Côte d’Ivoire : « C’est par l’humilité et le pardon qu’on peut renforcer les liens entre les peuples. Je considère en tant qu’homme politique que j’ai commis des torts et je demande pardon. Ce qui s’est passé ne doit plus se produire, nous le devons à notre pays, nous avons un grand pays…Le pays doit être au-dessus de tout. Beaucoup de gens ont pensé que le président Bédié et moi, nous n’allions jamais nous réconcilier, mais nous l’avons fait parce que nous aimons notre pays…. Grand moment d’émotions avec ce pardon inattendu ( ?) et désarmant... . Le recours à Mandela, à Kennedy, à l’exemple américain, l’exaltation d’un nouveau patriotisme ivoirien, ainsi que l’espoir dans le dialogue politique conduit par le Premier ministre, (j’espère qu’il réussira là où je n’ai pas réussi), ne lèvent que le goût d’inachevé que les pro-Gbagbo ont pu percevoir dans les réponses relatives à la réconciliation nationale. Interrogé sur la presse ivoirienne, le chef de l’Etat s’est lâché : « Je souhaite que notre presse s’améliore. Il y a eu de la manipulation par les hommes politiques. La presse doit être libre de tous, des hommes politiques et de puissances d’argent. Les journalistes doivent être protégés. (…) Un journaliste est d’abord un citoyen... . L’état de droit, c’est assumer ses responsabilités. Nous devons faire en sorte que la presse s’améliore. C’est de notre responsabilité de créer les conditions... . Les journalistes sont des citoyens, la loi de la république leur sera appliquée ». Sur la question de la fameuse expression de rattrapage ethnique, Alassane Ouattara a rejeté la paternité de cette expression, en réexpliquant dans quel contexte il était intervenu. Par la suite, il a insisté sur son parcours et ses nominations majeures, qui doivent indiquer qu’il ne peut être un vecteur de tribalisme et de division entre les Ivoiriens et les Ivoiriennes. Les Ivoiriens ont appris que le gouvernement nommé par Alassane Ouattara a toutes les chances de rester en place jusqu’à la fin de son mandat, sauf en cas d’incompétence avérée et de faits graves. « Je suis le président de tous les Ivoiriens et non le président d’un groupe…La réconciliation doit être une priorité. Il faut le pardon, et exprimer des regrets », a dit au sujet de la crise postélectorale, Alassane Ouattara, qui a trouvé des circonstances atténuantes à Philippe Mangou et Tiapé Kassaraté, nommés ambassadeurs au Gabon et au Sénégal.
Rassemblement, travail, initiatives
Durant 90 minutes, au cours de cet échange qui sera largement commenté dans les jours à venir, Alassane Ouattara a fait de grandes annonces et donné des orientations sur sa vision de la Côte d’Ivoire dans les semaines et les années à venir. Brou Aka Pascal a su s’effacer donnant l’impression de n’avoir rien à prouver pour laisser sa consœur « cuisiner » l’invité du jour, qui a joué le jeu de la transparence et de la vérité dans l’exercice du direct. Il aurait pu exiger et obtenir le différé, mais il a fait le choix de la transparence, estimant n’avoir rien à cacher, et estimant devoir des explications aux Ivoiriens. Agnès Kraidy a su jouer son rôle de la méchante du jour et de toujours en titillant le chef de l’Etat, qui a sorti un slogan : Rti : Rassemblement, Travail et Initiatives. Comme pour la faire aimer de tous (pro-Ouattara et pro-Gbagbo), au contraire de cette RTI et ce logo qui ont tant divisé les uns et les autres, et qui doivent désormais rassembler, comme l’indique le slogan : la chaîne qui rassemble. Pour sûr, tout le monde n’applaudira pas la sortie du chef de l’Etat, notamment l’opposition qui va y déceler des failles, puisqu’il est difficile pour le chef de l’Etat de convaincre tout le monde, même si de nombreux collaborateurs estiment que sa sortie a pu désarmer certains des farouches détracteurs du chef de l’Etat. Que le débat démocratique se fasse, et que la RTI continue de s’ouvrir à toutes les autres sensibilités pour éclairer la lanterne des Ivoiriens ! Dans les jours à venir, on devrait, à la suite des ministres déjà passés, comme l’ex-Premier ministre Guillaume Soro, pouvoir écouter le nouveau Premier ministre, Laurent Akoun, Miaka Ouretto, et autres dans les débats avec les journalistes sur l’ensemble des antennes de la RTI.
Charles Kouassi